L'existence a plusieurs faces. Peut-être vivons-nous bien aujourd'hui, mais qui peut savoir comment vivrons nos descendants !
Le temps était calme, quand le vent se mit brusquement à souffler du large. Le gel ressoudait les brisures de la banquise émaillée de nappes d’eau. Par endroits, le flot était dissimulé par une fine couche de neige.
On vécut une année tous ensemble, puis une tente intérieure distincte fut dressée pour le jeune couple dans la jaran’e – l’habitation traditionnelle en peau de morse des gens du littoral.
Ils ne sortaient qu'en été, mais faute d'habits ils ne se déplaçaient pas ensemble. Les gens les connaissaient mal et ne savaient pas combien ils étaient. Aarong avait beaucoup forci. Du second, Atioké, qui avait le teint clair, on eût dit qu'il n'avait pas de sang, d'où le nom que le père lui avait donné : Atioké le Sans Veine.
Les épreuves que l'on traverse sont précieuses pour qui veut vivre sans connaître le besoin.
Parfois, il tuait un veau marin, mais avec tous les chiens on venait bien vite à bout de cette nourriture qu’on se procurait de loin en loin.
Excrément, un surnom moqueur dont on l’avait affublé en raison de sa piètre allure, lui était resté.