Virginia M. Axline

J'ai fait un diplôme d'administration et je ne suis pas très fort en jargon psychologique. Je suis bien certain, en outre, que toutes les implications psychologiques de ce cas m'ont échappé, mais en mon âme et conscience je puis jurer que Dis est le seul être réel que j'aie jamais rencontré dans une classe et qui ait pu m'enseigner ce que cela signifie que d'être une personne complète - et même que de chercher à aller au-delà. Je n'oublierai jamais ces trois phrases Comme j'ai dit que je le voulais. Comme tu as dit que tu le voulais. Comme nous avons dit que nous le voulons. Je suppose que Dibs désirait seulement obtenir ce que nous désirons tous obtenir à l'échelle mondiale. Une chance de sentir que l'on vaut la peine. Une chance de devenir une personne dont les autres ont besoin, qui est respectée et acceptée en tant qu'être humain qui a droit à la dignité."

A présent, Dibs se tenait devant moi la tête haute. Il possédait un sentiment de sécurité profondément enraciné en lui. Il était en train de devenir responsable de ses sentiments. Se sentiments de haine et de vengeance étaient tempérés par de la pitié. Dibs était en train de développer un concept du moi, tout en errant encore dans le taillis de se sentiments mal démêlés. Il savait haïr et il savait aimer. Il savait condamner et il avait pardonner. Il apprenait par l'expérience que les sentiments peuvent être tournés et retournés et perdre leurs angles aigus.

A mon sens, la valeur thérapeutque de cette sorte de psychothérapie repose avant tout sur le fait que l'enfant fait l'expérience d'être une personne responsable et capable, à l'intérieur d'un être humain que cet individu lui-même ; et que d'autre part, la liberté et la responsabilité augmentent à l'intérieur même de la personne. L'enfant doit tout d'abord acquérir le respect de lui-même et un sens de la dignité, qui naît de sa compréhension grandissante de lui-même, avant d'apprendre à respecter la personnalité, les droits et les différences des autres.

... il partit tout seul. Je lui dis :
- Au revoir, Dibs !
- C'est ça ! me répondit-il.
Sa voix avait quelque chose de doux, de gentil. Il suivit le couloir, ouvrit la porte de sa classe, puis il se retourna. Je lui fis un petit signe de la main. L'expression de son visage était intéressante Il avait l'air surpris - presque content. Il entra dans sa classe et ferma la porte avec assurance derrière lui. C'était la première fois que Dibs s'était rendu quelque part tout seul.

He had left the room with a stranger without a backward look. But as he held my hand I noticed the hard grip. He was tense. But, surprisingly enough, willing to go.

She had precise, intelligent speech. She seemed to be putting up a brave front; but, in all probability, she was as deeply and tragically unhappy as Dibs.

The astuteness and strength of this child were incredible. How could he have concealed this ability from his family, if, indeed, he had done so?

Il est très difficile parfois de ne pas oublier que les parents, eux aussi, ont des raisons pour faire ce qu'ils font, des raisons emprisonnées dans la profondeur de leurs personnalités qui expliquent leur incapacité d'aimer, de comprendre, de se donner à leurs enfants.

- J'ai reçu la carte que vous m'avez envoyée, dit-il. Ca m'a rendu heureux. J'ai bien aimé recevoir cette carte.
- Je suis bien contente.
- Elle disait qu'il fallait que je me dépêche d'aller mieux. Elle disait que je vous manquais.
- C'est ce que j'ai écrit, en effet.
- J'ai beaucoup aimé les chatons de saule que vous m'avez envoyés. On aurait dit le printemps. De très jolis chatons. Ces gros chatons sur chaque branche. Ils m'ont plu. Papa m'a dit qu'ils pourraient faire des racines s'ils restaient longtemps dans l'eau et que je pourrais les planter dans la cour. Il a dit qu'ils pourraient peut-être devenir des arbustes. Est-ce que c'est possible ? me demanda Dibs.

- Mes sentiments ont changé, dit-elle, lentement. Mes sentiments sont en train de changer. Je suis fière de Dibs. Je l'aime. Il n'a plus besoin, maintenant, de faire ses preuves à chaque instant. Parce qu'il a changé. Il fallait que ce soit lui qui change le premier. Il fallait qu'il soit plus grand que moi. Et les sentiments, tout comme les attitudes de son père, ont également changé. Nous avions dressé de si hautes murailles autour de nous - de nous tous. Pas seulement Dibs. Moi aussi. Et mon mari également. Et si ces murailles tombent -, nous serons tous beaucoup plus heureux et proches les uns des autres.

Comment un enfant avait-il pu dissimuler à ce point une telle richesse intellectuelle, alors qu'on la sentait toute proche de la surface, sous un comportement extérieur fait de résistance.

Nous étions en train de faire connaissance. Ces objets que Dibs mentionnait, objets qui appartenaient à cette pièce et n'étaient chargés d'aucun sens affectif profond, étaient les seuls éléments que nous connaissions tous les deux, à ce point de notre histoire commune, aussi pouvaient-ils servir de moyens de communication entre nous. Pour Dibs, c'étaient des concepts sûrs.