Ma mère est morte il y a dix ans. Elle a toujours été faible, mais courageuse. Elle s'est éteinte épuisée, ayant tout donné à la vie. Je souris du tendre souvenir de cette maman aimante, présente, bienveillante. Elle me couvait autant que mon père la couvait elle. Il la savait en sursis et, j'en suis certain aujourd'hui, a vécu dans l'angoisse permanente de sa disparition pendant près de trente ans. Il est maintenant un vieillard avant l'âge, le décès de sa femme l'a terriblement affecté et il survit plus qu'il ne vit. Je le vois peu, cela me fait du mal à chaque rencontre. Parfois je me dis que je l'abandonne à la maison médicalisée... et souvent je chasse cette pensée.
Des chiens qui devenaient fous et agressaient leur maître, cela n'était pas nouveau. Son ministère n'avait pas réagi. Et maintenant que ces fouille-merde de journalistes révélaient des aspects troublants, il était très facile de l'accuser de négligence. D'autant plus que cet imbécile de spécialiste du comportement canin, Jean-Luc Latombe, ne cessait de clamer qu'il avait alerté les autorités depuis plus de trois semaines.
C'est un sentiment étrange de me savoir inquiet alors que je suis chez nous. J'ai toujours considéré notre maison comme un refuge. Je parcours plusieurs mètres, la porte est encore loin mais un bruit léger, rapide, m'arrête à nouveau. La nuit recouvre complètement le quartier et l'arrière de la maison est plongé dans le noir.
Elle se disait que c'était vraiment pour les moments tels que celui-ci qu'elle adorait ce job. Être seule à la barre, manœuvrer, manipuler, placer ses pions, bluffer. Cet exercice d'un pouvoir presque total était une véritable addiction.
Après un succès que je pense avoir mérité, je n'ai écrit que de la merde depuis quatre ans. Des redites, des centaines de pages d'un ennui qui me prend. Une vie facile, plus de combats à mener. Je m'emmerde et j'emmerde tout le monde.