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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
J'ai tellement aimé la première partie du livre, que j'ai failli, pure folie, en écrire une critique avant de l'avoir terminé.
Dès les premières lignes, l'écriture enveloppante de l'auteure m'a saisie. Elle se tisse de nombreuses anaphores, avançant ainsi, petit à petit, tout en nuances, au plus près de la vérité des êtres, de la subtile complexité de leur relation et de leur amour. Les liens qui unissent le père et la fille sont d'une beauté déchirante, leur dialogue empêché se passe finalement bien des mots puisque leur identité-même signe leur filiation : même sensibilité, même pudeur, même mal-être en société, même amour des plantes et de la poésie qui habite toute chose, si l'on regarde bien.
Cependant, et malgré mon extase des premiers instants, j'ai fini par me lasser dans le dernier tiers du livre. Trop de répétitions, le père et la fille ressassent leurs souvenirs, leurs douleurs, leurs empêchements sans que le récit progresse ou que le ton change. Cela finit par en devenir monotone et j'ai tourné les dernières pages avec moins de fièvre.
Quoi qu'il en soit, je n'oublierai pas de sitôt la beauté des premières pages qui ne laisse aucun doute sur le talent de l'auteure et je découvrirai avec plaisir ses prochaines oeuvres.
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Le sujet central de ce livre est la relation père/fille.
C'est une sorte d'huis-clos, les chapitres alternent la voix du père et celle de la fille. Nous sommes en pleine guerre civile au Liban où le père se sent étranger dans son pays car n'appartenant à aucun parti.
Le lien père/fille est très fort mais il y a un grand mutisme de la part de la fille face à son mal-être et à sa souffrance car elle sent qu'elle ne doit pas en parler afin de protéger son père dont elle devine la grande vulnérabilité.
Leur terrain commun est les plantes, et les mauvaises herbes qui sont des étrangères parmi elles, tout comme l'est son père dans son pays.
Ce livre, d'une écriture délicate, nous fait alternativement partager les pensées du père et de la fille avec leur souffrance, leur mal-être, les regrets et leur impossibilité à communiquer. Tout est dans le non-dit de chacun, mais ce non-dit est malgré tout entendu par l'autre.
Je recommande ce livre, bouleversant de souffrance et d'espérance, dont le thème de la relation père/fille est universel et peut se transporter dans n'importe quel foyer.
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A douze ans, la narratrice de Mauvaises herbes quitte le Liban en proie à la guerre civile. Elle laisse derrière elle son pays et son père, ce tendre géant qui lui a appris l'amour des mots et des plantes, qu'il soignait inlassablement sur le balcon de l'appartement de Beyrouth. Arrivée à Paris, où elle se résigne à une vie solitaire, la jeune fille tente de maintenir un lien avec son enfance en cultivant des plantes dont la présence discrète devient pour elle une sorte de refuge, un réconfort face à son anxiété suffocante.

Récit à deux voix, Mauvaises herbes donne à entendre les non-dits et les incompréhensions de plus en plus irrémédiables qui s'installent entre un père et sa fille séparés par un continent. D'une grande sensibilité, ce premier roman de Dima Abdallah oppose aux démons qui dévorent ses personnages la calme résolution des plantes et des mauvaises herbes qui se frayent un chemin au coeur de tous les désastres. Attentive à leurs bruissements, à leurs parfums, à leurs couleurs, Dima Abdallah propose ainsi une variation aussi subtile qu'expressive sur les thèmes de l'exil et du déracinement.
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Beau roman sur les thèmes de l'exil (fuite de Beyrouth vers Paris), de la difficulté de s'intégrer, sur la relation père-fille. Personnellement j'ai préféré les premiers chapitres sur l'enfance et les ravages causés par la guerre. Ensuite, les chapitres m'ont semblé redondants entre les récits du père et de la fille, avec des redites n'éclairant pas les propos et un manque d'explications. le rôle de la mère est peu présent, comme un fantôme alors que le père semble l'avoir adoré. Heureusement, le style est beau et poétique.
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De très belles pages sur le fil invisible qui relie une enfant, une ado, puis une femme à ses racines filiales et géographiques.
Un livre sur l'exil, la guerre, l'enfance et le métissage.
J'ai beaucoup aimé le style de Dima Abdallah, même si parfois j'ai eu un tout petit sentiment de répétition.
Un premier roman très prometteur, à lire assurément !
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Entrer dans le rythme de ce roman peut paraître difficile mais il mérite véritablement de poursuivre la lecture jusqu'au bout.
Une formidable histoire d'amour entre un père et sa fille au sein d'un monde en pleine guerre.
Une guerre adoucit par cette tendresse et par l'amour des plantes.
Un roman qui mérite d'être découvert malgré un thème difficile. J'ai eu du mal à rentrer dedans dans la première partie du livre, mais il mérite vraiment que l'on insiste sur la lecture, vous ne serez pas déçus.
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C𠆞st un livre à deux voix, celles d’une jeune fille et son père, entre un journal intime et un roman épistolaire. Les mots valsent entre ce père, journaliste et écrivain, qui exprime ses tourments à tenter de protéger sa fille, et cette dernière qui résiste, ne pleure pas malgré les explosions, les corps déchiquetés ... et qui lui écrit des poèmes « La poésie, c𠆞st peut être ce qu’on écrit quand on n𠆚rrive pas à pleurer comme les autres ».
Elle est née à Beyrouth pendant la guerre civile et a appris à ne rien montrer de ses peurs, plongeant dans le regard de ce père, ce géant, lui tendant la main comme on s�roche à un fil pour ne pas sombrer. Elle qui craint les fantômes plus que bombes, grandit au milieu de la désolation et trouve refuge dans les plantes, y compris (et surtout) les mauvaises herbes « celles qui poussent au mauvais endroit au mauvais moment, mais qui prolifèrent ailleurs […], qui s�harnent à vivre dans les milieux les plus hostiles ». Car il faut vivre malgré tout et ne pas montrer sa peur.
Quand le départ s’impose, le déracinement va lentement déverser son poison dans les veines et surtout le cœur de cette jeune femme, ce cœur qui garde tout, trop, qui gonfle et finit par devenir incontrôlable. Enfant, habituée pendant des années à déménager, à n𠆞mporter que l𠆞ssentiel dans un sac à dos bleu, devenue adolescente puis adulte, elle est perdue devant ces objets, ces souvenirs qui s�umulent et dont elle ne sait quoi faire.
Très beau premier roman sur la relation forte mais silencieuse entre un père et sa fille, séparés à cause d’une guerre civile qui dévisagea leur pays, sur l𠆚rrachement à une terre (même sous les bombes) et sur le comment on se (re)construit malgré tout.
L’écriture est à la fois forte, poétique et d’une sincérité qui m𠆚 profondément touchée.
Une dernière citation de cette auteure pour illustrer cette difficulté à vivre l𠆞xil «  de ce quartier peut-être, où on n𠆞st pas seuls à être de nulle part. de ce quartier où, vu qu’on est nombreux à être un peu d’ici, un peu de là-bas, un peu de bientôt ailleurs, on en fait un petit pays, un endroit où l’on se ressemble et qui finit par nous ressembler ».
Premier roman de cette auteure libanaise qui, comme son géant de papa, écrit pour mieux se relever. Puissant et bouleversant !
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Ce récit nous emmène au Liban, à Beyrouth, en pleine guerre civile au début des années 1980. Nous découvrons le lien inaltérable qui unit une petite fille à son père dans un monde qui tremble et qui s'effondre sous les bombes. Accrochée à la main de son père, à son doigt, l'enfant avance dans un monde qui n'est pas fait pour elle. L'enfant et son père n'ont pas leur place dans ce monde en guerre. Mais on sent qu'ils ne trouveraient pas non plus leur place ailleurs, dans un autre contexte. Tous deux sont de la "mauvaise herbe", de celles qui poussent tout simplement au mauvais endroit. La violence de la guerre fait germer une angoisse intense, qui se saisit du corps de l'enfant et qui transformera à jamais son existence. le père, lui, veut rester ce géant indispensable à sa fille, celui qui protège et fait grandir. Sauf que lui non plus n'est pas adapté à ce monde, ni sans doute à aucun autre. Il se détruit petit à petit, n'étant plus d'aucun secours pour sa fille. Ni l'un ni l'autre ne savent parler, se parler. Ils gardent tout enfoui au plus profond d'eux, souriant pour donner le change. Pour faire comme si tout allait bien. Malgré cette descente aux enfers, tous deux resteront liés à jamais, même quand la fillette quittera le Liban avec sa mère, pour rejoindre la France, l'année de ses douze ans. Par delà la Méditerranée, le lien qui unit l'enfant à son père restera solide, indestructible et destructeur.
J'ai aimé ce récit d'un attachement à la fois merveilleux et destructeur, d'un déracinement quel que soit le lieu où on habite. On connaît cette fidélité aux parents, à la famille dans laquelle on grandit, même si cet attachement est toxique. La plume de Dima Abdallah est douce et poétique. Elle traduit aussi la violence de la guerre et des drames qui se jouent dans les coeurs et les corps de la fillette et de son père. J'ai été touchée par la perception de cette angoisse et de cette inadaptation au monde et de la manière dont cela se traduit dans les corps et les comportements. Comment ils tentent de faire bonne figure et de continuer à vivre. le lecteur suit leurs évolutions au cours d'une quarantaine d'années, de 1983 à 2019, les descentes aux enfers et les sursauts. L'incapacité du père à "se faire violence", selon la formule populaire, pour dépasser ses angoisses et être présent pour sa famille. Comment, d'ailleurs, "se faire violence" quand toute sa vie n'a été que violence et terreurs ? le père, puis sa fille plus tard, écrit, noircit les pages les unes après les autres. Je me suis souvent demandée d'ailleurs pourquoi ces deux-là ne s'écrivaient pas. Pourquoi ils n'avaient pas alimenté une correspondance par delà la Méditerranée, pour s'écrire ce qu'ils étaient incapables de se dire. Cela m'a semblé tellement dommage.
…/…
Un premier roman riche, sensible et violent à la fois, touchant et poétique. Une nouvelle auteure à suivre très certainement.
Lien : https://itzamna-librairie.bl..
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Elle a peur de le perdre, elle serre sa petite main sur le doigt de son géant. Pas besoin de parler, elle sent toutes ses émotions. Elle sent quand il a peur, quand il est tendu, quand il est stressé car il faut fuir. Ses petites jambes ont alors du mal à suivre. Beyrouth, 1983. Des pluies d'obus ou de tirs, imprévisibles. L'instant c'est la vie dans ce chaos. Avec ses parents, ils n'habitent plus dans leur appartement. Mais dans celui que des amis absents leur ont prêté.



"Les seuls moments où j'ai un peu peur, c'est quand il faut s'arrêter devant les soldats. Ils font des gestes des bras et des mains pour dire si on peut passer ou s'il faut s'arrêter. Ils arrêtent les gens pour leur poser des questions que je ne comprends pas bien. Ils demandent souvent où on va et je ne vois pas bien ce que ça peut bien avoir comme importance. Ils demandent aussi les papiers d'identité et ça non plus je ne comprends pas bien pourquoi. Je ne vois pas ce que ça peut bien leur faire, de savoir comment on s'appelle et quand on est né. Parfois ils crient sur mon géant et il n'y a rien que je déteste plus au monde, qu'on crie sur mon père."



"Une fois en route, je me retournais souvent pour voir si elle avait peur, mais elle restait calme, comme d'habitude, et me souriait de temps en temps. A mi-chemin de la maison, je lui ai dit que le marchand de glaces était sûrement fermé à cette heure-ci. Demain on irait tous les quatre prendre un gros cornet de glace italienne au bord de la mer. Elle n'a pas insisté. Elle n'a pas répondu. Après une énorme détonation, je l'ai vue dans le rétroviseur, toujours calme, les deux mains sur les oreilles."



Une petite fille et son père que l'on va suivre pendant une trentaine d'années. Entre le Liban et la France. Séparés mais finalement connectés l'un à l'autre, chacun dans leur solitude. Quand les choses deviennent trop insupportables au Liban, le père décide d'envoyer sa femme et sa fille à Paris. Pour leur assurer un avenir meilleur. Lui, il est journaliste, écrivain, poète. Quelque chose comme cela. La petite fille grandit. Déjà au Liban, elle se sentait différente. Très introvertie, elle reste à l'écart dans la cour de l'école. En France, elle déteste qu'on lui pose plein de question et qu'on la prenne en pitié.



"Les différents sont encore plus seuls à Paris qu'à Beyrouth. (...) J'ai passé six mois à me dire que je voulais rentrer. Je sais que je ne risque rien ici, il 'y a pas de guerre, je suis en sécurité et c'est déjà pas mal. Je suis grande, je comprends très bien ces chose-là (...). Peut-être qu'un jour viendra, si je reste ici, où je me serais si bien habituée que je prlerai aussi bien français qu'arabe. Peut-être même que mon français, qui est déjà meilleur à l'écrit que celui de mes camarades de classe, évoluera jusqu'à commener à grignoter ma langue maternelle. Dans quelques années, je me mettrai peut-être à rêver en français. Je suppose que mon accent va vite disparaître(...)".



Elle se lie d'amitié avec une fille qui affiche toujours un sourire était cousu sur son visage. Les deux solitudes se lient d'amitié. Mais finalement, il y a un tel gouffre destructeur...



Dima Abdallah parle d'enfance en ruines, de solitude, de différence, de liberté, celle de rester qui on est quitte à ne pas rentrer dans le moule, mais aussi de souffrance, de cette souffrance justement d'être en rupture de ban. de déracinement. Elle parle aussi de relation père-fille. de paternité. de regrets. de l'inquiétude d'être père dans un pays en guerre et puis d'être père d'une jeune femme exilé et qu'il sait fragile. Une histoire de déchirure sans fin.



C'est un magnifique roman, écrit comme une partition de musique. Car oui, il y un rythme, une musique dans la plume de Dima Abdhallah. Un roman douloureux mais aussi sensuel où l'odeur du jasmin et la marjolaine qui vous ramènent au pays.



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Ce livre est un traité de jardinage, mais il s'agit du jardinage de l'âme.
L'auteur nous entraîne dans une relation père-fille qui s'étale sur une quarantaine d'année, qui part de Beyrouth pour aller à Paris et qui s'exprime alternativement par la voix de la fille et celle du père.
La fille est née au début du conflit au Liban. Nous la découvrons, âgée de 6 ans et plongée dans le chaos d'une ville ravagée. le père se tient debout face aux événements et lutte pour préserver son intégrité, sa dignité.
Dans cette relation forte entre père et fille, il y a une double attraction qui court sur tout le récit. La fille cherche à préserver son père de sa peur en se fermant à double tour. le père cherche à protéger sa fille en simulant une vie normale dans un monde fou.
Rarement, le sentiment d'angoisse et de mal être a été aussi bien rendu. Ce qui ne rend pas la lecture facile même si le texte est servi par un style fluide, direct et concis.
L'amour des plantes revient très régulièrement et compose une musique lancinante qui sert de fond à ce récit. Cette métaphore filée souligne en pointillés la difficulté à faire grandir cette relation père-fille sans la détruire, à l'accompagner dans le temps, même s'il faut pour cela soigner les mauvaises herbes.
C'est une histoire poignante et sincère, portée par une auteure, Dima Abdallah, qui a su traduire des douleurs profondes et les faire affleurer dans son texte, sans brutalité.
Je recommande ce livre difficile, quelquefois hermétique, mais qui approche de très près la réalité de ces vies déchirées par le conflit du Liban. Un livre qui n'oublie pas de convoquer la poésie pour redonner du sens à un monde qui s'égare. Un livre sur les adventices, « ces hôtes de lieux incongrus, ces hôtes que personne n'a voulus, qui dérangent mais s'en moquent bien et n'en finissent pas de pousser ».
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