Lu en VO.
Pamela Aidan nous régale d'un véritable festin austinien, avec ce changement de point de vue complètement inédit sur
Orgueil et préjugés.
Après le côté pile d'Elizabeth dans le roman de
Jane Austen, prenez-le temps de vous délecter du côté face de cette intrigue que l'on connaît certes par coeur, ce qui n'empêche pas le suspens, toujours, d'être au rendez-vous, avec l'histoire racontée du point de vue de Darcy. Car vous saurez, enfin, comment l'amour a touché cet impeccable gentleman au coeur. Et vous en apprendrez plus qu'il n'en faut pour être encore plus subjuguées par le personnage.
Secret et profond, réservé et élégant, tout drapé dans une façade de dédain et de morgue, mais digne et dévoué, et tout aussi capable d'une passion incontrôlé, ce Darcy-là est un incomparable spécimen de la très haute aristocratie anglaise. Il recherche dans la vie l'authentique, le naturel, et l'intelligence, toutes qualités qu'il percevra chez cette Elizabeth Bennett dont il ne peut que constater la mauvaise opinion qu'elle a de lui. Toutes qualités qui lui font s'entendre parfaitement avec Charles Bingley dont l'humour et le bon naturel tempèrent harmonieusement ses propres faux-semblants, ou respecter infiniment les avis et les élans de son valet Fletcher, ou supporter avec une impatience toute intérieure les élans impropres d'une miss Bingley. Ce Darcy peu connu, finalement, gagne ici en profondeuret en humanité, entouré de son ami Defy Brougham, élégant et séduisant, mystérieux personnage de sa jeunesse, de sa soeur Georgiana, et de cet amour porté à ses parents disparus.
Assister à la naissance de l'amour éprouvé par Darcy pour Elizabeth est vraiment très émouvant. Puis il reste très démuni devant cette miss Eliza Bennett dont il ne sait comment gagner les bonnes grâces, tandis que son profond sens des convenances et des bonnes manières lui font rejeter d'un bloc la vulgarité de la famille. Ce conflit intérieur donne lieu à de belles lignes emplies de nostalgie et de tendresse. Et les dernières pages de ce tome se ferment sur une douce détresse toute en élégance. A tel point qu'il est très frustrant de ne pas pouvoir disposer de la suite, avec le tome 2 et le tome 3. Toutefois j'ai trouvé la solution puisqu'ils ont sauté dans ma PAL en version originale, en attendant de recevoir leurs pendants français qui sont en précommande !
Que dire de plus de cette "comédie des erreurs"?
Que je m'en suis délectée du premier au dernier mot, grâce à la profondeur pleine d'élégance de la plume de
Pamela Aidan.
Que je n'aurais jamais cru être à ce point convaincue par une oeuvre dérivée de l'univers de
Jane Austen. Eh bien c'est chose faite.
Lorsque l'on lit ce livre, pour peu que vous connaissiez votre
Orgueil et préjugés sur le bout des doigts (j'ai du le lire une douzaine de fois), vous avez l'impression que Jane austen s'est penchée sur votre épaule et vous souffle sa propre histoire : dans un troublant effet de stéréo, ces deux voix ciselées et raffinées s'interpellent en écho à des siècles de distance, ce qui rajoute à la magie de l'affaire.
Que je reste sous l'emprise charmée d'un signet de fils de soie entremêlés, de la couleur d'un gilet ou du noeud de cravate "à la Roque".
Que je file lire la suite en anglais, et que je trépigne d'impatience du bonheur de la relire en français tant la traduction française est de qualité.
Que je remercie vivement Milady de nous offrir une oeuvre d'aussi belle qualité.
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