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Citations sur Barroco tropical (34)

Au risque de se perdre parmi les histoires qui s’entrecroisent, il faut se laisser entrainer par ce récit, baroque comme l’annonce le titre. On reste un peu abasourdi, comme ces personnages qui rompent leurs relations afin de se délier des sentiments qui enchainent leur cœur.
C’est la tempête sous les tropiques africains. Il pleut beaucoup sous les nuages sombres et même si la lumière est rare, nous sommes éblouis pas le style luxuriant.
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Il pleut, tu entends ? C’est la pluie qui cogne contre les vitres…
Ah, qu’il pleuve dans mon âme, comme il pleut dehors, des torrents d’eau fraîche entraînant au loin des scories amères de la rancune, l’angoisse inutile, l’ombre pesante de remords.
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Les nuits sont pleines d’étoiles et pourtant regarde comme elles sont sombres. La lumière des étoiles n’éclaire aucun chemin.
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Il avait plu toute la journée. L’herbe était si verte qu’elle semblait chanter. La brume au-dessus de l’asphalte était comme un voile de mariée. Un vol de tourterelles a agité soudain l’air immobile.
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Les instruments jouaient tout seuls. Je me souviens d'avoir chanté jusqu'à en perdre la voix. Ensuite je me suis mordu les poignets, mes veines se sont ouvertes et le sang a jailli. Quand j'ai terminé, je me suis incliné dans une longue révérence sur la scène couverte de sang. J'ai vu alors, pour les jours à venir, de longues rues désertes et des maisons vides. Je me suis vue en train de traverser des nuits d'insomnie, entre des draps froids et des oreillers humides de larmes. J'ai vu une tasse de thé, toujours la même, abandonnée dans la cuisine, et une vieille brosse à dents posée sur le lavabo. J'ai vu un chien pâle, s’efforçant d’attraper sa propre ombre. Je l'ai vu ensuite étendu sur le trottoir, décapité, ses yeux clairs pleins d'eau.
Tu ne ris plus?
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Les écrivains sont par nature des observateurs.
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Dalmatien l’a regardé , atterré :
- Vous êtes en train de dire que l’esclavage a été une bonne chose?
- Réduire quelqu’un en esclavage est une chose abominable. La traite négrière a enrichi certaines familles africaines, sans parler des européens, évidemment mais elle a ruiné le continent. Ce que je suis en train de dire c’est que quelquefois les mauvaises actions produisent de bons résultats. En tout cas il me semble plus facile de défendre l’esclavage que la sorcellerie ou le tribalisme.

- Je ne suis pas d’accord. Ce que vous appelez tribalisme, général, je l’appellerais nationalisme ethnique. Le fait qu’un Bacongo soit orgueilleux de son lignage et veuille ce qu’il y a de mieux pour son peuple n’a rien de négatif au contraire. Pourquoi les Flamands, les Catalans et les Basques pourraient pratiquer le tribalisme et pas les Bacongos ?
Benigno dos Anjos Negreiros ne s’attendait pas à cette résistance de la part du chauffeur de taxi. Il a hésité un instant. Puis il a souri, content. Mon beau-père n’apprécie peut être pas la démocratie, mais il apprécie un bon débat :
- Je suis un patriote. J’ai lutté dans les forêts de ce pays contre les troupes portugaises. A l’époque notre slogan était "un seul peuple, une seule nation".
- Je préfère l’unité dans la diversité. Un grand nombre de nations, une seule patrie, a rétorqué Dalmatien. La plupart des pays du monde sont composés de plusieurs nations. Le combat contre la diversité est le propre d’une pensée totalitaire. Vous vouliez l’indépendance, c’est vrai mais à condition que l’Angola conserve le modèle colonial.
- Le modèle colonial ?
- Dalmatien a raison, suis-je intervenu, amusé. Les nationalistes urbains, éduqués dans la métropole et très souvent fils ou petits-fils de Portugais, ne connaissaient que le modèle colonial, et après avoir pris le pouvoir ils ont essayé de l’imposer. Un seul peuple, une seule nation. Ce qui veut dire, d’après vos camarades, que pour construire un pays il faut détruire les identités ethniques. De la pure idéologie coloniale. Voyez ce qui s’est passé avec la langue portugaise. Avant l’indépendance, moins de cinq pour cent des Angolais parlaient le portugais comme langue maternelle. Aujourd’hui , nos jeunes ne parlent plus que le portugais.
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Je suis consciente de la lumière qui dort dans certains mots, de la nuit qui se cache dans d’autres. Il y a des métaphores qui explosent comme des grenades, des strophes capables de déclencher des éclairs sous nos yeux. Il m’est déjà arrivé de chanter les mêmes vers des centaines de fois sans les comprendre. Et soudain, sur une scène quelconque, Le Bozar à Bruxelles, Le Finlândi Hall à Helsinki, le Koninklijk Theater Carré à Amsterdam, sur une scène quelconque, cette même chanson prend feu et se révèle : elle s’ouvre comme une porte sur un monde dont je ne soupçonnais pas l’existence. Quand je me sens perdue, je m’assieds et j’écris. Quand je suis irrémédiablement perdue, je chante.
Je chante pour m’en sortir.
Qu’est ce que j’écris ? je consigne ce qui m’arrive, tentant de comprendre ce qui m’est arrivé. Je n’invente rien. Je n’ai pas besoin d’inventer quoi que ce soit. Je ne suis pas écrivain. Je pourrais appeler cela journal aveugle, car il ne comporte pas de dates. Je préfère l’appeler Elucidaire.
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Quand je suis né, Luanda utilisait encore en entier son beau nom chrétien sonore : Sao Paulo da Assunçao de Luanda. Vieille matrone mulâtre, elle était orgueilleuse de sa parenté avec des villes comme La Havane, Saint Louis en Casamance ou Sao Sebastiao do Rio de Janeiro. Ce furent d’ailleurs les Brésiliens qui lui portèrent secours quand, en 1641, les Hollandais profitèrent de la distraction ibérique pour occuper la Forteresse de Sao Miguel. J’ai vu ma ville devenir africaine. J’ai vu les fiers immeubles de la ville basse – que la bourgeoisie coloniale avait abandonnés quelques jours avant l’indépendance – être occupés pas les déshérités des bidonvilles. Je les ai vus (ces déshérités) élever des poules dans les garde-mangers, des chevreaux dans les chambres et allumer avec les bibliothèques abandonnées par les colons des feux au milieu des salons. J’ai vu plus tard ces mêmes déshérités quitter les appartements en ruine en échange de fortunes (quelque-uns) ou d’une demi-douzaine de centimes (d’autres), et être remplacés par la toute nouvelle bourgeoise urbaine, ou par des expatriés grassement payés. J’ai vu tomber le beau palais de Dona Ana Joaquina à coups de marteau, pour être remplacé par une réplique en mauvais béton, et j’ai pensé que c’était une métaphore des temps nouveaux – le vieux système colonial et esclavagiste remplacé par une réplique dérisoire dans le jargon néfaste de bidonvilles. Plus tard (trop tard), j’ai compris qu’il n’y avait aucune métaphore, juste une grande bâtisse qui s’effondrait.
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Si Dieu voulait que nous croyions en Lui, Il se révélerait sans aucune équivoque à l'humanité entière. Il ne l'a jamais fait, Il ne veut donc pas que nous croyions en Lui. Croire en Dieu est donc contraire à la volonté divine. Cela L'offense. Les sceptiques, au contraire, plaisent au Seigneur. Dieu - s'il y a un Dieu - est sûrement athée.
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