Presque une semaine après l'attaque du Hamas contre Israël, la possibilité de tisser un dialogue est plus que jamais fragilisée. C'est pourtant ce que tentent de faire deux intellectuels que reçoit Guillaume Erner.
La romancière palestinienne Yara El-Ghadban et le cinéaste israélien Nadav Lapid, essaient, le temps d'une émission, de nouer une conversation avec bienveillance.
Photo de la vignette : SOPA Images / Getty
#isreal #palestine #paix
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Je suis l’enfant de l’amour et de la guerre. J’ai enfanté le soleil qui réchauffe et qui consume. Quand mon soleil est mort, la cendre était telle qu’elle m’a enterrée, oiseau de feu sans étincelle. J’ai cherché la flamme pour renaître, mais elle somnolait dans le ravin de mon âme. Pour mettre à mort la mort, j’ai embrasé les herbes. Pour traverser la barrière, j’ai traversé la fumée.
Extrait de Je suis Ariel Sharon:
" M’en voudraient-elles si j’enlevais à chaque lettre de ton nom sa noirceur?
À chaque date de ton histoire, sa violence? Si je t’enlevais la mort et te prêtais
la vie? M’en voudraient-elles si je me glissais là où elles t’ont vu nu? Si je
te débarrassais de toutes ces couches. Ta peau de guerrier, ton masque de
politicien? Ne reste que toi face à moi? Que tu sois personne? Que je sois
personne?
Soyons personne. Soyons ensemble sans visage. Perdons-nous dans ce long
sommeil. Dévoilons tous nos visages.
Pose-moi la question: quel est ton nom? Je nommerai toutes les femmes.
Pose-toi la question: qui suis-je? Toutes les femmes te répondraient. Leur voix
est ma voix."
Attache tes souvenirs à un objet symbolique, ou un événement précis, et fais de même avec la musique.
Non. Trop facile. Je ferai tout à fait le contraire : amarrer les moments importants aux choses les plus banales. Voilà ! Ça, c’est original !
Je me souviendrai de Beyrouth en l’associant au crabe que j’ai attrapé dans la tasse de café de Amto. Je me souviendrai de Dubaï grâce à l’affreuse branche d’algue que Kinno m’a lancée ! Je me souviendrai de mon départ à partir de ce repas qui vient d’interrompre mon sommeil. Je me souviendrai du Yémen… Comment se souvient-on de l’avenir ?
Tu n’as qu’à le demander.
À qui ? À toi ? Tu m’as quittée !
Non. C’est toi qui m’as renvoyé.
Tu n’as plus rien à me dire.
Je n’ai encore rien dit.
Je peux me souvenir sans toi.
Ton petit jeu est plus difficile que tu ne le crois.
Ah bon ! Pourquoi ?
Où trouveras-tu la banalité dans la plus belle année de ta vie ?
La plus belle année s’est achevée, Oiseau.
Certaine ? Et dans quel tiroir rangeras-tu les heures qui s’écouleront à dénicher du charbon pour dessiner ? Et les jeux de cachette entre les rangs de maïs ? Que feras-tu du pauvre mouton que ton oncle égorgera pour le grand Eid ? Une épreuve que tu t’imposeras pour gagner un pari.
Oh non. Il va nous traquer jusqu’au Yémen !
Ne t’inquiète pas. Seulement pour visiter.
Fiou !
Sur quel mur poseras-tu en cadre l’année à l’école pakistanaise que tu passeras à tout faire sauf étudier ? Oseras-tu oublier les promenades dans les montagnes yéménites ? Les pique-niques dans les champs de café ? Le jour où toi et les gamins du quartier volerez la voiture louée de ton oncle seulement pour la conduire dans un grand fossé ? Que trouveras-tu de trivial dans l’année où tu vas grandir ?
De cet avion, je retiendrai les villes qui planent au cœur du désert. De mon atterrissage au Yémen…
Restera l’image de ta Maman.
Si belle dans sa robe crème !
Ses cheveux courts sont teints en noir charbon, une couleur qui met bien en valeur sa peau. Dans le même portrait, ton papa porte une chemise beige lignée. Comme toujours, un stylo accroché à la pochette. De la route vers Sanaa, tu capteras le paysage urbain que tu attendras, mais qui ne viendra jamais.
– Quand est-ce que nous arrivons à Sanaa, Papa ?
– Nous sommes à Sanaa, ma chérie !
Le ton sarcastique de ta maman résonnera dans ton oreille encore des années. De la fenêtre de la voiture, tu reverras, longtemps plus tard, les tourbillons de sable qui dansaient dans la rue. Du premier matin reviendra à ton esprit le garçon qui t’a sifflée.
Et du dernier matin ?
Tu te souviendras de l’oiseau qui t’a aimée.
Pour l’auteure Yara El-Ghadban:
Les principaux récits autour de Sharon sont des récits fondamentalement
politiques, militaires, masculins…Moi personnellement, je voulais, sans
justifier et sans pardonner, tout simplement écrire la part humaine, la part
féminine. Les premières choses qu’on élimine dans les guerres et les situations d’oppression sont l’humanité, l’intimité, la féminité…Aussi, moi-même je voulais comprendre. J’ai écrit ce roman pour moi, pour la femme palestinienne que je suis et qui est toujours perplexe face à la violence dont sont capables les humains…
Sois ce que ce pays fait à tous ceux qui y vivent. Assassins, rancuniers, misérables. Tous les hommes et les femmes du pays ont du sang sur les mains. Pour se défendre, acheter la paix, s'imposer.
Le bonheur le plus intense, vois-tu chérie, est celui qui se moque du désespoir.