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Critique de jcjc352


Une jolie nouvelle pour débuter, pas encore de femme en guerre mais une histoire de fou. Une nouvelle très bien troussée un comique de situation que n'auraient pas renié Gogol ou de Pirandello énoncée doctement d'un ton très désabusé. On imagine, là-dessus, aisément un sketch vidéo à la Charlie Chaplin, muet et saccadé comme autrefois... bref de l'excellente littérature africaine.
Ensuite vient l'art de voter avec corruption, art aux valeurs toutes africaines dit-on, incitations avec quelques pièces d'un coté et quelques billets de l'autre sans oublier les menaces du iyi de Mbanta le féticheur, au cas où. le problème pour Rufus Okeke c'est de savoir comment il va voter dans la mesure où il a mangé dans les deux râteliers , entre pièces et billets il n'a pu choisir. L'iyi menaçant est suspendu au-dessus de sa tête comme un épée de Damoclès.
Un mariage qui réjoui l'époux car il est tombé sur une femme comme il faut et navre le père de celui-ci car les convenances n'ont pas été respectées. Petit drame raciste inter-africain causé par l'archaïsme de la société tribale. Amour quand tu nous tiens.
Akueke a le ventre qui gonfle : ses frères l'isolent, elle meurt et le fantôme revient mais Akueke a un papy génial. Là encore la coutume prise au pied de la lettre est mise à mal mais il y a toujours des hommes (ou femmes) faisant preuve de clairvoyance et d'humanisme. Réconfortant
Chike est un enfant Osu descendant d'esclave au statut non reconnu mais qui est baptisé : il est heureux car il aime les mots. Une enfance «littéraire» somme toute agréable: peut-être un futur «Achebe»
Kitikpa un véritable fléau qui décore les humains ,vide les marchés, terrifie tout le monde même le commis en noix de palmiste mais bon il y a des parades notamment l'oeuf!
Est-il bon que l'école soit gratuite? Pas toujours sauf si une petite fille a un très grande envie d'y aller...
Les esprits n'aiment pas le jardin de l'école
Et puis d'autres nouvelles un peu plus amères lorsqu'il est question de guerre et de pénurie alimentaire. Les femmes elles aussi sont mêlées à la folie des hommes et font la guerre en Afrique et en sont les victimes
Entre l'iyi le gri-gri électoral, l'Amalile le gri-gri séducteur, l' Alusi*, les mami-wataslil** le Kitikpa,*** y a toujours un petit espace ou l'homme peut agir mais il faut faire preuve de débrouillardise et de délicatesse mais bon quand la superstition règne en maîtresse difficile de faire autrement Et puis aussi la guerre, autre malédiction récurrente de l'Afrique, fait des ravages
On a l'impression qu' Achebe Chinua parle de son Afrique avec beaucoup de détachement Parfois il prend un ton amusé, fataliste, pince sans rire et parfois un ton amer voire désespéré. Il sait aussi ajouter une note dramatique, avec l'histoire terrible de Véronique, petite fille de dix ans prête à tout pour aller à l'école. Un véritable gouffre entre la première nouvelle amusante et la dernière terrible cruelle. Il donne une vue de l'étendue de son talent d'écrivain: un grand écrivain africain.
*esprits ** des mamans de la rivière *** variole
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