Vianney Bollier

C'était donc une équipe à la fois renforcée et un peu disparate qui composa, imprima et diffusa le premier numéro du nouveau journal "Combat". André Bollier en avait dessiné lui-même le titre où la Croix de Lorraine se mariait avec le "C" majuscule. Il était daté de janvier 1942 et fut tiré à vingt mille exemplaires. Il n'hésitait pas à titrer en première page ; "L'Aube de la Victoire" et son éditorial se félicitait des récentes défaites de l'Allemagne en Russie. Un autre article" soulignait que l'entrée en guerre des Etats-Unis aux côtés des Alliés confirmait les espoirs exprimés dans l'appel du Général de Gaulle du 18 juin 1940.

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En juin 1943, le commissaire de police Gros, qui avait été arrêté par les Allemands pour cause de Résistance, décéda des suites des tortures qu'il avait subies. L'émotion fut grande, mais la lutte devait continuer et il fut remplacé par le commissaire Redt qui dut faire preuve d'une très grande prudence. De son côté, l'inspecteur René Fusier fut muté de Lyon à Annecy à la fin de l'été 1943 par mesure disciplinaire à la suite de la découverte d'une filière de fausses cartes d'identité. Il put y rendre de nouveaux services en facilitant les liaisons utiles au maquis des Glières. Quand il apprit l'arrestation d'un de ses amis en février 1944, René Fusier eut la prudence de quitter immédiatement son domicile. A peine sorti, il vit arriver un de ses confrères activement "collabo" et trois francs-gardes de Vichy. Il devint clandestin puis rejoignit un maquis. Certains de ses collègues eurent moins de chance que lui comme l'inspecteur André Camille qui fut assassiné de sang-froid par la Milice en plein centre de Lyon le 1er juin 1944. Plus de cent policiers avaient rejoint la Résistance à la fin de l'année 1943 dans les huit départements dépendant de Lyon et ils y rendirent d'immenses services.

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En mai 1943, Henry Frenay, dont les relations avec Jean Moulin, n'étaient pas bonnes, fit le point avec les responsables de son mouvement avant de partir une nouvelle fois pour Londres à la demande du Général de Gaulle. Lors de son entretien avec Vélin (André Bollier) , il l'interrogea sur la fabrication du journal du mouvement. Comme celui-ci redoutait de plus en plus que les imprimeurs professionnels, trop traqués, ne puissent plus les aider, il avait formé le projet d'une imprimerie spécifique et clandestine à Lyon. Après avoir rallié à son idée Jacqueline Bernard et Joseph Martinet au prix de discussions animées, Vélin dut s'employer à convaincre Henri Frenay. Celui-ci, qui insista sur la nécessité de faire paraître régulièrement le journal quoi qu'il advienne, approuva le projet à son tour et promit de trouver le financement auprès du général de Gaulle.

Il tint parole et quelques semaines plus tard, Jean-Guy Bernard remit à Lucienne beaucoup plus que les 500 000 francs demandés et promis. Il apporta en effet 1 200 000 francs en faux billets fabriqués spécialement par la Banque d'Angleterre pour la France Libre et la Résistance. Il n'est pas courant de recevoir plus que ce que l'on espérait et l'augmentation spontanée de ce budget par la France Libre à Londres montra que le général de Gaulle et son état-major estimaient qu'une presse propre à la Résistance était importante et qu'ils faisaient confiance à l'équipe de Vélin dont Henri Frenay se portait fort.

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