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Citations sur Le gang de la clef à molette (Ne meurs pas, ô mon désert) (254)

La première chose qu'ils virent, ce furent des amoncellements de terre remuée, des bancs stériles en formations parallèles, des alignements de roches, et du sol retourné qui ne nourrirait plus jamais une seule racine d'herbe, de buisson ou d'arbre (sur la durée de vie probable de la nation navajo, vendue, trompée, trahie).
Ils virent ensuite un excavateur Euclid, avec une cabine située à vingt pieds de haut, venant droit sur eux, tous phares allumés, cornant comme un dinosaure blessé, la cheminée d'échappement crachant une fumée noire. Au volant, un fermier déraciné de l'Oklahoma ou du Texas, secoué comme un sac de noix, le pied sur l'accélérateur, les regardait derrière des lunettes de soleil foncées, un masque antipoussière sale pendu à son cou. Bonnie eut tout juste le temps de quitter la route avant un choc fatal.
Elle alla se garer à l'ombre et sous le couvert d'un bosquet de pins pignons. Ils gagnèrent ensuite à pied la hauteur la plus proche pour une observation à la jumelle.
Ce qu'ils virent est difficile à décrire avec les mots d'un quelconque langage humain. Bonnie pensa à une invasion de Martiens, à La guerre des mondes. Ke capitaine Smith se souvint de la mine Kennecott's à ciel ouvert (la plus grande du monde, disait-on) près de Magna dans l'Utah. Le docteur Sarvis songea à la chaîne d'oligarchies et d'oligopoles impliqués : Peabody Coal n'était qu'un bras de Kennecott Copper, Kennecott qu'un membre de l'United States Steel, elle-même impliquée dans des relations incestueuses avec le Pentagone, Standard Oil, General Dynamics, Dutch Shell, I.G. Farben Industries, le tout formant un conglomérat s'étendant sur la moitié de la planète Terre, comme un monstre aux multi-tentacules, à la vision totale, au bec courbe, ayant pour cerveau une banque de données, pour sang un flux de monnaie, pour coeur une pile atomique et pour langage le monologue technotronique de nombres imprimés sur une bande magnétique.
George Washington Hayduke, lui, eut la vision la plus simple et la plus claire : il pensa au Vietnam.
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- Est-ce qu'on sait ce qu'on fait, et pourquoi ?
- Non.
- Est-ce que c'est gênant ?
- On élaborera ça au fur et à mesure. Laissons notre pratique informer la doctrine, cela garantira la précision de notre cohérence théorique.
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Nul ne peut dire avec précision si un pin est sensible ou non, ni jusqu'à quel degré un organisme de ce genre peut souffrir ou avoir peur. De tout façon, les constructeurs de route ont d'autres chats à foutter, mais il est clairement et scientifiquement prouvé qu'un arbre vivant, déraciné, met plusieurs jours à mourir. p111
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"Si vous tuez pour de l'argent, vous êtes un mercenaire.
Si vous tuez pour le plaisir, vous êtes un sadique
Si vous faites les deux, vous êtes un béret vert.
Bienvenue"
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Presque partout le paysage était dépourvu de routes, inhabité, désert. Ils avaient envie qu’il restât ainsi. Ils feraient tout pour cela. Pour le garder tel quel. » Et pour tout faire, ils vont tout faire les quatre membres du gang. Un ancien du Vietnam, un mormon polygame ainsi qu’un chirurgien et sa maîtresse délurée, vont se lancer dans une série de sabotages des ponts tendus entre les canyons et des énormes engins de travaux publics qui détruisent la nature millénaire pour construire les routes qui apportent la civilisation moderne. Bien entendu les autorités ne vont pas les laisser faire et la longue traque commence. Le récit se déroule dans les splendides paysages de l’Utah et de l’Arizona, ces déserts mythifiés pour nous autres Européens, par les westerns. L’écriture est précise et documentée, les détails techniques sur les bulldozers et les armes sont maîtrisés, les descriptions des paysages avec leur faune et flore révèlent un amoureux fou de cette terre vierge qui tend à disparaître inexorablement. Tant qu’il y a de la vie, il faut se battre mais les combats les plus beaux sont aussi les plus désespérés. « C’était donc le Vietnam qui continuait. Rien ne manquait sinon la végétation et Westmoreland, les putes et les drapeaux. Et moi comme dernier Viet dans la jungle. Ou le premier peut-être.
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Presque partout le paysage était dépourvu de routes, inhabité, désert. Ils avaient envie qu’il restât ainsi. Ils feraient tout pour cela. Pour le garder tel quel. » Et pour tout faire, ils vont tout faire les quatre membres du gang. Un ancien du Vietnam, un mormon polygame ainsi qu’un chirurgien et sa maîtresse délurée, vont se lancer dans une série de sabotages des ponts tendus entre les canyons et des énormes engins de travaux publics qui détruisent la nature millénaire pour construire les routes qui apportent la civilisation moderne. Bien entendu les autorités ne vont pas les laisser faire et la longue traque commence. Le récit se déroule dans les splendides paysages de l’Utah et de l’Arizona, ces déserts mythifiés pour nous autres Européens, par les westerns. L’écriture est précise et documentée, les détails techniques sur les bulldozers et les armes sont maîtrisés, les descriptions des paysages avec leur faune et flore révèlent un amoureux fou de cette terre vierge qui tend à disparaître inexorablement. Tant qu’il y a de la vie, il faut se battre mais les combats les plus beaux sont aussi les plus désespérés. « C’était donc le Vietnam qui continuait. Rien ne manquait sinon la végétation et Westmoreland, les putes et les drapeaux. Et moi comme dernier Viet dans la jungle. Ou le premier peut-être.
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Content, Hayduke se tape une autre bière, la dernière des six achetées à Flagstaff, et conduit sa jeep vers la rivière à la vitesse tranquille et raisonnable de soixante-dix miles à l'heure en braillant une chanson incohérente. Il est en fait un danger pour les autres conducteurs mais il se justifie de cette manière : si vous êtes sobre ne conduisez pas, si vous buvez conduisez comme un fou. Pourquoi ? Tout simplement parce que le pied c'est la liberté, pas la sécurité. Parce que les routes devraient être largement ouvertes à tous : enfants sur des tricycles, petites vieilles dans des Plymouth Eisenhower, lesbiennes homicides conduisant des tracteurs à remorque Mack de quarante tonnes. Foin des choix, des permis, au diable les codes de la route. Que nos routes accueillent tout le monde.
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Hayduke portait maintenant des shorts déguenillés et un chapeau de cuir. Ses yeux étaient rouges. Il sentait la sueur, le sel, la boue et la vieille bière. Doc Sarvis, bien droit et digne, la barbe bien soignée, le considéra avec réserve. Ce sont les gars comme Hayduke qui donnent mauvaise réputation aux barbus.
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