Le 28 septembre 1961 survint un événement politique en Syrie d'une portée capitale. L'union égypto-syrienne éclata avec fracas et la même rapidité avec laquelle la "République arabe unifiée" était née trois ans plus tôt. La Syrie reprit son indépendance politique et économique, chassant de son territoire ses protecteurs égyptiens.
Le général Aharon Yariv est le premier cadre supérieur des services secrets d'Israëlà avoir reconnu le rôle de son gouvernement dans la liquidation de tous les Palestiniens qui ont trempé, directement ou indirectement, dans la tuerie des athlètes israéliens de Munich, en septembre 1972.
A l'époque, cet aveu à l'effet d'un coup de tonnerre dans les milieux du renseignement. Comment Yariv a-t-il eu l'audace de faire cette déclaration publiquement ? Qui plus est, à la télévision ? Est-ce un coup de folie ?
Il est vrai que Yariv ne dévoile ce secret qu'en 1993, soit quatorze ans après la liquidation du chef de Septembre noir, Ali Hassan Salameh. Néanmoins, c'est la première fois dans les annales du service qu'un de ses anciens chefs reconnait le rôle d'Israël dans l'exécution de Palestiniens à travers l'Europe et au Moyen-Orient.
Est-ce un acte délibéré ? Yariva-t-il estimé qu'il était temps de parler franchement ? Ou bien s'agit-il d'une méprise ?
Aharon Yariv reste néanmoins un des pères fondateurs légendaires du renseignement israélien, succès et échecs compris.
Lorsqu'il confère à Jérusalemn avec Golda Meir, personne n'ose entrer dans le bureau du Premier ministre.
C'est lui qui lui remet la liste qui sera ultérieurement appelée Liste de Golda.C'est la liste de tous ceux qu'ils vont condamner à mort pour l'assassinat des athlètes israéliens.
A quelle source Golda Meir puisse-t-elle la force morale d'ordonner la liquidation de ces Palestiniens ? Au cours d'un de nos entretiens Aharon Yariv me donne une réponse prudente :
- Golda se prenait pour la mère de la nation, avant de se considérer comme chef du gouvernement. Pour elle la tuerie de Munich est une affaire personnelle. C'est comme si on avait assassiné ses propres enfants. Elle se sent donc tenue de punir les meurtriers, de venger les victimes, et de dissuader d'autres actes de ce genre.
- Comme ça, sans autre forme de procès, en juge unique et souverain ?
- C'est pour cela qu'elle exigeait des preuves irréfutables que l'individu voué à la mort était bien impliqué dans l'acte criminel. Nos services secrets ont donc fourni ces preuves irrécusables : documents, télégrammes, appels téléphoniques enregistrés, empreintes digitales.
Après la mort d'Yitzhak Rabin, l'opinion israélienne a basculé en faveur de la gauche et Shimon Pérès a bénéficié d'un fort courant de sympathie. Les sondages lui donnaient une avance de 15 à 20 points sur son rival de droite Netanyahou, il décide alors d'avancer la date des élections législatives de six mois : elles auront lieu le 29 mai de la même année.
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Mais ce beau scénario, que Pérès a exposé à Clinton, s’effondre après les trois terribles attentats de février et mars 1996. Les sondages se retournent contre lui, plusieurs voix s'élèvent pour lui demander d'abandonner le portefeuille de la Défense au profit du général Ehoud Barak, actuel ministre des Affaires étrangères.
D'autres exigent qu'il appelle Ariel Sharon au poste de la Défense.
Mais Shimon Pérès fait la sourde oreille.
D'intéressantes conclusions ressortent de l'analyse des raisons de la venue de Sadate à Jérusalem, effectuée par le Mossad et l'Aman. Premièrement, Sadate croyait vraiment que Begin était un "fauteur de guerre," d'autant plus que certains faucons notoires faisaient partis de son gouvernement en la personne du ministre des Affaires étrangères Moshé Dayan, du ministre de la Défense Ezer Weizmann, et du ministre de l'Agriculture et de l'Implantation Ariel Sharon.
Le président égyptien redoutait donc un nouveau conflit armé où, cette fois, les chars israéliens ne s'arrêteraient pas au Kilomètre 101 sur la route du Caire, comme en 1973. Il ne lui restait que l'alternative de la paix pour récupérer le Sinaï.
Une sensation de chaleur inonda mon corps.Une sensation de puissance."On a pris Eichmann ! Le bourreau est tombé !"Cet homme qui avait paru si redoutable était désormais un prisonnier impuissant, livré à la justice de ses victimes.
La vérité est cependant tout autre. Rabin n'a jamais pensé que ces contacts donneraient quelque chose. Il n'a pas imaginé un instant, dans ses rêves les plus noirs, qu'il était sur le point, non seulement de reconnaître Yasser Arafat, mais aussi de lui serrer la main. Plus probablement, il a craint de provoquer une crise gouvernementale en blâmant Peres et Beilin pour leurs démarches clandestines.
Pour bien comprendre le caractère particulier des services israéliens, il faut insister sur les qualités personnelles exigées de ses agents. L'ancien chef de ces services, le "ménoumé" Isser Harel, lui-même figure presque légendaire en Israël et à l'étranger, nous en fournit la meilleure explication: "Jamais nous n'aurions engagé un James Bond ou un autre aventurier de cinéma de son genre. Nous ne voulons ni d'aventuriers, ni de héros dans nos services. Et nous ne voulons pas non plus de volontaires qui nous contactent si fréquemment pour nous offrir leurs services. La règle générale consiste à proposer à quelqu'un de travailler pour nous.
Nous voulons que nos hommes soient honnêtes, dévoués, loyaux et patriotes. Et surtout, modestes.
L'anonymat de l'agent et le secret le plus absolu de son activité sont la condition essentielle de notre efficacité.