Où que j'aille, tous ceux que je vois et que je désire, je finis toujours par les mesurer à la lumière de ton rayonnement. Si ma vie était un bateau, tu serais celui qui est monté à bord, a allumé les feux de navigation, et dont on n'a plus jamais entendu parler. Tout pourrait aussi bien être dans ma tête, et subsister dans ma tête. Mais j'ai vécu et aimé grâce à ta seule lumière.
Nous faisons l'hypothèse sans meme nous en rendre compte que nos vies sont definies à l'avance - c'est la beauté des hypothèses : elles nous amènent sans le moindre indice à nous comporter comme si nous étions persuadés que rien ne change.
J’avais espéré franchir une ligne en le regardant fixement et pouvoir m’en tirer sans qu’il le remarque ou me rappelle à l’ordre. C’était pire que d’être réprimandé par un professeur, ou surpris à mentir ou à voler, pire que le jour où j’avais adressé un geste obscène au vendeur de fruits et vu le vieil homme se tourner vers moi et me traiter de svergognato, effronté.
Ça m’apprendrait. Je ne ferai plus confiance à personne, je ne chercherai plus jamais à me rapprocher de quelqu’un, jamais. Je n’avais qu’un ami sur la planète, mon père, et même alors, je ne saurais que lui dire.
Un peintre, même un grand peintre, peut changer d’idée à mi-chemin ou retoucher un défaut. Mais on ne peut pas corriger une erreur avec le bois. Il faut comprendre comment pense le bois, ce qu’il dit, et ce que signifie chacun des bruits qu’il émet. Le bois, comme infiniment peu de choses vivantes, ne meurt jamais.
Avec le temps, on finit simplement par savoir, dit-il, répétant on finit par savoir comme s’il ruminait ces mots in petto, car il était difficile de reconnaître le poids du labeur et de l’expérience amassés au cours des années autrement que par un soupir.