The rooster who wouldn't shut his beak by Thomas Gerbeaux and Pauline Kerleroux, published at La Joie de lire
Il portait des vêtements hors de prix, parce qu'il pensait qu'un ministre devait porter des habits de ministre.
- Vous avez pensé à chanter moins fort ? Ou moins tôt ?
- Pourquoi pas en playback pendant que vous y êtes ? Un coq doit chanter comme un coq.
- Tu ne m’avais jamais dit que tu avais une famille, dit le homard.
- Tu ne me l’avais jamais demandé, répondit Mancho. Et toi, tu en veux, des enfants ?
- Oui, répondit le homard. Peut-être.
- Combien ?
- Pas trop, vingt ou trente mille.
- Tu as raison, dit Mancho, au-delà, c’est trop de responsabilités.
- Tu as entendu parler de ce coq de l'île d'Oléron ? On voulait l'empêcher de chanter. Il y a eu un procès, les journaux en ont parlé. Tu pourrais en faire une histoire.
- Pas question, demandez à Jeanne.
- Tu vois toujours l’aquarium à moitié vide, dit Mancho. On n’est pas si mal ici. L’eau est bonne, on est bien nourris. Si ça se trouve, les gars ont raison ; la liberté est peut-être au bout de l’épuisette.
- La mort, dit le homard. L’épuisette, c’est la mort.
Alors que le petit navire avait quité le port, poussé par une brise tiède, un mouton était sorti, sans faire de bruit, d'un buisson d'hortensias. Il portait à sa patte un bracelet presque neuf, quoiqu'un peu poussiéreux. D'un pas lent, le mouton avait marché jusqu'à la terrasse du restaurant. Là, il avait renversé le pot de craies pour en attraper un bâton, qu'il avait coincé dans son museau. Puis, sans se presser, il avait écrit sur l'ardoise des plats du jour:
Ici on ne mange plus les animaux.
J'ai expliqué aux poules qu'avant de commencer l'interview, j'avais besoin de connaitre leurs noms, pour pouvoir les citer dans l'article.
- Mathilde, a dit la première poule.
- Mathilde, a dit la deuxième poule.
- Mathilde, a dit la troisième poule.
- Attendez... Vous vous appelez toutes Mathilde ?
- Oui, on répondu les poules. C'est un problème ?
Ça n'en était pas un, je n'aurai qu'à attribuer leurs témoignages aux "Mathilde". (p. 96)
Avant j'étais toujours trop petite. Trop petite pour comprendre, trop petite pour avoir un téléphone, trop petite pour boire du cidre (sauf des fois à la crêperie), trop petite tout court. Et puis, d'un coup, je suis devenue trop grande.
Deux jours passèrent, peut-être trois,
mais personne ne remarqua
qu'un homard vivait là.
La grand-mère n'avait rien vu.
Le père, rien compris.
Le chien, rien senti.
Le chat non plus.
- Maintenant, réglons nos montres, dit le homard.
- J'en ai pas, répondit Jeanne en passant son index sur son poignet.
- Moi non plus, dit le homard en chuchotant comme si quelqu'un pouvait les entendre, on va faire semblant.
Ils firent tourner les roulettes de leurs montres imaginaires. Puis regardèrent leurs poignets et décidèrent qu'ils avaient tous les deux la même heure.
- Parfait, dit le homard. Plus rien ne peut nous arrêter. (pp. 82-83)