Marchand de feuilles [corriger]

Wow ! Quelle claque ! D'autant plus forte que sa découverte s'est faite sous le signe du hasard et non suite aux conseils avisés de mes proches.



Les premières pages commencent comme un uppercut, histoire de poser le décor d'une histoire de re-naissance, de "coming in" et toute la violence transmisogyne que cela amène.



Puis, pendant une grosse moitié du roman, l'autrice nous parle de son enfance malheureuse, figée par les autres dans un genre qui n'est pas le sien mais aussi chamboulée par un environnement familial violent et instable.



Contrairement à certains retours d'autres lecteurices, j'ai beaucoup aimé cette première partie. Loin d'être ennuyante, elle incarne à mon sens tout à fait l'ambiance de l'enfance, ses temps de latence et ses premiers émois, comment certaines scènes vous bouleversent jusqu'à l'âge adulte et une odeur, une chanson semblent reliées définitivement à une personne, un lieu. J'ai vraiment adoré la finesse d'écriture de l'autrice et aussi la poésie qui s'en dégage malgré la violence.



Vient ensuite le temps du coming in, qui prend son temps parfois, qui trébuche et prend des coups aussi. L'ambivalence dans l'euphorie de genre qui culmine mais se confronte aussi à une société qui lutte pour fermer sa porte aux personnes trans. Comment s'accepter quand le regard de l'autre n'est que dégoût ou haine ?



Heureusement, il reste de l'espoir et c'est toutes ces émotions ensemble que nous fait vivre l'autrice dans cette autofiction bouleversante et finalement joyeuse. J'espère que ce livre sera lu par le plus de personnes possibles, concerné.es ou non.



À une époque où la transphobie s'affiche sur les panneaux publicitaires, il est bon de remettre les vécus des personnes trans sur le devant de la scène. Slay queen !

Quand j’ai lu le résumé de ce livre et que j’ai vu qu’il était cas de dysphorie de genre, il était certain que ce serait génial ou désastreux…Et bien c’était génial!

J’ai aimé le fait que l’on ait l’entièreté de sa vie, car ça permet de voir l’évolution de ce qu’elle pense d’elle, et de ce que les autres pensent d’elle. L’écriture est fluide et c’est facile à lire, c’est à la fois touchant et plein de revendications, franchement lisez-le!

Une belle réussite que ce livre avec une écriture soignée, alternant les phrases courtes, les développements plus longs, les propositions sans verbe, avec des mots choisis pour désigner le moindre objet, animal, arbre, tout ce qui émerge tant de la nature sauvage de la forêt que de celle domestiquée du jardin.



C'est un texte plein de nostalgie où le deuil est accepté, le chagrin respecté et discret, les moments saisis au vol à toute heure de la journée, avec de belles évocations des crépuscules, de la rivière où le corps se laisse glisser, chaque chose paraissant à sa place malgré le temps qui s'écoule inexorablement.



C'est aussi un texte où l'enfance tient une large place, enfance des souvenirs et enfance du présent avec les découvertes qui correspondent à cet âge pas forcément sans pitié à contrario de ce qu'affirmait La Fontaine. Ce sont les plantations, les poules et leurs oeufs, les insectes qui vont passionner les enfants et ils apprendront ainsi le véritable équilibre de la vie.



La forêt est salvatrice de quasiment tout, elle guérit tous les maux, et cette image récurrente, proclamée par cette femme habitée par les arbres et toutes les créatures vivant dans la nature, donne au fil des pages toute sa dimension à un roman tissé "au reste des vivants".