Trailer LA DESCENTE - Tim Johnston (Éditions du Masque)
La chose la plus intéressante était les noms : Colby. Allison. Natalie. Amber. Autant de filles minces et athlétiques qui se pointaient en shorts baggy et hauts moulants pour boire ses Coca light et aller et venir bruyamment dans les escaliers, pieds nus. Des filles qui laissaient leurs empreintes dans les fauteuils et leurs odeurs sur les coussins et dans les plis des tissus. Des filles qui textotaient et riaient et parlaient constamment – constamment.
Tout son être, chacune de ses cellules, avait envie d’aller dans cette direction – descendre : la vitesse, la brise, et le long trajet sans effort grâce à la pesanteur. Mais ce n’est pas ce qu’elle ferait, elle ne descendrait pas, maudite frangine, et il tourna son guidon, se dressa sur les pédales et se remit à grimper.
Des années d’honnêteté, des années d’amour, anéanties par un simple revirement, un échange téléphonique inconsidéré. Il ne parvenait même pas à voir le visage de la femme, son corps. Elle semblait être une création qu’ils avaient élaborée ensemble à partir de rien, avec de vieux matériaux, ici même, dans ces chambres.
Fini l’alcool, finies les femmes. Ce n’était pas quarante jours de grâce qu’il me demandait, c’était toute une vie. Une nouvelle vie. Et je la lui ai accordée. J’ai pardonné et je l’ai repris, et j’ai cru que Dieu nous bénirait d’avoir traversé cette épreuve, d’avoir su la surmonter.
Seule leur voiture grimpait, en sens inverse roulait une longue procession de véhicules. À croire qu’ils étaient les seuls à défier les lois de la ligne de partage, les lois de la physique.
Elle cligne de l’œil, éblouie par la lumière, et la silhouette dans le trou se précise, sa véritable forme se révèle, et elle sent sa poitrine transpercée comme si une lame lui fendait le cœur en deux telle une pomme.