Direction le Grand Nord, au pays des Dénés, à la rencontre les membres de plusieurs ethnies du nord-est du Canada. Le bédéaste va sur place, rencontre
les autochtones et recueille des témoignages touchants. De cela se dévoile un vrai bouleversement de société et d'éthique. De nombreux peuples vivaient
tranquillement en accord avec la nature. Mais sous leur terre se trouve des ressources d'une grande valeur : pétrole, gaz et pierres précieuses. A partir de là, naissent des problématiques. Entre décolonisation forcée, éducation des enfants, traumatismes, prosélytisme, abus sexuels, violences physiques et verbales, génération brisée, alcoolisme c'est toute une remise en question d'une culture qui se fait. De nos jours, les autochtones cherchent à trouver le juste milieu entre tradition et modernité. Il est difficile à trouver pour satisfaire tout monde quand on est divisé entre protection de l'environnement et exploitation des ressources naturelles. La vision ne doit pas se faire uniquement à court terme. Comment réparer les blessures de groupes quand s'est immiscé la violence et l'alcoolisme? La perte de repère est omniprésente. Chaque territoire a négocié un petit quelque chose où l'Etat a tenté d’influencer
pour son intérêt. Le constat est affligeant. Le pouvoir de l'argent est non négligeable.
En 2015, Joe Sacco avait été initialement pour un reportage publié par la Revue XXI en 2016 sur les conséquences écologiques de la "fracturation hydraulique", pour l’extraction des gaz de schiste. Il y retournera pour approfondir le sujet et surtout l'impact humain. Impossible de pas être touché et révolté sur ce qui s'est passé. Là aussi on voit que l'on enlève les enfants pour les dresser dans des camps avec des religieux qui leur imposent leur foi, leur langue, leur façon de pensée et surtout leur haine. Humiliation, abus sexuel, coup.. tout est bon pour dresser ce qui est souvent considéré comme de la mauvaise graine. Comment par la suite retourner chez soi quand on te dresse à repousser ta culture native? Une fracture générationnelle se déploie avec l'oublie des tradition, des langues et de la communauté. Cela a concerné 150 000 enfants indigènes jusqu'à la fin des années 1990 et ce n'est pas négligeable.
La bande dessinée met le focus sur cela qui est volontairement effacé de l'Histoire d'un pays. Dorénavant, il reste une trace et ce dans le monde. Surtout qu'il s'ancre dans le réel grâce à l'ensemble de témoignages et le croisement des opinions. Un vrai travail de mémoire utile. Le dessin sobre, en noir et blanc, très réaliste, contribue à donner de la vraisemblance. Un travail qui a pris 4 ans et cela se comprend.
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