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EAN : 9782379510632
160 pages
L'Antilope (19/08/2021)
3.3/5   22 notes
Résumé :
Peu nombreux se souviennent d’une chanson de Mike Brant intitulée Un grand bonheur. C’est un seul vers de cette chanson, « Si maintenant j’oublie mon île », qui a touché Serge Airoldi au point de prendre la plume et de la laisser aller au gré des émotions que lui inspirait l’histoire personnelle de Moshé Brand.
L’auteur était enfant au moment du suicide de la star. Il a ressenti la nécessité de revenir sur le parcours meurtri qui va de Moshé Brand, l’enfant d... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (11) Voir plus Ajouter une critique
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Dis-lui...

Au lecteur qui s'est retrouvé ici, peut-être par hasard, et qui s'étonne de voir un 45 tours de Mike Brant, j'aimerais lui dire qu'il ne se doute pas de ce qui l'attend en lisant Si maintenant j'oublie mon île de Serge Airoldi.
La biographie romancée imaginée au départ a laissé place dès les premières pages à un chant épique où le héros, costume de couleur et micro à fil, est pourchassé par son passé, jusqu'à sa chute du sixième étage. Moshé, tel Icare, s'est trop approché du soleil.
Vous lirez ailleurs que c'est un tombeau. Cette forme si particulière où les pairs sont convoqués pour amplifier les louanges. C'est, en effet, un tombeau pour le chanteur qui n'est pas mort sur scène. Les références sont nombreuses, justes, élégantes.
C'est surtout un poème sans commune mesure, pour un homme qui portait le poids de l'histoire, avec sa grande hache, sur son dos, ce qui l'a précipité dans le vide.

Alors que les coeurs fleurissaient déjà dans les marges (comme avec chaque Antilope, je crois) que je ne lâchais plus mon crayon, le nom de Zoran Music est apparu. Puis réapparu. Zoran Music qui me fascine et me hante depuis longtemps."Nous ne sommes pas les derniers", un message au monde comme une claque. Jamais (et pourtant mon esprit est capable des rapprochements les plus audacieux) je n'aurais tissé de liens entre l'artiste vénitien et Mike Brant. Sauf qu'il s'agit de Moshé, enfant de la Shoah, de l'exil, des terres perdues, de la langue qui ne dit rien, comme lui, jusqu'à ses cinq ans. J'étais bouleversée, comme si mille connexions trouvaient leur place. Derrière les chansons d'amour et le physique de jeune premier se cachaient une famille disparue et un peuple décimé.

"C'est beau", j'ai du le dire à chaque page, exactement comme pendant ma lecture de Silens Moon de Pierre Cendors. C'est beau et périlleux de faire d'un chanteur populaire et jugé démodé l'auditeur d'une érudition marquée mais jamais intimidante.
C'est périlleux mais réussi. Indéniablement, le regard porté sur Mike Brant change, les paillettes s'estompent et on se prend à espérer croiser, rue Erlanger, l'ombre de Moshé.

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«  Qui saura, qui saura, quiiii sauuuurrrra ». Qui ne connaît pas ce refrain ou n'importe quel autre titre du chanteur décédé ?!. Oui, je sais ce que vous vous dites : quoi encore un livre sur Mike Brant ! Puis bon Manon t'es gentille, mais Mikie ce n'est pas vraiment notre/ta génération ! D'ailleurs, il n'est pas un peu ringard lui ? Moi: 😱

Bref rentrons dans le vif du sujet. Je vous le dis tout de suite, si vous vous attendez à une biographie classique sans saveurs, et bien vous avez tout faux ! Car ce roman de Serge Airoldi, va bien au-delà de la simple biographie. Ici, ce n'est pas de Mike Brant, chanteur adulé des demoiselles dont il est question, mais de l'homme, Moshé Brand. Ce dernier est alors la toile de fond d'un récit des plus érudit et poétique. Il est question d'héritage, et du poids de cet héritage. Et si l'état psychologique du chanteur, ce mal-être conduisant à son suicide ce 25 Avril 1975, pouvait être expliqué par le fait qu'il est le premier-né d'une mère rescapée d'Auschwitz et d'un père ayant combattu les nazis et perdu sa première femme et fils. Moshé, né en 1947 dans un camp de réfugiés à Chypre. le petit Moshé qui a gardé le silence jusqu'à ses cinq ans et dont le premier mot fut « glace », une opposition à Brand qui veut dire « feu » en yiddish? Moshé qui après sa première tentative de suicide est revenu de son coma hanté par des images de camps, lui dans un camp avec sa famille, défiguré, torturé, amputé ... Comment se l'expliquer?
Aujourd'hui, nous pouvons mettre un nom: la psychogénéalogie, mais dans les années 70, cette approche thérapeutique n'en est qu'à ses débuts et divise.

Tout au long du récit, l'auteur crée des liens entre Mike Brant et des personnages et évènements de l'Histoire. Il est bien évidemment question de la Seconde Guerre Mondiale et de la Shoah mais également de l'histoire de Chypre, de mythologie. Vous y rencontrerez, en autres, le Baron d'Erlanger ( immeuble rue Erlanger dont il sauta), Archiguille, Dali, l'actrice Leni Riefenstahl, une inconditionnelle d'Hitler, Chaim Rumkowski... La liste est longue, mais je vous laisse le plaisir de la découverte !
Serge Airoldi fait également des liens entre lui et le chanteur, s'adressant directement à Moshé tout au long du récit, se demandant finalement pourquoi il lui écrit.
« La vie est une errance, Moshé. Comment l'ignores-tu, toi dont les parents ont achevé leur périple européen dans le port de Marseille ? Ils voulaient partir, quitter cette première terre de maudissements, reconstruire, ailleurs. Que reconstruit- on qui a été détruit à ce point ? Laminé? Désintégré ? »

En bref, un roman que j'ai beaucoup aimé , qui m'a agréablement surprise, et que je vous recommande fan ou de non de Mike Brant 😆.
Lien : https://www.instagram.com/p/..
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J'aurais aimé apprécié ce livre, si chaudement recommandé par mon amie Annie-Rose et sa comparse de lecture ma chère Manon.
J'aurais aimé.

Seulement voilà. Les digressions, divagations et autres déambulations mentales de l'auteur n'ont pas réussi à m'accrocher et à me faire revivre le parcours de vie(s) de Mike Brant, nommé dans le sous-titre de ce roman, et que je pensais être au centre de ce texte.
Que nenni ! Mike Brant, né Moshé Brand en 1947 à Famagouste de parents juifs polonais, n'est qu'un prétexte.

Un prétexte à de multiples sujets dont le point commun est, il me semble, la communauté juive et son destin de persécution dans le monde, tel que nous le connaissons déjà dans les livres d'histoire, les romans, les documentaires et tant d'autres supports...

Je ne vous dirai donc rien sur Mike Brant, j'en ai plus appris sur la page wikipedia le concernant que dans ce livre, même si ce dernier m'a permis de m'intéresser à cet artiste, à cet homme, que je ne connaissais que par quelques tubes.

Je pourrais vous dire cependant que j'ai découvert l'existence de camps sur Chypre, des camps pour juifs, qui attendaient, parqués, qu'un quota de visas s'ouvre pour la Terre promise d'Israël. J'ai compris que même lorsqu'ils pensaient avoir échappé à leurs persécuteurs, ils n'étaient toujours pas sûrs d'atteindre un point de chute salvateur... L'auteur pointe du doigt le fait que 40, 50, 60 ans plus tard, il en est toujours de même pour les migrants traversant la Méditerranée dans l'autre sens...

Mais je ne pourrais pas, par contre, vous relater toutes les personnes ou situations que l'auteur convoque dans son ouvrage, il y en a trop et comme on dit : "désolée, j'ai pas la ref'!"
J'avoue n'avoir même pas compris le but exact de l'auteur et son rapport (intime ?) à l'artiste...

Un ouvrage avec de jolies fulgurances poétiques cependant, quoique parfois trop érudit pour moi (qui se targue ici de connaître la glossolalie ?), qui ne m'aura pas touchée mais qui a tout de même su trouver sa place chez d'autres lecteurs, et c'est bien tout le malheur qu'on peut lui souhaiter !
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UN GRAND BONHEUR, VIT DANS MON COEUR.....

▶️ Paris, 25 avril 1975, 6 rue Erlanger, 16ème arrondissement. Un homme se jette dans le vide du haut d'un 6ème étage en criant « NON » ; Mike Brant, idole à la voix d'or vient de mettre fin à ses jours...
▶️ ...mais nous sommes loin d'une biographie retraçant la carrière fulgurante d'un chanteur à succès ; l'auteur nous parle ici de Moshé Brand, l'enfant déraciné, le fils de juifs errants ; Fishel, le père, qui a fui la Pologne et combattu les nazis aux cotés de l'armée rouge ; Bronia, la mère, rescapée d'Auschwitz - tous deux fuyant l'Europe, déportés à Famagouste, dans l'Est de Chypre, dans un camp de réfugiés...
▶️...c'est là que Moshé va naître, en 1947, puis grandir à Haïfa...
▶️ de Moshé à Michaël puis à Mike, de Brand à Brant, dans cette distorsion d'identités, Serge Airoldi déroule le fil de l'histoire du peuple juif, deux milles ans de douleurs, d'errance et de persécutions, depuis la destruction du Temple jusqu'aux pogroms et à la Shoah - en permanence, la haine : «Voilà pourquoi nous ne dormirons jamais. Parce que le pire a eu lieu. Parce que le pire aura lieu à nouveau. Très vite. La semaine prochaine. Parce que le mensonge tue, et l'omission et le silence et le trop-plein de mots et tout le reste. Tout est prêt, oui, et les pires conditions matérielles» (page 49).
▶️ Une biographie qui n'en est pas une - pas vraiment un roman non plus, mais davantage un récit, un essai sur une quête des origines et du déracinement ; l'auteur tire les fils de l'histoire personnelle de Mike Brant pour dérouler l'Histoire de la Shoah dans laquelle la courte vie du chanteur s'inscrit. Au gré de digressions érudites sur l'histoire du peuple juif, il livre une réflexion profonde sur la nature du Mal...
▶️ Un chant funèbre porté par une écriture poétique et savante - un récit singulier et habité, entre hommage vibrant et devoir de mémoire vive - Une réussite!


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Étonnant livre ! Vraiment surprenant : partir d'un fait divers, certes qui a passionné les foules et même ému beaucoup de personnes car le personnage principal était connu de tous ou presque, que l'homme dont c'est la biographie était pour bon nombre de jeunes filles, charmant et charmeur avec ses boucles blondes, son regard un peu perdu et sa magnifique voix.
Cinquante après, je n'ai pas oublié qui il était, qu'il ne parlait pas français en arrivant dans notre pays, qu'il ne savait pas ce qu'il chantait, je savais aussi qu'il était juif, que son nom n'était pas Mike mais Moshé, bref, je connaissais sa biographie !
Alors pourquoi lire ce livre, petit mais dense ?
Justement pour en savoir plus, ou différemment.
Sur ce dernier point, il faut avouer que l'on est servi ! C'est un livre vraiment particulier !
Rédigé par un homme..sans aucun doute extrêmement cultivé, fanatique de recherches en tous genres, que ce soit des micros de Guy Lux ou du Livre Blanc des britanniques qui a dessiné les frontières de la Palestine en 1922 et celles du futur état d'Israël, des nombreux bateaux partis d'Europe après la Shoah et faisant demi tour faute de port pour les accueillir ; on en apprend sur tout et sur rien ! Trop d'ailleurs, de digression en digression de digression, de citations historiques, littéraires ou personnelles, l'ensemble fait un peu fouillis, beaucoup parfois car en plus de ses recherches, l'auteur nous tient au courant de ce qu'il se passe dans sa tête, de ce qu'il veut faire passer comme message, d'autant plus qu'il s'adresse directement à Mike Brant en le tutoyant !
Un peu fourre tout, passionnant et agaçant tout à la fois, voilà ce que je pense de ce livre !
A vous de le lire et d'en faire votre propre idée.
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critiques presse (1)
LeMonde
03 septembre 2021
Avec le chanteur qui s’est suicidé en 1975, l’écrivain entreprend une quête des origines et des déracinements dans un récit inquiet.
Lire la critique sur le site : LeMonde
Citations et extraits (8) Voir plus Ajouter une citation
Je relis ces mots de Robert Musil, où il est question de "la nature ambigüe de la vie qui alourdit toute grande aspiration plus vulgaire". Musil écrit encore, et cela ne doit pas nous rassurer : "A tout progrès, elle lie une régression et à toute force une faiblesse ; elle ne donne à personne un droit qu'elle n'ait enlevé à un autre, elle n'ordonne aucun chaos sans créer de nouveaux désordres, et elle semble ne provoquer le sublime que pour décorer la platitude".
Je souffre de lire ces mots et, hélas, tout autour de mi, je ne leur trouve que de cruelles confirmations.
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Ecrire. Parce que le récit nous oblige. C'est notre ligne de conduite, notre faiblesse, notre hardiesse, notre possibilité –illusoire mais capitale – d'habiter un monde, c'est notre façon.
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Et le mal dans cette affaire? Banal comme l'est tout mal. Au risque de choquer, je crois, je sais, j'affirme que le le fond, nous nous accommodons de lui. C'est ainsi.
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Quand je dis Moshe, je ne parle que de mémoire. Parler, écrire, c'est faire appel cru, violent à la mémoire.
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Voilà pourquoi nous ne dormirons jamais. Parce que le pire a eu lieu. Parce que le pire aura lieu à nouveau. Très vite. La semaine prochaine. Parce que le mensonge tue, et l'omission et le silence et le trop-plein de mots et tout le reste. Tout est prêt, oui. Et les pires conditions matérielles.
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