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Biographie :



Vincent Eggericx est né en 1970 à Paris. Il est l’auteur de L’Hôtel de la méduse (Éditions Verticales, 1998) et Le Village des idiots (Éditions Denoël, 2004). Les Procédures (Leoscheer)


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Entretien réalisé par Julia Cordonnier (montage : Agnès Touzeau) Vincent Eggericx, « L'art du contresens », Verdier, 2010. https://editions-verdier.fr/livre/lart-du-contresens-2/ Quatrième de couverture : Un voyage dans le temps et dans l'espace tissant l'expérience concrète – celle de l'apprentissage du tir à l'arc japonais – avec l'introspection individuelle et l'histoire collective. Un récit de voyage qui est aussi une histoire d'amour et une méditation ponctuée par des éclats de rire; un voyage à contresens sur l'île la plus propice aux contresens: le Japon. Site : https://editions-verdier.fr/ Facebook : https://www.facebook.com/EditionsVerdier Twitter : https://twitter.com/EditionsVerdier

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Citations et extraits (25) Voir plus Ajouter une citation
J'aspirais à la gloire, et elle me répugnait ; je cherchais une forme d'apaisement - j'étais rattrapé par une haine violente ; je détestais la vulgarité, et j'étais capable des pires inconduites ; je méprisais l'argent, mais j'étais las de la dèche.
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[Les habitants de Kyoto] "accordent par contre la plus grande importance aux uniformes. De l'écolière au chauffeur de taxi, chaque catégorie dispose de son costume; la devise nationale est Deru kugi wa, itareru, 'le clou qui dépasse, on lui tape dessus'. Cette multiplicité d'uniformes entraîne une forme d'exotisme qui fait l'enthousiasme des visiteurs, et peut provoquer un sentiment d'oppression si l'on oublie de se rappeler la part de comique qu'elle recèle. Je ne veux pas parler de la beauté des kimonos, mais de ces vieillards en costumes de généraux qui règlent avec des solennités de stratèges le stationnement des vélos à l'entrée des supermarchés ... de ces quinquagénaires hagards en habits de playmobil dormant debout en faisant semblant de régler la circulation ... ou de ces chauffeurs de taxi arborant des casquettes de commandants de porte-avions qu'ils font descendre jusqu'au solen vous ouvrant la portière.
Si l'on ajoute à ce théâtre ces grappes de gamines hautes comme trois pommes drapées dans de petits costumes marins, trottinant par les rues, furetant sur les quais du métro, s'assemblant autour du baobab d'un distributeur de boissons, les yeux disparaissant sous les bobs aux allures de casques d'exploratrices, le Japon a l'air d'une innocente bande dessinée, accentué encore par l'aspect carton-pâte des habitations.
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La Bêtise communique sans cesse, elle fabrique sa propre culture et engendre ses dignitaires. Elle s’est cristallisée dans un totalitarisme mou, mélange de cynisme et de merchandising, qui est voué à présent à s’affronter à la partie adverse. Nous en sommes à chaque instant les acteurs obligés, comme ces personnages aliénés des romans des dissidents de l’Est, au siècle dernier. La refuser, c’est se voir marqué par un opprobre invisible et un déclassement d’autant plus inéluctable qu’il sera recyclé dans l’industrie du divertissement, de la compassion et, de plus en plus, du contrôle.
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On pourrait croire qu’au pays des bonsaïs la circulation des vélos est organisée aussi méticuleusement que celle de la sève des arbousiers. Elle est soumise à un arbitraire total, qui croît à mesure de l’âge des protagonistes et de l’éloignement de la capitale pour atteindre un paroxysme à Kyôto, chez l’octogénaire, dont la conduite atteint une perfection pareille à celle des vieux calligraphes : débarrassée de toutes les fioritures, libérée de l’attachement à la réalité, elle consiste à tracer son chemin en ligne droite en fonction du but à atteindre sans tenir aucun compte ni des sens interdits, ni des voitures, ni des piétons, ni a fortiori des autres vélos. L’allure de ces obâsans est celle d’un char d’assaut : elles parviennent à donner à leur silhouette minuscule un volume insoupçonné en déployant de part et d’autre de leur destrier de métal leurs coudes et leurs genoux comme des ailerons, et en poussant en avant leurs épaules rachitiques, dans lesquelles elles rentrent des têtes d’oiseaux de proie impassibles. On les voit souvent rouler à contresens sur des artères où déboulent une file de bolides qu’elles ignorent majestueusement. Ponctuellement elles se précipitent sur un piéton ; si celui-ci a le malheur de rester sur le trottoir, elles font mine de s’écraser sur l’avenue, freinent laborieusement quelques mètres plus loin et restent ainsi au milieu de la route, proférant sans même se retourner de vagues malédictions contre l’imprudent.
Leur exemple est suivi très tôt par les écolières les plus inoffensives : elles développent une indifférence au sens de la circulation qui trouve son achèvement à Kyôto, où s’est développé au plus haut point l’art du contresens.
Cet art est condensé dans le tir à l’arc japonais : atrocement simple, puisque l’acte de plier l’arc à l’envers de sa courbure naturelle pour y tendre la corde signe le moment où vous vous enfoncez dans l’envers des choses, et délicieusement compliqué, car vous devrez non pas bander l’arc, mais entrer en son intérieur. Plutôt que d’actionner vos muscles vous devrez utiliser votre souffle et vos os. Votre main gauche tiendra l’arc sans le tenir ; votre main droite qui, dans l’ordre du visible, tire la corde, devra pousser la poignée et votre main gauche qui, objectivement, pousse l’arc, devra « en esprit » tendre la corde. Cet océan de contradictions, qui donnerait des vertiges au loup de mer le plus amariné, est résumé dans la façon dont les flèches sont disposées avant le tir : la première regardant la cible, l’autre visant la direction opposée.
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Cet art est condensé dans le tir à l'arc japonais : atrocement simple, puisque l'acte de plier l'arc à l'envers de sa courbure naturelle pour y tendre la corde signe le moment où vous vous enfoncez dans l'envers des choses, et délicieusement compliqué, car vous devrez non pas bander l'arc, mais entrer en son intérieur.
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Ce dont il était question dans l'art du tir à l'arc, comme dans la littérature, c'était donc d'inspiration. J'étais arrivé au Japon comme un homme mort et je devais trouver une nouvelle manière de respirer aussi bien que d'écrire.
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Les Tantras, vous révèlera Grégor d’un air accablé, ont été finalement mis à la porte, mais à peine étaient-ils partis qu’ils étaient remplacés par les Vomisseurs, cornaqués par une Hollandaise maigre comme un clou qui les menait dans un grenier spécialement aménagé dans l’ancienne grange du château, où un système de gouttières avait été installé afin qu’ils puissent vomir en toute tranquillité, jusqu’à ce qu’ils se soient purgés de toutes leurs énergies néfastes et soient prêts, comme les Sudators et les Tantras, à la grande communion avec le cosmos.
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Autant qu'une danse, le kyudô est la mise en scène d'un affût, où ce qui est guetté est soi-même- l'invisible que chaque homme porte en lui. On voit s'exprimer dans le tir à l'arc japonais, lorsqu'il est réalisé à un haut niveau, ce quelque chose d'inexprimable qui réside au fond de l'homme- un mystère qui est lié à la beauté, dont le corps qui se meut sur le pas de tir n'est plus qu'un signe, et tout le signe; c'est-à-dire qu'il est le reflet de l'infini, comme l'image de la lune sur l'eau est le simple écho de la lune.
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Je devais prendre garde à ne pas clouer mes pensées sur cette fuite ; m'échapper, oui, mais par l'esprit; le faire voler ailleurs"p.93
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Nous sommes en passe, nous, les innocents, de nous neutraliser les uns les autres, éperdument, "jusqu’au sadisme total", comme seuls les purs et les innocents peuvent le faire une fois qu’ils ont découvert que leur pureté et leur innocence n’étaient qu’une farce.
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