AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Critiques de Virginie DeChamplain (73)
Classer par:   Titre   Date   Les plus appréciées


Les falaises

Tout d’abord irritée par le français parlé ( bien de la misère quand c’est écrit comme on parle ), j’ai fais le choix d’entrer dans la proposition de l’auteure en faisant fi de mes premières irritations 😛 et j’ai finalement adoré. C’est l’histoire d’une jeune femme qui revient chez elle pour le décès de sa mère, et qui se reconstruit à travers son deuil. A lire !
Commenter  J’apprécie          20
Les falaises

"JE PENSE QUE JE SUIS BRISEE.

J’ai l’automne à l’envers. En dedans au lieu d’en dehors. Humide, tiède dans le creux des joues. Du vent qui craque dans la cage thoracique.

C’est octobre.

Ma mère est morte et j’ai pas encore pleuré."



C’est sur ces mots qui sonnent comme une claque que débute Les Falaises, roman de Virginie DeChamplain. A la situation dramatique se dessinent peu à peu les contours d’un contexte familial atypique, féminin, et souvent douloureux. Cette mère, tombée d’une falaise, est-elle vraiment tombée par accident ?



"Saint-Laurent, ma mère en sirène.



La marée montante a ramené son cadavre bleu. Sa tête fendue. Ses cheveux comme des algues dans le ressac."



La narratrice (« V. ») doit faire son deuil en affrontant la culpabilité d’avoir été loin, de ne pas être assez revenue. Le souvenir douloureux d’une mère sans cesse en fuite, entre voyages et dépressions, vibrante mais torturée. La colère devant cette mère qui lui a toujours échappée. Et puis, en filigrane, la tentative d’une reconstruction à travers l’introspection familiale.



En quittant sa vie citadine pour s’enfermer dans la maison pleine de fantômes, proche du fleuve où sa mère est morte, V. découvre les cahiers de sa grand-mère Claire. Et à travers eux, une autre femme qui a sans doute aimé maladroitement sa fille, à qui elle destinait ses mots. Une femme éprise de liberté et coincée dans cette vieille maison avec ses enfants, tiraillée entre son rôle de mère et son envie de crier son identité, de redevenir cette femme ensevelie sous la casquette « maman ». Se dessine ainsi une histoire faite de parallèles, de femmes qui s’aiment maladroitement, qui se cherchent, fuient, chacune à leur façon.



Ce récit s’ancre dans un cadre hivernal, rural, où le fleuve est omniprésent. Le froid, le vent, l’eau rejaillissent à travers une langue rythmée, très dépaysante pour la lectrice française que je suis. On sent vibrer la Gaspésie avec cette langue orale, poétique, brute qui retraduit toute la souffrance de V., ce creux qu’elle sent dans son ventre.



On plonge dans ce texte sans s’attendre à être happés avec une telle violence. On le lit comme en apnée et on en ressort le souffle coupé. Un roman puissant, glacé et émouvant.
Lien : http://www.myloubook.com/202..
Commenter  J’apprécie          20
Les falaises

Je comprends l’engouement, l’écriture est tout simplement MA-GNI-FI-QUE! Les métaphores sont sublimes, les images puissantes et efficaces.



L’histoire du deuil de la mère de la protagoniste et de son cheminement psychologique en lien avec leur relation et la santé mentale de sa mere m’a fait penser au livre Rien ne s’oppose à la nuit de Delphine De Vigan.



L’ambiance est très importante, omniprésente et se situe au bord de la mer, majoritairement en Gaspésie. Ça m’a rappelé Les déferlantes de Claudie Gallay.



Le coup de cœur? Non malheureusement, j’aurais aimé ressentir davantage et me sentir plus interpellée, mais une très bonne lecture.
Lien : https://youtu.be/RffyBtdAEyw
Commenter  J’apprécie          20
Les falaises

Vertige littéraire. Les Falaises est un grand livre en devenir. A l'aide d'un style tout en simplicité, le roman nous fait la promesse, dès les premières lignes, qu'une histoire hors du commun se profile à l'horizon. C'est l'histoire d'un voyage intérieur et de la rencontre de ses racines à travers l'exploration d'une maison familiale à l'abandon. Mais des ruines peut renaître un royaume flamboyant.

.

L'autrice dessert là une œuvre pleine de sens et de justesse pour qui a connu la difficulté du deuil. Tout au long du roman on rencontre des personnages, des situations, mais surtout l'Islande et ses falaises, monuments incontestés de ce pays fantasmé. Il sera ici sublimé.

.

A travers les lignes, De Champlain restitue toute la tristesse et la mélancolie des souvenirs égarés, ces souvenirs qu'il faut se réapproprier afin de faire comprendre à l'héroïne qui elle est, qui elle peut être et qui elle deviendra. A travers sa mère et sa grand-mère elle renaîtra, phoenix de glace, à travers ces deux femmes gelées, la chaleur d'être quelqu'un lui refera espérer qu'un chaud avenir est à sa portée.

.

Mais avant de renaître, il faut comprendre, partir à la recherche de toute les pièces du puzzle, ce jeu d'énigme qui lui fera traverser les paysages les plus sublimes du Nord de l'Europe, falaises, montagnes, lacs, à travers des personnages chauds et rassurants. Représentant très certainement une étape très personnelle de ce deuil si particulier, chacun des protagonistes apportera des réponses et un sens à certaines pièces de ce puzzle.

.

L'écho du deuil résonne à travers les falaises. Montagnes de pierre abruptes, qui sous leurs vertiges minéraux cache la beauté brute et sublime de la nature, sauvage et indomptable. La chute et c'est fini.
Commenter  J’apprécie          20
Avant de brûler

Dans un futur, peut-être pas si lointain, le désordre climatique est si intense, les tremblements de terre, déluges, ouragans, sécheresses, canicules si nombreux, et si meurtriers qu’ils ont obligé la population à fuir les villes et à se réfugier loin des côtes.

C’est le cas pour un homme et une femme, la narratrice, qui après la sidération, l’abattement, ont finalement trouvé un équilibre de vie fragile dans une maison à l’orée d’une forêt. Jusqu’à l’arrivée de Farah et de ses trois enfants. Jusqu’à l’apparition de la biche.

Ce court roman sonne juste et c’est sans doute pour cela que je l’ai trouvé différent d’autres romans du genre. Petit à petit on découvre l’histoire douloureuse de cet homme, force tranquille du trio, et de ces deux femmes, traumatisées par ce désordre, ce déchaînement de violence des éléments et par les pertes qui l’accompagnent, les leurs.

La forêt dans laquelle elles vont chaque jour, est certes réparatrice et nourricière mais également violente et menaçante.

Comment projeter un avenir dans ces conditions ? Et lequel ?

Bravo à Virginie DeChamplain qui signe un deuxième roman lumineux et maitrisé.

Commenter  J’apprécie          10
Avant de brûler

"Je la vois la beauté d'ici. Je la comprends. Mais elle m'arrive de tellement loin qu'elle se dissipe avant de se rendre à moi. La brume se glisse entre les troncs d'arbres, se déploie au sol comme un drap de soie sous un lit."



Derrière une trame de fond de fin du monde, avec cette planète Terre qu'on malmène indûment et qui nous fait graduellement payer notre ingratitude et notre inconscience par toutes sortes de cataclysmes, il y a la plume d'une infinie douceur de Virginie DeChamplain. Ses mots qui apaisent la souffrance et la peur, ses mots qui nous rapprochent de la nature, ses mots qui tricotent délicatement la beauté au travers les brins de la désespérance. Une plume qui caresse et qui enchante.



Un cri, une ode à la nature et à la vie dans toute sa splendeur. J'ai adoré.
Commenter  J’apprécie          10
Avant de brûler

L’une a survécu à un incendie (avec ses enfants), l’autre à une inondation (avec un presqu’inconnu). Toutes les deux se rencontrent, tous ensemble ils se retrouvent au cœur de la forêt, depuis laquelle les observe un animal.

Pour reprendre pied il leur faudra réapprendre la faune, la flore, le rythme des saisons, la douceur des peaux, comment dire et quoi se dire, entre survivants faire famille et avancer.

C’est avec une sublime langue venue de chez nos amis les québécois, une plume urgente de poésie et brûlante de beauté que Virginie DeChamplain signe un nouveau roman d’après le monde.

Commenter  J’apprécie          10
Les falaises

Que faire de ce que nous a laissé une mère défunte? Trier et ranger des souvenirs mène parfois à la découverte de secret mais souvent à la découverte de soi.

De mère en fille, l’absence du père se fait sentir.

Peut-on se construire ainsi?

Un beau roman sur la difficulté des relations mère-fille
Commenter  J’apprécie          10
Les falaises

J’ai beaucoup aimé la composition de ce roman. On a la narration de ce qui ce passe maintenant, les souvenirs et la convocation de l’image de la mère, femme atypique, ainsi que les journaux intimes de la grand-mère qui s’adresse à sa fille, il y a des petits « interludes poétiques » qui ponctue les différents récits. Et enfin, la forme brève de chaque chapitres contribue a donner un certain rythme. Cela donne ensemble singulier. L’utilisation du « je » pour la narratrice et la voie de sa grand-mère, crée un lien entre ses deux femmes qui ne se sont pas rencontrée, ni connues.



Toutes ces différentes façons d’aborder les sujets de la maternité, de la famille, l’alcoolisme et la maladie, du deuil et de la transmission stimule le lecteur qui doit lui aussi jongler avec ces exercices de style. Le lecteur entre dans l’intimité de cette jeune femme et à ses pensées, ses souvenirs et ses fantasmes.



On voit comment la narratrice va changer entre le moment où elle quitte la grande ville et son travail ultra moderne pour retourner aux sources et à se racines. On ressent bien comme c’est déstabilisant pour elle, comme une renaissance.



La nature est omniprésente et contribue à créer une ambiance particulière. Les éléments jouent aussi un rôle. C’est comme si cela répondait à ce que ressent la narratrice physiquement et mentalement. Tous les sens sont en éveil.



On ressent comment la grand-mère aussi est en lien avec les éléments et son environnement. Ces différentes vies, montre des femmes à la sensualité et les émotions à fleur de peau. Il y a de très beaux passage mais un en particulier me revient en mémoire, la grand-mère raconte comment le premier jour où se enfants partent à l’école avec le mari, elle dépose ses vêtements de mère au sol et redevient une femme nue avec le vent qui la caresse et elle fond en larme.



Je vous laisse découvrir ce voyage dans le passé et l’intime.[blog]
Lien : https://latelierderamettes.w..
Commenter  J’apprécie          11
Les falaises



V. est de retour dans la maison familiale après le décès de sa mère qui s'est suicidée. Le retour est difficile après plusieurs années d'absence.

En rangeant les affaires de sa maman, elle découvre les cahiers de sa grand-mère dont elle connaît très peu de choses. V. va découvrir l'histoire des femmes de sa famille.

Ces carnets vont l'emmener dans le passé et l'histoire de ces femmes entre le Canada et l'Island.

Un très beau roman sur la transmission, très bien écrit, fort, sensible et poétique. Un très beau moment de lecture, un coup de ❤️

Commenter  J’apprécie          10
Les falaises

L’histoire raconte une souffrance intergénérationnelle, de mère en fille, et à travers les écrits de sa grand-mère un voyage initiatique vers l’Islande pour se reconstruire.

Je ne vous cache pas que j’ai eu besoin d’un petit temps d’adaptation pour rentrer dans ce roman. L’autrice est québécoise et on retrouve donc de nombreux termes québécois, parfois plus difficile à comprendre que d’autres. Elle a écrit également ce roman avec un langage « parlé » et des phrases énigmatiques ce qui peut être déstabilisant.

Je ne suis pas sûre que le style plaise à tout le monde, mais j’ai trouvé qu’aborder le deuil avec de la poésie et une plume directe étaient bien amenés. Les chapitres sont également courts ce qui rend la lecture plutôt agréable.

Je reste quand même assez mitigée sur ce roman. Je n’ai pas passé un mauvais moment mais je ne suis pas sûre de le garder longtemps en mémoire…
Lien : https://www.instagram.com/p/..
Commenter  J’apprécie          12
Les falaises

Une écriture magique, alternance de parler québecois et de poésie islandaise ouvre les portes au lecteur d'un monde époustouflant dans lesquels les personnages évoluent entre déraison et folie, entre amour et rejet, entre rencontres et départ précipités, entre passé et avenir, entre la vie et la mort. La découverte du corps de sa maman rejeté par le fleuve Saint Laurent est le point de départ d'une quête des origines familiales pour V., une exploration des tréfonds de sa douleur de jeune fille orpheline. L'ambiance de ce roman est profonde, les émotions puissantes, troublantes et on s'imprègne au rythme des tempêtes et des ressacs lointains, de la vie de cette famille de marins toujours absents et de femmes déracinées.
Commenter  J’apprécie          10
Les falaises

*lecture terminée*



Les falaises de Virginie DeChamplain publié chez @harpercollinsfrance.



Après avoir appris le décès de sa mère, V. est de retour sur sa terre natale, Gaspésie. Elle y retrouve sa sœur et sa tante. Le mot est lâché, Suicide. Son corps a été retrouvé tel une sirène échouée. Au cours de son séjour, elle va retrouver des journaux intimes de sa grand mère. Elle va les lire avec frénésie pour essayer d'en apprendre plus sur cette maman un peu sauvage.



Ce roman est assez particulier, les phrases sont courtes et percutantes. On dirait que notre personnage essaye de nous raconter son histoire à toute allure. On y sent une certaine urgence. Elle essaye de comprendre le passé de sa famille. C'est une histoire sur l'héritage intergénérationelle. On remonte jusqu'au passé de la grand mère. On voyage au Canada et on y découvre ses expressions assez particulières (elles ne m'ont pas dérangées, on comprend le sens de la phrase) et on va jusqu'en Islande et ces nombreuses falaises. Falaises, comme l'abîme qui nous habite.



C'est une façon particulière d'aborder le deuil mais j'ai trouvé une certaine poésie dans les phrases et beaucoup d'émotions.



Je ne peux pas dire que j'ai aimé cette histoire mais l'histoire se lit très vite et on y rentre facilement malgrès sa particularité.



Tu connais? Il te tente?



Commenter  J’apprécie          10
Les falaises

Un récit poétique qui nous compte l'histoire de V, dont la mère est retrouvée morte dans le fleuve, son corps ramené par les vagues et la houle.



Sa mère de qui elle s'est éloignée, depuis trop longtemps, sans vraiment savoir pourquoi.



Un voyage commence à quelques pas de Montréal, pour se retrouver en Gaspésie, se retrouver avec cette soeur qui lui manque pourtant, et cette tante qui a toujours été présente, comme une seconde mère.



Une découverte de cahiers, dans lesquels V va découvrir un tas de choses sur cette grand-mère qu'elle n'a jamais connue. Où elle va trouver des choses qui résonnent en elle, elle qui a l'air de suffoquer dans son existence et certains points...



Un voyage qui l'amènera jusqu'aux terres natales de son aïeule, en Islande, là où tout est calme et où les aurores boréales vous coupent le souffle.





J'ai beaucoup aimé l'écriture de Virginie deChamplain. De la poésie disséminée ici et là, du franc parler le plus simple aux phrases énigmatiques qui viennent parsemer le récit d'une vie sur un fond de nostalgie. Elle prend le temps de se poser les bonnes questions, peut-être avant qu'il ne soit trop tard et qu'elle reproduise elle-même le schéma familial...



Ça se lit tout seul, ça nous embarque dans une bulle privilégiée et un peu triste aussi, tant on peut être frustré.e de ne pas avoir connu nous-même cette mère ayant souffert toute sa vie de troubles. Qu'ils soient psychiques ou psychologiques, cette mère qui avait besoin de parcourir le monde, ne trouvant jamais réellement un endroit où elle se sente réellement chez elle. Cette mère qu'on découvre un peu, simplement en découvrant sa propre mère, qui avait l'air de souffrir aussi depuis toute jeune d'un mal. Un mal mis en sommeil et supporté grâce à ses grossesses, qui l'ont tenue un temps...



Bref, il y a pas mal de niveau de lecture je pense, pas mal de choses auxquelles ont arrive facilement à s'identifier. J'ai vraiment passé un bon moment, même si le sujet était un peu triste.
Commenter  J’apprécie          10
Les falaises

Un livre ou j'ai eu beaucoup de mal à comprendre sa structure, sa nature.



Une femme se jette dans le fleuve Saint-Laurent. Sa fille raconte comme dans un journal, sa mère, ses fantômes, sa reconstruction, sa compréhension de sa mère. Après 100 pages on y tient plus, on ne s'arrête plus on dévore le reste du livre jusqu'à sa fin .
Commenter  J’apprécie          10
Les falaises

Touchant roman d’une écriture poétique très belle, où le deuil est bercé par les vents et les marées. On aime d’emblée cette femme qui cherche à apaiser sa révolte contre les questions sans réponses. Un premier roman magnifique.
Commenter  J’apprécie          10
Les falaises

« Je traîne ma mère et son village et son héritage que je ne voulais pas »

Suite au suicide de sa mère emportée dans le Saint-Laurent au pied des falaises de Gaspésie, V la narratrice, revient dans le village de sa famille, sur les chemins de son enfance compliquée sous la surveillance des services sociaux mais aussi de sa bienveillante tante Marie.

Elle entame une quête d’identité, celle des femmes de sa vie, de sa mère mais aussi de cette grand- mère immigrée islandaise au Canada qu’elle n’a pas connue mais qu’elle découvre en lisant son journal retrouvé dans le grenier de la maison de sa mère. Cette recherche la conduira jusqu’aux falaises de VÍK, en Islande pour découvrir ses origines et

« les femmes de ma vie. On se succède sans se voir, comme des ombres qui courent devant les miroirs, sacrent des coups de poing dedans et continuent leur route pour voir le monde. »

Virginie DeChamplain signe un premier Roman aux sons du langage parlé québécois dont elle emploie des expressions familières tout en livrant un texte sensible et poétique où il est question d’amour, de recherche de soi pour achever sa construction d’adulte et enfin partager de vraies relations humaines sans passer à côté des richesses qui nous entourent.
Commenter  J’apprécie          10
Avant de brûler

Dans ce roman incandescent à l’allure de fin du monde, subsiste l’espoir ; celui qui infuse sous notre peau et fait crépiter nos particules les plus infimes. La langue chantante de la canadienne Virginie DeChamplain nous éclabousse de mille feux pour nous parler de l’urgence à ne pas baisser les bras. ‘AVANT DE BRÛLER ‘ nous sonne, nous étourdit et nous intime l’ordre de tirer les conséquences de nos actes, d’ajuster notre tir avant qu’il ne soit trop tard.



Au lendemain de feux incontrôlables, d’inondations meurtrières, de tremblements d’une Terre qui n’en peut plus, animaux comme humains apprennent la survie, regardent autour d’eux, se cognent à leurs propres solitudes et finitudes. Tous et toutes ont perdu un être cher imprimé dans leur chair. La forêt ne résonne plus des mêmes appels, les loups ont étendu leur territoire et une biche à la rêverie fragile ne sait même pas qu’elle est depuis quelques temps la dernière de son espèce.



Dans ce chaos, deux femmes vont se percuter au détour d’un chemin : l’une, Farah, a fui la ville avec ses 3 enfants et l’autre a tant bien que mal inventé une façon de continuer, hagarde, aux côtés de Marco, homme tronc, le chien Django et Sac à Puces, un chat qui déboule dans vos jambes comme un coup de vent. L’arrivée de Farah va bouleverser l’ordre bancal établi. Les cris joyeux d’enfants vont résonner dans la maison de la forêt : les 2 humaines elles vont se calquer l’une sur l’autre. Chacune trimballe son passé, son drame personnel : aucune n’est prête à en parler comme si évoquer l’horreur c’était la revivre. Mieux vaut enfouir.



Si l’une est femme pilier et racine portant le gun à l’épaule, l’autre serait plutôt roseau qui ne rompt pas, en quête avide de chaleur humaine. Une biche à l’esprit calme continue ses errances, tout en veillant sur ces humaines qu’elle croise au loin lors de promenades en forêt. Son œil ourlé de cils soyeux est sans cesse braqué vers ces deux humaines: serait-ce pour les avertir du cataclysme imminent qui se profile au loin, par-delà la clairière ?



Dans l’urgence d’une langue indocile et sensuelle Virginie DeChamplain imagine une post-apocalypse féminine où le présent est accueilli comme un miracle. Le passé lui, a disloqué des cœurs et des corps, asséché les espèces animales, fait trembler des certitudes. Quand tout vacille, le futur n’est que brume ; la magie de cette plume qui nous vient du Canada, nous éblouit avec des chapitres courts – infimes goulées d’air salvatrices – traversés par de brefs poèmes déclarations de paix à l’existence.



La réincarnation semble possible, tout n’est que renouvellement encore faut-il que l’humain cesse de contrôler. Humains et animaux veillent les uns sur les autres à l’approche d’une menace sournoise ; la terre sera-t-elle tombeau ou matrice ? Ce qui bouleverse dans ce roman hautement inflammable, c’est l’évocation ultra-sensible et poignante du lien unissant êtres vivants humains et non humains. La biche est vigie, la femme est navire. Farah a porté ses enfants, la narratrice a bâti son refuge dans lequel elle peut rentrer en baissant les épaules, signe qu’il fait bon y vivre.



Le chaos extérieur est d’un calme déroutant presque réconfortant contre le chaos intérieur. L’autrice très touchée par l’éco anxiété qui l’habite sait porter la réflexion de manière juste et fait mouche avec cette plume irriguée d’ombres et de lumières. D’une façon ou d’une autre la forêt et tout ce qui l’habite rétablissent toujours ce qui doit être rétabli. C’est ainsi. Dans le passé les humains ont tenté de modifier le temps en ensemençant les nuages. Ils n’ont pas compris le danger et la futilité.



« On voulait pousser la technologie pour sauver les îles, renflouer les lacs, rééquilibrer les saisons, réherber les savanes, remplir les nappes phréatiques, recréer des espaces verts vivants et invulnérables, recréer la nature, recréer le monde comme il était juste avant qu’on avance collectivement le pied au-dessus du gouffre ».

La couleur des bleuets, la texture des premiers bourgeons, une lumière qui passe à travers le noir de nos âmes douloureuses et qui tombe en diagonale sur l’herbe encore un peu mouillée : la force d’évocation de la plume chantante de Virginie DeChamplain fait résonner ce roman « AVANT DE BRÛLER » telle une ode à la nature que nous malmenons tant. Un chant du cygne qui nous intime l’ordre de montrer à nos enfants comment prendre d’autres chemins, là où l’on aspire à autre chose qu’à se détruire encore.



« avant de partir nous

écrirons des guides de révolution

des cartes pour ne plus qu’on nous perde

et puis nous

brûlerons tout pour mieux rebâtir »

Commenter  J’apprécie          00
Avant de brûler

Apocalypse des fantômes, des souvenirs ; accueillir les vivants, les revenants, leur inventer des vies : survivre à l’écoute, dans l’enregistrement des altérations, dans le contact des sylvestres efflorescences. Roman envoûtant, inventif, Avant de brûler rejoue les codes du roman apocalyptique et ceux de l’éco-poétique pour spéculer sur le souvenir et la perte, deuil et mémoire, poésie et attention à un monde qui se noie et brûle. Virginie DeChamplain s’approche au plus près des sensations éperdues de son héroïne, ses inquiétudes et reconstructions, la subsistance de la beauté qui offre à son roman un au-delà d’une destructrice survie, un effarement animal pour se massacre dont personne ne réchappe.
Lien : https://viduite.wordpress.co..
Commenter  J’apprécie          00
Avant de brûler

Une fin du monde faite de déluges et d’incendies.

Elle est réfugiée avec Marco et le chien Django dans une maison isolée de la ville.

Lors d’une sortie en forêt, elle découvre Farah avec ses trois enfants, les pointe avec le “gun”, pose des questions sans réponses, barrière de la langue oblige.

Elle hésite, ne sait pas quoi faire, s’avance vers eux en ayant baissé le canon du “gun”, et d’un geste les invite à les suivre afin de les ramener dans la maison.

La bête, à l’abri de la canopée, surveille avec ses grands yeux noirs cette vie humaine, tout en se méfiant du cri des loups.



D’un thème qui pourrait paraître récurrent, mais tristement d’actualité, Virginie De Champlain livre une vision pleine d’espoir d’une fin du monde suite à un changement climatique.

Pas de zombies, de tribus anthropophages ou de luttes fratricides.

Non, juste une rencontre entre deux femmes, une sororité, mais aussi un accueil sans questions, un altruisme sans attente d’un retour.

Deux langues se comprennent sans mots, juste des regards, des gestes, des attentions.

L’espoir d’un monde nouveau, construit sur des ruines fumantes, basé sur l’empathie et l’écoute.

“Il faudra montrer à nos enfants comment prendre des chemins qui mènent ailleurs, quelque part où on pourra aspirer à autre chose que se détruire encore.”

Un livre qui apaise, qui réconcilie l’humain avec la nature et le monde animal.
Commenter  J’apprécie          00




Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Virginie DeChamplain (296)Voir plus

Quiz Voir plus

the name of the Rose

quand a été publié l'édition originale

1985
1980
1983
1988

10 questions
75 lecteurs ont répondu
Thème : Le nom de la rose de Umberto EcoCréer un quiz sur cet auteur

{* *}