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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Écrit à deux voix et 4 mains, la voix de Gainsbourg est portée par Audrey Tordelli. le propos est vif, tranché, cru, mais j'ai reconnu l'homme et ses propos et comportements subversifs. Suivant toute sa vie, on le voit se modifier, se changer, puis devenir Gainsbarre. J'ai appris beaucoup de choses sur lui, car je vais l'avouer, je ne le connaissais que si peu. Et j'ai été émue. Ce "Je" est réussi... Car il touche.

Puis vient la seconde partie, l'analyse par Joseph Agostini. de ses propos, de ses comportements, des paroles des chansons écrites, il dresse le portrait d'un homme dont une part de génie est liée à sa souffrance. Les propos ne vont pas trop loin et sont justes. Il n'y a pas de procès de la folie ou de l'alcoolisme, simplement l'émergence en mot de certains maux. J'aime toujours autant les explications de l'auteur car elles sont accessibles et ne sont pas pourvues de ton culpabilisant ou désapprobateurs.

J'ai eu envie de réécouter sa musique. À la lumière de sa vie, des femmes de ses vies et en connaissant aujourd'hui son enfance, j'écoute ses chansons différemment. J'ai lu les paroles de certaines, et elles sont criantes de vérités. le livre d'ailleurs est truffé de morceaux de ses oeuvres.
Re-découvrir Gainsbourg en redécouvrant aussi son oeuvre.

Je ne suis pas une inconditionnelle de Serge Gainsbourg. Mais je réécoute ses chansons aujourd'hui et je comprends mieux. Je ne l'écoutais pas petite, il ne passait pas à la radio ou poste de mon enfance.
Quel homme, avec ses bons et ses mauvais côtés, ses qualités et défauts. Et il est bon de voir la personne sans le voile de la célébrité. Une personne humaine dans ses imperfections.

Belle lecture si vous vous procurez le livre, pour vous ou à offrir, et surtout belle écoute... Car ce livre donne une furieuse envie de l'écouter.
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Que savais-je sur Serge Gainsbourg avant la lecture de ce livre ?
Qu'il avait été une icône de chanson française depuis les années 60 jusqu'à sa mort en 1991 ?
Qu'il avait toute sa carrière durant cultivé un goût pour la transgression et le scandale qui l'a conduit à une certaine déchéance, incarnant un double maléfique, le fameux Gainsbarre ?
Qu'il était issu de l'explosion d'après-guerre qui avait eu lieu à Saint-Germain-des-prés, et donc qu'il était un des héritier du grand Boris Vian ?
Ce qui, tous comptes faits, ne représente pas grand-chose.
Et bien j'ai pu combler mes lacunes, en apprendre plus, et approcher le personnage dans sa profonde humanité grâce à ce Gainsbourg sur le divan.
J'avais cet à priori sur ce livre que, étant donné qu'il propose une approche psychanalytique, il valait mieux connaître l'oeuvre de Gainsbourg sur le bout des doigts.
Et bien, non ce n'est pas nécessaire, les néophytes seront guidés pas à pas dans la vie de cet artiste et dans son oeuvre, et les fans inconditionnels pourront approfondir leurs connaissances.

Le livre se divise en deux parties.
La première est signées par Audrey Tordelli. Elle a pour objet de raconter la vie de Serge Gainsbourg à travers des moments et des anecdotes marquantes. Bien sûr cette partie biographique est jalonnée des textes du chanteur et il y a une correspondance entre les moments évoquées et les morceaux de textes choisis. Ainsi on comprend les chansons et on voit se dérouler le film de l'histoire qui conduit de Lucien Ginsburg à Gainsbarre.
Le style adopté est presque journalistique, factuel, mais élégant.
Tout cela constituant une bonne préparation pour la seconde partie qui a été écrite par Joseph Agostini.
Cette seconde partie se veut un passage au crible psychanalytique de la vie du chanteur.
Y sont donc disséqués ses attaches filiales, les textes de ses chansons, et aussi des extraits d'interviews des citations. L'analyse porte aussi sur la vie sexuelle de Gainsbourg, et en découlent bien sûr des conclusions sur son rapports à l'autre sexe.
Le prisme à travers lequel la décomposition s'opère étant Freudien.
Là encore le ton employé est celui d'un essayiste, mais l'analyse est très accessible, et pas du tout alambiquée.

Ce livre a été un bon moment de lecture, parce qu'il s'agit d'une dissection méticuleuse d'une figure du folklore français. On approche ainsi ce personnage extraordinaire au plus près, et on peut saisir toute son humanité, ses fêlures, ses névroses. Gainsbourg était un être hautement mélancolique.
Et même si l'issue de sa vie est connue, j'ai ressenti un attachement fort à cette personnalité qui se défaisait, et j'ai pu mesurer l'immense perte qu'il avait pu être pour la culture française.

Je remercie En volume de m'avoir permis de lire ce livre. Et je salue au passage leur travail d'édition : c'est un bien bel objet que l'on a entre les mains.
Une acquisition que je vous recommande si vous voyez ce volume dans votre librairie.
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Quand deux voix redonnent la sienne à Serge Gainsbourg....
J'ai vécu les montagnes russes.
Vingt premières pages au cours desquelles je suis restée en dehors, hermétique. Puis sans doute, ai-je autorisé Audrey Tordelli à prendre la place de Serge, l'ai laissée l'exprimer. Naturellement je suis venue à lui, à côté de lui ; j'étais là. J'ai écouté la voix de l'une dire l'Autre. Sur une pente ascendante l'émotion m'a saisie. Larmes aux yeux. Mais Audrey m'abandonne. Serge aussi. Elle passe le flambeau à Joseph. Déconvenue. Même écueil pendant quelques brèves pages. Qui est-il ? Je le lis qui dissèque, décortique. Ses mots, la façon qu'il a de jouer avec comme Serge me capte. Attrapée. Eue. Ferrée. de nouveau éprise, prise par l'émotion. L'évocation, dire, nommer, m'embarque de nouveau. Touché ! Restée au sommet de ce plaisir livresque. Aucune troisième voix. Je vais redescendre doucement et garder au coeur ce joli moment offert par ce duo.
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Imaginez Serge Gainsbourg allongé sur le divan d'un psy. Quand on connaît le personnage atypique, on ne peut que s'attendre à une introspection originale.
Dans ce livre, « Gainsbourg sur le divan », essai biographique, Audrey Tordelli ose parler à la place de Serge Gainsbourg, en hommage à cet homme, véritable tourbillon emblématique. Avec ce « je » de Gainsbourg, elle s'épanche sur son enfance, ses amours tumultueux, sa carrière. Face à ces confessions, le psychanalyste Joseph Agostini tente une analyse des névroses de l'artiste. « Ceci n'est ni une pipe ni la psychanalyse de Gainsbourg. Ceci est une promenade freudienne entre les mots d'esprit d'un serial rockeur à la tête de chou ».

Né Lucien Ginsburg en 1928 de parents juifs russes, il connaîtra la guerre, l'exil et l'étoile jaune. Cette étoile de shérif comme il la nommait enfant. Il change de nom pour mieux se cacher, fuir les nazis, Lucien Guimbard, le shérif du Limousin, dorénavant c'est lui.

Son âme d'artiste le pousse vers la peinture. Mais à 30 ans, sur un coup de folie, il brûle toutes ses toiles et décide de se consacrer à la musique. La chanson c'est facile. Alors en 1958 il décide de prendre un nom de scène : c'est la naissance de Serge Gainsbourg.

Avec ses talents de compositeur, il écrit pour des femmes, ses muses, ses objets, marionnettes qu'il peut contrôler, « misogyne pervers ». Juliette Gréco, Brigitte Bardot, Jane Birkin, Bambou. le Lucien timide au physique ingrat prend une belle revanche en s'affichant avec les plus belles femmes de l'époque.
Ses paroles ont l'influence poétique de Boris Vian. Il aime jouer avec les mots, sait y introduire un cynisme savamment dosé. Il écrit des chansons en quelques heures après une nuit d'amour.
En 1980, Gainsbarre, cet être violent, insolent, choquant, démon insomniaque, accro à la cigarette et à l'alcool prend possession de Gainsbourg. Il aime alors flirter avec la mort pour se sentir plus vivant. Dépasser les limites et jouer avec les interdits est devenu sa drogue, son adrénaline.
Jusqu'à ce 2 mars 1991, où il est retrouvé mort, nu, dans son appartement de la rue de Verneuil. Nu, comme pour effacer ces personnages qui lui ont collé à la peau durant toute sa vie. Nu, comme une nouvelle naissance, mais dans la mort cette fois.

Un récit passionnant sur cet homme aux multiples facettes. Une mise en exergue de l'équivoque gainsbourienne comme on en a rarement lue. Tout au long du livre, des paroles de ses chansons viennent illustrer cette vie qu'il consumait par les 2 bouts. Dans ses textes, il dévoilait son histoire, ses sentiments, son âme, se mettait à nu. Gainsbourg, artiste au sens large, de peintre à poète, compositeur, parolier, interprète. Une belle redécouverte intime de l'homme et de l'artiste qui enchantera les inconditionnels de Gainsbourg.
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Brillant, empreint d'intériorité, émouvant, « Gainsbourg sur le divan » de Audrey Tordelli et Joseph Agostini est bien plus qu'une biographie à deux voix, deux coeurs, deux âmes, il est un guide, un outil, un passeur. L'hommage à Serge Gainsbourg est une danse de parapluies noires sans pathos aucun. Un clair-obscur dont les mots s'échappent et s'envolent à tire d'aile, myriade en gamme majeur. Audrey Tordelli, ose le Je. Transsubstantiation, connaissance extrême de ce personnage emblématique. « Je suis un canard qui a cherché toute sa vie à ressembler à un cygne. »Juif et pauvre ». »Parties de caches-caches interminables….La famille ne pouvait plus utiliser son propre patronyme… »Du Limousin exilé à Ginsbourg puis Guimbard…. « Ce petit chérif à l'étoile … Belle hein… » La page 23 est mémorielle et dépose une couverture de laine sur le lecteur qui tremble. L'impact est fort. Audrey Tordelli est douée dans ce Je qui va monter crescendo tel un rideau rouge confident et intime. « C'était désormais clair il y tout juste un an, nous avions encore affaire à Lucien. » « Désormais face à nous, c'était Serge. »Serge le mythique bercé à la musique classique, artiste peintre qui jette sa dernière toile en pâture, Nihiliste ou Cynique ? Les anecdotes fusionnent. Les paroles de Serge Gainsbourg dans ce Je d'Audrey Tordelli est une rencontre rare avec le Verbe grandiose. »D'abord je veux avec ma langue. Natale deviner tes pensées. Mais toi déjà tu tangues. Aux flux et reflux des marées. »Le lecteur laisse le Je sur son coeur et entrouvre délicatement « Psychanalyse du claqueur de mots » de Joseph Agostini. Ce dernier, génie évident délivre des pans de lumière tamisée. L'écriture est ciselée, claire et donnante. le style aérien, amplifie ces moments de lecture où l'analyse de Joseph Agostini est à l'instar du ciel qui s'ouvre à l'orée des confidences. le lecteur ne bouge plus. Il écoute, attentif. Il sait l'heure grave car intime et profonde. le lecteur avoue pleurer. La beauté de l'instant est trop forte, trop sublime. le lecteur comprend que Serge Gainsbourg était un grand. Il saisit tout à coup l'impact de cette biographie sur sa conscience. « Je ne cherche qu'une seule chose la pureté de mon enfance. Je suis resté intact, intact, voilà ma force. »Joseph Agostini donne les clefs. Et que ça fait du bien ! »Nous n'existons que dans le discours de l'Autre… » Nous n'avons pas « les mots » pour nous définir nous-mêmes. »La teneur verbale de Joseph Agostini est magnifique. Comment a-t-il pu céder sa place au point final ? Quel vide abyssal en lui après cette prouesse d'écriture et de confidences en écho de Serge Gainsbourg !! « Comme dit si bien Verlaine, Au vent mauvais je suis venu te dire que je m'en vais. C'est un adieu à la Russie, un exil qu'il n'a jamais connu. Y-a-t-il plus belle allégorie de la dimension imaginaire de tous les deuils ? Connaissons-nous vraiment ce que nous pleurons ? » Cette biographie, symbiose d'un vase assemblé est ce que le jour doit à la nuit. La psychanalyse est une merveilleuse passerelle pour fusionner avec le JE, l'Autre. Rester dans cette empreinte Gainsbarre et remercier vivement Les Editions Envolume pour « Gainsbourg sur le divan » si captivant et nourricier. Majeur, à lire, relire et encore relire, toujours.
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