Citations de Tuna Kiremitçi (16)
- Vous n'avez pas lu 'Anna Karenine', mon enfant ?
- Hélas, non.
- Alors vous ne connaissez pas l'homme le plus attirant, le plus dangereux, le plus séduisant de toute la littérature. Le comte Alexis Kirilovitch Vronski... Un homme passionné, qui s'ingénie à conquérir toutes les femmes, quitte à le regretter ensuite.
(p. 110)
Vous découvrirez avec consternation que vous vivez désormais dans un monde qui appartient aux autres. Du temps de votre jeunesse, il ne restera plus un seul homme, une seule femme, pas même un chat, un chien ou un enfant… Et je vous assure, mademoiselle, qu’il est beaucoup plus difficile de vivre dans un temps étranger que dans une ville étrangère. Même si vous êtes dans un pays lointain, vous gardez l’espoir de rentrer un jour au bercail. Mais tant qu’on n’a pas inventé la machine à remonter le temps, il n’y aura aucun moyen de fuir le temps présent et d’échapper à la nostalgie du passé.
- Peut-être avez-vous entendu parler de la Nuit de Cristal.
- Non.
- Voulez-vous que j'en parle ?
- Absolument.
- En ce cas, s'il vous plaît, fermez les yeux.
- Pourquoi ?
- Ce n'est pas une prière. J'ai dit : fermez les yeux.
- C'est fait.
- Vous les fermez bien ?
- Oui.
- Pour commencer, imaginez une vitrine... la vitrine d'un magasin ou une serre à fleurs...
- Hmmm...
- Faites éclater la vitrine !
- Comment ?
- Elle éclate d'un seul coup ! Elle se brise en mille morceaux ! Elle est complètement détruite... Dans un magnifique tintement de verre brisé... Vous pouvez imaginer cela ?
- Oui...
- Maintenant imaginez des milliers de vitrines... Vous y êtes ?
- Des milliers...
- Elles sont brisées par une pluie de briques...Dans la nuit, une foule ivre de fureur met le feu aux bâtiments, aux boutiques.
- C'est comme un film.
- Oui... C'est un effroyable désastre, des cris assourdissants, des maisons, des boutiques et des espoirs dévorés par les flammes. Une fumée lugubre s'élève jusqu'au ciel... Et je vous assure que ce n'est pas un film.
- C'est l'oeuvre des nazis ?
- Magasins, synagogues et écoles flambent et s'écroulent... En cette froide nuit de novembre, tout est plein de verre brisé, les rues scintillent sous le clair de lune. C'est un spectacle à vous couper le souffle... Cet atroce épisode a reçu le nom de Nuit de Cristal... Ensuite, plus un seul juif ne s'est senti en sécurité en Allemagne.
(p. 56-58)
- Et vous étiez amoureuse ?
- C'était plus que ça... Du fond de l'âme, je me sentais profondément liée à lui... Il était tout à la fois mon père, mon fils, mon meilleur ami et mon grand frère... Il m'inspirait une totale confiance. Près de lui, la vie était d'une grande sérénité.
(p. 43)
- (...) Autrefois, je tenais un journal [intime], mais un beau jour la lecture de ce que j'avais écrit a commencé à me faire souffrir.
- Moi, je déteste tenir un journal.
- C'est intéressant. Pourquoi cela ?
- Vous écrivez des choses qui vous semblent très sensées, mais quand vous les relisez un an plus tard, ça a l'air tellement stupide que vous avez honte. Et puis ce n'est pas très malin de laisser traîner des pièces à conviction. (...) Si on apprend que vous tenez un journal, il y a toujours un ami ou un proche dont cela excite la curiosité. Et vous aurez beau cacher votre texte avec le plus grand soin, vous pouvez être sûre que quelqu'un le trouvera et le lira jusqu'au dernier mot. Vous serez alors dans de sales draps.
(p.24)
Je ne sais pas ce que vous voulez me faire dire, mais je peux vous déclarer ceci : j’ai toujours aimé les hommes… Mais pas seulement leur physique… J’aimais être aimée d’eux, j’aimais leur tendresse, leur candeur, j’aimais sentir la proximité de leur force.
J'ai peur, si j'oublie le turc, que tout ce que j'ai vécu [en Turquie] s'évanouisse en silence.
(...) cette idiote s'imagine que tous les gens qui viennent du Moyen-Orient sont potentiellement des bombes humaines. (p. 38)
Un homme qui possède des chats ne laisse aucune femme indifférente.
(page 112).
Il est bon de parler, mademoiselle... Les mots dispersent le silence qui est en nous. Quand on échange des mots, même les plus grands chagrins s'atténuent.
(page 190).
Nous devons tirer la leçon de tout ce qui nous arrive. Je dirais même que ce que nous appelons la vie entretient avec nous un perpétuel dialogue et s'attend à ce que nous tirions l'enseignement qui est contenu dans les événements qui se produisent.
(page 180).
Après tout, même si je brode un peu, ce sont mes souvenirs et j'en fais ce que bon me semble.
(page 149).
L'hôpital ne peut rien pour moi, mon enfant... Aucun hôpital n'a de remède contre la vieillesse. Je préfère passer chez moi le temps qui me reste. Et bavarder avec vous.
(page 108).
Pour mesurer ce dont on est capable, il faut être amoureux et gagner sa vie.
(page 185).
« Celui qui reçoit le message est le seul à pouvoir le comprendre.
(page 183).
Je n'ai aucune espèce de raison d'aller à Istanbul, mademoiselle. Je rêve seulement d'y retourner. Mais maintenant, c'est une chose impossible...
(page 14).