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Critique de hanyrhauz


Dis-lui...

Au lecteur qui s'est retrouvé ici, peut-être par hasard, et qui s'étonne de voir un 45 tours de Mike Brant, j'aimerais lui dire qu'il ne se doute pas de ce qui l'attend en lisant Si maintenant j'oublie mon île de Serge Airoldi.
La biographie romancée imaginée au départ a laissé place dès les premières pages à un chant épique où le héros, costume de couleur et micro à fil, est pourchassé par son passé, jusqu'à sa chute du sixième étage. Moshé, tel Icare, s'est trop approché du soleil.
Vous lirez ailleurs que c'est un tombeau. Cette forme si particulière où les pairs sont convoqués pour amplifier les louanges. C'est, en effet, un tombeau pour le chanteur qui n'est pas mort sur scène. Les références sont nombreuses, justes, élégantes.
C'est surtout un poème sans commune mesure, pour un homme qui portait le poids de l'histoire, avec sa grande hache, sur son dos, ce qui l'a précipité dans le vide.

Alors que les coeurs fleurissaient déjà dans les marges (comme avec chaque Antilope, je crois) que je ne lâchais plus mon crayon, le nom de Zoran Music est apparu. Puis réapparu. Zoran Music qui me fascine et me hante depuis longtemps."Nous ne sommes pas les derniers", un message au monde comme une claque. Jamais (et pourtant mon esprit est capable des rapprochements les plus audacieux) je n'aurais tissé de liens entre l'artiste vénitien et Mike Brant. Sauf qu'il s'agit de Moshé, enfant de la Shoah, de l'exil, des terres perdues, de la langue qui ne dit rien, comme lui, jusqu'à ses cinq ans. J'étais bouleversée, comme si mille connexions trouvaient leur place. Derrière les chansons d'amour et le physique de jeune premier se cachaient une famille disparue et un peuple décimé.

"C'est beau", j'ai du le dire à chaque page, exactement comme pendant ma lecture de Silens Moon de Pierre Cendors. C'est beau et périlleux de faire d'un chanteur populaire et jugé démodé l'auditeur d'une érudition marquée mais jamais intimidante.
C'est périlleux mais réussi. Indéniablement, le regard porté sur Mike Brant change, les paillettes s'estompent et on se prend à espérer croiser, rue Erlanger, l'ombre de Moshé.

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