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3.34/5 (sur 16 notes)

Nationalité : Chine
Né(e) à : Hanghou , le 10/01/1956
Biographie :

Liu Xinglong est un écrivain chinois

Après des études secondaires, en 1973, il travaille dix ans comme ouvrier ; il est ensuite employé au département de la Culture de la ville de Huanggang (Hubei).

Il commence à publier en 1984, des nouvelles et des romans ; deux de ses romans font l'objet d'adaptations cinématographiques, l'une primée en Chine, l'autre, au Japon.

En 1994, il devient écrivain professionnel et, comme tel, est admis à la Fédération des Hommes de Lettres et Artistes de Chine à Wuhan (Hubei). La critique chinoise unanime le reconnaît comme le "porte-drapeau" du renouveau du réalisme en littérature romanesque.

1998 "Croquants de Chine"
1999 "La déesse de la modernité"
2004 "Du thé d'hiver pour Pékin"
2006 "La Guérite : La force des farces en terre chinoise"

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Source : http://www.bleudechine.fr/index.php?page=auteurs&auteur=25
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Olivier Barrot présente : "Du thé d'hiver pour Pékin".


Citations et extraits (7) Ajouter une citation
Quoi qu'il en fût, l'évacuation des eaux usées continuait de poser problème : chaque soir, rituellement, le mari Hu invitait son épouse à s'en aller verser les eaux du ménage dans la fosse à ordures des cuisines de l'usine métallurgique. Un Hu mâle, en général, n'est pas tendre envers le deuxième sexe, mais le cuisinier de l'usine, dragueur invétéré, se montrait plein d'indulgence pour le petit manège vespéral des vidangeuses. Il arriva même un jour qu'une toute jeune épousée que ce cuisinier avait tenté de peloter aux bons endroits, effarée, s'en retourna chez elle au grand galop, piaillant et pleurnichant entre ses deux seaux vides. La voyant et l'entendant ainsi, son époux, Sanmao, lui fit recouvrer son calme à grand renfort d'insultes : pour qui se prenait-elle, cette mijaurée, hein ? Elle avait les fesses en cristal, des fois ? Qu'est-ce que c'était que ces manières de princesse ?


Extrait de la nouvelle "Guérite", sous-titrée "Du trafic routier considéré comme un des Beaux-Arts"
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"C'est toi, Hu Tiantang ?" A peine celui-ci eut-il répondu par l'affirmative, que, sans même lui laisser le temps de se laver les mains et de se changer, on le traînait dans la voiture. "Le Maire est en rogne, lui dit alors le chauffeur, il trouve que vous autres, les artistes, vous vous prenez pas pour de la crotte !" Hu Tiantang encaissa et, ne trouvant rien à répliquer, se contenta de frotter ses mains l'une contre l'autre, avec la dernière énergie, transformant la croûte de glaise qui les recouvrait en une pluie de boulettes et de colombins dont il arrosait les sièges et la moquette de la voiture de fonction du Maire.


Extrait de la nouvelle "Sculpture", sous-titrée "La déesse de la modernité"
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Les interventions de San Ye et des deux autres laissèrent sans voix le Camarade Yang. Cela faisait déjà longtemps qu'il dorlotait en son for intérieur le doux nom de baptême que les Services Internes de la Ville avaient secrètement décidé d'attribuer à la Route Truc et c'était, sublime, Route de la Jeunesse !
Même dans ses cauchemars les plus noirs, jamais il n'avait prévu qu'une réunion authentiquement démocratique pût accoucher d'un nom aussi barbare que celui de la famille Hu !
Mais le Chef du Comité de Quartier, lui, ragaillardi par ce réveil de l'opinion publique qui, enfin, s'exprimait, interrogea l'assemblée d'une voix frémissante :
"Bien ! Y a pas d'autre proposition ? Non ? Y en a pas ? Bon ! Que ceux qui sont d'accord avec l'idée de San Ye lèvent la main !" Sous la bannière haut levée de la canne de l'Ancêtre, tous les bras disponibles l'un après l'autre se levèrent, vivante forêt démocratique ! Sans s'attarder à les compter, le Chef du Comité de Quartier, à vue de nez, beugla : "Adopté à l'unanimité !"
Glacial, le Camarade Yang lui dit alors, l'oeil dans l'oeil : "Et toi, là-dedans, Chef Hu ?"
Le Chef du Comité de Quartier s'entendait si rarement appeler par son titre officiel que, venant d'un supérieur hiérarchique, et, de surcroît, descendu de la Grand'Ville, l'apostrophe faillit lui faire perdre la boule et perdre de vue les sacrosaints principe sans la lumière desquels le problème posé ne pouvait être résolu.
Fort heureusement, impérieuse, la canne de San Ye vint se poser devant lui, sur la table, lui intimant de prendre position et le Chef du Comité de Quartier déclara : "Je suis la minorité qui se rallie à la majorité !", rien que des mots nobles, garantis par le gouvernement !
A demi mouché, le Camarade Yang exigea qu'on passât au deuxième point de l'ordre du jour : "Comment faire pour que, en définitive et finalement, le Chef du Comité de Quartier soit conforme ?"
San Ye opéra un demi-tour, et, les fesses tournées vers le Camarade Yang, proféra : "Et mon cul, il est conforme ? Chez nous, les dirigeants de la Grande Digue de la Famille Hu, ils doivent tous être des Hu, c'est comme ça et pas autrement !
- Ah, c'est bien vrai, ça ! Les petits bleds, c'est pas fait pour les gens des grandes villes, les petits temples, c'est pour les petits dieux !" rugit un assistant, derrière San Ye, manifestant ainsi son adhésion aux propos du vieux sage. Il s'ensuivit alors, dans la foule, une glapissante cacophonie qui finit par se résoudre en une clameur unanime : "Ouais, c'est vrai, chez les Hu, on a bien assez de gens assez futés pour faire fonctionnaires !" En écho à ce grand bruit, tous les chiens du quartier de la Digue poussèrent à l'unisson un hurlement d'effroi...
Confronté à cette situation nouvelle, le Chef du Comité de Quartier fit preuve d'un sang-froid exemplaire et reposa, posément, à plusieurs reprises, la même question...Fallait un Hu ! Y avait qu'un Hu qui...! Rien sans un Hu ! Un seul mugissement pour la même réponse ! Le Chef du Comité de Quartier se tourna alors vers le Camarade Yang : "Est-ce qu'il faut remettre ça aux voix encore une fois ? - Bah ! répondit l'autre, y a que la parole du vieux qui compte, dans tout ça ! Le reste, c'est des pets de mouche !" Trois Trucs, en son âme et conscience, ne pouvait laisser passer ça : "Dites donc, Camarade Yang, pourquoi vous insultez le monde, hein ?" Le Camarade Yang, livide, leva le siège, n'en pouvant plus. Le Chef du Comité de Quartier, pris de court, tenta de le rattraper par les basques : "Faites gaffe où vous mettez les pieds, Camarade Yang, je vous raccompagne !" Lorsqu'il fut parvenu à rejoindre l'envoyé de la Grand'Ville, il lui murmura, humblement : "Ici, chez nous, le règlement, dans les discussions, c'est une voix pour une famille ! On est tous des Hu, qu'est-ce que vous voulez que j'y fasse ?!" Entre question et réponse, il y eut un pesant silence pendant lequel le Chef du Comité de Quartier crut avoir parlé aux murs, mais il fut bientôt détrompé par un braillement hargneux : "ça va pas se terminer comme ça ! C'est la Ville, qui décidera en dernière inst..." Le reste de la phrase fut couvert par un bruit sourd : le Camarade Yang venait de ramasser une fameuse pelle ! Quand il se fut relevé, sa première déclaration fut : "Sacrée putain de merde de Route de la Grande Digue de la Famille Hu !"

Evidemment, tout fut décidé par ceux de la Grand'Ville...Six mois plus tard, un nouveau Chef fut parachuté au Comité de Quartier. Bien que ce monsieur fût un type du Zhejiang, lui aussi s'appelait Hu ! Ce Hu, nouveau Chef du Comité de Quartier, le jour de son intronisation, proclama donc que les Instances Supérieures avaient officiellement rebaptisé le lieu du litige. Route de la Famille Hu, Route de la Digue de la Famille Hu, Route de la Grande Digue de la Famille Hu, tous ces sobriquets obsolètes avaient été résolument rejetés. La Chose s'appellerait désormais, et pour l'éternité, ou presque : Route des Vieilles Lunes.


Extrait de la nouvelle "Comité de Quartier", sous-titrée "La Digue dondaine" (Du rififi au Co-Ré)
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Fort de cette reconnaissance officielle de son génie, Hu Tiantang accueillit avec une morgue souveraine les concurrents ès-arts que lui avait suscités l'appel de la municipalité : "Vous avez déjà fait des sculptures, vous autres ?" leur jeta-t-il. "Et toi, rétorquèrent ses rivaux, qu'est-ce que t'as fait de mieux que tes petits bouddhas d'argile ?" Trop sûr de lui pour se fâcher, Hu Tiantang se borna à répondre : "Mes petits bouddhas, chers confrères, ils sont encore sacrément efficaces !"
Mais, trop confiant en son proche triomphe, Hu Tiantang commit une faute tactique, légère, mais lourde de conséquences : tandis qu'il continuait de se pavaner, urbi et orbi, de fatiguer le Maire de visites où il ne parlait que de lui-même, uniquement préoccupé de sa propre ascension, ses confrères et rivaux, eux, plus discrètement, faisaient une razzia sur tous les ouvrages relatifs à la sculpture que recelait la bibliothèque municipale. Et quand, enfin, Hu Tiantang à son tour songea à s'y rendre, tout ce qu'il put trouver, au termes de fouilles exténuantes sur des rayons déserts, ce fut une antique revue dans laquelle était reproduite la statue, d'origine flamande, d'un petit garçon, qui, ventre en gousse d'ail et quéquette aux doigts, pissait...


Extrait de la nouvelle "Sculpture", sous-titrée "La déesse de la modernité"
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Les feuilles de thé en question devaient être cueillies cet hiver, aux premières neiges, et le choix du moment était capital, ne pouvait être discuté ! L'énoncé de telles exigences sema la stupeur dans l'assistance, on se regardait, sidéré. Quelqu'un osa pourtant poser la question qui les tourmentait tous : le thé, on l'avait toujours cueilli au printemps et en été ; si on se mettait à le cueillir l'hiver, est-ce qu'on risquait pas de violer les lois de la nature ? Ding alors expliqua que ces dispositions avaient été prises, non par lui, mais par le District, qu'il s'agissait d'une tâche politique et que, pour cette raison, elle devait être accomplie intégralement, à cent pour cent et même davantage ! Il lui restait encore, en tant que chef du Bourg à exprimer une recommandation qui les concernait tous : l'affaire ne devait pas être ébruitée, de peur que des éléments extérieurs malintentionnés n'en donnent une image défavorable !
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- Je suis en retard, dit Zhang, excusez-moi , il aurait fallu me signaler ce salut au drapeau.
- La présence est facultative, fit le directeur.
- Les enfants en comprendront-ils la signification ?
- Ils la comprendront quand ils seront plus grands. Nous avons encore une fois un élève de moins. Cette nuit, on est venu le chercher car son père vient de mourir. Un enfant de douze ans à peine devient le soutien de famille. Au moment de nous quitter, il m'a dit qu'il pouvait voir le drapeau rouge de sa maison, ce qui lui rappellerait la patrie et l'école...
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Au matin du quatrième jour, Hu (le Hu "made in Ailleurs", comme on l'appelait), le Chef du Comité de Quartier, s'en vint avertir chaque famille, que, l'après-midi même, il serait procédé, sur la Route des Vieilles Lunes, à l'identification subséquente des coupables...
Tout Chef qu'il fût, Hu savait bien qu'il y a pot et pot, qu'un pot à thé n'est pas un pot de chambre [...]
Il était du genre plaisantin : par exemple, lorsqu'une femme était contrainte au curetage pour se trouver enceinte au-delà du nombre des grossesses autorisé par la loi, il trouvait drôle de dire "qu'elle allait se faire dégonfler la chambre à air.
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