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Elle a six ans, son géant de papa vient la chercher à l'école avant l'heure en raison d'une alerte. Des alertes, il y en a souvent à Beyrouth en 1983. Pour que son géant ne s'inquiète pas pour elle, elle s'accroche bien à son doigt et elle lui sourit. Elle garde ses larmes et son angoisse à l'intérieur, dans la boule qui obstrue sa gorge. Tout s'est bien passé à l'école. Tout va bien, sauf l'ascenseur du nouvel immeuble en panne. Alors elle reste sur les marches à se remplir de pop corn en essayant de ne pas penser à l'appartement qu'il a fallu quitter en pleine nuit, aux barrages, aux soldats qui vous regardent de travers, à la joie qui s'effrite, à son géant qui vacille.

C'est le premier roman de Dima Abdallah, qui alterne les voix de la petite fille, puis de la jeune femme, avec celle de son père. Une histoire sensible de lien père fille au-delà du silence, de l'exil et de la violence de la guerre civile libanaise.

Deux voix qui essaient de se sauver par la poésie, l'écriture. Deux voix parallèles qui malgré un amour profond, peinent à se retrouver.

J'ai été happée par cette écriture et cette émotion. Une superbe autobiographie à lire ou relire absolument par les temps qui courent !
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Cette autrice, originaire du Liban, a écrit deux livres et il s'agit ici de son premier.
Nous plongeons dans le Liban de la guerre, des milices, des destructions ; nous plongeons aussi dans une relation fusionnelle entre un père et sa fille des 3 ans de celle-ci à ses 40 ans, de Beyrouth à Paris, d'appartement en appartement, de balcons fleuris en balcons fleuris.
Cette relation est à la fois douce et belle mais également destructrice puisqu'elle empêche, au sens propre du terme, les deux protagonistes de respirer.
L'écriture est magnifique, fluide ; mais j'ai, personnellement, trouvé ce livre trop triste. Il pourrait avoir tendance, si ce n'était la fin (et encore !) à démolir notre moral. Il faut être en forme pour le lire, je le déconseille à tous ceux dont le moral est en berne...
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De très belles pages sur le fil invisible qui relie une enfant, une ado, puis une femme à ses racines filiales et géographiques.
Un livre sur l'exil, la guerre, l'enfance et le métissage.
J'ai beaucoup aimé le style de Dima Abdallah, même si parfois j'ai eu un tout petit sentiment de répétition.
Un premier roman très prometteur, à lire assurément !
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J'ai trouvé très belles les premières pages de ce roman qui débordent de l'amour d'une petite fille pour son père. L'alternance des narrateurs était intéressante, mais mon intérêt s'est vite émoussé. le contexte, la guerre au Liban dans les années 80, puis l'exil et le déracinement ne sont abordés que du point de vue du ressenti, les souvenirs doux-amers de la fille, le poids qu'elle charrie sans qu'il soit bien défini et l'amertume, voire la dépression du père. Je ne sais plus qui a dit que les livres qu'on aime sont ceux qui nous parle de nous. Ce roman ne m'a pas parlé. J'ai même eu par instants le sentiment d'être une intruse, de lire le journal intime ou les lettres de quelqu'un d'autre. J'imagine qu'il y a un beaucoup de l'autrice dans ce roman ; j'espère que son écriture l'aura allégée. Je ne conseille pas cette lecture à quelqu'un qui veut en savoir plus sur Liban, ce n'est pas le propos du livre.
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Le destin de deux êtres, un père et sa fille, deux êtres à la sensibilité exacerbée, que la guerre, celle du Liban, va meurtrir, définitivement pour l'un, avec une embellie pour l'autre au bout de longues années d'errance. Dima Abdallah, dans une langue polie à l'extrême, empreinte d'une profonde délicatesse, décrit les tourments de ces deux âmes angoissées, que les aléas de la vie vont séparer mais qu'un lien reliera à jamais tant ils sont le reflet l'un de l'autre. Un beau roman, dérangeant à la limite, parfois, de l'insupportable, non dénué toutefois d'une certaine préciosité qui peut agacer lorsqu'elle empêche de faire corps avec les personnages et les sentiments qu'ils expriment. Mais un très bel objet littéraire, malgré tout…
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Entrer dans le rythme de ce roman peut paraître difficile mais il mérite véritablement de poursuivre la lecture jusqu'au bout.
Une formidable histoire d'amour entre un père et sa fille au sein d'un monde en pleine guerre.
Une guerre adoucit par cette tendresse et par l'amour des plantes.
Un roman qui mérite d'être découvert malgré un thème difficile. J'ai eu du mal à rentrer dedans dans la première partie du livre, mais il mérite vraiment que l'on insiste sur la lecture, vous ne serez pas déçus.
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Une fillette et son père dans un Liban dévasté par la guerre civile.
Cette fille cache sa peur, ses sentiments. Et le père, infaillible en apparence, cache une faiblesse (si c'en est une ) : ne pas aller au conflit, ne pas prendre parti, pour pouvoir continuer de vivre, d'écrire, de protéger les siens. Ce qui le détruira.

Chaque chapitre est une tranche de vie. L'ordre chronologique est respecté mais parfois plusieurs années se passent avant de retrouver nos narrateurs (le narrateur varie d'un chapitre à l'autre : une fois la fille, une fois le père).
L'enfance au Liban, l'exil de la fillette vers la France, la découverte de Paris, la fugue, l'entrée dans l'âge adulte...

Le style est celui de l'introspection (chez le père comme chez la fille) . L'écriture devient indigeste au bout d'un moment : beaucoup de petites phrases choc, plutôt bien tournées, qui se veulent définitives, et qui sont malheureusement redondantes puisqu'on a l'impression que l'évocation d'un sentiment est très souvent étirée sur 2 pages. Bref, une certaine lassitude à la fin de l'ouvrage...
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Ce roman est un véritable uppercut qui touche en plein coeur.
Récit qui commence en pleine guerre civile du Liban et qui alterne les chapitres entre le ressenti d'une petite fille et celui de son père au fil des années.
Cette enfant est une victime de la guerre et son corps comme sa tête sont eux aussi en pleine guerre civile.
A ne pas vouloir choisir de camp, on fini par s'isoler et à vivre en marge de la société.
Comment se construire sur un champ de ruine et trouver sa propre identité ?
Roman à l'écriture ciselée avec beaucoup de poésie et d'émotion.
Très belle pépite à lire et relire !!!
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Voilà un roman étrange, pesant, qui traite de la survie d'une enfant exilée. Enfant qui s'accroche à son père, pas seulement à son seul majeur(?) qu'il lui cède comme une bouée de sauvetage lors de leur fuite des premières années.
Parallèlement à la survie de cette enfant, il y a celle du père qui s'exprime à travers les pages qu'il noircit. Petite fille qui ne sait pas pleurer, elle devient une adulte qui n'arrive ni à communiquer, ni à trouver d'autre sens à la vie qu'à travers des fuites répétées.
Roman de l'angoisse, du mal- être mais aussi de la tendresse filiale qui n'a pas besoin de mots pour exister, construit sur des séquences répétitives, qui pourraient n'avoir de fin. J'avoue avoir été plusieurs fois, moi-même, au bord de l'irrespirable, j'aurais aimé entr'apercevoir une lueur d'espoir. La question reste posée : comment tous ces peuples maltraités par les guerres, exilés contraints peuvent-ils un jour arriver à trouver un nouvel intérêt à leur quotidien ?
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Pour son premier roman, Dima Abdallah nous emmène à Beyrouth, au Liban, le pays où elle est née en 1977.
Si, Mauvaises herbes est un roman, il est clair que l'auteure qui vit à Paris depuis 1989 a mis beaucoup d'elle-même dans celui-ci.
Nous voici donc à Beyrouth en 1983, pendant la guerre civile, avec une enfant de six ans que son père vient chercher à l'école car les bombardements ont repris. Sitôt là, elle s'accroche fermement au doigt de son géant de père qui l'escorte vers la sortie pour atteindre la voiture et rentrer à l'appartement. Elle nous fait part de ses sentiments vis-à vis de ce père qu'elle vénère et qu'elle observe intensément pour faire abstraction du décor et être seule avec lui : « la terre est dépeuplée de tout le reste ». Elle a une confiance absolue en lui, il est la personne la plus forte qu'elle connaisse, même si, une fois, un soldat l'a frappé et l'a fait saigner, qu'il ne s'est pas défendu, mais c'est donc que les soldats sont vraiment très dangereux.
À son tour, le père évoque son amour pour la fillette, vérifiant encore et encore que sa petite main douce et chaude se cramponne bien à son doigt. Cette main, il en connaît chaque détail et dit « Je crois qu'elle sait que j'ai autant besoin de sa main qu'elle a besoin de la mienne ».
Ces premiers chapitres peignent une relation père-fille magnifique, une relation étroite où les mots sont quasi inutiles tant la compréhension mutuelle est évidente.
Il faut dire que tous deux sont sur la même longueur d'ondes. Elle est très intelligente, comprend très vite, à la différence des autres écoliers, qu'il est inutile de pleurer lors des détonations et qu'il vaut mieux en attendant les parents, cacher sa peur et être forte, elle s'entraîne d'ailleurs pour que les larmes ne montent pas. Incomprise donc par ses camarades d'école comme par les enseignants. Elle a la hantise d'être abordée par d'autres enfants, ceux-ci lui demandant toujours sa confession avant son nom. N'étant ni chrétienne, ni musulmane, n'appartenant à aucun groupe, elle ne sait que répondre. L'isolement est sa seule façon d'être au monde.
Son père, quant à lui, journaliste, est poète. Cet intellectuel libre et indépendant qui n'appartient à aucune faction , aucune confession se trouve étranger parmi les siens.
Cette différence que tous les deux partagent se révèle extrêmement difficile à vivre… Les plantes que le père achète, qu'ils arrosent ensemble sont un lien qui les unit et un moyen de communication qui se maintiendra toute leur vie, même une fois séparés.
Lors de leurs incessants déménagements, les plantes, les fleurs, les arbres seront toujours leur refuge. Et si elle s'est toujours intéressée aux adventices, ces mauvaises herbes, « ces hôtes de lieux incongrus, ces hôtes que personne n'a invités, que personne n'a voulus, qui dérangent mais s'en moquent bien et n'en finissent pas de pousser », c'est bien parce qu'elle s'identifie à elles.
En 1989, à l'âge de douze ans, elle connaîtra l'exil à Paris avec sa mère et son petit frère, le père restant au Liban. Pour elle, ce sera une double déchirure, la perte de son père et de sa patrie.
Mauvaises herbes est un livre douloureux et bouleversant, une histoire d'amour et de souffrance.
Beaucoup de poésie traverse ce roman avec en apogée ces mains qui sont tout un symbole et qui évoquent l'immense tendresse partagée par cette fille et son père.
Dima Abdallah montre combien il est difficile de trouver sa place dans un monde standardisé où il est particulièrement difficile de vivre si l'on ne se coule pas dans le moule et comment alors on doit vivre un véritable exil intérieur.
J'ai savouré l'écriture de Dima Abdallah et particulièrement apprécié la manière dont la jeune adolescente décrit son départ de Beyrouth en taxi, pour l'aéroport. Pour recenser tout ce qu'elle quitte et qu'intérieurement elle se refuse à quitter, elle emploie la forme négative. Une douloureuse énumération de ce qu'elle ne veut pas voir, de ce qu'elle ne veut pas ressentir, de ce qu'elle ne veut pas imaginer donne alors une puissance évocatrice immensément forte et bouleversante.
Un roman prégnant dans lequel l'amour, la peur, l'angoisse, la solitude, la marginalité, les regrets, le déracinement sont fort bien évoqués.
Je me suis néanmoins légèrement enlisée vers la fin, trouvant redondants les derniers chapitres.

Lien : https://notre-jardin-des-liv..
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