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Critiques de Timothée Demeillers (84)
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Voyage au Liberland

Une nouvelle fois les éditions Marchialy nous proposent une étonnante histoire vraie avec ce « Voyage au Liberland ».



A la frontière entre la Croatie et la Serbie existe un petit bout de terre qu'aucun pays ne revendique : une terra nullius. Une aubaine, un rêve même, pour Vít Jedlička qui décide d'y créer en 2015 une micronation basée sur une doctrine libertarienne, le Liberland.



Son projet va attirer de nombreuses personnes de tous horizons, mais qui tous prônent un libéralisme radical. Loin d'être une utopie bienveillante et fantaisiste, l'idée même du Liberland s'avère rapidement cynique et plutôt immorale. Les futurs citoyens ne sont pas sans rappeler les colons de la conquête de l'ouest américaine, assoiffés de gloire et d'argent. Cette vision profondément égoïste et individualiste est d'ailleurs une des plus grandes faiblesses du Liberland, incapable de rassembler toutes ces personnes aux idées radicales et souvent opposées. le chapitre consacré à l'éphémère forum du Liberland est en ce sens très révélateur et consternant.



Les profils de nombreux potentiels citoyens sont très bien brossés et permettent de comprendre leurs motivations, souvent issues d'un rejet de l'Etat, soupçonné d'être responsable de tous leurs problèmes. Tout ce beau monde a une tendance à adhérer aux idées complotistes habituelles, justifiant d'autant plus pour eux la nécessité de créer le Liberland. La personnalité du président Vít Jedlička est étonnante mais reste assez difficile à cerner.



L'enquête de Timothée Demeillers et Grégoire Osoha est minutieuse et bien construite. de l'idée de départ aux tentatives avortées d'investir les lieux, des démarches pour faire reconnaître le Liberland par d'autres pays aux conflits internes constants, chaque sujet est abordé avec clarté et précision.

Les journalistes arrivent à insuffler du romanesque dans leur récit grâce à des descriptions des lieux et des paysages, mais aussi grâce à des personnages bien croqués. Cela rend la lecture plus fluide et savoureuse.



Un bon cru des éditions Marchialy dont j'apprécie toujours autant la ligne éditoriale et la facture soignée (couverture et illustrations de Guillaume Guilpart, typographie originale, mise en page, qualité du papier).
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Jusqu'à la bête

Erwan est en prison à Rennes depuis deux ans.

Pourquoi ?

On ne le saura qu'en fin de livre.

Avant, il travaillait à l'abattoir d'Angers.

Boulot épuisant, éprouvant, sans répit.

Dans le sang et les odeurs.

Des cadences difficiles à suivre.

Clac

clac

clac

le bruit de la chaîne qui continue et ne s'arrête pas.

Clac

clac

clac

Même quand on est rentré chez soi.

Heureusement, il y a Laetitia, la jeune saisonnière, un rayon de soleil dans ce monde inhumain.

Même chez les plus jeunes, un seul espoir, un seul objectif, la retraite.

Pour sortir de cet enfer.



Un livre aussi magnifique qu'il est noir et plombant.

Pas de chapitres.

Tout s'enchaîne

Clac

clac

clac

une écriture qui ne laisse pas de répit, comme cette chaîne obsédante.

Qui nous plonge au cœur de cette vie automatisée, inhumaine.

Cette vie qui sent le sang du bétail qu'on tue, qu'on dépèce, qu'on trie, qu'on transporte......

Une écriture qui nous emmène au sein de l'abattoir.

Une écriture qui dénonce les conditions de vie inacceptables de tant de gens qui travaillent dans toutes ces chaînes, ou autres emplois difficiles, pour un salaire misérable qui leur laisse juste de quoi vivre.

Quel autre espoir que la retraite ?

Mais dans quel état physique et psychique seront-ils ?

Auront-ils encore la force d'en profiter ?

Ce sujet de la condition au travail est peu traité en littérature.

A part dans le très beau livre de Joseph Ponthus : A la ligne : feuillets d'usine.

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Jusqu'à la bête

Un bruit, répétitif, métallique, des carcasses de viandes qui s’entrechoquent, qu’il faut compter, trier, équarrir, finir de dépecer, patauger dans le sang, et cette odeur, odeur de mort qui imprègne les vêtements, mais aussi la peau, jusqu’aux os.

Ce quotidien est celui d’Erwan, ouvrier à la chaîne dans un abattoir depuis quinze ans.

Sa famille aimerai le voir en couple, vivre normalement, comme eux, avec un petit pavillon de banlieue, des enfants.

Mais comment arriver à séduire, comment parler de ce travail sans faire fuir, sans faire peur ?

Comment parler de ces cauchemars à répétitions qu’on cherche à faire disparaitre dans l’alcool et la drogue, qu’on arrive plus à se lever suite aux excès du samedi soir, à perdre la notion du temps, à louper le lundi ?

Comment faire comprendre qu’on ne quitte jamais la chaîne, ces carcasses, ces tendons, ces boyaux, ces rivières de sang, et ce bruit métallique, répétitif, qui peut rendre fou ?

La description de Timothée Demeillers du travail dans les abattoirs est clinique, précise, froide.

Le style est tranchant, des phrases courtes qui rythme un récit poignant.

Il arrive à parler d’hommes et de femmes qu’on oublie, qu’on ne veut pas voir, qui sont le plus souvent sacrifiés par des gouvernants, des décisionnaires, que l’on pousse à bout, au bout de la chaine, jusqu’à l’épuisement, jusqu’à la bête …

Livre indispensable, nécessaire, dérangeant, à faire lire au plus grand nombre.
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Jusqu'à la bête

Erwan est en prison, pour un acte que l’on n’apprendra qu’à la fin de ce roman social, qui s’attache avant tout à décrire les conditions de vie et de travail de ce jeune homme qui a été ouvrier en abattoir. Une expérience qu’a connue l’auteur, Timothée Demeillers, pendant quelques mois, mais qui va façonner Erwan année après année, à travers le froid, la répétition des gestes, les blagues le plus souvent misogynes et racistes de ses collègues, le mépris des cols blancs, l’espoir d’un amour avec Laetitia, jeune intérimaire à la confection des brochettes.

Et le bruit, les clac clac clac de la chaîne, l’abrutissement de la cadence sonore et gestuelle, l’accumulation des corps saignés, du sang qui coule à gros bouillons, l’oubli dans l’alcool.

C’est un roman d’ambiance où l’on sent monter l’irréparable sans pouvoir l’identifier. C’est un roman où l’on se prend à espérer que la famille, les nièces d’Erwan et leurs jeux enfantins, la solidarité entre collègues, l’amour de Laetitia, soient autant de perches qui le feront résister, surnager.

C’est un récit haché et ininterrompu à la première personne, bercé d’une playlist sans complaisance, qui résonne particulièrement fort alors que l’âge de la retraite est au cœur des débats.

Un livre qu’il ne faut pas laisser passer alors que sa version poche vient de sortir !
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Demain la brume

"Demain la brume" nous emmène au début des années 1990, entre "ici" et "là-bas".



Ici, c'est le centre de la France, où l'on rencontre Katia, jeune punk de 19 ans, qui s'éprend de Pierre-Yves, indépendant et anti-conformiste, qui est prêt à lui faire quitter Nevers, où elle tourne en rond, pour parcourir le monde et apprécier la liberté.



Là-bas, c'est la Yougoslavie, entre Vukovar et Zagreb, où nous faisons la connaissance d'un trio: Nada, une adolescente serbe, Damir, son cousin serbo-croate, et Jimmy, jeune Croate et grand ami des deux cousins. Les garçons se lancent dans la musique et créent le groupe de rock "Les Bâtards Célestes", qui se fait connaître du public avec sa chanson "Fuck you Yu", composée à la plage. Sauf que cette chanson sert d'hymne aux indépendantistes, ce qui n'était pas du tout prévu...



L'ambiance entre Serbes et Croates se détériore et la guerre éclate. Ici et là-bas, les événements s'enchevêtrent, les relations évoluent.

~

Ce roman historique est bouleversant. D'une part, la guerre en ex-Yougoslavie, qui a marqué nombre d'entre nous: nous assistons à la montée de la haine, à l'exacerbation des personalités, à l'absurdité ou l'ambiguïté de certains comportements, à la recherche d'identité et aux combats féroces. En cela, c'est une lecture difficile, qui rappelle des images et autres témoignages marquants. D'autre part, nous entrons dans le monde de jeunes en décalage avec leur vie, en rébellion pour bâtir un univers différent. Dans cette lutte, le racisme et la recherche d'un modèle idéologique sont au cœur de l'intrigue. La poésie également, adoucissant l'aigreur des personnages. Les protagonistes évoluent au cours du roman: les jeunes deviennent adultes en deux ans, avec tout ce que cela engendre. Les histoires croisées et le fil conducteur constitué d'extraits d'un journal intime sont très bien (a)menés et à aucun moment je n'ai été perdue, ni dans le temps, ni dans les péripéties. Le seul regret que j'ai, c'est que la plume ne soit pas plus littéraire, notamment dans les incises.
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Jusqu'à la bête

Ouvrir ce livre, c’est rencontrer une plume. Une écriture particulière. Qui gronde comme un torrent, grossit percute les roches, emporte des morceaux de pierres, retourne la terre. Un tsunami qui emporte tout sur son passage qui malmène le lecteur jusqu’à la nausée. Des phrases courtes qui claquent au milieu d’un flot de pensées qui s’emballe pendant des pages avant d’être brusquement interrompu par les bruits de l’usine, les images de l’usine, l’odeur de l’usine, par ce monstre aux multiples visages qui habite l’esprit tout entier. Ce monstre qui soumet vos sens. C’est un bruit un souvenir qui fait renaître le monstre à qui les journées sont consacrées.L’odeur du sang, le bruit des crochets qui s’entrechoquent, les images de la viande suspendue, le froid qu’on ressent jusqu’aux os. L’usine vous possède, vous hante, vous habite. Même une fois la porte refermée l’ouvrier ne la quitte jamais tout à fait.



Le Fordisme ou comment transformer les êtres humains en automates efficaces et rentables. Charlie CHAPLIN dans Les temps modernes dénonçait déjà ce travail répétitif et déshumanisant. Mais les hommes ne sont pas des automates et ce travail les tue à petit feu.



Au début ce n’est qu’un boulot, un peu glauque certes mais un gagne pain. Et puis peu à peu insidieusement il prend de la place. Les gestes répétés bousillent les muscles, les articulations les os, alors on change de poste et on va bousiller d’autres muscles, d’autres articulations d’autres os. Et puis pour travailler à la chaîne c’est qu’on est un peu con, pas bien malin, qu’on n’a pas bossé à l’école, qu’on n’est pas foutu de faire autre chose. Alors il y a les autres qui vous regardent de haut, les commerciaux, ceux des bureaux et puis comme on n’a pas grand-chose à dire pour leur tenir tête on fait le dos rond on se soumet et on commence à se détester. Nous avec nos fringues crasseuses eux avec leurs costards. Nous avec nos mains sales jusque sous les ongles, eux avec leurs mains de bébés immaculées. Faut dire que les discussions à l’usine elles cassent pas trois pattes à un canard. Entre les blagues sur les arabes et les blagues salaces y’a parfois une discussion politique mais elles mènent toutes à la même conclusion : nos voix elles comptent pour que dalle et là haut ils s’en foutent si on crève.



Parce que oui on crève ! On crève de faire les mêmes gestes tous les jours, on crève d’entendre les mêmes blagues tous les jours, on crève de voir les mêmes têtes, au même moment, au même endroit, d’entendre le bruit des bêtes qu’on égorge, de patauger dans le sang, de découper la barbaque, d’entendre le clac des machines, le bruit assourdissant des scies, des cadences qu’on augmente et de la chaîne qui jamais ne s’arrête. On crève d’entendre nos rêves se briser, de voir nos espoirs se noyer, de voir nos vies nous échapper. On crève de nos existences qui n’ont ni sens si but. On crève et on attend la retraite parce que peut être que là on pourra vivre un peu. Pour de vrai. Pas une parenthèse entre deux semaines à l’usine, pas une parenthèse au milieu d’un cauchemar. Un an. Peut être deux. Parce que la retraite elle ne sera pas longue l’usine elle a bien préparé le terrain pour la grande faucheuse. Parce que quand on crève comme ça à petit feu, quand le corps s’épuise qu’à 20 ans on a l’air d’en avoir 40, qu’on picole et qu’on clope comme un crevard, qu’on n’est plus que l’ombre d’un être humain notre âme aussi se fait bouffer. Et quand l’humain a été rongé, qu’on est allé jusqu’à la bête il n’y a plus de retour en arrière possible. C’est dans les faits divers qu’on finit. Et là tout le monde s’étonne, personne n’a rien vu venir. Quand on est ouvrier on crève en silence jusqu’à ce que la bête prenne le relais.



J’ai lu ce livre la gorge serrée. Parfois j’ai étouffé et l’écriture m’a semblé trop dense, trop intense, voire trop lourde. Mais sur le fond ce livre est essentiel car il traite d’un sujet peu abordé dans la littérature. La souffrance morale des ouvriers à la chaîne est souvent méconnue. On se conforme au droit du travail et on prend en compte les accidents corporels mais le reste est ignoré. Voire méprisé à coup de « ils ont un boulot c’est déjà bien » « au moins ils ont de quoi vivre » « s’il n’en veulent pas ils n’ont qu’à laisser la place aux autres » « c’est des fainéants c’est tout ils ne veulent pas bosser ». Des clichés, des préjugés qui ont la vie dure. Un livre qui va me hanter encore longtemps.
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Jusqu'à la bête

Ça va mal finir…On le sait dès le début.



Depuis la prison de Rennes-Vezin où il est incarcéré depuis deux ans, Erwan raconte ce qui était son quotidien avant d’arriver là.



A 17 ans, il décroche un boulot dans un abattoir d'Angers. Le sang, les viscères, les carcasses, le froid, les cadences infernales, l’odeur, les blagues graveleuses des collègues, l’ennui, le mépris des petits chefs,  la résignation, et toujours le bruit, et toujours le clac des chaines qui rend fou.



Dans dans ce milieu qui n’a de considération ni pour l’Homme ni pour la bête, on attend la retraite dès la trentaine.

Heureusement pour Erwan, il y a Laëtitia, étudiante intérimaire, il y a son frère, sa belle sœur et leurs enfants. Des moments de douceur dans l’enfer. Mais cela n’évitera pas « l’événement ». Et des clacs de la chaîne jusqu’aux clacs des portes de la prison, Erwan déroule sa vie.



L’écriture alterne entre phrases courtes et envolées, entre la rtymique de l’usine et les pensées diffuses du narrateur.

Extrêmement noir, poisseux, tendu, anxiogène et particulièrement réussi, ce roman inaugure merveilleusement la collection poche des éditions Asphalte
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Jusqu'à la bête

JUSQU’AU POÈTE



Quel est le lieu banni pour faire la fête ? Non, ne répondez pas un abattoir par pitié. Un lieu longtemps tenu secret dont on a découvert l’envers du décor il y a quelques années avec les vidéos de L-214, montrant l’ampleur des dégâts. Clac. C’est avec cette toile de fond que Timothée Demeillers nous embarque dans la tête d’Erwan, ouvrier près d’Angers. Le planton des frigos, celui qui entend le bruit des carcasses qui se percutent. Clac. Au rythme d’une cacophonie brutale et aliénante, Erwan résiste puis survit jusqu’à l’inéluctable. Au bord de l’ennui, à combler le vide comme il peut, à penser qu’à force de tuer des vaches il n’en resterai bientôt plus. Quinze ans d’usine à attendre une fin.







L’auteur avec un talent musical et poétique vous fera sourire, parfois même rire au rythme d’une acuité lumineuse sur ce que sont nos vies gouvernées par les émissions de télévision. Un roman sur la vie ouvrière que l’on a façonnée sans leur en

donner les moyens. Merveilleux hommage sur ce rythme incessant de travail où chacun d’eux tente de sortir la tête de l’eau, harassé par la fatigue et le quotidien répétitif. Clac. Survient alors « l’évènement », celui dont on ne sait encore rien mais dont on connait l’issue : l’enfermement. Timothée Demeillers sème des indices et brouille les pistes tout au long du roman pour garder une tension permanente au coeur de l’esprit de ce personnage attachant. Tel un Hérault des classes populaires. Il ne finit parfois pas ses phrases pour que vous continuiez la lecture. Inutile de vous dire que celà marche au-delà du réel. Clac.



Et puis il y a les ouvriers autour, les fameux collègues de travail, parfois racistes ou machistes, votant rassemblement national comme dans tout milieu professionnel. Avec humour et étant parfois à la limite du slam, dans une scansion lumineuse, on aperçoit la poésie derrière le mal. On s’émerveille de la faculté à retranscrire les corps usés, déchirés pendant quarante ans pour aboutir à une retraite méritée mais inutilisable tant les articulations ne fonctionnent plus comme avant. Ces corps qui sont façonnés au travail perpétuel ne supportant pas le repos. Clac. Comme une ritournelle, on observe les bruits de la chaine et de la viande sanguinolente qui défile. Ces animaux qui finissent en brochettes dans votre supermarché préféré, si propre de l’extérieur, si sombre de l’intérieur. Clac.



Car oui, nous apprenons aussi beaucoup de choses dans ce roman sur la traçabilité des bêtes, sur la productivité effrénée à l’aune d’une soi-disante ère nouvelle écologique. On parcourt le métier exclusivement masculin excepté pour les saisonniers. On apprend que les mauvais morceaux de viande sont envoyés à nos amis italiens et grecs. Clac. On s’interroge forcément sur notre consommation de viande après avoir lu ce roman, on questionne notre société sur ce qu’elle est en train de créer depuis des années dans l’instrument de torture qu’est le travail. On parcourt les vies de Mirko le codétenu, d’Audrey la confidente et de Laetitia la copine déchue. Nourrir le vide. Rares sont les personnages de la trempe d’Erwan, rares sont ceux qui viennent nous accompagner autant de temps après la lecture. Lisez-le. Absolument. Clac.



Rencontre @vleel_ merveilleuse avec l’auteur bientôt en replay sur YouTube et podcast.

A l’occasion de la sortie en poche de l’ouvrage qui inaugure la collection poche d’asphalte.
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Jusqu'à la bête

Rarement lu un livre aussi mal écrit: des onomatopées qui noircissent les pages, des phrases sans verbe, sans sujet...

p.46: "Pendant que l'autre.": que comprendre?

A emprunter au pire pour se faire une idée encore que c'est du temps perdu, mais au moins pas de l'argent gaspillé.

Seule l'intrigue sauve un peu ce navet.







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Jusqu'à la bête

Une fois commencé, impossible de lâcher ce roman. Erwan nous raconte sa vie, son travail à l’abattoir d’Angers et surtout nous tient en haleine jusqu’au bout pour savoir pourquoi il se trouve en prison. Ce qu’il appelle « l’événement » ne sera révélé qu’à la toute fin du livre.

L’écriture de Timothée Demeillers est puissante et rythmée. Il arrive à faire ressentir les odeurs, les bruits de l’usine et le sang. La cadence également, avec les « clacs » de la chaîne qui reviennent régulièrement dans le texte. Erwan est affecté au poste des frigos. Il tri les demi-carcasses de viandes qui arrivent par la chaîne. Et on lui demande d’en trier de plus en plus. La cadence augmente encore et toujours. Le maître mot est la rentabilité.

C’est un roman notamment sur la condition sociale, le mépris d’une classe pour une autre, les cols blancs vis-à-vis des ouvriers. La déshumanisation et les nouvelles techniques managériales sont pointées. La pénibilité du travail et les corps usés sont aussi au cœur de ce roman. Et cela résonne tout particulièrement en cette période où l’augmentation de l’âge du départ à la retraite est au cœur des débats.

On ressent un milieu assez dur, très masculin et macho, avec des blagues poussives. Erwan est lassé de tout cela. Il est en souffrance. Sa famille est une bouffée d’air, tout comme sa rencontre avec Laetitia, une saisonnière.

Timothée Demeillers s’est inspiré de son expérience personnelle. Il a travaillé pendant 4 mois dans un abattoir, en été, lorsqu’il était étudiant. Il a rencontré les personnages que l’on croise dans le livre.

On pense forcément à Joseph Ponthus et son roman « A la ligne » où le narrateur est aussi un ouvrier mais dans une usine de poissons, un abattoir de Bretagne.

Vous aurez peut-être envie d’arrêter ou de réduire votre consommation de viande après cette lecture. Mais Timothée Demeillers ne porte aucun jugement. Ce n’est pas un livre militant. En tout cas on en apprend beaucoup sur le métier et le milieu des abattoirs, tout en réfléchissant à notre rapport à l’animal.

A la fin du livre, vous trouverez une playlist pour rester dans l’ambiance du roman.

Il a été multi-sélectionné pour des prix. L’auteur a d’ailleurs eu le prix Hors Concours en 2021 pour son roman « Demain la brume ».

« Jusqu’à la bête » vient de sortir dans la toute nouvelle collection poche d’Asphalte, l’occasion de se faire plaisir à petit prix et de plonger dans une atmosphère particulière ! Foncez chez votre libraire et ne manquez surtout pas cette pépite !

Quant à moi, j’ai hâte de lire son prochain roman qui aura pour thème les Sudètes.
Lien : https://joellebooks.fr/2023/..
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Jusqu'à la bête

Difficile d’imaginer combien un travail à la chaine peut être destructeur physiquement et psychologiquement. Erwan travaille dans un abattoir de la région angevine et son récit dégage une telle force d’évocation qu’on se sent propulsé avec lui dans sa chambre froide. Avec lui on subit à répétition les bruits des carcasses de viande sur leur rail d’acier, les odeurs, le sang omniprésent, les collègues à l’humour douteux, les chefs hautains, la fatigue, l’écœurement, la honte de soi, les regrets de ne pas avoir étudié. Et la belle Laetitia ne suffira pas à éviter le drame. Couronné par trois prix littéraires, ce roman noir terriblement réaliste de l’angevin Timothée Demeillers se lit comme un témoignage qui frappe juste et fort !

Profitez de la réédition récente à 10 € !
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Voyage au Liberland

Petit quizz : connaissez-vous le Liberland ?



Si vous êtes comme moi, vous répondrez non et irez consulter une page Google pour apprendre qu’il s’agit d’un micro état.



Vous voilà bien avancés. Mais si vous souhaitez en apprendre davantage, ce livre est fait pour vous.



Il retrace la courte histoire de cet état, proclamé en 2015, et de son président Vit Jedlička.



Émule des théories libertariennes pour qui, l’état est une nuisance dans ses interventions. Les tenants de cette idéologie prône une liberté individuelle maximum, offrant ainsi la prospérité au plus grand nombre.



Décidant de mettre en pratique cette théorie, le choix de Vit et d’une poignée d’acolytes consistera à revendiquer une terra nullius, territoire non attribué à un État, entre la Croatie et la Serbie : le Liberland.



Créer un état, prônant une intervention la plus minime, au croisement des affrontements nationalistes des Balkans se révèlera être un projet vain.



Car l’opposition des voisins du Liberland, qui considèrent chacun cette étendue de terre comme la leur, rend toute occupation effective du nouvel état purement fictive.



Les tentatives diplomatiques pour faire reconnaître l’état du Liberland se solderont également par un échec.



Cela donne un livre assez étrange qui montre un projet non abouti, mis en échec dès le départ. Un livre qui, du coup, n’a pas grand chose à raconter, enchaînant la présentation d’une succession de personnes ayant gravité autour du Liberland à un moment ou un autre.



Au final, j’ai beaucoup plus apprécié les passages relatifs au nationalisme et au conflit entre la Croatie et la Serbie.



Les libertariens m’ont fait l’effet d’une bande d’enfants s’amusant avec du sable, sable qui sera lavé par la première marée.



Un livre de non fiction qui m’a laissé de marbre, plus à cause du sujet en tant que tel qu’à cause du travail des auteurs.
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Voyage au Liberland

Première rencontre avec les éditions Marchialy, un petit bijou esthétique entre les mains : que ce soit la couverture où la mise en page au fil des chapitres, je n’ai pu m’empêcher d’avoir la sensation de détenir un très bel objet. La forme n’a d’égal que le fond du sujet et les éditions Marchialy, spécialistes du récit de non-fiction, n’ont pas failli à leur réputation. J’ai découvert avec plaisir le Liberland, un État fictif pour certains, terriblement réel pour d’autres, qui a pris place dans une terra nullius entre la Serbie et la Croatie. Nous suivons l’histoire de cet état utopique créé en 2015 jusqu’à nos jours, entre enquête et projet fou, les auteurs nous emmènent d’une frontière à l’autre, au cœur de la pensée libertarienne. Il m’a semblé y retrouver un petit air de l’émission Affaires sensibles que j’affectionne tant. Instructif, pertinent, déstabilisant, parfois drôle, un ouvrage d’où l’on ressort avec une sorte de mélancolie, le sentiment d’avoir voyagé et surtout de s’être enrichi aux côtés de nos deux journalistes qui flirtent entre enthousiasme et dépit, d’un Président quasi autoproclamé qui semble vivre un rêve éveillé et d’une galerie de personnages tous plus exaltés les uns que les autres.
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Voyage au Liberland

Complètement fou ! Ça ressemble à une blague pour ceux qui, comme moi, vivent dans une grotte, mais figurez-vous qu'aujourd'hui 13 avril c'est l'anniversaire deuuu…? Non, personne ? de cette micro nation autoproclamée : le Liberland ! Si-si, je vous assure.





La littérature a cela de merveilleux qu'elle ne cesse de nous surprendre : On a beau avoir l'impression de savoir des choses, on en apprend tous les jours de nouvelles. Ici, Messieurs DEMEILLERS et OSOHA, journalistes et co-auteurs de ce livre de non-fiction, m'ont appris qu'il existe encore dans notre monde des parcelles de terre qui ne sont revendiquées par aucun pays. En l'occurrence, en raison de différents frontaliers entre la Serbie et la Croatie, des territoires frontaliers sont revendiqués par les deux pays… Et d'autres par aucun ! N'étant pas d'accord sur le tracé des frontières, chaque pays attribue ces bouts de territoire à l'autre.





En apprenant cette nouvelle, le 13 avril 2015, Vit Jedlicka a fait de l'une de ces terra nullius (« terre sans maître »), une micro-nation : la république libre du Liberland. La devise du Liberland est « Vivre et laisser vivre ». Son objectif est de fonder une société où l'on peut prospérer sans lois et impôts contraignants. Il prend exemple de pays comme Monaco ou le Liechtenstein. Vit appartient à la mouvance libertarienne : Il s'agit d'un mouvement philosophico-économico-politique qui prône un libéralisme radical. Autrement dit un paradis fiscal reposant sur la privatisation à outrance, afin que l'Etat ait le moins d'ingérence possible avec, par conséquent, des impôts uniquement volontaires, une solidarité à la carte, une réussite au mérite, etc…





Un tel pays peut-il seulement exister, ou ce concept n'est-il pas viable ? S'il l'est, est-il une utopie ou clairement dystopique par nature ? Ceux qui, en l'occurrence, y croient et veulent (s')investir dans ce projet - que ce soit en tant que bénévoles ou en tant que généreux donateurs - seront-ils comblés ou déçus ? Se feront-ils arnaquer ou seront-ils au contraire récompensés pour leur contribution ? Comme dans un roman, le lecteur lit pour avoir le fin mot : Ce projet a-t-il fonctionné, existe-t-il aujourd'hui ? a-t-il capoté, basculé dans le scandale ? Pour nous exposer cette véritable histoire, racontée d'une façon plaisante à mi-chemin entre le roman et l'enquête journalistique, les auteurs sont allés mener leur enquête sur place, ont réalisé des interviews de tous les acteurs, fouillé les réseaux sociaux…





Comme dans un roman, nous suivons différents personnages qui seront les acteurs de ce que les pays alentours nomment une mascarade. Vit, élu Président par les trois seuls premiers citoyens du Liberland, devra se battre sur tous les fronts : imposer leur présence physique sur place, contestée par les autorités locales, via diverses actions locales plus ou moins inspirées ; parvenir à convaincre la scène internationale de le reconnaître comme Etat en démarchant des hommes politiques reconnus ; collecter les fonds nécessaires à ce train de vie consistant à la fois à occuper la scène politique internationale et à financer des tas de projets pour faire connaître cette nouvelle entité ; établir un mode de tri des candidatures de citoyens à accepter, car le pays est trop petit pour tout le monde ; occuper le terrain des réseaux sociaux car c'est aujourd'hui sur l'espace virtuel que se joue presque tout, etc… Mais au fur et à mesure, les belles idées du début laissent place à des questions pratiques : quid de l'opacité des financements ? des petites magouilles pour devenir Président à la place du Président ? du fait que sans posséder physiquement de terre d'accueil pour ses citoyens, le Président soit discrédité, accusé d'arnaque, et même de devenir à son tour un dictateur ?





Tant de questions intéressantes, autant de droit international que d'idéologie pure, soulevées par une idée de départ certes un peu folle, mais qui a le mérite de bousculer les certitudes et acquis politiques et de les questionner. Une lecture surprenante et rafraîchissante, même s'il ne faut pas chercher dans cette non-fiction la plume et les rebondissements d'un véritable roman. En tous cas, un bel objet livre, agréable à toucher et à lire.
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Voyage au Liberland

Tout commence à Prague, lorsqu’un un homme, Jirí Kreibich, décide d’ouvrir un site internet intitulé Liberland. L’homme est un libertarien convaincu et il est tout sauf ravi du résultat des élections (un libertarien défend l’idée selon laquelle la liberté individuelle ne peut avoir de restrictions que par l’individu lui-même).





Avec cette idée de site, Jirí entend bien mettre en avant ses idées politiques dont la plus centrale reste le rejet du contrôle de l’état.

Deux ans après, le projet existe toujours mais aucune expansion n’est visible. Jirí entend parler de terres non revendiquées, il en existe une en Europe, entre la Croatie et la Serbie. Les 7 km non revendiquées deviendront la terre promise pour ce col blanc, la terre du Liberland.

Jirí partage ses idées avec un ami, Vit Jedlička qui est tout de suite conquis. Lui aussi trouve que l’état a la main mise sur la propriété individuelle, les taxes n’en finissent plus… bref leur idée c’est que chacun ait son propre bout de terre qui lui appartiens, c’est-à-dire qu’on peut faire ce qu’on veut sur sa terre du moment qu’elle est à nous - donc en gros si t’es un bon vieux raciste, tu devrais pouvoir canarder les étrangers qui entrent sur ton terrain à coup d’AK-47, au Liberland, ça posera pas de problème !



En 2015 ils se décident à aller découvrir cette Terra nullius mais tout prend une direction déjà moins joyeuse.

Face à la rumeur d’un terrain truffé de mines, Jirí renonce à son projet et passe le flambeau à Vit. Le périple pour arriver à bon port et planter le drapeau des libertariens est semé d’embuches et leur arrivée ne passe pas inaperçue.



Par la suite les problèmes vont s’enchaîner.

Qui voudrait vivre dans un État de 7km dans lequel on ne peut entrer ?

L’armée serbe et et l’armée croate empêchent toute effraction. La zone du Liberland est une ancienne zone de conflit, elle se trouve à la frontière et l’installation des libertariens ne fait qu’ajouter de l’huile sur le feu.



L’enquête menée par Timothée Demeillers et Grégoire Osoha interroge tous les aspects du fantasme libertarien de Vit et des autres. Elle s’intéresse aux tensions déjà prégnantes dans cette zone entre la Croatie et la Serbie, elle nous montre à quel point personne ne prend au sérieux Vit et ses petits camarades.



Retrouvez ma chronique en intégralité :
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Demain la brume

« Il n’y aura jamais la guerre ici, j’ai déclaré, péremptoire »



A l’été 1989, Damir, Jimmy et Nada écrivent des chansons sous le soleil yougoslave.

Deux ans plus tard, la Yougoslavie n’existe plus réellement.

Timothée Demeillers, dans ce récit choral, voyageant entre la France et la Yougoslavie, revient sur une guerre ayant ébranlé la fin du XXème siècle. Il expose les points de vue nationalistes croates et serbes de Jimmy et Nada, mais également celui de Pierre-Yves, cherchant à décortiquer la volonté des français partant se battre pour un pays qui n’existe pas encore et pour un peuple qui n’est pas le leur.



Je me suis beaucoup attaché au personnage de Damir, un jeune homme serbo-croate, passionné de musique et fervent pacifique. Un amoureux d’un pays qui n’existe plus. Grâce à lui, j’ai découvert, à travers les yeux d’un pacifique, une guerre qui plus que déchirer une patrie, a amoché une part de l’humanité.
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Demain la brume

Demain la brume, et 4 destins emmêlés dans la haine. Là où résonnent les bombes sonnent aussi l’espoir, les convictions, la musique et les cris. Demain la brume nous emmène au cœur de la guerre, au sein d’une Yougoslavie déchirée entre Serbes et Croates, où l’on ne distingue plus vraiment l’ami de l’ennemi.

Un roman choral puissant qui expose la guerre et son rayonnement. La guerre qui touche tout et tout le monde. Cruelle, mais parfois revigorante, vivifiante. Parce que les frontières se brouillent entre le mal et le bien, entre le juste et l’injuste, et au milieu de tout cela, les âmes errent et s’enhardissent.



Dans ce roman d’apprentissage qui lui a valu le prix Hors Concours 2021, Timothée Demeillers tire les ficelles d’une Histoire où se mêlent les histoires. Demain la brume, c’est Katia, lycéenne rebelle avide de changement. C’est Damir et Jimmy, bercés par leurs envies de carrière musicale. Et c’est aussi Nada, innocente et belle.

Mais c’est surtout des frontières qui s’érigent peu à peu entre serbes et croates. C’est le fusil qui vient se placer dans les mains, le treillis qui remplace le 501.

Mais alors, dans une Yougoslavie en proie au déchirement, que subsistera-t-il ?

L’individuel nourrit le collectif, et le collectif nourrit l’individuel, dans un roman qui expose les failles, les non-dits et ce qui est clamé tout haut. Un roman qui dépeint la peur, la haine, la hargne, et la fatalité.



Demain la brume, ce n’est pas innocent et c’est neutre à la fois. Demain la brume, ça n’a jamais aussi bien porté son nom : entrez dans ce roman en délaissant les convictions politiques, ne cherchez pas la frontière entre ennemis et amis, ne tracez pas de limites : tout est sans cesse effacé puis réécrit, au rythme des récits.

Demain la brume, ça expose tout : l’endoctrinement, la propagande, l’allégresse et la détresse. On va d’un camp à un autre, d’une opinion à une autre, et dans le capharnaüm de la guerre, difficile d’entendre qui a raison.



Ainsi Demain la brume fut pour moi une expérience unique, politique et sociale. Ce fut la découverte, par une plume qui s’évertue à construire une ambiance, d’un territoire inconnu. Ce fut la découverte d’une jeunesse, d’un peuple et de convictions. Ce fut des couleurs, des odeurs et des sons qui se mélangent, au même titre que les destins. Demain la brume, ça m’a montré comment le singulier influe sur le pluriel, et comment le pluriel peut faire basculer le singulier.



Demain la brume, ça m’a aussi montré ce que c’est d’être. Ça m’a montré l’effet, et l’importance peut-être, de nos opinions. Ça m’a montré que rien n’est tout blanc ou noir, qu’au contraire il faut parfois mieux tout brouiller, unir, joindre ou brasser. Parce que le flou est parfois préférable au manichéen. Parce que la brume s’est posée sur le tout et le rien.



En définitive Timothée Demeillers nous offre un roman qui expose des enjeux idéologiques forts. Par un style nous plongeant au cœur du tableau, il nous laisse être d’accord ou non, pleurer, rire, et surtout ressentir. Parce que Demain la brume c’est l’éclat d’une voix trop enhardie, c’est le temps en suspend quand on a le doigt sur la gâchette, c’est l’expression encore candide des espoirs et la perte des illusions.



C’est pourquoi je recommande Demain la brume : c’est une vraie expérience historique; une vraie immersion, qui permet de découvrir le conflit qui a déchiré la Yougoslavie par le prisme de destins jeunes et parfois moins, via la flamme ardente qui les caractérise mais qui pourrait bien les consumer.
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Voyage au Liberland

Voici une enquête qui se lit au bout du compte comme un roman, très fouillée et complète, assez objective, pour comprendre ce qu'est le Liberland, projet surréaliste de fondation d'une micro-nation libertarienne sur un no man's land, une terra nullius située sur les rives du Danube, entre Croatie et Serbie, et comprendre aussi son fondateur, Vít Jedlička, tchèque ne pouvant pas, au sein de son pays, vivre comme il l'entend.



Entretiens avec des personnalités importantes du Liberland, dont son fondateur, ou des habitants à proximité, historique de la fondation et du développement pas toujours rose de la micro-nation retracé précisément, nous faisons un véritable voyage en cette terre de 7km2, dont l'on peut devenir citoyen contre 5000 dollars payables en bitcoins, et dans laquelle c'est, finalement sans surprise, l'argent qui prime sur les soi-disant libertés individuelles, elles-mêmes très relatives, promises. A ce jour, le Liberland n'est toujours pas reconnu comme un état à part entière, et c'est tant mieux !



Je remercie les éditions Marchialy et Babelio de m'avoir permis cette lecture, ma foi fort instructive, qui confirme bien toutes les dérives possibles du mouvement libertarien.
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Demain la brume

Demain la Brume, y a-t-il vraiment un demain?

‘Demain la Brume’ est un roman écrit par Timothée Demeillers en 2019 sur l’époque de la guerre de Yougoslavie. Demeillers, né à Angers, s’est inspiré pour écrire ce roman primé d’une mission en Croatie et Serbie, où il a été témoin de l’état d’après-guerre dévastateur de ces pays.

Alors qu’en Yougoslavie, dans les années 90, le nationalisme enflamme tout et écrase les différences, en particulier ceux comme Damir qui vient d’une famille mixte (de père serbe et d'une mère croate), les tensions politiques demandent de choisir son camp ethnique. Les amis, membres de la même famille, les amoureux, tous sont forcés de choisir leur camp et se confronter entre eux. Les tensions ethniques sont hors de contrôle et la paix laisse place au chaos et bientôt une guerre fratricide sur le continent Européen qui verra les pires atrocités depuis la seconde guerre mondiale.

C’est dans ce contexte que des adolescents en France et en Yougoslavie doivent vivre leur passage à l'âge adulte, une guerre qui non seulement écrase les rêves de liberté et la poursuite d'idéaux mais qui les accélère aussi. Ce roman d’apprentissage est donc basé sur un parallèle créé entre la Yougoslavie et la France à la même époque à travers trois personnages principaux: Katia de Nevers, et Nada et Damir de Vukovar et Zagreb, respectivement. Le livre aborde évidemment des thèmes comme la guerre, mais aussi l’anticonformisme, l’anarchie, la rébellion, l’amour, et tout simplement la vie d’adolescent dans les années 1990.

Ce roman est sans aucun doute un livre qui doit occuper une place de choix dans une bibliothèque. L'auteur présente un conflit horrible dans le passé avec de vastes images, et le fait en racontant l'histoire de personnages du même âge dans un petit village français. L'histoire en général est vraiment touchante, ce qui peut tenir n’importe qui absolument en haleine. En outre, les personnages de l'histoire sont décrits de manière assez réaliste, ce que peu d'écrivains adultes arrivent à réaliser. Enfin, l'auteur utilise une symbolique forte dans le roman pour nous montrer comment chaque adolescent n'importe où dans le monde est le même, en fait, quel que soit l’état politique de son pays, ce qu'il fait en reliant les trois personnages à un point commun : le rock. Si vous aimez les romans historiques réalistes et captivants, vous devriez absolument jeter un œil à ce livre!

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Demain la brume

Demain la brume: rébellion et clichés

Très peu de livres réussissent à donner un portrait réaliste de l'adolescence et,

malheureusement, ce n'est pas l'un d'entre eux. Les premières cinquante pages de ce

roman écrit par Timothée Demeillers sont divisées en deux parties; la première raconte

l'histoire de Katia, une adolescente punk qui tombe amoureuse d'un homme en une nuit

et s'enfuit avec lui la nuit d'après à l'improviste, et la seconde partie, narrée par Damir, un

adolescent vivant en Yougoslavie en pleine guerre qui écrit une chanson de protestation

avec ses amis.

Dans la première partie, l'auteur n'emploie que des clichés pour construire des

personnages, et il est vraiment évident que ce roman a été écrit par un homme qui avait

juste 6 ans dans l'année où se déroule l'histoire et qui a totalement oublié comment se

passe l'adolescence; les personnages (surtout Katia) sont superficiels et peu réalistes, il est

vraiment difficile de comprendre les motivations derrière leurs actes et tout semble trop

romanesque et faux. Il n'y a rien de nouveau dans l'histoire de Katia, qui semble

insupportable, irrationnelle: on ne peut s'identifier à elle. Toutefois, dans la seconde partie

Demeillers réussit à capter l'attention avec des personnages plus frais dans une situation

qui n'a pas été trop traitée par les médias et il est facile de comprendre leur rébellion et

d'avoir de l'empathie pour eux.

Maribel Sánchez Sáez
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La Révolution française (7) 🥸

Dès ce moment la marche des partis se prononce d'une manière nouvelle. L'aristocratie, éloignée de Louis XVI, et ne pouvant exécuter aucune entreprise à ses côtés, se répand à l'étranger et dans les provinces. C'est depuis lors que l'émigration commence à devenir considérable. Un grand nombre de nobles s'enfuirent à Turin, auprès du comte ...., qui avait trouvé un asile chez son beau-père. Là, leur politique consiste à exciter les départements du Midi et à supposer que le roi n'est pas libre. La reine, qui est Autrichienne, et de plus ennemi de la nouvelle cour formée à Turin, tourne ses espérances vers l'Autriche. Le roi, au milieu de ces menées, voit tout, n'empêche rien, et attend son salut de quelque part qu'il vienne. Par intervalle, il fait les désaveux exigés par l'assemblée, et n'est réellement pas libre, pas plus qu'il ne l'eût été à Turin ou à Coblentz, pas plus qu'il ne l'avait été sous Maurepas, car le sort de la faiblesse est d'être partout dépendante.

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