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Critiques de Vianney Bollier (3)
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André Bollier Vélin : Artisan héroïque des journaux..

Nombre d'entre nous connaisse le mouvement de résistance « Combat » et son journal clandestin, comme nombre d'entre nous connaisse Henri Frenay, compagnon de la Libération, fondateur avec Berty Albretch dudit réseau. Mais connaissiez-vous le nom d'André Bollier, alias « Vélin » ? Vianney Bollier, son fils posthume, né peu de temps après le décès de son père, rend un très bel hommage à celui-ci en publiant cette biographie historique.



Jusqu'aux débuts des années 2000, Vianney Bollier ne se reconnait pas le droit de parler de son père. Il ressent comme un sacrilège, la peur de déprécier l'image précieuse de son héros qu'il porte dans son Temple intérieur. Mais le temps a passé, ses enfants lui posent des questions. Arrive le jour où André Laroche, Président de la FNDIR (Fédération nationale des anciens Déportés et Internés de la Résistance) ancien compagnon de son père, lui demande son intervention pour une conférence sur André Bollier, ce héros de l'armée des ombres.



Les Editions du Félin publient cette biographie dans l'excellente collection intitulée « Résistance – Liberté – Mémoire » dans laquelle, j'avais déjà pu apprécier la qualité du récit en découvrant la biographie de Jacques Lusseran « Et la lumière fût ». de nombreux récits, écrits par des résistants ayant trait à leur expérience, sont devenus introuvables. Pour pallier à ce manque et sous l'égide de l'association « Liberté – Mémoire », les Editions du Félin redonnent vie à ces témoignages essentiels qui doivent nous enseigner tant sur le passé que sur l'avenir et redonner toute sa place à la transmission.



Les récits sont rigoureux et ne laissent aucune place à la fiction dont l'authenticité est garantie. Les Editions du Félin se sont associées à l'association Liberté – Mémoire, fondée par de grands Résistants aujourd'hui décédés. Ce comité est présidé par Laurence Thibault, elle-même entourée de grands historiens et en collaboration avec la Fondation de la Résistance. La richesse de ces témoignages révèle les coulisses de la Résistance pour mieux comprendre ce que fut vraiment la vie de l'intérieur des réseaux.



Pour rester objectif, Vianney Bollier ne nomme jamais André Bollier « papa ». Il établi d'emblée une distance afin de rester dans une neutralité didactique. Après avoir retracé succinctement la biographie d'André, brillant jeune homme admis à l'Ecole Polytechnique, ainsi que sa rencontre avec la maman de Vianney, Noëlle Benoit, l'auteur s'oriente sur la prise de conscience de ce jeune homme de vingt ans qui se refuse à accepter l'occupation allemande. André est d'autant plus rebelle qu'il a vécu « la drôle de guerre » de très près, au cours de laquelle, il a été blessé. Il possède une bonne connaissance de l'allemand ce qui lui permet de lire Man Kampf et de se faire une idée précise des projets d'Hitler.



Ingénieur, André se passionne pour son métier qu'il exerce aux Câbles de Lyon. Malgré la période, le jeune couple ne renonce nullement aux projets, Noëlle et André se marient. L'amour leur tient lieu d'antidote et l'action, pour André, le propulse vers le combat au sens propre comme au sens figuré. La rencontre avec Henri Frenay est un tournant décisif pour le jeune homme.



« André Bollier fut très surpris quand Henri Frenay, manifestement conquis, lui proposa de prendre en main dès que possible l'ensemble de la « propagande » de son mouvement qui s'appelait toujours Mouvement de Libération Nationale. Henri Frenay ne cache pas en effet son admiration pour ce jeune homme dans le beau livre « Volontaires de la Nuit » qu'il écrivit en 1973 : « Grand et mince, guère plus bavard que Jean-Guy (Bernard) et dont le regard, d'une extrême vivacité, reflétait un tempérament ardent, une intelligence toujours en éveil ».

La clandestinité, le danger qui augmente avec l'activité de la Résistance qui s'intensifie, la traque des Juifs, les faux-papiers, l'aide aux personnes en difficultés, les rencontres avec les autres mouvements et les recrutements mais aussi la protection de Noëlle qui attend leur premier enfant, la petite soeur de Vianney, deviennent de véritables enjeux pour ce garçon brillant et dynamique.



La lecture de ce livre donne toute la mesure des conséquences, des renoncements, que le mot « Résistant aux larges responsabilités » suppose : accepter de mettre sa vie entre parenthèses sans aucune certitude quant aux résultats, toute l'intelligence créatrice qu'il faut pour mener à bien une mission, les précautions à ne jamais négliger, l'anticipation, être à la fois capable d'organiser les missions tout en continuant à imprimer les journaux clandestins, les distribuer. Résister demande à être en éveil vingt quatre heures sur vingt quatre.



le livre est divisé en trois chapitres essentiels : la préparation (1920- 1941), l'action (passionnantes années 1941 – 1944) et le drame et ses lendemains (1944 – 2010). Une passionnante lecture très instructive qui m'a rappelée le livre de Kessel « L'armée des ombres » qui bien que fiction, révèle le poids de l'engagement.



On ne peut rester insensible au courage de ce jeune homme, aux sacrifices et au soutien de son épouse, Noëlle Benoit, jusqu'au moment fatal où ce jeune homme de vingt quatre ans se suicidera pour ne pas être arrêté par la Gestapo.



André Bollier fut fait Compagnon de la Libération et ses deux enfants « adoptés par la Nation ». Son fils a eu mille fois raison de passer outre ses appréhensions pour nous écrire cette biographie de qualité qui sort de l'ombre, un grand Résistant : André Bollier.



La ville de Lyon est un Haut-Lieu de la Résistance. Après l'invasion de la zone libre, le 8 novembre 1942, les mouvements de Résistance s'unissent, les maquis s'agrandissent pour recevoir les jeunes refusant le STO. La Prison Montluc devient un sinistre symbole ainsi que L'Ecole de Santé des Armées devenue Centre de la Résistance et de la Déportation.



Je tenais à remercier Les Editions du Félin et l'équipe de Babelio pour m'avoir permis de découvrir un « Artisan héroïque des journaux clandestins ».

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André Bollier Vélin : Artisan héroïque des journaux..

Le dernier résistant étant mort en 2021, nous n'aurons plus jamais de témoignages de compatriotes ayant vécu à cette époque très sombre de notre histoire. Ici, c'est Vianney Bollier, né quelques mois après la mort de son père résistant, qui entreprend à presque 80 ans de dresser le portrait du héros que fut « Vélin ». Il s'appuie pour ce faire sur des archives personnelles, sur celles d'autres familles de résistants, sur leurs témoignages... Comme l'a souligné enjie77 dans sa chronique, Vianney ne nomme jamais André Bollier « papa » pour garder un maximum de recul.



Avant de commencer vraiment, je voudrais vous faire un petit résumé vertigineux de la courte vie d'André Bollier : il a 20 ans quand il est grièvement blessé au combat lors de la campagne de France, 21 ans quand il entre en résistance, prend la direction de la « propagande » de Combat puis se fiance à Noëlle, 22 ans quand il se marie, est arrêté puis s'évade et devient clandestin, 23 ans quand naît sa fille , et 24 ans quand son imprimerie est attaquée et qu'il se donne la mort pour échapper à la torture.



Au-delà de la tristesse que l'on ressent à la destinée tragique et du sacrifice d'André, c'était absolument passionnant de voir abordé le thème de la propagande côté Résistance, qui est selon moins peu connue (on connaît davantage les actes de sabotage et la répression qui en découle). Or, la diffusion de tracts et de journaux est essentielle pour réveiller les consciences contre l'occupation allemande.

Les dangers sont multiples : il faut imprimer, trouver les fournitures (matériel encombrant, papier en pleine période de restriction etc), stocker sans attirer l'attention, diffuser sans se faire prendre...

Quand il entre dans la clandestinité, André adopte un nouveau nom de guerre : « Vélin » et s'occupe à temps plein de l'impression du journal Combat dont le tirage augmente de plus en plus.

Fin décembre 1943, il fait un coup d’éclat en copiant les caractères du journal collaborationniste Le Nouvelliste pour diffuser un faux aux accents gaullistes qui remplace les vrais journaux.

Le danger devient de plus en plus pressant à partir de 44 avec la pression des contrôles de la Gestapo et de la Milice ainsi que des primes de plus en plus élevées encourageant l'infiltration de futurs délateurs.

Tout au long de son combat, « Vélin » fait preuve d'une grande ingéniosité. Il invente, entre autre, des sociétés fantômes avec un dossier convaincant pour avoir des marchandises indispensables au fonctionnement de l'imprimerie clandestine ou un approvisionnement conséquent d'électricité sans attirer l'attention.

Malgré les précautions qu'il prend, la maison où il se cache avec d'autres résistants est attaquée le 17 juin 44 (11 jours après le débarquement allié en Normandie). On ne saura jamais si ce fut le fait d'une dénonciation. Le pire, c'est que peu avant, André avait fait un voyage à Paris pour demander à ce que l'imprimerie change de mode de fonctionnement et soit à nouveau décentralisée face à la gravité croissante du danger, mais la direction du mouvement s'y opposa.



La diffusion de ce journal résistant a été primordial. Non seulement pour informer les Français sur les événements que la propagande allemande censurait mais également pour apporter un certain réconfort moral. Je finirai en disant que l'importance d'une presse libre est plus que jamais d'actualité en me permettant de citer l'auteur : « Les médias d'aujourd'hui sont beaucoup plus divers et puissants que ceux que Vélin mettait en œuvre, mais les pouvoirs autoritaires contnuent à redouter la vérité et à faire taire ceux dont les messages les contrarient. »



Je remercie Babelio et les éditions du félin pour ce partenariat.
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André Bollier Vélin : Artisan héroïque des journaux..

Je tiens tout d’abord à remercier la Masse Critique Babelio et les éditions du Félin pour m’avoir permis de découvrir ce magnifique livre !



Artisan héroïque des journaux clandestins (1920-1944) nous plonge au cœur de la vie d’André Bollier, un jeune homme qui a participé activement à la résistance durant la Seconde Guerre mondiale. Il est à l’origine d’une imprimerie à Lyon et a permis à la presse clandestine d’être très présente durant cette période.



J’ai beaucoup aimé cette lecture, qui m’a appris énormément de choses notamment sur la presse clandestine. Cet ouvrage permet de mettre en lumière ceux qui se sont battus pour la France et sa libération. Et témoigne du courage et de la détermination dont ont fait preuve André Bollier notamment, mais aussi tous ceux qui ont intégré la Résistance. Cela permet de se rendre compte de tous les risques qu’ils ont pris, de tous les dangers auxquels ils ont été confrontés. Et surtout, ce livre met en lumière un aspect de la Seconde Guerre mondiale qui n’est pas forcément mis au premier plan.



Pour moi, ce livre est à mettre entre toutes les mains, car il aborde un sujet important et permet d’en apprendre plus sur cette période historique et sur le rôle qu’a joué André Bollier. Vélin est une figure centrale de par son action et son dévouement, et son histoire mérite d’être connu par le plus grand nombre de personnes.



Pour aborder l’aspect plus littéraire de cet ouvrage, j’ai beaucoup aimé la manière d’écrire de Vianney Bollier. Une écriture fluide, agréable à lire et qui permet de se plonger immédiatement dans la vie d’André Bollier. Les informations données sont précises, et on voit qu’il y a eu un gros travail de recherche derrière toutes les informations qui nous sont données.



En bref, une lecture nécessaire, qui m’a permis d’en découvrir plus sur cet aspect de la Résistance française, et un ouvrage qui se lit d’une traite. Un très beau livre, complété par un dossier photo, qui permet une immersion totale.

Encore merci à Babelio et aux éditions du Félin pour cette très belle découverte !
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