[...] il exist[e] une loi qui ne peut être déjouée : celle du karma.
(«Avertissement»)
Les Japonais pensent traditionnellement que les mots hébergent un esprit en chacun d'eux appelé le kotodama. Si vous changez une appellation, vous changez la nature de ce qu'il désigne.
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L'histoire de la méth au Japon remonte à peu près à la même période que celle des yakuzas modernes. C'est une des trois pires inventions japonaises. La deuxième est le sirop de maïs à haute teneur en fructose, et la troisième est le karaoké.
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Saigo commençait à comprendre que pour être un hors-la-loi efficace, il fallait apprendre à composer avec la loi. Un peu comme l'angle mort dans le rétro, il y a toujours un endroit où l'on peut se nicher sans être vu.
Mais, à sa grande surprise, le doigt était extrêmement charnu, et le sang fit dévier la lame.
" Yuriko ! "
Elle arriva à tout allure et se couvrit la bouche des deux mains en voyant ce chantier. Le couteau n'était pas près de lui resservir. Elle devait lui donner un coup de main, sans savoir exactement quoi faire.
Il réfléchit un instant. Il lui dit de ramasser le butoir avec lequel ils calaient la porte et de donner un grand coup sur la lame.
Elle se précipita dans l'entrée et revint avec une brique. Saigo serra les dents quand elle frappa le couteau et que cela n'eut aucun effet.
Elle frappa à nouveau, manqua son coup et lui écrasa l'index.
p.307
C'est ça la vie d'un yakuza. Tu fumes, où tu veux, quand tu veux. Le monde entier est ton cendrier.
Saigo agit sans médecin ni aide, du moins au début. Il appela Yuriko sur son portable. Elle faisait du shopping. Il lui demanda d'acheter un couteau à sashimi et de rappliquer à la maison. Il devait nettoyer un sacré bordel.
Yuriko lui demanda si c'était pour tuer quelqu'un ou bien pour se couper le doigt. Il fut honnête avec elle, et elle fut au moins soulagée qu'il n'aille assassiner personne, ce qui l'aurait conduit tout droit en prison.
" Tu me promets que tu ne vas aller tuer personne ?
- Personne, à moins d'y être contraint, maintenant apporte-moi ce putain de couteau."
Il fallait que Saigo se prépare. Yuriko lui dit que les élastiques étaient dans la cuisine. Elle connaissait la musique. Son ex était un yakuza aussi, et il avait déconné. Il ne lui restait que huit doigts quand elle l'avait quitté.
Elle avait encore une question : " Est-ce que ça ne serait pas mieux de prendre une scie ? "
p.305
"Hé, vous m'entendez d'où vous êtes ? hurla Saigo aux flics.
- Non, pas un traître mot. C'est la pause clope, en plus. Faites-nous plutôt signe quand vous aurez fini.
- OK, répondit Saigo. Je voulais simplement vous dire que Joyu-sama nous confie sa caisse pour qu'on la mette en sécurité.
- C'est sympa de sa part. Félicitations."
p.213
Les chirurgiens n'avaient traité que deux blessures par balle depuis l'ouverture de l'hôpital il y a des années. Ils se demandaient comment procéder, mais étaient en même temps très excités à l'idée d'intervenir. "Ce n'est pas tous les jours que l'on peut se faire la main sur ce type de blessure."
p.179
En 1990, les résultats d'une enquête de l'Agence nationale de police montrèrent que 40% des 2 000 entreprises passées au crible avaient déjà été confrontés aux yakuzas, et près d'un tiers d'entre elles déclarèrent avoir payé ce qu'on leur demandait. Les sommes allaient de 100 000 à 100 millions de yens. Les 60% qui déclarèrent ne pas avoir été approchés, ont fort probablement menti.
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