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EAN : 9781022601734
Editions Métailié (06/04/2017)
3.23/5   11 notes
Résumé :
Francisco José, jeune prêtre brésilien, métis d'Indien et de Portugais, débarque à Luanda pour devenir le secrétaire de la reine Ginga, fille et soeur de rois, et reine elle-même.
Cette femme exceptionnelle (1581-1663) évinça les hommes de sa famille, s'empara de tous les attributs du pouvoir, se fit appeler "roi", entretint un harem d'hommes habillés en femmes et prit, les armes à la main, la tête de ses guerriers sur les champs de bataille. Fin stratège et... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
Il y avait longtemps que je n'avais pas autant été induite en erreur par le titre d'un roman.
Avec ce « reine Ginga », je m'attendais à une biographie plus ou moins romancée de ce personnage historique (16è-17è siècles) qui dirigea une partie de l'Angola d'une main de fer, tenant tête aux tribus ennemies, aux Portugais et aux Hollandais, concluant des alliances opportunistes avec les uns ou les autres sans s'embarrasser de loyauté.
Si le début du roman se déroule effectivement à Luanda et est centré sur la reine Ginga et celui qu'elle a choisi pour secrétaire, à savoir Francisco José, jeune prêtre tout juste débarqué du Brésil, on glisse ensuite vers une narration axée sur les aventures mouvementées de celui-ci en Angola et au Brésil, et qui, dans les faits, officiera rarement comme secrétaire. Si la reine Ginga et ses passes d'armes resurgissent de temps à autre au cours du récit, ce thème devient cependant secondaire.
Bon, admettons, cette histoire de titre n'aurait pu être qu'un détail si par ailleurs la vie de ce jeune religieux avait été racontée de façon passionnante. Mais bof. Pourtant, ce n'est pas comme s'il ne lui arrivait rien, à Francisco José. En vrac : il a été menacé de mort, a dû s'enfuir, est tombé amoureux et a balancé sa soutane en même temps que sa foi, a été emprisonné, torturé, a traversé trois fois l'Atlantique, a dû frayer avec des Gitans, des Maures, des pirates, des Portugais et des Hollandais, est tombé malade, a failli mourir de faim et de soif, et a même été brûlé en effigie par l'Inquisition. Mais je me suis perdue dans toutes ces péripéties, de même que dans les relations sociales compliquées entre maîtres, esclaves, affranchis, domestiques libres, envahisseurs et envahis, métis, Indiens, Blancs, Noirs. Sans compter les arcanes des jeux d'alliances entre Portugal, Pays-Bas et Compagnie des Indes Occidentales, évoluant au gré des intérêts de chacun, argent et pouvoir étant, comme toujours, les nerfs de la guerre.
Quant à la deuxième partie du titre, elle se réfère à une citation de Ginga selon laquelle à l'avenir, l'Atlantique « sera une mer africaine. le chemin par lequel les Africains inventeront le monde ». « Ont inventé » ou « inventeront », je chipote, toujours est-il que je n'ai pas compris où il était question de cette « invention » dans le livre.
Bref, ce récit est picaresque à souhait, avec guerres, passions, amours, haines et trahisons, mais j'ai trouvé qu'il manquait de profondeur. Les événements sont évoqués de manière presque documentaire, ou en tout cas trop distante, et ne suscitent guère d'émotions, alors qu'il y avait pourtant matière à tension dramatique.
Une lecture qui m'a largement échappé.
Lien : https://voyagesaufildespages..
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J'espérais découvrir la reine Ginga d'Angola, femme de pouvoir au 17ème siècle, figure emblématique (i-co-ni-que dirait-on chez Drag Race), une des Culottées de Pénélope Bagieu.
Le sous-titre, "Comment les Africains ont inventé le monde", me faisait rêver également.
Alors oui, au début du roman on découvre la reine Ginga - "une femme qui jamais ne pliait ; qui n'avait ni Dieu ni maître" - par les yeux d'un narrateur, prêtre et brésilien, qui devient son secrétaire, un homme plein de bienveillance envers l'humanité, horrifié par la guerre et la violence.
Pourquoi pas.
Puis Ginga disparait dans le néant, pour réapparaître fugitivement 30 pages avant la fin. Car le sujet du roman, ce sont les aventures du prêtre. Aventures palpitantes (voyages, piraterie et prison, amours, délices et au diable la soutane) pour qui s'attache au personnage, ce qui n'a pas été mon cas.
"Comment les Africains ont inventé le monde", on ne le saura pas non plus car on rencontre surtout des Portugais, des Brésiliens, des Hollandais et des gitans. Et beaucoup, beaucoup d'esclaves.
En termes de reconstitution historique, le boulot est fait : vous saurez tout sur l'emplacement des forts, le déroulement des batailles et le nombre de victimes. Pas ma tasse de thé. Il est même assez ironique de lire qu'Agualusa a dédié ce livre "à toutes les femmes africaines", alors qu'elles n'y occupent que des rôles très secondaires, puisqu'il nous décrit une histoire faite par des hommes.
Reste le plaisir de lire une belle écriture - dans une traduction impeccable de Danielle Schramm.
Par ailleurs, je crois n'avoir jamais commenté la couverture d'un livre, mais là, ça ne va pas du tout. Alors que dans le roman, lorsqu'apparait la reine Ginga, son goût immodéré pour la parure est mentionné... qui donc, chez Métailié, s'est dit : "Bôôô, c'est une femme, elle est noire, ça va le faire... Avec en plus un sein nu, uh uh" ?
Challenge Globe-Trotter (Angola)
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Quel titre prometteur… Je ne connaissais pas la reine Ginga et j'étais toute prête à découvrir cette figure africaine des XVIème et XVIIème siècles, de même que de voir comment les Africains avaient inventé le monde. Un nouveau point de vue sur la première époque de la mondialisation, celle de la Renaissance, c'était alléchant, et même si je n'avais eu qu'un avis mitigé sur un précédent roman de cet auteur, j'étais prête à me laisser à nouveau embarquer.
Mais de la reine Ginga il est peu question ici, à part quelques informations données comme au détour d'une page sur l'organisation de sa cour, sa manière de mener sa cour ou de se lancer dans des guerres sanglantes. Intéressant, mais cela reste au niveau de l'anecdote. Et puis en terme d'invention du monde par les Africains, je n'ai pas vu grand-chose. D'ailleurs, on croise plus de Portugais et de Hollandais que d'Africains dans ce livre…
Alors que reste-t-il car il faut bien les remplir ces pages ? Eh bien l'histoire d'un prêtre parti à la découverte d'une nouvelle contrée et qui, ébloui par la façon de vivre qu'il découvre, en perd sa foi et sa vocation. Et cela, c'est une histoire qui a été maintes fois contée, en littérature ou au cinéma, rendant ce livre beaucoup moins original que ce que je pensais trouver. Une histoire riche, pourtant, il est certain qu'Agualusa ne lésine pas sur les péripéties et n'épargne pas son personnage. Les démêlés politiques, l'Inquisition, tout y passe. Et il est intéressant de voir à quel point, effectivement, le monde est déjà inventé dans une ville comme Luanda au début des années 1700, On croise des Africains et des Européens bien sûr, mais aussi des Arabes, et la reine s'habille avec de la soie chinoise (un détail que j'ai noté). Les déplacements sont aussi déjà nombreux entre l'Afrique, l'Amérique et l'Europe. Certes tout cela est réservé à une minorité, mais cela dessine une société en mouvement bien éloignée de l'image que l'on en a.
Un autre point intéressant dans ce roman est la façon dont l'esclavage est décrit. Avec des acteurs plus nombreux que prévus, des soutiens à l'esclavage comme des opposants, tous forts d'un agenda politique qui leur est personnel. Avec aussi une fluidité dans la condition d'esclave en Afrique qui est loin de la situation plus figée que l'on trouve de l'autre côté de l'océan.

En définitive, il y a des points intéressants dans ce livre, même si ce ne sont pas ceux que pourraient faire croire le titre et la quatrième de couverture. Mais il est dommage que cet intéressant ne soit pas mieux mis en valeur par une intrigue et un style qui se tiennent plus et qui donne du plaisir au lecteur au fil des pages. J'ai finalement quitté ces personnages sans regret, et avec l'impression que j'aurais pu en apprendre plus si le livre avait été construit différemment, ou que j'aurais pu prendre plus de plaisir à cette lecture si le style et l'enchaînement des péripéties avaient été autres.
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Quelle personnage étonnant que cette reine Ginga (1583-1863) qui régna pendant de nombreuses années sur un territoire recouvrant l'actuel Angola ! du genre à nourrir les récits les plus picaresques et échevelés en un temps marqué par la lutte de deux puissances colonisatrices, Pays-Bas et Portugal, pour contrôler cette contrée. C'est d'ailleurs la promesse contenue dans la quatrième de couverture du roman de José Eduardo Agualusa qui comporte en sus un sous-titre sibyllin : "comment les africains ont inventé le monde." Plus vive est donc la déception à la lecture d'un livre qui, certes, ne lésine pas sur les péripéties les plus spectaculaires entre le Brésil et l'Angola avec batailles épiques et grand jeu diplomatique à la clé. Y est également abordé la question de l'esclavagisme, moins simple qu'il n'y parait de prime abord. D'où vient donc le manque d'intérêt qui s'installe peu à peu ? Principalement de la confusion qui ne manque pas de s'installer devant une profusion de personnages de toutes races et de toutes conditions sociales. La plume d'Agualusa se fait lyrique à l'occasion mais ne fait rien pour faciliter la tâche du lecteur. Et puis, l'on s'attend tout de même à en apprendre plus au sujet de cette fameuse reine Ginga ! Or celle-ci n'est qu'un second rôle dans le livre dont le narrateur est un prêtre d'origine brésilienne, devenu son secrétaire, mais qui de fait emplit peu cet office. Et c'est son histoire complexe que nous raconte l'auteur. Sans doute Agualusa a t-il voulu sortir des sentiers battus de la littérature historique et offrir une vision différente du monde de l'époque, à savoir celle des africains. Une bonne idée mais qui reste exprimée de façon plutôt conceptuelle, noyée dans un brouhaha persistant et sans véritables vibrations émotionnelles.
Lien : http://cin-phile-m-----tait-..
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Si José Eduardo Agualusa nous parle effectivement dans son livre de la reine Ginga, de son mode de vie, de ses combats, c'est surtout l'histoire de Francisco José, jeune prêtre né au Brésil, qu'il nous raconte. C'est à travers ses yeux que nous allons découvrir cette reine africaine. Lui qui va travailler à son service, et s'éloigner aussi de sa foi. Lui qui va nouer des alliances avec elle, et devenir un traitre aux yeux des Portugais. Lui qui va trouver l'amour et l'amitié dans le quilombo (village fortifié) de la reine.
Ce récit est très bien écrit. L'auteur nous plonge dans la vie de cette époque. Nous suivons Francisco José, le narrateur, pas à pas, découvrant avec ses yeux la reine Ginga et son entourage, les Portugais de Luanda, la vie des esclaves en Angola et au Brésil, les conflits entre Hollandais et Portugais, les luttes d'influence... Une histoire passionnante basée sur des faits réels.
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Citations et extraits (10) Voir plus Ajouter une citation
Cette nuit-là, dans le campement où nous passâmes la nuit, Domingos Vaz me raconta, avec une somme précieuse de détails, quelques-unes des cérémonies et des superstitions en usage chez les sauvages auxquelles il avait assisté. Je sentis, en l'écoutant, que je pénétrais au sein de l'Enfer et j'en fus rempli de terreur. Tant d'années écoulées, contemplant par-dessus mes frêle épaules le tumulte du passé, je sais aujourd'hui que ces pratiques ne sont pas plus diaboliques que tant d'autres dont je fus témoin au sein de l'Eglise catholique. Violences, injustices, iniquités insondables me paraissent encore plus viles que celles commises par les impies, car si ceux-là ignorent Dieu, les chrétiens fautent en Son Nom.
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Dans les jours anciens, ajouta-t-elle, les Africains regardaient la mer et ce qu'ils voyaient c'était la fin.
La mer était un mur, et non pas une route. A présent, les Africains regardent la mer et ils voient un chemin ouvert aux Portugais, mais qui leur est interdit.
Dans l'avenir, m'assura-t-elle, cette mer sera une mer africaine. Le chemin par lequel les Africains inventeront le monde.
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La vie est un labyrinthe de choix, me disait mon père quand j'Tais enfant, Dieu a donné à l'homme le libre arbitre. L'homme choisit d'aller en Enfer ou au Paradis.
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Il y a des mensonges qui libèrent et des vérités qui asservissent.
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Toutes les religions me paraissent également néfastes, coupables de toutes les haines et de toutes les guerres au cours desquelles l'humanité se détruit peu à peu.
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