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Expert littérature autrichienne

Entre deux parts de Sachertorte, ces lecteurs ne résistent pas à la littérature autrichienne, de Thomas Bernhard à Stefan Zweig,en passant par Arthur Schnitzler.
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La Pianiste

C'est ma première lecture d'une œuvre d'Elfriede Jelinek. Je savais approximativement sur quels sentiers sulfureux je m'aventurais avec ce roman et je n'ai pas été surpris par son écriture "à la hache" qui peut déconcerter par sa franche nudité. Un passage exprime bien cette idée lorsqu'Erika avoue son plaisir à voir la crudité des corps des petits films porno qui laissent poils, boutons et taches ornementer l'écran, alors qu'une production plus glamour n'expose qu'une fausse représentation fardée. Jelinek parle du corps et de notre rapport à lui. Un corps toujours en transformation, qui croît, mue et vieillit. Un corps que l'on cache, que l'on pare ou que l'on exhibe, qui peut être aimé ou détesté, soigné ou maltraité. Un corps à la fois attirant et rebutant source de plaisir et de douleur. Un corps énigmatique qui nous échappe parfois, sensible ou insensible et qui a son autonomie propre. Comme le corps d'Erika qu'elle seule peut observer devant un miroir et le mutiler pour atteindre son essence.



PS: La traduction de Yasmin Hoffmann et Maryvonne Litaize colle bien au rythme fougueux et sauvage de Jelinek.
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La Marche de Radetzky

« Toutes ces marches se ressemblaient comme des soldats. Pour la plupart, elles commençaient par un roulement de tambour, comportaient un air de retraite aux flambeaux, au rythme accéléré pour les besoins de la marche militaire, un sourire éclatant des gracieuses cymbales et s’achevaient sur le tonnerre grondant de la grosse caisse, ce bel orage de la musique militaire. »

Sur l’air de la Marche de Radetzky, pièce instrumentale de Johann Strauss père, qu’il écoutait enfant, Charles-Joseph von Trotta, sous-lieutenant des uhlans de l’empire vieillissant austro-hongrois, aurait ardemment souhaité s’illustrer sur les champs de bataille, à l’instar de son grand-père Joseph Trotta, un paysan slovène. En 1859, à Solferino lors de la campagne d’Italie, ce dernier sauva effectivement la vie de l’empereur François-Joseph 1er d’un tir mortel, ce qui lui valut sur-le-champ un anoblissement inespéré. Mais en temps de paix, difficile de s’épanouir dans l’armée. Dépendance au jeu, alcoolisme, amours adultérines, le petit-fils s’ennuie et se divertit comme il peut, loin de la surveillance de son père François, préfet d’une petite commune.

« À travers les jalousies vertes, le soleil dessinait de minces rayures sur le tapis grenat. Une mouche bourdonnait, l’horloge faisait tic-tac. » L’empire multiforme incarné par son vieil empereur vivait sans le pressentir ses derniers instants avant le déclenchement de la Grande Guerre et c’est dans ce contexte particulier que Joseph Roth a campé son récit. L’histoire d’une famille liée aux Habsbourg par un acte héroïque qui pèsera obstinément sur la génération suivante. La Marche de Radetzky, c’est une lancinante progression vers l’anéantissement d’un monde connu, l’éclatement d’un empire cerné par le progressisme et les mouvements révolutionnaires émergeants.

C’est à Stefan Zweig que j’ai pensé après avoir refermé ce roman. Principalement pour l’intense nostalgie émanant du texte et pour l’implacable sentiment de perte liée au changement.

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