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Critiques de Víctor L. Pinel (472)
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Le plongeon

Quelle BD délicieuse et émouvante en même temps, empreinte d’une infinie tristesse et d’une joie de vivre communicative !

Yvonne, Madame Lhermitte, a quatre-vingt ans et c’est décidé : elle va quitter sa maison pour l’EHPAD, la maison de retraite comme on disait avant… C’est le début de cette histoire : Le plongeon dont le scénario est signé Séverine Vidal alors que les dessins sont de Victor L. Pinel.

Une tristesse infinie se dégage de ces premiers instants avec la visite de l’agent immobilier et du couple intéressé par l’achat des lieux. Leurs remarques font mal à Yvonne : « De beaux volumes… Mais tout à refaire ! »

Il faut se séparer de Bellouche, sa chienne fidèle, voir vider sa maison et partir avec enfants et petits-enfants pour l’EHPAD, Les Mimosas.

Là, Yvonne ne se sent pas bien, n’aime pas sa chambre mais peu à peu, se lie d’amitié avec quelques résidents dont Paul-François que tout le monde appelle P-F et avec qui elle partage à nouveau l’amour.

Alors, il y a le scrabble, les ateliers, la poterie mais pour Yvonne, ce n’est pas la vie. Elle taquine, fait des siennes, redonne le sourire à ses amis au cours d’une soirée bien arrosée, dans sa chambre. Elle qui s’occupait d’un domaine viticole, près de Libourne, avec Henri, son mari, avait gardé quelques bonnes bouteilles…

Youssef, infirmier attentionné, comprend mieux que quiconque les désirs de liberté d’Yvonne et de ses six amis, même s’il essaie de les retenir lorsqu’ils entreprennent une fameuse fugue qui se terminera par Le plongeon.

Tout est remarquablement dessiné par Victor L. Pinel. Certaines planches sont d’une éloquence impressionnante qui en dit plus long que les plus beaux discours. Victor L. Pinel a bien dessiné vieilles et vieux et n’a pas hésité à les représenter nus lorsqu’il le fallait. Il a osé et c’est bien fait.

Enfin, accompagnant une histoire pleine d’enseignements, sur ce monde clos des EHPAD et des relations avec la famille, les textes de Séverine Vidal sont toujours bien choisis, percutants, terriblement tristes quand il le faut.

L’humour et la joie de vivre les dernières années d’une vie imprègnent cet album qui offre non seulement un bon moment mais une belle occasion de réfléchir au sort que nous réservons aux personnes les plus âgées.


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Le plongeon

Avec le plongeon, j'ai découvert un splendide album tout en sensibilité avec, déjà, une couverture magnifique !

Écrire un livre sur la vieillesse, les personnes âgées en EPHAD , il fallait se lancer. Séverine Vidal a osé et peut être fière du résultat. Il faut dire que Victor L. Pinel a merveilleusement accompagné son récit par des dessins délicats et épurés. Les visages et les corps sont vraiment très expressifs et Yvonne, cette grand-mère octogénaire, est on ne peut plus actuelle et vivante.

L'histoire de cette dernière démarre avec la vente de sa maison avant d'être admise à l'EPHAD « Les mimosas ». Elle pense aux soixante années ou presque, passées dans cette maison avec son mari Henri, décédé depuis peu. « Je n'aurai plus rien ici, aucune fête, aucune chute, plus aucune nuit d'amour. Je n'ouvrirai plus les volets sur le matin frais. Je ne m'assiérai plus, un verre à la main pour contempler le soleil se coucher. Je pars. »

Mais ne nous laissons pas aller à la mélancolie car Yvonne a encore des ressources et de l'énergie ! Preuve en est lorsqu'elle intervient dans une partie de scrabble ou encore lors de sa création personnelle à l'atelier poterie. Quant à son dernier pied de nez à la monotonie de cette vie en EPHAD, un véritable soleil, on peut le considérer comme un dernier plongeon dans l'eau fraîche, mais je vous laisse le soin de le découvrir.

Néanmoins, les coups de « moins bien » sont également bien présents quand, par exemple, une visite attendue avec tout le soin apporté à se préparer, à se faire belle, se désiste au dernier moment. Plus grave, ces instants où maintenant, Yvonne s'éclipse, c'est à dire perd le fil de la réalité et qui lui font peur.

Heureusement, tout n'est pas perdu et l'amour peut être encore possible, grâce à la connivence et à la complicité de cet infirmier si compréhensif et si humain !

C'est une BD de toute beauté que j'ai eu le privilège de découvrir grâce aux Éditions Grand Angle et à Babelio. C'est une BD où le scénario et le dessin sont particulièrement complémentaires. Les expressions du visage d'Yvonne doivent correspondre à chaque sentiment exprimé dans l'action et ils sont nombreux. La mélancolie, la tristesse, la colère, l'étonnement, la moquerie, l'amour, la joie de même que la douceur ou la dureté doivent être rendus dans les dessins et Victor L. Pinel les a restitués à merveille. Quant aux couleurs, le bleu de la couverture, couleur de l'eau, plus pastel, à l'intérieur, il colle bien avec les émotions d'Yvonne.

J'ai lu et même relu une deuxième fois le plongeon, tant j'ai été séduite et émue à sa lecture. J'ai pu avoir les larmes aux yeux, quelques fois, mais j'ai aussi jubilé avec Yvonne à ses facéties, et j'ai avant tout apprécié la poésie qui règne tout au long de cet album.


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Echecs (BD)

Belle réussite ce roman graphique signé Victor L. Pinel ! Courageusement, il a relevé un défi particulièrement difficile : démontrer que plusieurs vies se déroulent comme dans une partie d’échecs.

Dans cette BD intitulée tout simplement Échecs, les personnages sont nombreux. Les rencontres sont fugaces mais les couleurs sont belles et chacune, comme chacun, est bien dessiné avec beaucoup de personnalité.

Dans Le plongeon, BD réalisée avec Séverine Vidal, j’avais déjà adoré Victor L. Pinel qui traitait des personnes en fin de vie. Ici, d’emblée, il place son histoire dans un Ehpad, une résidence pour personnes âgées et c’est madame Dubois qui tient la vedette. Elle est grincheuse, peste car on lui refuse la moindre cigarette ou une goutte de Cognac…

La Directrice, avec son petit nez en trompette, intervient pour faire respecter les règles mais elle constate que madame Dubois reste constamment devant son échiquier, seule, dans sa chambre.

C’est Samir, le premier à lancer l’histoire, qui intervient dès la première page. Dans une station de métro, il flashe sur une jeune femme qui marche sur le quai, hésite mais, trop tard, les portes se sont refermées et la rame est repartie. Cet événement hante Samir, jeune homme au premier plan, sur la couverture de la BD. Il est debout sur une case noire d’un échiquier géant sur lequel se déplacent d’autres personnes que je vais rencontrer au cours de ma lecture.

Je vous laisse le plaisir de faire connaissance avec tous les autres protagonistes pour revenir à madame Dubois qui accepte enfin la compagnie de Samir. Ce dernier, bénévolement, rencontre les résidents.

Maladroitement, il renverse le jeu d’échecs de madame Dubois. Voulant remettre tout en place, il exacerbe la mauvaise humeur de « la vieille grincheuse ». Comme il ne connaît pas les règles du jeu d’échecs, il demande à apprendre à jouer.

Étonnamment patiente, madame Dubois commence à former le « gamin » aux échecs. C’est passionnant, instructif et donne envie car, en même temps, entrent en scène tous les autres personnages dont la vie, les amours, les ruptures, les espoirs, les rencontres s’apparentent au jeu d’échecs.

Habilement, dans les dernières pages, Victor L. Pinel reprend quelques scènes importantes, non pas en noir et blanc mais plutôt en bleu et blanc, sans les couleurs chatoyantes qui m’ont charmé tout au long de ma lecture.

Au passage, je signale une superbe double page mettant en scène les principaux personnages avec, pour chaque cas, de brefs commentaires rappelant le fou, le cavalier, la tour, la dame, le pion et leur rôle dans chaque partie. Quant au roi…

De nombreux conseils pour bien jouer aux échecs sont donnés par madame Dubois. Que c’est bien mené ! Samir est captivé par cette leçon de vie : non seulement pour jouer aux échecs mais pour réussir sa vie sans se bloquer sur… un échec, une merveilleuse leçon d’optimisme.

Un grand merci à Babelio et à Grand Angle pour ces bons moments d’une lecture superbement illustrée et s’adressant à tous les âges de la vie, une vie qui passe bien trop vite…


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Echecs (BD)

On sent bien que l'auteur Victor L. Pinel, originaire de Madrid, a mis beaucoup de temps à réaliser ce one-shot où des personnages se croisent dans une sorte de microcosme. On est en plein dans le récit chorale qui permet d'offrir plusieurs point de vue pour traiter d'une problématique à dimension humaine comme la difficulté d'aimer.



C'est parfois difficile à suivre surtout quand il y a des personnages qui se ressemblent. J'ai eu un peu de mal entre Julie et Marion par exemple bien que l'âge ne doit pas être le même. Et puis, il y a des individus que l'on va suivre avec le plus grand intérêt quand d'autres sont à peine visibles. Les personnages des différentes histoires vont se croiser notamment à la fin où il y aura la réponse à ce puzzle géant qui se présente à la manière d'une partie de jeu d'échecs.



Les tranches de vie peuvent apparaître anodines mais cela va prendre tout son sens au fur et à mesure de l'avancée de ce récit très bien construit. Les thèmes évoqués tournent autour de l'amour qui semble être un sujet passionnant donnant lieu à diverses interprétations. Le scénario est d'une excellente fluidité car l'auteur arrive à faire s'imbriquer les différents récits.



Par contre, je n'ai pas du tout aimé la moralité du finale qui vient un peu tout gâcher même si cela se présente sous l'angle de l'humour. La vie ne se construit pas en trichant. La tricherie, c'est du mensonge et de la fourberie. Cela décrit au fond un individu où l'on ne peut lui faire confiance sinon, c'est le malheur assuré. Pour autant, l'auteur semble nous le décrire avec une grâce et une élégance à la manière d'un Arsène Lupin. Pour moi, il n'y a aucun mérite à tricher dans la vie.



Pour autant, l'auteur délivre une juste analyse concernant la compétition qui nous anime dès le début de notre scolarité avec les notes délivrées par les professeurs. On sait qu'ensuite, dans la vie professionnelle, on a droit à une promotion ou pas en fonction de la compétition en place. Tout semble déguisé mais c'est la même chose. Or, gagner n'est pas forcément une finalité en soi.



Le style de graphisme est très doux. Il y a de la grâce dans les traits sans fioriture superficielle. On sent quelque chose de sensuel qui apporte une atmosphère particulière à l'ensemble. La mise en image est vraiment superbe avec une colorisation adéquate qui rend la lecture plaisante.



Cette lecture a été un grand bol d'air frais qui fait la différence en ces temps-ci. Un grand merci à Babélio et aux Editions Grand Angle de m'avoir permis de découvrir ce titre. Il y a presque un côté thérapeutique à observer les problèmes des autres qui trouveront leurs solutions. Avis aux amateurs !
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Le plongeon

Il y a 30 jours déjà je recevais Le plongeon dans ma boîte aux lettres. Le temps passe si vite, ce n’est pas ma grand-mère qui aura bientôt 83 ans qui dira le contraire. Le temps passe vite, la vie défile jusqu’à ce que peu à peu la vieillesse fasse son effet, que vivre seul devienne trop compliqué.



Quitter sa maison où on a vécu une bonne partie de sa vie, son foyer, se voir peu à peu décliner ne doit pas être évident. Que cela soit pour intégrer un EHPAD comme c’est le cas d’Yvonne dans cette BD où allez vivre chez l’un de ses enfants les choses ne sont pas évidentes. C’est un changement de vie, de rythme, d’habitude, une perte d’indépendance. Cependant malgré cela la vie continue avec ses joies et ses peines. La vieillesse est là en effet mais il y a aussi l’envie de vivre encore de nouvelle expérience, de se faire des amies, de rire, d’être aimé et d’aimer.



J’ai trouvé cette BD vraiment très touchante, j’ai été triste lors de cette lecture mais où j’ai aussi de nombreuses fois souris. Je l’ai relu le lendemain avec ma grand-mère dont la santé ces dernières semaines se détériore de plus en plus de façon inquiétante. Un moment de lecture et d’échange singulier ou ont été abordé des souvenirs passés joyeux et tristes, le présent et l’avenir. Je sais que je vais conserver cette BD toute ma vie, j’ignore cependant si je la relirai un jour attachant désormais à cette lecture l’un de ses rares moments un peu hors du temps que l’on peut avoir en compagnie de nos proches.



Merci à Babelio et à Bamboo Edition pour l’envoi de cette BD.
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Puisqu'il faut des hommes

1961, Joseph Fournier, après avoir servi sous les drapeaux français pendant la guerre d'Algérie, rentre chez lui. le premier à l'accueillir joyeusement est son chien, son père, l'ayant aperçu de son champ, s'est tout simplement caché derrière un arbre. Quant à sa mère, plus chaleureuse, elle est évidemment ravie de le retrouver sain et sauf. Une fois à la maison, Joseph va saluer son frère, Jules, cloué désormais sur un fauteuil roulant depuis son terrible accident de tracteur, lui qui était pourtant promu à une grande carrière de cycliste. Et c'est un brin rancunier qu'il lui reproche d'avoir eu le cul vissé sur une chaise à l'État-Major et le traite de planqué. Dans la cuisine, Joseph entend les mêmes paroles de reproche de la part de son père. Se rendant ensuite au village, il va saluer René, le cafetier, dont le fils est toujours en Algérie, et se propose de lui donner un coup de main pour le restaurant. Avant de partir, il lui demande des nouvelles de Mathilde, la femme dont il est tombé amoureux avant de partir...



La guerre d'Algérie, un sujet sensible s'il en est... Philippe Pelaez ne traite pas, à proprement parler, de cela, mais plutôt du traumatisme des soldats revenus du front. Joseph Fournier, dont les rumeurs précèdent son retour, est plutôt mal accueilli, aussi bien par sa propre famille que par le village qui le considèrent comme un planqué. Sauf que, évidemment, personne ne sait au fond ce qui s'est passé là-bas et combien une guerre peut changer un homme. Joseph, lui, supporte les regards accusateurs et les propos malveillants sans broncher. Pourtant, les apparences sont trompeuses... Abordant différents sujets tels que le retour à la vie normale, l'amour (qui n'a pas su attendre), le regard des autres..., Philippe Pelaez nous offre un album à la fois dramatique, touchant et poignant. Graphiquement, le trait semi-réaliste de Víctor L. Pinel sied parfaitement à ce récit...
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La maison de la plage

Juju, trentenaire parisienne enceinte de plus de 7 mois, et sa cousine Coline sont les premières à débarquer à la maison. Et c'est non sans un certain pincement au cœur qu'elles effectuent les premiers gestes : ouvrir les volets, aérer les chambres, mettre le courant. Car c'est le premier été que Juju passera seule, sans Thomas, qui s'est tué dans un accident de voiture, quelques mois auparavant. Et ce sera aussi peut-être le dernier été que toute la famille va se réunir dans cette maison familiale qui appartient à leur grand-mère, aujourd'hui décédée. En effet, des trois garçons, seul oncle Albert, ayant besoin d'argent, veut la vendre. Richard et Jean-Loup, les papas de Coline et Juju, ainsi que leurs épouses, n'y sont pas favorables. Les Trémières représentent pour eux tous une partie de leur enfance peuplée de merveilleux souvenirs. Les retrouvailles dans cette maison s'annoncent particulières...



Voilà une chronique douce-amère, pleine de charme et teintée d'un brin de nostalgie. Juju, qui vient de perdre son grand amour, Thomas, va devoir affronter, coûte que coûte pour le bien de sa fille à naître, sa nouvelle vie. Attristée par cette disparition, elle devra en plus laisser derrière elle la maison familiale qui regorge de souvenirs. Et de secrets, notamment ce pan de tapisserie jaune resté tel quel avec ses montgolfières depuis 1958. En quatre temps, de 1959 à 2018 en passant par 1968, Séverine Vidal nous fait voyager du présent au passé, la maison des Trémières avec pour seul point d'ancrage. L'on découvre ainsi l'enfance des trois frères, l'on fait connaissance avec les anciens propriétaires. Empreint de nostalgie et d'air iodé, cet album est particulièrement touchant. Le dessin et les couleurs de Víctor L. Pinel sont très réussis. Un trait semi-réaliste, des jeux d'ombre et de lumière, des couleurs tantôt estivales tantôt passéistes.

Un album tendre sur les souvenirs et les liens familiaux...
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Le plongeon

PLOUF ! Plongez !... au pays de "la vieillerie" et pourquoi cela devrait rimer forcement avec maladie, nostalgie et fin de vie et compagnie? .....Séverine Vidal nous entraîne avec délicatesse et subtilité vers cet univers où son héroïne a encore toute sa tête et de l'énergie à revendre et à faire partager !! Elle doit rejoindre un EPAD après avoir vendu sa maison et doit se séparer à contre coeur de son chien...

Vaste sujet de société ..à but lucratif pour certains et casse tête chinois pour d'autres..."pourquoi parquer nos anciens? les faire sombrer irrémédiablement vers la solitude....

...Nos sociétés où nous n'avons plus l'habitude de voir et de côtoyer des morts ; où la mort est camouflée (les corbillards ont changé de couleur...) ...entre faux-semblants des familles et l'entourage, dans un monde où la dignité humaine est plus que transparente.. que de bravoure et de dévouement pour ces équipes médicales qui n'ont de cesse que de faire du mieux possible, entre carcans médicamenteux et animations obligatoires..." S'amuser, c'est tromper la mort" disait PASCAL, et justement il n'y a pas d'âge pour la gaieté, quelques petits plaisirs et des balades !..cela n'a jamais fait de mal à personne, c'est ce que compte bien faire cette" mamie" !

Séverine VIDAL traite le sujet sans tabou, avec subtilité et intelligence, cette histoire nous renvoie à nos propres questionnements pour appréhender une étape finale qui pour tous et toutes restera toujours difficile à prédire et à anticiper avec sérénité...



Et je ne peux que penser à cette réflexion de Monsieur Pierre RABHI :

" Quand je me suis amusé à refaire l'itinéraire de l'être humain dans la modernité, je me suis aperçu que notre monde avait des allures carcérales. de la maternelle à l'université, on est enfermé (on appelle cela le « bahut » d'ailleurs), ensuite on est dans des casernes, puis tout le monde travaille et vit dans des « boîtes » plus ou moins petites ; pour s'amuser, on va en boîte et on y va dans sa « caisse » ; « enfin, on rentre dans une boîte à vieux et on retrouve la dernière boîte que je vous laisse deviner !"





Sortons un peu des boîtes ! essayons de penser autrement...

































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Le plongeon

Des décennies qu'Yvonne Lhermitte habite la même maison. Elle y a vécu de nombreux moments inoubliables, fêté de nombreux anniversaires. Mais aujourd'hui, maintenant que son mari, Henri, n'est plus là depuis quelques mois, elle ne sent plus capable de rester là, seule, sachant que plus rien ne l'attend. À 80 ans, elle décide alors de vendre sa maison et de s'installer dans un EHPAD. C'est, évidemment, le cœur serré et les larmes aux yeux qu'elle referme, pour la dernière fois, la porte de sa maison. Accompagnée de ses enfants et petits-enfants, elle part s'installer aux Mimosas, où la directrice l'accueille et lui fait découvrir son nouveau lieu de résidence mais aussi ses futurs compagnons. D'emblée, rien ne lui plaît ici, ni la directrice trop bavarde, ni sa chambre monacale. Mais, Yvonne n'a d'autre choix que de s'adapter si elle veut continuer à vivre, tout simplement...



Quel bouleversement pour Yvonne de quitter toute la vie qu'elle s'est construite dans sa maison, son mari à ses côtés depuis tant d'années. Mais maintenant qu'elle est seule, qu'aucun rire ne résonnera, qu'aucune larme ne sera versée, qu'aucune fête ne sera célébrée, elle sait que l'EHPAD est la seule solution. Et c'est aux Mimosas que sa vie va continuer, et certainement se finir. En compagnie, notamment de PF, de Thérèse ou encore d'Angelina Jolie, elle va vivre des moments inoubliables... avant le plongeon ! Séverine Vidal nous offre un album touchant et intimiste au cœur duquel elle dépeint les bouleversements que doit affronter et surmonter Yvonne maintenant qu'elle est seule. De par sa fougue, son humour, son entrain, Yvonne est un personnage vraiment attachant et permet d'avoir un autre regard sur les personnes du 3ième, voire 4ième âge, mais aussi sur les EHPAD. L'auteure dépeint aussi bien les relations entre les résidents, les moments collectifs comme les ateliers ou les repas, les moments de solitude mais aussi, inévitablement, les moments de déchéance. De par les témoignages récoltés et les échanges, cet album fait montre d'une profonde sincérité et d'une tendre humanité. Graphiquement, le trait réaliste tout en finesse et les couleurs douces de Víctor L. Pinel apportent eux aussi tendresse et bienveillance.

Un album émouvant...
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Echecs (BD)

Encore un coup gagnant dans la série Grand Angle de Bamboo Editions !

Victor L Pinel, illustrateur du Plongeon écrit par Séverine Vidal est cette fois (et brillamment aussi) aux manettes du scénario. Pas d'échec en vue donc avec cette jolie BD.

Les amoureux de la ville de Bordeaux reconnaîtront la belle Place de la Victoire sur la 1ère page, lieu incontournable qui brasse un grand nombre de visiteurs et de locaux, lieu propice aux rencontres. Et c'est malin de la part de l'auteur car ce sont des tranches de vie de personnages très différents que nous allons découvrir, des personnes aux trajectoires diverses qui vont finir par se croiser.



Madame Dubois, personne âgée, désabusée et à l'humour caustique réside en EHPAD. C'est notre 1ère protagoniste et non des moindres. Solitaire, elle refuse de participer aux activités proposées.

Contrainte d'accepter un accompagnateur bénévole, Samir, elle va faire des compromis : lui apprendre à jouer aux échecs en échange de sorties dans le jardin.



De nombreux personnages donc, présentés sur la couverture, vont intervenir dans un récit choral très bien orchestré.



Ce qui est original et talentueux de la part de l'auteur, est de nous faire découvrir la vie des protagonistes, leur façon d'avancer à la manière des pièces d'un jeu d'échecs.

Comme dans chaque coup dans le jeu qui peut tout changer, chaque action, chaque rencontre, la moindre décision aura un impact sur la vie de chacun. L'auteur fait une fine analyse psychologique des personnages et des situations compliquées dans lesquelles ils se trouvent, leurs chemins s'enlacent, l'histoire est très vivante et très réaliste.

Dans le jeu d'échecs, chaque pièce, chaque déplacement a son importance comme chaque action dans notre vie.



J'ai trouvé cette présentation des relations humaines très intéressante et le parallèle avec le jeu d'échecs très pertinent.

Les succès, les échecs, les réflexions, l'histoire des personnages s'inscrivent dans un récit émouvant où pour avancer, comme aux échecs, il faut jouer, vivre ses relations malgré les difficultés.



Avec cette BD, Victor Pinel propose une vraie réflexion sur la vie, sur nos choix et sur les relations humaines. C'est intelligent et émouvant et il n'est pas besoin d'être un spécialiste du jeu d'échecs pour comprendre que chaque mouvement est important.



Les illustrations sont dynamiques et les personnages très expressifs. Les couleurs, plutôt douces, s'adaptent à chaque tranche de vie et font de cet ouvrage un très bel objet.

J'ai particulièrement aimé les pages présentant les quais de Bordeaux avec le Pont de pierre et le Miroir d'eau. Elles sont magnifiques avec de superbes couleurs.



Evidemment, je ne vous dirai rien de l'épilogue sinon qu'il est aussi inattendu que génial ;)



Un grand merci à Babelio, à Alexandrine, qui m'a proposé cette lecture en Masse critique privilégiée et aux éditions Bamboo !

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Echecs (BD)

Chacun sa route, chacun son chemin

Chacun son rêve chacun son destin dites-leur que

Chacun sa route chacun son chemin

Passe le message à ton voisin



Au début de ce roman graphique, chaque personnage trace sa route sur le grand échiquier de la vie. Trajectoires en lignes droites pour certains, brisées ou en zigzag pour d’autres.

Nous faisons tout d’abord la connaissance de Samir, qui sera le fil rouge de cette histoire. Ce jeune homme, bénévole en ehpad, se met en tête de sortir la vieille Mme Dubois acariâtre et revêche de sa chambre afin qu’elle tisse des liens avec d’autres résidents.

Samir n’est pas au bout de ses peines, Mme Dubois a décidé de lui en faire voir de toutes les couleurs. Cependant, à la suite d’un contrat proposé par Samir à la vieille dame, du cognac en échange de sorties à l’extérieur de sa chambre, une relation va se nouer entre eux, l’apprentissage du jeu d’échecs par Samir venant faire partie du deal.

Les pions seront donc tous les personnages de l’histoire et nous les découvrons un par un, adolescents, ou couples de trentenaires, quarantenaires ou soixantenaires, l’auteur a visité toutes les tranches d’âge.

J’ai aimé le trait précis, les couleurs douces, l’histoire bien construite.

Un nombre moins élevé de personnages aurait permis de gagner en force, le lecteur se perd un peu entre les multiples personnages secondaires.

J’ai trouvé un peu maladroit en fin d’histoire le rappel des points saillants des aventures de chacun des personnages, comme si Victor Pinel craignait d’avoir dilué son message dans ses nombreuses saynètes et n’avait plus confiance en la mémoire de son lecteur. Ce procédé m’a rappelé certaines émissions de téléréalité qui repassent en boucle les meilleurs moments de leurs héros de pacotille jusqu’à plus soif, et j’ai été agacée par ce procédé. La morale m’a également laissée dubitative ; il faut parfois tricher dans la vie pour arriver à ce qu’on veut. Ah bon ? ce n’est pas ma philosophie en tout cas…

Malgré ces bémols, la fin qui fait se rejoindre certaines histoires reste agréable, et ce roman graphique offre une parenthèse de lecture optimiste et réconfortante sur la puissance des relations humaines.

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Le plongeon

Fait partie de la sélection du Prix des Lecteurs du Val de Sully. section Bande dessinée.



Yvonne a 80 ans et elle a décidé de partir à l’EHPAD. Elle se sépare de sa chienne et vend sa maison. (Dit comme ça, ça a l’air facile)

Résignée, elle quitte le lieu où elle a connu tous ses bonheurs.

A la résidence, elle fait connaissance avec quelques joyeux drilles dont P.F.

Elle essaie de s’installer mais le moral ne suit pas. Peu à peu, elle plonge…

Ses nouveaux amis vont-ils lui permettre de surmonter l’épreuve ?…



Une bande dessinée toute en nuances et pourtant pleine de duretés.

L’auteure nous montre la vie en EHPAD sous tous ses côtés.

Elle y aborde

- la difficulté à s’intégrer dans un milieu où se côtoie des personnes en grande détresse et des personnes qui, malgré tout, montre encore beaucoup de vitalité et de joie de vivre.

- Les relations intimes entre personnes âgées.

- Les difficultés internes de l’établissement

- Rend hommage à la disponibilité du personnel par le personnage de Youssef, infirmier.



Même si c’est Yvonne l’héroïne tous les personnages sont très attachants. Et malgré des situations bien difficiles, j’ai eu quelques éclats de rire.

Les dessins, très beaux, montrent bien les états d’âme des personnages.



Une bande dessinée pleine d’émotions et de vérité sur cette tranche de vie que je vous recommande.
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Echecs (BD)

Rentrée à la maison, je peux enfin découvrir cette BD reçue début Aout grâce à une opération Masse Critique Privilégiée. Elle m'attendait gentiment chez mes voisins qui n'avaient même pas osé ouvrir le paquet. Un grand merci à Babelio et aux éditions Bamboo pour cette lecture réjouissante.



Je m'étais abstenue de lire trop de critiques, et j'ai été un peu déroutée par le premier chapitre. J'avais l'impression de lire une suite de saynètes, sans rapport les unes avec les autres. Beaucoup de personnages, que l'on quitte très vite pour passer au suivant. Et puis, la partie d'échecs commence...



Avant la partie, ce sont les règles qui sont énumérées, règles de déplacement, d'importance des pièces, et là de façon magique, on voit réapparaitre chacun des personnages rencontrés précédemment. Chacun de par son n caractère, de par sa manière d'avancer dans la vie s'apparente à une pièce du jeu.



Et tout devient fluide, chacun des personnages prend vie sous nos yeux, les pièces se mettent en place à la fois sur le plateau de jeu et dans la vie. Les destins se croisent, certains prennent des risques, d'autres se retrouvent, et les parties continuent. Et le secret ne sera révélé qu'à la toute fin, quand les fous pourront enfin se rencontrer..



Et le sujet commun à toutes ces histoires est l'amour, l'amour et les différentes façons de le vivre, l'amour à tous les ages, sous toutes les latitudes. L'amour qui pousse chacun dans ce récit choral à mieux s'accepter, à être plus en accord avec lui-même, respecter ses envies et celles de l'autre, un juste équilibre pas toujours simple à trouver, ou parfois à retrouver. Et quelquefois, il est plus sage de ne pas s'obstiner. Chaque décision aura une conséquence, parfois beaucoup plus tardivement, comme dans une partie d'échecs.



Les personnages sont bien dessinés, et chose que j'apprécie particulièrement moi qui ne suis pas une grande spécialiste de BD, faciles à reconnaitre. J'ai aimé le trait simple, j'ai aimé aussi les couleurs douces, qui s'accordent bien au sujet.



Une BD commencée ce midi en prenant mon café et dévorée dans la foulée :-)

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Le plongeon

À bientôt 81 ans, Yvonne vient de vendre sa maison pour s'installer dans un ehpad. Elle laisse derrière elle toute sa vie de femme indépendante, tous ses souvenirs. L'adaptation dans sa nouvelle vie n'est pas simple. En plus de toutes ses habitudes à changer, elle doit également apprendre à vivre avec de nouvelles règles de vie, composer avec ses voisins. Certains n'ont pas toute leur tête, d'autres ont un corps qui ne suit plus. Consciente que l'ehpad sera sa dernière destination, dans l'attente des prochaines visites de sa famille, et notamment de son petit Tom, Yvonne refuse de perdre face à cette vieillesse pourtant inéluctable. Ne respectant pas toujours le règlement, elle veut encore connaître les petits bonheurs de la vie quotidienne.



Dans cette bande dessinée, on nous parle bien évidemment de la vieillesse, des dérèglements du corps et de la tête. Mais ce n'est pas que ça, c'est d'abord profondément humain puisqu'il y est surtout question de complicité et de tendresse, mais aussi de difficultés d'adaptation face à un grand changement de vie, d'acceptation de soi, d'écoute, de présence et de solidarité.



C'est un livre qui nous permet de ne pas oublier que chaque personne âgée est une personne à part entière, avec un passé bien rempli, des doutes et des peurs, avec sa sensibilité propre, ses envies et ses besoins. Il n'est pourtant en rien apitoyant. Au contraire même, ce livre est aussi attendrissant qu'il déborde d'humour.



Grâce aux graphismes élégants, sans fioritures, aux traits pas toujours francs, parfois hésitants, l'imperfection des visages et des corps, ainsi que leurs expressions et postures, sont remarquablement bien dépeints. Les personnages paraissent dans toute leur beauté, intérieure autant qu'extérieure. Nous sont présentés des visages et des corps sur lesquels le temps est passé. Et pourtant, ils sont beaux, touchants.



"Le plongeon" est une très belle bande dessinée, à la fois pleine de pudeur, de douceur et d'humour. C'est une histoire toute simple, avec un léger grain de folie tout de même, pétillante de vie malgré les thèmes évoqués, avec des personnages attendrissants qu'on a tous envie de serrer dans nos bras au fil des pages.



J'y relève tout de même un léger décalage (ou peut-être pas si léger d'ailleurs) entre le fonctionnement d'un ehpad dans la vie réelle et celui de cet ouvrage (grande disponibilité du personnel en sous-effectif ou encore résidents très autonomes par exemple), dont je ne tiens pas rigueur, l'accent étant mis (volontairement je pense) sur les ressentis de chacun des protagonistes, leurs manières d'accepter l'inéluctable, leurs relations aux autres.



Un joli et tendre moment de lecture, drôle aussi, empli de belles émotions, tout en sensibilité et humanité.

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Le plongeon

Une nouvelle BD ou roman graphique. A vrai dire, je ne connais pas très bien les critères de chacune de ces catégories...

Mon retour est plus mitigé, que celui sur celles du printemps (La bibliomule..., Jours de sable et Ne m'oublie pas).



Pourtant le thème me parlait et j'ai beaucoup aimé le début, ces quelques pages qui nous montre les derniers jours d'Yvonne dans sa maison, avec son chien. J'ai bien ressenti son déchirement à quitter sa maison, à laquelle tant de souvenirs la relient, sa tristesse à se séparer de son chien, même si je n'ai pas aimé la solution choisie, l'ambivalence de ses sentiments à l'égard du jeune couple qui prend possession de la maison et envisage de tout y changer.



J'ai beaucoup moins aimé la suite, la vie en Ehpad. Je ne l'ai pas trouvée très conforme à ce que l'on entend et aux problèmes de ce secteur. Peut-être est-ce ma vision qui est faussée, j'avoue que mon expérience personnelle de ces établissements s'est arrêtée à la mort de ma grand-mère il y a quelques années, et je me félicite que les autres personnes âgées de ma famille n'aient pas eu le besoin d'y aller.

Ce qui m'a paru peu crédible par exemple :

la disponibilité importante du personnel

l'age moyen et la bonne santé des pensionnaires

le fait que les réunions dans les chambres soient interdites



En dehors de cela, j'ai apprécié de continuer à ressentir les sentiments d'Yvonne, sa difficulté à s'adapter à cette vie réglée et en communauté, à perdre son indépendance, sa tristesse à voir son futur se réduire. J'ai aimé qu'elle fasse une rencontre importante pour elle, et qui montre que tout n'est pas fini.



A mon avis un album plus représentatif des sentiments éprouvés par les pensionnaires, et en cela appréciable, que des conditions réelles de vie en Ehpad, Mais je peux me tromper et les critiques très positives sont nombreuses.
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Le plongeon

Une couverture intrigante et attractive. Et c’est le grand plongeon pour Yvonne qui part pour l’EHPAD, malgré un jeu de jambes encore très honorable. Une case du jeu de l’oie qu’on ferait tout pour éviter, quitte à faire quadruple ventouse comme bernique sur rocher.





EHPAD, 5 lettres qui font frémir, exploser le tensiomètre, avec des flashs de couverture marron-moche tirée à 4 épingles et de fenêtres calfeutrées ( pur cauchemar pour ceux qui dorment la fenêtre ouverte toute l’année !).





Et pourtant, demandez aux éléphants, chez eux c’est bien la matriarche qui régente sa troupe au petit trot et à coups de trompe bien sentis. Forcément, elle connaît tous les coins à champignons depuis le temps. Et les baleines, pareil, les vieux sont intarissables dans le répertoire chants de marins, c’est eux qui mettent l’ambiance. Sous d’autres cieux plus étoilés, l’arbre à palabres connaît également une prédilection notoire pour les cuirs tannés.

Mais non, chez nous, l’iPAD n’aime pas la tremblote, direction l’EHPAD , allez ça dégage.



Établissement (in)Hospitalier Pour Adultes Décatis, les affinités et inimitiés y font leurs choux gras comme partout ailleurs mais y sont amplifiés par la cohabitation forcée, l’étrécissement des lieux et des interlocuteurs. La Bd de Séverine Vidal et Victor Pinel le montre bien , adouci par le coup de foudre d’Yvonne pour Paul, ça s’est vu et j’y ai cru.



On admire les animateurs qui soufflent sur la petite braise pour dérider quelques boyaux et faire grésiller les neurones désœuvrés. On se fige par contre devant les détestables infantilisations qui rabotent uniformément puits de culture, crêtes rebelles, absences en tous genres. Et pilonnent toute une vie à la mèche à béton de 8, avec la nonchalance écœurante d’une jeunesse condescendante.



Un dessin qui met le paquet sur les expressions des visages, autant dire qu’on en profite par les temps qui courent.



En écho à la couverture, il m’a quand même manqué quelques tunnels de rêverie antique, des plongées dans l’imaginaire d’Yvonne, des échappées de peloton sous le soleil des enfances disparues, des chiens bondissants, toujours là, bien sûr, sous les paupières. Un peu plus d‘imaginaire pour échapper au rase motte de la charentaise.



Et puis cette pensée persistante à chaque page, une envie irrésistible de mort esquimau, laissez nous crever sur la glace quand on sera trop vieux pour mâcher la peau de phoque ; avec la pensée magique que le vieux morse va se réincarner tout prochainement dans un dodu bébé aux yeux plissés et se riant de la glace, les fesses au frais à tout jamais.



Merci à Babelio et aux éditions Grand Angle pour cette bd sur un thème qui mérite d’être sorti des abysses et discuté avec plus d’empressement sur la place publique.



Car comment se contenter de la formule actuelle de ces ghettos pour vieux quand tout un chacun a connu son pépé François bricolant à 94 ans son éolienne de jardin devant la mer, son potager mirifique, son merveilleux foutoir, ses éternels yeux bleus , ou sa mémé Jeannette revenant de la crevette à vélo, moulinant de ses 92 printemps dans la côte ?

Qui les a connus, jamais n’enviera le mol oreiller beige ni l’écran blafard et tonitruant donnant d’obscures nouvelles de lointaines contrées dépourvues même de rivage.
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Echecs (BD)

« Facile à apprendre, amusant à jouer, difficile à gagner…Impossible à contrôler. »



Echec et mat ou brillant succès ? Je ne crois pas au destin. Y’a une route, tu la longes ou tu la coupes. Cases noires ou blanches. Rencontres ou esquives. Un évènement en entraine un autre. La vie est-elle un jeu ? Suis-je un roi ou un pion ? Puis-je me protéger ou dois-je me sacrifier ?



Une multitude de cases joliment dessinées, ni noires ni blanches, toutes colorées d’une palette de sentiments magnifiquement retranscrits dans ce roman graphique où l’échiquier illustre les conciliabules dans des myriades de bulles.

Un panel de personnages sans lien mais que l’amour, la ruse, le rêve, le pouvoir, la séduction, la fidélité, la tendresse vont finalement réunir ou écarter.

Cavaliers menteurs, tours aux aguets et fous chassés-croisés pour fuir la solitude qui rode, la mort qui hante. S’échapper des cases pour preuve que la passion n’a ni âge ni sexe.



Les planches s’enchainent avec délice au rythme des facéties et des bons sentiments des protagonistes de ces chemins de vie rondement menés par le malicieux Victor L.Pinel à qui je rends hommage pour avoir superbement su entrelacer dans son classieux roman graphique, la vie et le jeu. « Echecs » est une réussite.



Merci à Babelio pour ces « Echecs » sans prévision acquis d’une Masse critique privilégiée.

Et pour le coup, merci à l’éditeur Bamboo et à l’univers « Grand Angle » pour son envoi.





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Le plongeon

Yvonne, depuis le décès de son Henri, erre comme une âme en peine dans une vie qui n'est plus la sienne, plus celle qu'elle chérissait.

A près de 81 printemps, deux choix s'imposèrent à elle.

Un saut à l'élastique sans élastique ou l'EHPAD.

Dans les deux cas, la chute assurée, le moral fracassé.

Pouf, pouf, ce se-ra l'EH-PAD.



Qu'elle est touchante cette Yvonne en femme semblant arrivée au bout de l'aventure en en ayant pleinement conscience tout en conservant ce petit brin de fantaisie jubilatoire et finalement salvateur.



Difficile de se projeter dans ce nouvel environnement, surtout à la vue d'innombrables zombies aussi fougueux qu'un paresseux sous Tranxen.



Mais si EHPAD rime avec parenthèse enchantée (et là de vous demander un zeste d'indulgence), ça n'est pas pour rien.

Car s'il n'est pas l'ultime Relais & Châteaux de rêve, il n' en demeure pas moins l'endroit susceptible de faire de formidables rencontres et pourquoi pas de celles à même de soulager le cœur et l'âme.



Le Plongeon interroge sur la fin de vie sans dégueuler outrageusement dans le pathos outrancier.

Porté par une Yvonne touchante en diable, il nous ramène à nos propres (futurs et lointains, je croise les douze doigts) maux tout en interpellant sur une société peu encline à choyer ses anciens.



Le graphisme est aussi sobre et joli que le propos.

La voix off d'une poésie et d'une justesse confondante.



Un très beau moment d'émotion pure.
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Le plongeon

Bienvenue aux Mimosas !



Le plongeon de Séverine Vidal (scénario) et Victor L. Pinel (dessins et couleurs) est une bande dessinée qui se déroule dans un lieu tout à fait original puisqu'il s'agit… d'un EHPAD !

Yvonne, 80 ans, est obligée de quitter sa maison, la maison où elle a vécu heureuse pendant 60 ans avec son mari et ses enfants.

Mais son mari est décédé, ses enfants l'ont quitté et elle « avance en manquant de tomber à chaque pas » (p.12) ; il lui faut donc aller en EHPAD et elle ressent ce changement de vie comme une « chute », un « plongeon » : l'illustration de première de couverture est d'ailleurs tout à fait saisissante, puisqu'on y voit Yvonne assise avec tristesse dans un fauteuil au fond de l'eau !

Cette nouvelle vie alterne les moments de détresse, de colère et de bonheur : détresse quand par exemple elle se retrouve seule pour la première fois dans sa chambre (superbe illustration en plongée représentant Yvonne, assise sur son lit, dans une chambre impersonnelle où abondent les lignes verticales qui semblent l'emprisonner) ; colère quand elle est traitée comme une gamine par la jeune directrice de l'EHPAD ; mais bonheur aussi, car Yvonne, dont la fantaisie rompt avec la morosité ambiante et la fait apprécier des autres résidents, va prendre des initiatives inattendues...

Un scénario qui fait se succéder les moments d'émotion, des dessins expressifs : cette bande dessinée originale est une réussite.

Merci à Babelio et à Bamboo Edition pour l'envoi de ce livre.
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Le plongeon

Mon premier billet de l'an 2021 porte sur une BD reçue grâce à une Masse Critique privilégiée, à laquelle j'avais d'ailleurs hésité à répondre parce que le thème me faisait peur. Eh oui, quand on flirte avec la soixantaine, certains sujets effraient, notamment la vieillesse et l'abandon possible de son "chez-soi" quand les bobos empêcheront de rester autonome.

Pour Yvonne, à l'aube de ses 80 ans, le temps est venu de quitter sa maison où elle a vécu tant de bons moments, mais où elle demeurait seule avec sa chienne Bellouche depuis le décès de son mari Henri. Dès les premières pages, j'ai eu les larmes aux yeux, à cause des moments poignants où Yvonne fait visiter sa maison à de jeunes futurs acheteurs, et où ceux-ci ne se rendent absolument pas compte du caractère blessant de leurs remarques ("de beaux volumes...mais tout à refaire", qu'Yvonne va reprendre à son compte en contemplant son corps nu devant son miroir).

Et puis la décision concernant Bellouche, re-flot de larmes...et encore au moment du départ vers l'Ehpad, les souvenirs qui remontent, j'ai du faire une pause.

Je me rends compte que je suis en train de décourager les lecteurs potentiels là ! Non, ne partez pas, cette BD comporte certes quelques instants pas très joyeux, mais il y a pleins de sourires aussi, parce qu'Yvonne possède une personnalité pleine d'humour, et ne va pas se priver de mettre son grain de sel pour rendre les ateliers plus "ludiques" à sa manière, ou pour inciter sa bande de nouveaux copains à enfreindre les règles ! Ce qui m'a également ravie, c'est la façon dont elle refuse de se laisser infantiliser par la directrice des "Mimosas", une femme qui sous des dehors avenants semble considérer que tous les résidents sont gâteux.

L'auteure, Séverine Vidal, a su marier de façon optimale des textes courts dans les cases, parfois un peu plus longs quand Yvonne évoque ses souvenirs, et laisser de temps à autre des pages entières sans texte, accordant toute la place au dessin évocateur de Victor L. Pinel. Celui-ci explique dans une interview jointe à l'album qu'il n'avait jamais dessiné "des vieux", et qu'il craignait de ne pas parvenir à dessiner une Yvonne "belle, douce, mais aussi marquée par les années". Pari réussi, les visages et les corps sont réalistes et non pas idéalisés. Les couleurs sont également bien choisies, avec ces dominantes tantôt vertes ou jaunes, tantôt orangées ou mauve, suivant la tonalité du texte. Et bien sûr il y a ces touches bleues, notamment la couverture que je trouve particulièrement réussie. Beaucoup de douceur, de tendresse dans cet album, on appréhende mieux comment se déroule la vie en Ehpad, le dévouement et la compassion dont font preuve certains membres du personnel sont également évoqués, mais aussi la rigidité d'autres encadrants. L'établissement décrit ne fait certainement pas partie des "mouroirs" qui hélas existent encore à certains endroits, mais n'est pas trop idéalisé non plus. L'auteure a fréquenté des Ehpad pour y mener des ateliers d'écriture, elle sait de quoi elle parle. On sent qu'elle ne s'est pas contentée de "faire son boulot", elle a noué des liens avec quelques résidents, et certaines anecdotes sont tirées de ses échanges avec eux.

La BD compte 80 pages, j'en aurais aimé un peu plus, mais à part ça je n'ai pas de reproches à faire. On y trouve de l'émotion, de l'amour, de l'humour et des personnages qui nous parlent, pour peu que nous ayons déjà mis les pieds dans une maison de retraite. La fin est douce-amère, mais pas triste.

Je ne regrette absolument pas d'avoir donné suite à cette proposition de MC, j'ai passé un beau moment avec Yvonne et ses potes !



Bonne année à tous ceux et celles que je n'ai pas encore croisés depuis ! Je souhaite vraiment qu'elle nous fasse oublier les moments pénibles de 2020...
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