Tout commence comme ça :
"Suce la, tu vas la sucer, j'te dis !
Bouge pas, je vais baisser mon jeans et tu vas la sucer... me branler et me faire jouir ok ? Compris ? Je suis sûr que t'as compris ! Je défais mon pantalon ok ? Comme ça..." P. 11
Sans aucun préambule, le lecteur se retrouve face à une scène de viol. Un garçon de 16 ans oblige une collégienne de 11 ans à lui faire une fellation. Il lui avait donné rendez-vous dans cette maison en ruine qui borde le stade du collège, un lieu où les jeunes ont l'habitude de se retrouver. Mais là, c'est le piège, le guet-apens.
Et puis, il y a cette femme, Ministre du Travail, qui mène sa vie politique où le pouvoir est roi. Elle mène une vie trépidante, exténuante, faite aussi parfois de plaisirs.
Le jour, je bosse dur, la nuit je virevolte et je recommence à pétiller. P. 103
Voilà, je ne vous en dis pas plus. Il y a bien sûr un lien entre ces 2 personnages, je vous laisse le découvrir.
Cette lecture, je l'ai laissée maturer. Au début, je me disais qu'il n'en resterait rien, et puis finalement, je crois qu'elle a laissé quelques traces dans ma mémoire.
Pourquoi ?
D'abord je crois, parce que cette lecture m'agresse.
Elle m'agresse dans la forme, l'écriture est cinglante, à la hauteur de la violence des faits.
Elle m'agresse aussi sur le fond, en tant que femme, en tant que mère. Je n'ai jamais trouvé plus cruelle injustice que de s'en prendre aux filles, aux femmes, par la voie du sexe. Les agressions sexuelles ont ces dernières années été requalifiées et c'est, pour moi, une très grande avancée féministe qui n'est peut-être pas encore assez saluée. Mais un long chemin reste encore à parcourir pour que les victimes osent en parler et que la justice puisse réaliser son travail. Le roman de Virginie MARTIN expose à quel point il est difficile d'en parler, de se confier, et puis à qui ? à ses parents ? aux copains et copines d'école ? mais qui pourrait vous croire ? La chape de plomb existe bien encore !
Ce qui m'a interpellée aussi, c'est le sens qu'un être blessé au plus profond de lui-même puisse donner à sa vie. Que deviennent les jeunes filles agressées de la sorte ? Les romans sont là pour en donner une illustration. Il y a le parcours de Clémence dans "Les corps inutiles" de Delphine BERHOLON
et puis il y a celui de Gabrielle dans "Garde-corps" de Virginie MARTIN.
Ces 2 romans ont beaucoup de points communs. Outre le titre qui fait la place belle au corps, il y a cette vengeance qui devient le fil rouge d'une existence. Tout n'est orchestré que dans cette perspective, les relations amicales, professionnelles, la vie quotidienne, ces petits gestes qui n'ont l'air de rien mais qui sont au service d'une stratégie bien huilée.
Je la tiens ma vengeance, ma vengeance sur tous ceux qui m'ont trouvée bizarre, parfois trop différente, parfois trop délurée, parfois trop insaisissable, parfois trop hautaine... P. 103
Ces femmes n'ont plus qu'un seul but : se faire justice elles-mêmes, au péril des hommes ! Ce qui diffère, ce sont les modalités et là, je dois bien dire que Delphine BERTHOLON comme Virginie MARTIN ont de l'imagination.
Qu'il s'agisse de Clémence comme de Gabrielle, ces deux personnages nous montrent à quel point les femmes ont une force de caractère, une pugnacité pour atteindre leur objectif. C'est peut-être ce qui fait finalement peur aux hommes...
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