Citations sur Les variations sentimentales (36)
Je suis revenu pour lui.
Ce sont les mots que j'ai écrits dans mon carnet en apercevant enfin San Giustiniano depuis le pont du ferry. Rien que pour lui. Pas pour notre maison, ni pour l'île, ni pour mon père, ni pour la vue du continent quand je m'asseyais dans la chapelle normande abandonnée, aux derniers jours de notre été chez nous, me demandant pourquoi j'étais l'être le plus malheureux sur Terre.
[incipit]
On dit que les signes sont toujours là, à portée de main, mais qu'à l'image des étoiles, personne ne peut les compter, encore moins les interpréter.
En outre , ils ne sont pas plus fiables que les oracles. Ils disent la vérité à condition de ne pas être entendus .
Nous n'aimons qu'une seule fois dans notre vie, avait dit mon père, tantôt trop tôt, tantôt trop tard; les autres fois sont toujours plus ou moins réfléchies.
Le passé peut être ou non un pays étranger. Il peut se transformer ou rester inchangé, mais sa capitale s'appelle toujours Regret, et ce qui le traverse est et le grand canal des désirs immatures, qui se jette dans un archipel de minuscules possibles qui ne se sont jamais vraiment produits, mais ne sont pas irréels pour autant et pourraient encore se réaliser même si nous craignons qu'ils ne le fassent jamais...
Le regret est le moyen d'espérer des choses que nous avons depuis longtemps perdues sans pourtant les avoir jamais vraiment eues... L'espoir sans la conviction.
Nous sommes déchirés entre le regret, qui est le prix à payer pour les choses que nous n'avons pas faites, et le remords, qui est le coût de les avoir faites. Entre l'un et l'autre, le temps joue ses tours pendables.
Nous faisons l'hypothèse sans même nous en rendre compte que nos vies sont définies à l'avance - c'est la beauté des hypothèses : elles nous amènent sans le moindre indice à nous comporter comme si nous étions persuadés que rien ne change. Nous pensons que la rue dans laquelle nous habitons restera à jamais pareille et portera le même nom. Nous pensons que nos amis vont rester nos amis, et que nous aimerons à jamais ceux que nous aimons. Nous avons confiance, et à la longue, nous oublions que nous avons confiance.
Une impression presque douloureuse me serra le cœur. J'aimais cette douleur... les variations de mes sentiments, la brûlure et le baume entrelacés comme deux serpents jumeaux.
C'est cela l'amour..., le doute est amour, la crainte est amour, même le mépris que tu éprouves est amour. Chacun de nous y parvient par un chemin détourné. Certains le découvrent sur-le-champ, pour d'autres il faut des années, et pour d'autres encore il ne se manifeste que rétrospectivement.
Oui, le passé est un pays étranger, dis-je, mais certains d'entre nous en sont des citoyens à part entière, d'autres des touristes occasionnels, et d'autres encore des nomades, impatients de s'en aller mais aussi toujours désireux de revenir.
Nous menons plusieurs vies, cultivons davantage d'identités que nous sommes prêts à l'admettre, recevons toutes sortes de noms, quand en réalité un seul, uniquement un seul, suffit.
Tu m'as fait ce que je suis aujourd'hui. Où que j'aille, tous ceux que je vois et que je désire, je finis toujours par les mesurer à la lumière de ton rayonnement.
Nous faisons l’hypothèse sans même nous en rendre compte que nos vies sont définies à l’avance – c’est la beauté des hypothèses : elles nous amènent sans le moindre indice à nous comporter comme si nous étions persuadés que rien ne change. Nous pensons que la rue dans laquelle nous habitons restera à jamais pareille et portera le même nom. Nous pensons que nos amis vont rester nos amis, et que nous aimerons à jamais ceux que nous aimons. Nous avons confiance, et à la longue, nous oublions que nous avions confiance.