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EAN : 9782374481265
XO Editions (07/03/2019)
4.26/5   770 notes
Résumé :
D'un côté, les Mariani.
De l'autre, les Kessler.
Pour les deux familles, la même routine : l'ennui au quotidien, les voisins trop bruyants, la dépression qui rampe, l'adultère qui menace...
Rien de bien grave, en fait, mais pendant ce temps, on ne voit rien. On n'a rien vu. On n'entend rien. Rien entendu.
Il n'est pas de victime sans bourreau.
Ni de martyr sans silence.

(4e de couv' de l'édition Pocket)
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Critiques, Analyses et Avis (261) Voir plus Ajouter une critique
4,26

sur 770 notes
Si pour des raisons obscures, vous décidez d'ouvrir ce roman, soyez certains que vous n'en sortirez pas indemnes...

Amélie Antoine signe son sixième roman, un roman bouleversant, dérangeant et à vif. Ce roman est un brasier qui s'enflamme crescendo, vous voilà prévenus...

D'un côté, la famille Mariani, à la tête de cette famille de deux enfants, on retrouve Claire et Frédéric. Claire est confinée chez elle ou elle s'essaie à la couture tandis que son mari peine à trouver un sens à sa vie enlisé dans un travail en tant que directeur d'entreprise qui ne l'épanouit pas. Il frôle les murs tel un fantôme afin que personne dans ses collègue ne s'aperçoive de l'ennui qui le submerge. Il est proche du bore-out. Leurs enfants, Sarah et Clément. Sarah a 14 ans et se retrouve coincée dans des soucis de diabète. Complexée par son cathéter et ses injections, elle vit très mal ce souci de santé.

De l'autre côté, il y a la famille Kessler et à son bord, Laeticia et Yanis les parents, Marjorie, Orlane et Ezio les enfants. Laeticia est infirmière indépendante, Yanis responsable des transports en commun. La famille déménage dans le même quartier que la famille Mariani.

Tout ce petit monde aurait pu trouver son bonheur si pour des raisons obscures, l'un ou l'autre n'avait pas décidé de bifurquer sur une route dangereuse.
La première partie de ce brûlant roman s'attarde sur la psychologie des parents, tous enfoncés dans des non-dits, des choix indélicats, des mensonges. le silence et le manque de communication se montrent palpables dans cette première partie. On ressent tout le travail d'Amélie Antoine à donner corps à ces deux familles, on s'exaspère de leurs faiblesses, on les comprend, on les juge un peu aussi mais on les touche parce qu'ils nous touchent chacun à leurs façons. Ils pourraient être vous ou moi.

La seconde partie est d'une abomination qui me laisse bouche bée, consacrée au harcèlement scolaire. C'est insoutenable, écoeurant, parfaitement maîtrisé ici encore de la part de l'auteure. J'en reste sans voix tant ce roman m'a fait monter les larmes, serré le coeur aussi. Car ce n'est pas juste un roman, c'est l'histoire de bon nombre d'enfants piétinés car dans les griffes d'un tortionnaire en mal de reconnaissance, tiraillé par le besoin d'être le centre de l'attention.

Un roman qui m'a glacé le sang et qui trouve une parfaite maîtrise suite aux souffrances de l'auteure qui se dévoile à la fin de ce roman.

Le bonheur, la haine, la vie, la mort, tout cela tient finalement à peu de choses... « pour des raisons obscures restant à déterminer ».

Merci à NetGalley et aux éditions Xo pour la lecture de ce roman magistral. Merci à Amélie Antoine d'avoir si bien cerné la nature humaine et de nous proposer un roman à ne pas rater!
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📖 « Ils avaient tout pour être heureux. »

C'est encore perturbée et même chamboulée - par ce qui fut pourtant une lecture salvatrice {spéciale dédicace à Antyryia ; merci à toi} - que je couche sur papier mes premières pensées sur Raisons obscures, le dernier roman d'Amélie Antoine, et mon premier de cette auteure plus que prometteuse.
Les émotions me nouent la gorge et j'ai l'impression d'avoir le coeur à vif...

📖 « le temps passe si vite. Et ne se rattrape pas. »

Si j'ai assez rapidement dévoré ce livre, il me faudra par contre beaucoup plus de temps avant de m'en dépêtrer totalement tant il m'a marqué de manière indélébile ; au fer rouge, littéralement - cette sale histoire colle à la peau, s'insinue et s'incruste jusqu'aux moindres recoins de l'esprit, empoisonne l'âme viscéralement et la déchire en petits morceaux pour les piétiner de plus belle ensuite...
J'aurais presque envie d'appeler ça un « feel bad »... parce que, honnêtement, il est juste impossible, impensable, d'en sortir le coeur léger ou un sourire dessiné sur les lèvres. Et en même temps, c'est absolument une oeuvre ( /une auteure, en l'occurrence) à ne pas rater ! Courez vous le procurer si ce n'est pas déjà fait... vous n'en sortirez pas indemne, c'est certain, mais vous ne le regretterez pas non plus :)


📖 « La peur doit être un moteur, pas un frein. »

Bouleversant, poignant, tragique.

Rarement récit fut si prégnant et si douloureusement magnétisant à la fois ; ils ne sont pas si nombreux à pouvoir décortiquer le riche panel des sentiments avec autant de réalisme et d'objectivité, sans glisser sur la pente forcément dangereuse des clichés.
Les protagonistes de cette terrible fiction sont bien plus que crédibles : ils sont simplement réels, tant dans leurs propos que dans leurs réactions - ç'en serait presque drôle...


📖 « Parce que c'était elle, parce que c'était moi. »

[Deux familles où, en apparence, tout va bien.
Jusqu'à ce que tout déraille...
Pour des raisons obscures.]

📖 « Et j'ai songé que cette nuit, mon pire ennemi, ça avait sans doute été moi-même. »


Raisons obscures se présente en deux tons ; deux familles, les Kessler et les Mariani ; les parents d'un côté - occupant la première partie du roman - et les enfants de l'autre - donnant leurs voix à la seconde.
Je voudrais vraiment pouvoir en dire plus, infiniment plus, mais c'est juste inimaginable sans risquer de dévoiler les tenants et aboutissants, qui sauront sans aucun doute vous laisser éprouvés, amers et pantelants devant le pathétisme de tant d'ironie... (aux sens premiers des termes).
Et de toute façon, sincèrement, je serai bien en peine de poser davantage de mots sur mon ressenti propre.

📖 « La pitié, c'est la cerise sur le gâteau de la cruauté. »

Finalement, je ne peux que confirmer ce qui a déjà été dit.
Pour peu que vous ayez, comme moi, vécu l'une ou l'autre situation dans une autre vie, pour des raisons obscures ou non, vous ne pourrez qu'être touché en plein coeur par les écrits ravageurs d'Amélie Antoine.


📖 « Pour qu'ils comprennent.
Pour faire table rase.
Pour qu'enfin tout s'arrête.
(...)
Pour des raisons obscures restant à déterminer. »

***

Retrouvez Amélie Antoine ici :
www.amelie-antoine.com
Ou sur sa page Facebook :
https://www.facebook.com/AmelieAtn
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Raisons obscures… Les raisons obscures qui nous poussent à faire du mal à autrui, sans même parfois nous en rendre compte… d'une façon presque banale… Serait-ce la banalité du mal dont parlait Hannah Arendt ? Peut-être.

Raisons obscures est un roman poignant qui nous interpelle sur un sujet douloureux, à la fois intemporel et d'actualité.

Deux familles : les Kessler et les Mariani, deux adolescentes : Orlane et Sarah. Des histoires en apparence ordinaires mais derrière lesquelles se cachent de la souffrance, de la douleur et de nombreux non-dits. Mais comment parler de choses qui sont si intimes ?... le souhaite-t-on seulement ?...

A-t-on envie d'évoquer la douleur de ne plus être aimé, la douleur de ne pas être aimé, d'être exclu, de ne plus trouver un sens à sa vie ?...

A-t-on envie d'évoquer la colère, la rage secrète et sournoise, des sentiments glauques, pervers, mesquins qui poussent à chercher une tête de turc, un bouc émissaire qui sert à la fois d'exutoire et de moyens de masquer ses propres faiblesses, son propre manque de confiance en soi ?

A-t-on envie d'évoquer la peur d'être exclu du groupe, de devenir le bouc émissaire ou de le redevenir ?

A-t-on envie d'évoquer la honte de n'avoir rien fait, d'avoir laissé faire ou d'avoir même participé à la fois par crainte et inconscience voire soulagement de ne pas être le bouc émissaire ?

A-t-on envie d'évoquer la douleur de ne pas être aimé, d'être détesté sans raison autre que la bêtise d'un groupe d'adolescents, la douleur issue de la sensibilité voire de l'hypersensibilité et de la difficulté à vivre dans un monde souvent cruel et sans pitié, ou ressenti comme tel ?

Mais si personne n'a envie d'évoquer ces sujets-là alors comment faire ? L'autrice a eu le courage de les aborder avec une grande finesse psychologique.

Ce roman contemporain m'a émue. Je trouve qu'il est le reflet de notre époque où solitude, indifférence, égoïsme et haine se mêlent parfois dans des dimensions disproportionnées menant au pire, au drame ultime, que personne n'a vu venir mais que le lecteur devine pourtant dès le premier chapitre. C'est une tragédie moderne qui m'a touchée et fait réfléchir.

Elle m'a fait penser au Vilain Petit Canard d'Andersen, dont les contes peuvent être fort utiles pour tenter d'évoquer avec des enfants des sujets douloureux et remettre dans leur coeur de l'espoir, l'espoir que la situation va s'arranger.

« - Je vais aller rejoindre ces grands oiseaux, se dit le caneton. Ils me tueront peut-être pour oser m'approcher d'eux, moi qui suis si vilain. Mais qu'importe, j'aime mieux être tué par eux que de mener la misérable vie que j'ai eue jusqu'à présent.
Et sur ces mots, il s'élança dans l'eau et nagea à la rencontre des grands cygnes.
Ceux-ci l'aperçurent et vinrent à lui, la tête dressée gonflant leurs ailes.
- Tuez-moi ! fit le pauvre canard. Et, se penchant sur l'eau, il attendit la mort.
Mais qu'aperçut-il dans le miroir transparent ? Quel était cet oiseau au plumage immaculé, au cou souple, aux larges ailes ? Quoi, c'était lui ! C'était sa propre image ! Lui-même était un cygne !
Ses compagnons nageaient autour de lui, le caressaient doucement de leur bec, lui répétant qu'il était le plus beau d'eux tous.
Et lui, confus, cachant sa tête sous son aile, heureux d'avoir traversé tant d'ennuis et de misère puisqu'il en appréciait d'autant mieux son bonheur, murmurait en lui-même :
- Qu'importe de naître au milieu de canards, pourvu qu'on sorte d'un oeuf de cygne ! »

Ce petit conte est une aide précieuse pour apprendre la survie en milieu hostile.
Dans un autre registre, moins poétique et plus sarcastique, à prendre bien sûr au deuxième degré, il y a la phrase de Jonathan Swift : « Lorsqu'un génie paraît en ce monde on le reconnaît à ce que tous les imbéciles se liguent contre lui ». Efficace pour rire, dédramatiser les situations, restaurer la confiance en soi et lutter contre le désespoir. Qui a dit que lire ne servait à rien ?...

Je remercie mes amis babélionautes d'avoir attiré mon attention sur ce texte fort et percutant et, en particulier, l'amie qui m'a proposé de le lire et qui se reconnaîtra!

Je vous souhaite à tous une heureuse année 2020, en espérant qu'elle sera placée sous le signe de l'amour, de l'empathie et de l'entraide !
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La situation initiale est banale. Deux familles, les parents quadra , trois enfants, avec les problèmes du quotidien, boulot, fatigue, ados, usure du couple, la routine en quelque sorte. Et toute la première partie du roman est construite dans ce décor ordinaire, tandis que surgissent pour chaque couple quelques événements un peu plus dramatiques : adultère, voisin bruyant, rien non plus qui puisse faire la une d'un journal même local. Mais si cette réalité dépeinte avec un souci du détail était l'arbre qui cache la forêt? Si derrière ce tableau familier se tramait un drame redoutable?

C'est la deuxième partie qui le dira. Ecrite sur un ton très différent, laissant parole aux enfants et surtout deux d'entre eux, on découvre ce qui couvait sous la cendre, et même si encore un fois et malheureusement il n'y a rien d'original, on est secoué par ce qui se dessine, et sans espoir, puisque le dernier chapitre de la première partie laisse deviner l'issue.


Tout l'intérêt du roman réside dans l'approche intime des processus psychologiques qui sont en cause dans le harcèlement, que ce soit chez le victime ou chez le bourreau. On comprend très bien toute la souffrance et les mécanismes de défense à l'origine de la relation mortifère, sans pour autant avoir envie de l'excuser, et la descente aux enfers de la victime, avec la dépréciation de soi, la culpabilité, et la volonté de protéger son propre entourage.

On ne peut s'empêcher d'en vouloir un peu aux parents, pris dans leurs propres difficultés, alors que certains détails auraient dû attirer leur attention. le phénomène est hélas suffisamment fréquent pour que l'on soit vigilant.


Les deux parties sont donc très inégales, la première étant une mise en place du décor. elle prend cependant toute sa valeur lors du récit des deux ados, en révélant ce que l'on devait repérer derrière les faits insignifiants

Un bon état des lieux et une analyse pointue du harcèlement.

#RaisonsObscures #NetGalleyFrance

Lien : https://kittylamouette.blogs..
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Chère Amélie,

Avec cette critique, vous rejoignez les trois auteurs que j'ai le plus souvent chroniqués depuis mon inscription sur Babelio : Christophe Siébert, Sandrine Collette et Thomas H. Cook.
Et de sept donc avec Raisons obscures, votre meilleur roman à ce jour à mon avis. Et pourtant qu'est-ce que j'avais aimé les précédents, en particulier Sans Elle et Au nom de quoi !
Des livres qui bouleversent, le quotidien qui vire au cauchemar, le tout analysé, disséqué avec une finesse et une intelligence uniques.
Mais la boule que j'avais dans le ventre à la lecture de ces deux romans en particulier a pris davantage de volume encore avec Raisons obscures. Que j'ai dévoré, mais que j'ai eu besoin de reposer plusieurs fois. Et plus j'avançais vers la conclusion, plus je devais reprendre ma respiration et m'accorder quelques minutes pour réfléchir, pour calmer ma colère, mon angoisse, tout en me demandant comment j'avais pu être aussi aveugle.
Je m'en suis voulu.
De n'avoir rien vu.

Je n'accorde quasiment jamais cinq étoiles à un roman.
C'est une note que je réserve uniquement aux rares livres qui m'ébranlent. Qui me marquent au fer rouge.
J'ai peur que n'importe quel livre me paraisse fade après celui-ci.
Parce qu'on frôle la perfection.
Il y a tout ce que je recherche en tant que lecteur dans Raisons obscures. Une histoire passionnante de laquelle on a du mal à décrocher ( et ça n'était pas gagné en racontant d'abord le quotidien de deux familles aux soucis ordinaires ), une construction virtuose, un style d'une rare finesse, une émotion à son comble tant on s'attache aux différents personnages et tant l'empathie fonctionne, et puis tout simplement un livre inoubliable avec lequel je me suis pris un sacré uppercut.
Un réel bonheur de retrouver toutes ces qualités dans un même livre pour le lecteur exigeant que je suis.

Même si nous ne sommes pas dans un thriller mais davantage dans un suspense psychologique, en vous lisant je n'ai pas pu m'empêcher de penser à deux autres plumes féminines francophones. Et venant de moi, cette comparaison est davantage qu'un compliment, c'est la confirmation que vous faîtes partie des auteurs contemporains incontournables.
J'ai en particulier pensé à Karine Giébel. C'est elle en effet la dernière ( avant vous ) à m'avoir fait endurer un tel hurlement de douleur. Toutes blessent, la dernière tue m'avait glacé le sang, m'avait laissé pantelant, assommé, mal à l'aise. Et c'est la première fois depuis cette lecture que je ressens de nouveau cette impression, ce paroxysme de la violence psychologique.
Chacune à votre façon, vous dénoncez avec force et conviction des faits de société auxquels je ne prêtais jusqu'alors pas assez d'attention.
Et puis j'ai aussi pensé à Barbara Abel. En mieux.
Avec un style propre à chacune, vous décrivez des familles plus vraies que nature, l'histoire de gens ordinaires au quotidien relativement banal. Avec tellement de justesse et de sincérité qu'on se reconnaît forcément quelque part, qu'on s'identifie aux personnages. Et puis là où Barbara Abel jette un grain de sable pour faire complétement dérailler l'engrenage, vous êtes encore plus subtile. La famille est pour vous un composant de la tragédie et non un prétexte à celle-ci.
Et puis comment ne pas se rappeler de Je sais pas quand l'un de vos personnages est atteint de diabète ?

Mais avant tout, vous m'avez fait penser à Amélie Antoine.
Parce qu'il n'y a que vous pour donner autant d'authenticité, autant de souffle à vos personnages et à leurs journées en apparence ordinaires.
Il n'y a que vous pour construire de façon aussi machiavélique vos romans. En commençant par la fin ( juin 2017 ) et puis en nous racontant, mois par mois, le temps d'une année scolaire, l'histoire de ces deux familles qui ne présentent quasiment aucune similitude. Deux parcours totalement différents même si, comme dans Les secrets, les personnages sont parfois amenés à se croiser. On comprend simplement qu'ils habitent la même ville, quelque part en France ( ça pourrait être n'importe où ). On apprend que leurs fils fréquentent la même école primaire, ou encore que les pères sont inscrits à la même chorale au sein de cet établissement scolaire.
Les Mariani et les Kessler nous racontent cette difficile année scolaire 2016 - 2017 de leur point de vue d'adulte. Les bons comme les mauvais moments. Entre les problèmes de couple des uns, les soucis professionnels, les tensions avec le voisinage et bien sûr les enfants chaque famille a beaucoup à gérer, à penser. Est-il normal que le petit Clément soit aussi solitaire, aussi réservé ?
"Elle aurait presque préféré un gamin capricieux et bagarreur à cet enfant sage et toujours calme."
Mais même les crises de colère des adolescentes rebelles, qui vivent leurs premiers chagrins d'amour, sont aussi ponctuées de moments de tendresse et de complicité.
"-Tu piges rien, papa. Je suis désolé de te dire ça, mais t'es trop vieux, t'es dans le système, maintenant."
Oui, deux familles pour lesquelles tout n'est pas toujours rose, tout n'est pas toujours avoué, mais rien ne paraît pour autant insurmontable.
Sauf que derrière ces petits et plus gros tracas du quotidien ...
Vous ne nous dites pas tout Amélie.
Juste la version du vécu et du ressenti des parents. Et si certains détails revêtaient une importance cruciale ? Et si parmi les ellipses et les sujets trop rapidement évoqués se cachait quelque chose de plus sombre ?
A l'instar du magnifique film L'effet papillon, ce qu'on ne voit pas est encore plus primordial que tout le reste. Des sujets en apparence survolés seront amenés à prendre une toute autre dimension.
Il n'y a que vous pour rendre le lecteur acteur et non pas uniquement spectateur.
Vous savez que je m'en suis voulu de n'avoir rien vu une fois la seconde partie entamée ? Que j'ai culpabilisé d'avoir été aussi aveugle moi aussi ? Que je me suis retrouvé aussi stupide que ces parents qui n'ont pas su comprendre ce qui était sous leur nez depuis le début ?

Et j'en profite bien évidemment pour pousser un coup de gueule envers XO, votre nouvel éditeur, qui à mon sens n'a pas le moindre respect ni pour le lecteur, ni pour votre travail. le bandeau signalant "Deux familles où, en apparence, tout va bien" était amplement suffisant sans qu'il ne soit la peine de tout gâcher avec une quatrième de couverture qui en dévoile dix fois trop. Même sans l'avoir lue je suis tombé sans le vouloir sur le mot en "H" et j'aurais tellement voulu que ma surprise soit totale. C'est tout le sens de votre roman, ne pas nous dire où vous nous emmenez, ne nous laisser que de vagues indices parce que nous pourrions être les parents de ces deux familles.
Nous prendre par surprise, c'était bien l'objectif que vous vous étiez fixé, non ? Nous montrer ce qu'il pouvait y avoir derrière des apparences presque anodines ?
Et puis un responsable marketing a du passer par là, vous savez, ceux qui savent tellement mieux faire vendre que l'auteure elle-même, fusse-t-elle lauréate du prix amazon de l'auto-édition en 2015.
- Dites patron, j'ai un problème avec la présentation du nouveau Amélie Antoine, il se passe rien de suffisamment racoleur dans la première partie pour attirer les clients.
- C'est pas grave, t'as qu'à raconter la fin, le tout c'est que ça fasse vendre ! Le reste on s'en fout.
Oui, en lisant à la fin du livre la présentation, c'est vraiment du dédain que j'ai ressenti. Du mépris tant pour vous et la façon si subtile que vous aviez choisie pour vous exprimer et donner du relief à votre message que pour le lecteur qui est trahi et qui attend pendant presque deux-cent pages qu'on en vienne enfin aux faits, alors qu'il était de toute façon censé les ignorer.
Bref, vous comprendrez j'espère que j'encourage tous vos futurs lecteurs à déchirer cette quatrième de couverture, de la barbouiller au marqueur indélébile ou tout au moins de la cacher avec un protège-cahier de couleur. Il faut absolument partir le plus vierge possible de toute information pour que le livre produise son effet.
Plus il impactera et plus les consciences se réveilleront.

Un autre mot en "H" qui est très important, et qui est même au centre de Raisons Obscures, c'est la Honte.
"Lui se sent tellement honteux d'être à ce point oisif qu'il n'ose pas en parler à qui que ce soit."
"Personne ne pourra la faire se sentir plus honteuse qu'elle ne l'est déjà, de toute façon."
"Comme il lui paraît avoir été un type méprisable, soudain."
La honte, la culpabilité, le malaise que l'on ressent sont autant de raisons de ne rien dire, de ne pas s'exposer, de tenter de régler ses problèmes seuls sans intervenant extérieur. Quand on est blessé, quand on est victime des circonstances, quand on se sent coupable ... on se tait.
Et c'est là que commencent les secrets, les silences.
C'est là aussi que l'on se focalise sur soi au détriment du reste.
"Lentement mais sûrement, il s'enfonce un peu plus dans les sables mouvants des non dits."
De l'embarras à l'humiliation, ces émotions seront ressenties par tous les membres des deux familles, tôt ou tard :
Etre devenu inutile au travail, devoir cacher sa maladie à ses amies, avoir envie de supplier sa femme de rester quand elle préfère se lover dans les bras de son premier amour, rater un spectacle de magie diffusé à la télévision, ne pas parvenir à trouver seule de compromis avec un voisin de mauvaise foi.
Alors chacun tente de faire au mieux, de donner le change en société ou même en famille. Ou tente de se faire oublier, de disparaître.
Parce que c'est dans notre éducation de vouloir cacher ces fissures, de vouloir paraître plus fort qu'on ne l'est réellement.
"Il aurait suffi de si peu pour que tout soit différent."

Quand je vois à quel point ma lecture a été difficile, je n'ose même pas imaginer comme son écriture a du être douloureuse pour vous. A l'inverse d'un trop grand nombre de romans, ce sont de véritables personnages qui surgissent de votre imagination, vous leur donnez un corps et une âme. Ils existent je pense pour vous comme pour moi davantage que certaines victimes bien réelles qui ont simplement droit à un encart dans les faits divers d'un journal.
En leur donnant un nom, une histoire, vous avez du fortement vous attacher à eux. Ils ont plus de substance tout comme les dix personnages inventés se rendant au Bataclan le 13 novembre 2015 dans Au nom de quoi étaient finalement plus réels à mes yeux que les véritables victimes, ou du moins ils ont contribué à donner à celles-ci un visage, un nom, une identité … comme un vibrant hommage.
Et même s'il faut le faire afin que votre message conserve tout son impact, n'est-ce pas difficile de leur faire du mal alors qu'on sent à quel point vous les aimez ?

Si je souhaite un immense succès à Raisons obscures, afin que l'attention de tous soit décuplée et que vos lecteurs puissent cette fois parfois réagir avant qu'il ne soit trop tard, je pense que sa place est avant tout dans les lycées. Je ne travaille pas pour l'Education Nationale mais je suis convaincu que si un tel roman était au programme de seconde ou de première, non seulement les élèves seraient moins dégoûtés de la lecture qu'avec les classiques qu'on leur impose encore aujourd'hui mais en plus, les mentalités auraient alors une réelle chance d'évoluer de l'intérieur.

Et j'achèverais simplement en vous remerciant chaleureusement pour ce roman magistral, qui a appuyé sur quelques cordes sensibles et fait remonter quelques souvenirs douloureux à la surface.
Vous avez vraiment un talent extraordinaire.


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Citations et extraits (128) Voir plus Ajouter une citation
Depuis qu’elle avait revu Matthias, elle avait l’impression d’être à nouveau vivante, comme si le sang s’était remis à circuler dans ses veines, et ce sentiment était si entier, si intense, qu’elle n’envisageait pas une seconde qu’il puisse être répréhensible. C’était comme si elle avait vécu en noir et blanc depuis deux décennies et que la couleur avait subitement fait sa réapparition.
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Juin 2017

La sonnerie de son téléphone retentit, et il lui faut quelques longues secondes pour parvenir à mettre la main dessus et à l’extirper des profondeurs de son sac à main. C’est essoufflée qu’elle décroche :

— Allô ?

À l’autre bout du fil, une voix légèrement éraillée qu’elle ne reconnaît pas résonne parmi des crachotements désagréables, lui ânonne son prénom et son nom, et lui demande si c’est bien d’elle qu’il s’agit. Elle confirme, déjà soupçonneuse puisque habituée aux appels intempestifs d’instituts de sondage ou d’opérateurs téléphoniques. Son interlocuteur semble alors se radoucir, sans doute rassuré de savoir qu’il ne perd pas son temps avec la mauvaise personne.

— Bonjour, madame, je suis le lieutenant Berthelot. Je suis désolé de vous déranger, mais nous aurions besoin que vous veniez au commissariat, rue des Longs-Champs.

Elle s’immobilise, son cœur bondit déjà à une allure folle dans sa cage thoracique. Mécaniquement, elle coupe l’autoradio qui fonctionnait encore à faible volume, referme doucement sa portière pour être au calme.

— Comment ça ? Pourquoi ? Qu’est-ce qui s’est passé ? bégaye-t-elle à la vitesse de l’éclair, son cerveau essayant de ne pas paniquer face aux paroles sibyllines de son interlocuteur.

Quelques secondes de silence de l’autre côté, trop longues pour ne pas laisser présager le pire. Et puis la voix reprend, imperturbable.

— Je préférerais que vous me rejoigniez, madame. Nous aurons tout le temps de parler lorsque vous serez là…

Soudain, elle s’agrippe au volant comme s’il s’agissait d’une bouée de sauvetage.

— Il est arrivé quelque chose à mon mari, c’est ça ? Il a eu un accident ?

— Je ne peux rien vous dire au téléphone, madame, j’en suis désolé. Est-ce que vous êtes loin du commissariat ? Préféreriez-vous que je vienne à votre domicile ?

Désemparée, elle laisse échapper un hoquet de terreur. S’il refuse de lui confier quoi que ce soit au téléphone, c’est forcément que quelque chose de grave s’est produit. S’il ne s’agit pas de son mari, c’est que cela concerne l’un de ses enfants. L’angoisse monte en flèche jusqu’à former un nœud dans sa gorge, un nœud qui enfle et lui comprime les voies respiratoires.

— C’est un de mes enfants, c’est ça ? Dites-le-moi, dites-moi ce qui est arrivé !

— Madame, je vous en prie, essayez de garder votre sang-froid… Ça n’apportera rien de bon si vous vous mettez dans tous vos états. Je peux passer chez vous, si vous le souhaitez…

Elle inspire profondément, ferme les yeux pour tenter de s’apaiser.

— Je vous rejoins au commissariat, j’en ai pour une dizaine de minutes.

Sans attendre l’approbation de son interlocuteur, elle raccroche. S’empresse de mettre le contact en tremblant, démarre en trombe.

Et prend brutalement conscience que sa vie est sans aucun doute sur le point de voler en éclats.

De façon irréversible.


........

1.
Septembre 2016
Famille Kessler

Laetitia Kessler inspecte du regard le vaste palier et laisse échapper un profond soupir. Déjà trois semaines que toute la famille a quitté Toulouse pour venir s’installer dans la petite ville de son enfance, et il reste encore une multitude de cartons pleins un peu partout dans la maison, qui n’attendent qu’une chose : être déballés pour que la demeure ressemble enfin à un foyer. Les chambres des enfants sont dans un état lamentable, même si elles commencent doucement à prendre l’identité de leur occupant. Marjorie, l’aînée de la fratrie, s’est empressée de recouvrir les murs de la sienne de posters aux messages engagés, aux slogans allant de « Réfléchir, c’est commencer à désobéir » à « Make music, not war », en passant par un très philosophique « Un bon prof est un prof absent ». Tout un programme pour l’adolescente de dix-sept ans en rébellion permanente depuis son entrée au lycée…

Orlane, d’un tempérament plus posé, s’est contentée de disposer avec grand soin son précieux matériel de magie dans les cases de sa bibliothèque. À treize ans, elle n’a pas encore défiguré les murs de sa chambre, mais seulement épinglé quelques photos au-dessus de son bureau, dont, évidemment, celle prise peu de temps avant la rentrée scolaire, aux auditions de La France a un incroyable talent. On y voit la jeune fille parfaitement maquillée – un peu trop au goût de sa mère, qui aurait préféré que l’équipe de télévision laisse sa fille au naturel –, en compagnie du présentateur de l’émission, juste devant l’énorme logo argenté. Ses cheveux blond cendré sont impeccablement coiffés en un carré long, son sourire est timide mais ses yeux brillent d’excitation. Dommage que ça n’ait pas été plus loin, songe Laetitia avec un pincement au cœur en revoyant la déception de sa fille après son élimination par le jury.

Dans la chambre d’Ezio, le dernier de la fratrie, on dirait qu’un ouragan est passé. Voire repassé, pour s’assurer que pas un centimètre carré n’a été épargné. Il n’y a certes plus aucun carton dans la pièce, mais, partout, des monticules de jouets. Il suffit d’un coup d’œil sur les Lego, les figurines de super-héros, les billes et les petites voitures en métal pour comprendre instantanément qu’il serait sacrément hasardeux de tenter d’y mettre un pied.

Laetitia ne peut s’empêcher de se faire la réflexion qu’en un sens, rien ne change. Ici ou ailleurs, les chambres des enfants sont identiques : les posters agressifs, les valises de magie, les jouets éparpillés. Loin d’elle l’intention d’être défaitiste, mais à présent que le déménagement est derrière eux, la question de savoir si ce sera suffisant se pose, s’impose.

C’est Yanis qui a eu cette idée un peu folle de bouleverser leur vie à tous, il y a six mois de ça. Un soir où Laetitia était rentrée comme d’habitude éreintée de sa journée à l’hôpital, il l’avait accueillie avec un sourire de gamin malicieux aux lèvres, et elle avait senti sa fébrilité, son impatience. Avec empressement, il l’avait fait s’asseoir sur le canapé du salon, avait attendu quelques secondes sans rien dire. Laetitia s’était demandé s’il ménageait son effet ou s’il se mettait simplement en condition pour lui annoncer une grande nouvelle. Un peu les deux, sans doute, puisqu’il avait fini par lâcher, le souffle court :

— Et si on partait d’ici ?

Elle avait froncé les sourcils, perplexe.

— Comment ça ?

— Et si on déménageait, et si on partait vivre ailleurs ? avait-il répondu du tac au tac, presque agacé qu’elle ne percute pas tout de suite, qu’elle ne se mette pas à sauter de joie sur-le-champ.

— Ailleurs ? avait-elle répété doucement, sans chercher à effacer son air décontenancé.

— Chez toi. On pourrait s’installer dans la ville où tu as grandi, près de tes parents, de ta sœur.

Elle s’était figée, est-ce qu’il pouvait s’agir d’une blague de mauvais goût ? Ça faisait si longtemps qu’elle rêvait de se rapprocher de sa famille… Alors Yanis s’était assis à côté d’elle, avait posé la main sur son genou, et avait répété, presque en murmurant : « Chez toi. » Et ces deux mots lui avaient soudain paru si doux qu’elle en avait eu la gorge serrée.

Yanis lui avait ensuite exposé son idée, il avait pensé à tout, absolument tout. Il avait trouvé un poste dans la société de transports en commun de l’agglomération voisine, un poste qu’il avait de très bonnes chances de décrocher s’il postulait rapidement. Laetitia pourrait enfin quitter l’hôpital où elle trimait depuis plus de quinze ans, et s’installer en infirmière libérale. Avoir des horaires plus flexibles, des journées de travail moins éreintantes. Avoir plus de temps, plus de liberté. Il suffisait de vendre l’appartement de Toulouse, de trouver une maison non loin de là où elle avait passé son enfance. Il suffisait. Dans le regard de son mari, tout semblait si simple, si réfléchi, que Laetitia s’était laissé emporter par son enthousiasme. Elle avait seulement demandé : « Et les enfants ? » Mais Yanis avait balayé le doute d’une simple phrase : « Ils s’habitueront, va ! »

Changer d’air était subitement devenu de l’ordre du possible, il ne s’agissait plus d’un pauvre rêve enfoui de force, auquel on s’efforçait de ne jamais trop penser. Changer de lieu, de travail, de vie devenait soudain quelque chose de tout à fait réaliste.

De son côté, Yanis sentait bien, depuis plusieurs mois, que sa femme se refermait sur elle-même, que son couple commençait à s’étioler un peu trop pour que seules les années puissent en être l’explication. Laetitia s’essoufflait, s’ennuyait, suffoquait, sa morosité en venait presque à vicier l’air familial ; il fallait à tout prix trouver une solution avant qu’il ne soit trop tard. Bien sûr, lui n’avait aucune envie de quitter la Ville rose, où il avait toujours vécu, la ville où, bien des années auparavant, Laetitia s’était empressée de le rejoindre, ravie de partir à l’aventure et de s’installer aux côtés de l’homme de sa vie. Mais il était conscient que le temps était venu de faire des compromis, c’était au tour de Laetitia de passer en premier. Ce soir-là, quand il l’avait observée du coin de l’œil, occupée à se brosser les dents au lavabo de la salle de bains, elle lui avait paru plus déterminée, plus affirmée, quelque chose dans sa façon de se tenir plus droite, de se contempler dans le miroir avec aplomb. Et il avait été convaincu d’avoir fait le bon choix. Il allait sauver leur couple, leur famille – oui, rien que ça –, juste parce qu’il en avait la volonté.

Il était sorti de la pièce en sifflotant, et Laetitia avait consciencieusement appliqué sa crème antirides autour des yeux. Avait insisté sur les pattes-d’oie naissantes, comme si elle conservait l’espoir de les faire disparaître instantanément. La tête encore pleine d’interrogations, elle avait pensé à Marjorie, qui allait certainement tempêter et vociférer qu’il était hors de question qu’elle quitte toutes ses copines de lycée. À Ezio, qui bouderait sans doute un moment lorsqu’il comprendrait toutes les implications du déménagement à venir ; el
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Quand les parents sont à la maison, je mets mon casque et je m’isole avec cette mélodie tragique en dévorant la boîte de chocolats de Noël qu’ils m’ont rapportée du supermarché. Je m’empiffre et je m’en fous - merde, à la fin ! Je compense mes excès avec des unités d’insuline supplémentaires, pas de quoi s’en faire plus que ça ; je ne vois pas pourquoi les diabétiques n’auraient pas le droit à une peine de cœur comme tout le monde.
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Il paraît que quand on se noie, il faut se laisser couler jusqu’à atteindre le fond et pouvoir donner un bon coup de pied pour remonter à la surface. Mais il faut faire quoi, quand on a le sentiment qu’on n’aura jamais fini de descendre dans les profondeurs et qu’il y aura toujours plus, toujours pire ?
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Le diabète, c’est comme jouer au funambule en permanence. Marcher sur une corde bien raide, et savoir que vous aurez beau avancer du mieux que vous pourrez, vous n’arriverez jamais à l’autre bout, parce que vous êtes condamné à faire l’équilibriste jusqu’à votre mort. Y aura pas de répit, pas de rémission, pas de guérison. C’est ça, vivre presque normalement ? Osciller vingt-quatre heures sur vingt-quatre entre l’hypoglycémie et l’hyperglycémie ? 
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