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EAN : 9782754818551
272 pages
Futuropolis (08/01/2020)
3.98/5   159 notes
Résumé :
En 2015, Joe Sacco s'est rendu par deux fois dans les territoires du Nord-Ouest du Canada, au-dessous de l'Arctique. Il est allé à la rencontre des Denes, un peuple autochtone. L'auteur nous raconte l'histoire de ce peuple, ses traditions, restées intactes pour certaines, les premières rencontres avec les Anglais. Pendant longtemps, les peuples indigènes du Grand Nord, vivant sur des terres non propices à la colonisation agricole, restèrent livrés à eux-mêmes, jusqu... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (37) Voir plus Ajouter une critique
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Payer la Terre est un essai sous forme de BD par le journaliste Joe Sacco, connu principalement pour ses excellentes oeuvres sur la Palestine.

Il prend ici le prétexte d'un voyage dans le Grand Nord canadien pour recueillir des témoignages sur l'histoire des Premières Nations de ce territoire : les Dénés.

(Pour le public français : on utilisera ici "Autochtones" ou "Premières Nations" pour parler de ceux que vous appelez "Amérindiens". Amérindien voulant dire "Indien d'Amérique", c'est un mot un peu absurde jugé archaïque sinon carrément péjoratif.)

Je vous préviens, si vous entretenez une image du Canada comme un pays de décence et de politesse, vous désenchanterez. C'est juste meilleur pour le marketing quand on génocide en s'excusant.

Cette BD raconte donc l'histoire des pensionnats, cette époque où les enfants autochtones étaient enlevés de force à leurs parents pour les donner à l'Église. Église qui les forçait à oublier leur langue et culture à coup de poings et de jeûne imposé. Les viols y étaient monnaie courante, tant des religieux que des autres pensionnaires. Et la BD, écrite en 2015, n'a même pas l'occasion de mentionner ces dizaines de milliers de tombes anonymes retrouvées près des anciens pensionnats seulement dans les 4 dernières années.

La BD ne mentionne pas non plus la stérilisation forcée des femmes autochtones, sujet qui commence à peine à ne plus être tabou.

Et tout ça s'est terminé quand, me demandez-vous?

Vers la fin des années 90.

Le résultat de ces politiques est des communautés brisées, où les problèmes liés à l'alcoolisme, l'inceste et la violence conjugale occupent une place démesurée.

La principale voie de sortie promue par les institutions canadiennes face à cela?

L'exploitation pétrolière.

En gros : "Si vous cédez vos territoires ancestraux, on viendra les exploiter et les détruire. En échange, on vous donnera bien une poignée jobs pendant quelques années."

Bref, voilà les évènements que cette BD explore au travers les témoignages de ceux qui les ont vécus.

(D'ailleurs, je sais qu'au nord du Québec, la sédentarisation forcée des autochtones s'est faite par l'abattage des milliers de chiens de traineau par la Police Montée Canadienne. Je serais curieux de savoir si c'est aussi le cas pour les Dénés, mais je ne trouve pas d'informations sur le sujet.)
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Joe Sacco, journaliste de profession est le maître absolu de la BD de reportage. Sacco est devenu au fil de ses publications une sorte de reporter d'après-guerre qui prend le crayon plutot que le stylo ou la caméra .

Après des récits de terrain sur le conflit entre Israël et Palestine (Gaza 1956, son dernier en date) ou encore sur l'Irak et sur la Bosnie, le bdésiste américain, figure incontournable de ce genre bien particulier, revient après dix ans de silence, pour nous livrer un récit sur un peuple autochotone qui vit sur les Territoires du Nord-Ouest du Canada.

Toujours engagé, toujours au plus près des peuples qui soufflent, il est ainsi parti sur ce territoire situé aux frontières de l'Arctique et où se déroule également un conflit une guerre coloniale sans nom qui ont pour victime les Indiens Dénés.,

Forêts enneigées, chiens de traîneaux forment le décor a priori idéal d'une histoire qui compte pourtant son lot de tragédies et de traumatismes pour cette .ethnie du nord-ouest du Canada.

Joe Sacco va retourner à plusieurs reprises sur cette terre , pour y recueillir les témoignages émouvants et empreints d'authenticité de ces hommes et femmes foudroyés par un colonialisme violent fondé sur , la rentabilité et le génocide ethnique.

Il raconte avec beaucoup de pudeur et de dignité l'histoire d'un peuple traumatisé, arraché à ses traditions ancestrales , qui a tant lutté pour reconnaitre leurs droits et leur identité et qui tente tant bien que mal de se reconstruire.
UN trait particulièrement précis, fourmillant de détails très acéré offrant un regard réaliste et très respectueux sur ce peuple qu'on connait si mal .
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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Joe Sacco, reporter-dessinateur, a traîné ses guêtres et ses crayons, dans le Grand Nord Canadien. Il a beaucoup regardé, il a beaucoup écouté et il a surtout bien travaillé. le fruit de son séjour est cet imposant album qui se caractérise d'abord par des dessins soignés où les expressions des différents protagonistes sont une plus value à la dimension anthropologique déjà très forte.
En effet, en raison de l'approche scientifique rigoureuse de l'auteur, le profane découvre ou approfondit ses connaissances. Grâce à ce livre, par exemple, j'ai non seulement saisi la technique de la fracturation hydraulique qui permet d'obtenir du gaz ou du pétrole de schiste mais j'ai pu aussi appréhender les dangers de cette technique avec des arguments étayés.
Mais, l'intérêt majeur de « Payer la terre » est la découverte du peuple Dene. Son histoire et ses us sont décrites à partir de témoignages collectés directement par le reporter. Ils offrent une grande diversité de points de vue. La volonté d'être le plus proche possible des propos tenus par les différents témoins et la remarquable humilité de Sacco donnent une grande force à ce livre, les nombreux portraits sont très émouvants. Les institutions canadiennes, notamment religieuses, ne sortent pas grandies de leurs actions à l'encontre des peuples autochtones. Que l'on se comprenne bien, point d'arrogance gauloise dans ce propos. Tandis que le Canada tentait d'assimiler ses « Indiens », la France s'occupait des enfants de la Réunion ou des enfants de harkis au prix de conséquences humaines parfois douloureuses… Les erreurs coloniales du Canada ne relativisent pas celles des autres puissances.
Et si, au pays de Vigneault comme dans celui de Brassens, il y eut des « Justes », nous devons nous souvenir, à Toronto comme à Bordeaux, de toutes ces identités bafouées, de ces destins cabossés. La nation est une idée noble mais contient toujours une dimension oppressive.
Sacco, qui se met en scène, mais réduit au maximum les anecdotes liées à son périple, présente avec objectivité et prudence les vicissitudes d'une culture minoritaire et menacée. En évitant le piège de la simplification, en rappelant par exemple, la tentation de l'occidentalisation, il se fait l'avocat de tous les peuples opprimés. Oppression qui peut revêtir des degrés variables et des formes différentes. « Payer la terre », par sa dimension universelle, constitue un éloge de l'altérité.
« Payer la terre » n'est pas une lecture ludique. C'est au contraire un livre qui demande de s'accrocher… Autant être prévenu ! Je ne suis pas sûr qu'à la fin d'une journée de turbin, j'aurais accepté aussi facilement d'être ainsi immergé dans les réalités de ce monde lointain qui demande de réels efforts intellectuels tant les codes sont éloignés des nôtres.
Je suis satisfait de cette découverte et profondément admiratif du travail de Sacco et surtout de la philosophie de ces femmes et de ces hommes du Grand Nord.
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Joe Sacco en reportage dans le Nord-Ouest du Canada, chez les Premières nations, les Dene, nous livre son carnet de voyage. Il s'aventure sur des routes gelées, dans des régions parmi les plus isolées et les plus faiblement peuplées au monde.
Il débute avec les souvenirs de Paul qui a grandi dans la forêt, dans le mode de vie le plus traditionnel : difficile, mais paisible et libre. Les enfants apprenaient en regardant et en participant : chasse, pêche, construction d'un bateau…
Et au deuxième chapitre, on saute brutalement dans la modernité : extraction minière, spoliation, désastre écologique.
(Et encore, on ne parlait pas alors des incendies gigantesques qui ravagent actuellement la région.)
Ce reportage est très complet ; trop complet peut-être. L'histoire des revendications territoriales et des traités fallacieux avec le gouvernement canadien est un brin fastidieuse.
Mais au travers des témoignages recueillis, est illustrée la colonisation de ces territoires depuis le 19ème siècle, notamment les scandaleux "pensionnats autochtones" où les enfants indiens ont subi un vrai lavage de cerveau, un véritable génocide culturel (et ce, jusque dans les années 1990). Coupés de leurs racines, humiliés, punis de parler leur langue, ces enfants ne sont pas parvenus, ensuite, à renouer avec leur communauté ; beaucoup ont sombré dans les addictions et la violence.
Un instituteur relate qu'à la question "Que feras-tu ce week-end ?", une collégienne lui a répondu "Me soûler jusqu'à ce que je tombe dans les pommes, comme ça je ne saurai pas qui me maltraite."
C'est… il n'y a plus de mots.
La nouvelle génération, cherchant à retrouver la culture des anciens, semble représenter un espoir pour l'avenir. Sacco s'interroge : existe-t-il une chose telle que "le meilleur des deux mondes" ?
Son dessin est exceptionnel : il s'affranchit des cases, en restant très factuel et descriptif il atteint un incroyable niveau de précision, qui n'empêche toutefois pas l'émotion d'affleurer dans chacun des témoignages.
Traduction sans faille de Sidonie van der Vries.
Challenge Bande dessinée 2023
Challenge Globe-trotter (Malte)
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Joe Sacco va à la rencontre des Premières Nations des Territoires du Nord-Ouest Canadien. Depuis quelques mois, j'ai lu plusieurs livres sur la thématique des populations autochtones au Canada.

Je trouve que la BD reportage permet toujours de donner un éclairage qui complète bien d'autres supports sur une thématique et Joe Sacco est réputé dans ce domaine (notamment dans ses livres sur le conflit israélo-palestinien). Mais (honte à moi), à chaque fois que je lis cet auteur, je me dis que c'est la dernière fois : c'est fouillé, documenté, bien dessiné mais je perds parfois un peu le fil, j'ai du mal à être touchée par les personnes interviewées et à mémoriser…

On retrouve dans ce livre, comme dans les précédents lus sur le sujet, le rapport initial à la nature qui a été mis à mal par la colonisation, les pensionnats qui ont été créés pour que les enfants acquièrent une culture canadienne commune, le problème de l'alcool, de la pauvreté et de communautés actuelles qui vivent souvent à partir d'aides sociales.

Le grand intérêt de cette BD par rapport à mes autres lectures sur le sujet est triple. Elle s'attarde bien les enjeux économiques qui se cachaient derrière cette volonté de récupérer les terres de ces populations qui les occupaient de manière ancestrale : il existe beaucoup de ressources naturelles en gaz et pétrole dans ces territoires. Joe Sacco a su ensuite expliquer les instances politiques, les rapports entre les communautés, comment ont été dessinées les frontières… Enfin il montre les différences de perception entre les trois dernières générations : les grands-parents vivaient encore dans la forêt, les parents ont connu les pensionnats avec la perte d'une partie de leur culture et un caractère endurci par les épreuves subies, la génération actuelle veut trouver des solutions pour tenter de concilier leurs différents apprentissages.

Ce reportage, commandé initialement par la revue XXI et édité avec le concours de Futuropolis, est donc très riche et sa lecture vous fera peut-être découvrir ou redécouvrir Joe Sacco qui reste une référence de ce type de BD (même s'il n'appartient pas à mes auteurs préférés).

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critiques presse (3)
Telerama
24 février 2020
Dans “Payer la terre”, le journaliste Joe Sacco revient sur le déracinement des Dénés, ethnie brutalisée par l’État canadien. Un récit douloureux qui explore deux conceptions opposées du rapport à la nature.
Lire la critique sur le site : Telerama
Liberation
20 janvier 2020
Poursuivant son travail d’enquête, le grand BD-reporter revient sur le «génocide culturel» infligé au peuple déné dans le Nord-Ouest canadien, leur drame écologique et la perte de leurs territoires. Brillant.
Lire la critique sur le site : Liberation
LeMonde
17 janvier 2020
Un reportage engagé du journaliste dessinateur dans le Grand Nord canadien.
Lire la critique sur le site : LeMonde
Citations et extraits (30) Voir plus Ajouter une citation
Les élèves étaient assujettis à la « psychologie carcérale de survie du plus fort », qui annihile toute notion de bien-être collectif…ou des rôles traditionnels que l’on peut occuper dans une famille dene ou dans la société des Dene.
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En coupant les enfants de leur culture, le Canada a réussi à créer un fossé énorme entre ceux qu’il a aspirés dans son système et les communautés qu’ils ont réintégrées.
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Je me rappelle quand je l’ai lu [le traité 11] avoir été frappé par le fait que …les Dene avaient abandonné tous leurs droits…et cédé leurs terres pour 5$ par an, quelques balles et filets à poisson. Je me rappelle avoir pensé « c’est la chose la plus folle que j’ai jamais entendue. » J’avais 12 ans.
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Ils ont continué à tenir la douleur à distance en se soûlant et ils en sont morts.
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On s’émerveille du génie de l’homme occidental, qui semble trouver des solutions à tous les problèmes, même les plus critiques.
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Videos de Joe Sacco (13) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Joe Sacco
La Petroleuse présente la bd BUT I LIKE IT (LE ROCK ET MOI) Joe Sacco (Futuropolis - 2018 - 138 p. 20 x 27 cm - Cartonné) Dispo/Available here: https://www.la-petroleuse.com/fr/bandes-dessinees/5166-livre-but-i-like-joe-sacco.html
"1988, Portland, Oregon. Joe va prendre l'avion. Son vieux pote depuis le lycée, Gerry, chanteur des Miracle Workers, lui a dit qu'il pourrait être de la tournée en Europe, s'il vient vendre des T-shirt les soirs de concert. Ce qui motive Joe, c'est plutôt de faire une BD au sujet de la tournée. Ça change des affiches qu'il dessine pour eux... Quand Joe rejoint le groupe, Gerry lui dit qu'en fait, il n'y aura pas de place dans le tour bus... Ça tombe mal, Joe a tout plaqué : préavis pour son job, remise des clés d'appartement. Et voilà son bizutage, c'était une blague !!! Il embarque finalement en compagnie du reste du line-up, Robert, Matt et Hutch. Direction Amsterdam. le vol est sans encombre, les mecs se bourrent la gueule à la bière. Cependant, le look rock-star torchée, ça ne passe pas trop bien à la douane hollandaise, qui embarque Matt à deux grammes cinq. Contrôle de passeport, pas de billet retour, 31 $ en poche..."
Audio: Miracle Workers (Love Has No Time) 1985
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