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EAN : 9782370551900
188 pages
Le Tripode (14/03/2019)
3.96/5   24 notes
Résumé :
En 1935, en Allemagne, un homme atteint sa quarantième année dans une solitude qu’il s’est choisie. Un héritage l’a mis à l’abri des soucis matériels. Mais il vit hanté à la fois par le souvenir d’un ancien et mystérieux voisin qu’il surnomme « le loup des steppes » et la découverte récente d’un homonyme dont il ne sait rien, sinon qu’il vient de mourir. Herne Heimlicht décide d’enquêter sur la vie de cet individu qui porte son nom, ignorant que sa quête va l’amener... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (8) Voir plus Ajouter une critique
Allemagne, années 30. Un chant dans la nuit. Une douce mélopée assourdie par la neige. Une voix grave, sensuelle, étrange. Un homme avance, ou peut-être deux, sinon trois. Figure(s) de loup des steppes. Il avance jusqu'à un cabaret mystérieux.

Nous sommes trois à le suivre de loin. Si le renard reste tapi dans l'ombre, ayant déjà emprunté le chemin, @point.a.laligne et moi-même décidons de frapper à cette porte. C'est l'heure pour nous du rituel de cendorisation.
Évidemment, c'est @moonpalaace qui nous ouvre, habillée de noir et de lune, grande prêtresse du lieu. Dans la salle du Morador, des visages familiers, Cendors à su charmer, à su convaincre. Pas de sauge qui brûle mais une coupe de requiem, ce blanc de noir subtil et la mort au bout du téléphone. La voix entendue sur scène prend corps. Une femme belle et mystérieuse apparaît.

Quelques nuits et le temps s'est arrêté. Je n'avais rien lu d'aussi beau depuis une éternité. C'était peut-être même trop beau pour être vrai. Mais le contrat est signé, je suis embarquée, touchée, coulée. Il y a une extravagance dans les mots choisis, mais cela sert le propos qui devient plus percutant. La poésie ne prend jamais le pas sur la narration, les personnages bien que nimbés de mystère portent une histoire. On se surprend à ne plus vouloir quitter ce texte, à pousser toujours plus loin la lecture, enchaînant les chapitres, ne faisant des mots que pour goûter un peu plus des phrases-citations. Ne plus vouloir quitter ce livre.

Et relever la tête : "Bordel, c'est beau quand même !"
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Voilà- je l'ai vécue cette expérience Pierre Cendors- à présent je peux vous en parler...enfin, je vais tenter.
Je dirais d'abord qu'entrer dans un texte de Pierre Cendors c'est accepter de s'immerger avec bonheur dans les profondeurs de son univers, de ses mots, de sa pensée. C'est se laisser aller, lâcher prise et accorder à son esprit l'onirique vagabondage guidé par la douce mélancolie de son écriture éclairant une lecture inimitable et hors normes.
Car Pierre Cendors est un magicien- vraiment.
Ses mots sont ses accessoires pour transfigurer le monde, nous ouvrir les portes de son Ailleurs et vivre des émotions encore inexplorées.
D'ailleurs je ne sais pas si je dois vous raconter le début de l'histoire car le fil de la narration est le miroir de l'écriture de Cendors, il révèle peu à peu ses mystères, lève le voile avec douceur sur ce qui lie Nada Neander et Herne Heimlich, et invite à les rejoindre dans les profondeurs insondables et portant lumineuses de leurs deux solitudes en pleine passion amoureuse, hors du temps et hors d'un monde qu'il est nécessaire de fuir dans l'Allemagne des années 30. Un amour éternel, voluptueux, à la fois doux et exalté. Un amour de l'abandon, vertigineux, à la recherche de l'immensité de l'Autre pour y puiser sa vérité invisible et silencieuse.
Une expérience de lecture totalement planante et sensorielle, par sa beauté verbale concordant parfaitement avec la beauté physique de la couverture conçue par le tripode.
On atteint avec Cendors une forme de perfection esthétique, j'allais dire "souvent"... mais finalement tout le temps, à chaque ligne, à chaque ponctuation, une perfection source d'une extase livresque aussi inattendue qu'extraordinairement savoureuse.
J'ai été véritablement fascinée à chaque page par les tournures surprenantes et parfois énigmatiques, les analogies, l'imaginaire mystérieux et lointain, les néologismes insolites mais remarquables de sens, le tout drapé du voile d'une écriture délicieusement surannée. Les mots de Cendors sont des bijoux que rien ne saurait décrire avec justesse, je crois qu'il faut les vivre tout simplement...
J'ai terminé ma lecture étourdie par tant de beauté et de mélancolie dans laquelle je m'étais laissée glisser à l'envi et de laquelle je ne voulais pas partir... consciente d'avoir eu la chance et l'honneur de découvrir un écrivain d'exception, extra-ordinaire au sens littéral du terme- comme savent les découvrir les éditions du Tripode.
Je reviendrai très vite vers Pierre Cendors, retrouver la nuit étincelante, la solitude profonde, l'amour silencieux et les mots hypnotiques qui ont renversé mon esprit et mon coeur de lectrice.

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Seriez-vous prêt pour un voyage littéraire où la puissance des mots vous emporterait très loin ! Une sorte de lecture cinématographique.
Silens moon c'est un peu comme un train de nuit traversant des contrées dont on discerne à peine les contours…beaucoup d'ombres et une petite lumière pour un voyage qui ne vous laissera pas indemne ! Une longue nuit de hasards douteux, de rencontres, avec soi et d'autres, une musique de jazz dans un cabaret hautement symbolique nommé le Morador qui n'est pas sans rappeler la troupe et surtout les filles du Zielgfeld Follies, sauf que là, les filles sont juives et en sûreté !
Berlin 1935, ville froide et crépusculaire. Une guerre est terminée mais déjà les affres de la seconde se profilent. Herne Heimlicht revient chez sa tante décédée dont il est l'héritier. Ce retour l'entraîne dans les méandres de sa mémoire, à une époque où vivait au-dessus de chez eux, ce voisin intrigant surnommé le Loup des Steppes. A cela s'ajoute la mort d'un parfait homonyme, gueule cassée de la guerre qui vient troubler l'isolement qui sied tant à Heimlicht. Et puis Nada Neander, la femme tant attendue, un idéal, la dernière passion, mystérieuse, énigmatique et silencieuse !
Hasards et coïncidences s'imbriquent et semblent mener les errements de notre héros, bousculer par ces rencontres nocturnes, le voyage devient intérieur, sorte de quête identitaire façonnée par les constellations qui interagissent sur le monde et nos petites vies.
Entre pulsion de survie et de mort, ce roman aux multiples tiroirs aux fonds abyssaux laisse entrevoir une fin allégorique d'un monde inquiétant qui file vers sa perte et la perte de beaucoup des leurs !
J'ai adoré ce livre porté par l'intensité de l'écriture ciselée de son auteur. Silens Moon est un livre riche de symboles et d'enseignements qui mérite une lecture et des relectures !
A chacun de trouver ses clins d'oeil dans ce roman. Si le Loup des Steppes d'Herman Hesse est franchement affiché dès les premières pages, pour moi, il y a un peu de Kafka dans la première partie, une écriture mnésique dans la seconde qui peut appeler Modiano par la pensée, Nietzche pour l'idéalisme désabusé mais finalement libre à chacun d'y trouver ses propres références !
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C'était ma première fois. Une première fois que j'ai crainte parce que j'avais peur de ne pas savoir m'y prendre. J'avais bien écouté ceux qui ont tenté de me rassurer du haut de leur expérience, mais cela renforçait mon appréhension. C'est tellement personnel, une première fois.
C'était ma première fois et c'en fut une de la teneur de celles dont on se souvient toujours et qui changent notre rapport aux choses.
C'était ma première fois dans l'univers de Pierre Cendors.

Je m'étais fait la promesse de le démystifier un peu afin de toucher ceux qui, comme moi, sont impressionnés pour ne pas dire sceptiques devant la grandiloquence des chroniques à son égard.
Mais ça c'était avant de le vivre, avant de le lire, avant de noter des pages et des pages de citations et avant de leur donner raison à ces chroniques.
Parce que oui, moi aussi, parfaite figure d'un esprit terre-à-terre qui manque de poésie, j'ai succombé.

Guillaume Gallienne raconte volontiers qu'il doit le meilleur conseil qu'il a pu recevoir pour diriger son jeu d'acteur à Jalil Lespert qui lui a dit « Ne me montre pas, laisse-moi voir ». Je n'ai jamais oublié cette phrase qui fait la part belle à l'art de la suggestion, qui laisse le spectateur loin de l'abruti passif qui s'abreuve d'images et de pensées toutes faites mais, au contraire, le fait maître de son regard, de sa compréhension et de son interprétation.
Et c'est pour moi ce qui résume le mieux ce que j'ai ressenti à la lecture de Silens Moon. Pierre Cendors excelle dans l'art de la suggestion. Ne me montre pas, laisse-moi lire. Permets-moi de saisir ce qui me fait vibrer dans ce récit métaphorique. Les phrases ondulent, tournoient, m'encerclent. Je les trouve belles, toutes. Parfois je les relis deux fois, parfois plus et leur sens se révèle subitement. Ce sont finalement toutes celles que je relis que je préfère tant elles créent à chaque fois un écho qui me parle, m'enchante ou me broie.

Je suis tout simplement hypnotisée, comme étourdie par les vapeurs de l'encre.
Ce n'est pas tant l'intrigue qui importe quand on lit Silens Moon (bien qu'elle soit parfaitement envoûtante), mais l'expérience de lecture. Après quelques jours, les souvenirs sont assez diffus, brumeux, comme ceux d'un rêve qu'on ne voudrait pas oublier mais qui s'échappe. Cela semble nébuleux mais restent l'atmosphère et les questionnements induis, reste la consistance et, surtout, reste cette absolue élégance.
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C'est une nuit dans ce qu'elle a de plus sombre. Une de celles qui abolit le soleil, règne de la lune noire éclairant le monde de toute son obscurité.
Une « nuit souveraine » flamboyante en chacun de nous, un feu dont la flamme discrète couve un incendie. L'adoubement d'un invisible, une rumeur intérieure à laquelle l'esprit s'éveille douloureusement.
Un « arrière-pays » intérieur éclairé par « une procession immobile de lumières ».
Un monde, « plus univers que terre , « moins céleste que cosmique » au « goût froid étoilé de vérité »
Du ciel glacé de l'hiver tombe des flocons de neige, « glaciation lente et menaçante », poudre légère écrasant de toute sa densité les rives d'un univers intime, comme une « augure de funérailles ».
« Mourir sans cesser de vivre », une hibernation métaphorique symbole d'une renaissance intérieure quand tout se meure au-dehors.
Un feu sacré, incandescence de l'âme pour illuminer, pour faire fondre la glace, prison transparente de verre.
Quitter le monde pour pénétrer dans son monde.
S'enfermer dans la solitude pour se libérer.
S'entourer de silence pour mieux entendre.

« Silens Moon » est un roman de l'invisible, une lumineuse mise en mot de ce qui est parce qu'il ne se voit pas, ce qui existe parce qu'on ne le sait pas. La quête d'une éclairante obscure intimité, voyage initiatique aux confins de soi-même, remontant la « Vollmond Allee » sous les lueurs scintillantes d'une lune révélatrice, dont les reflets sont le miroir d'une âme cachée.
Un roman de l'indicible exprimé par une écriture qui s'approche du divin, expression d'une langage intime. Une esthétique du silence pour mettre en mot ce qui ne se dit pas, un vacarme insonore, une mise en lumière flamboyante d'un monde intérieur secret.
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critiques presse (2)
Actualitte
02 août 2019
Ce roman au charme délétère, marqué par la sourde inquiétude de ces temps, par l’exacerbation des solitudes, par une quête amoureuse empreinte d’absolu, envoûte.
Lire la critique sur le site : Actualitte
LeFigaro
03 juin 2019
Le roman de Pierre Cendors sera l’accessoire indispensable pour frimer sur les plages cet été.
Lire la critique sur le site : LeFigaro
Citations et extraits (9) Voir plus Ajouter une citation
L'amour n'a rien d'aimable quand, sans prévenir, il pénètre en nous sans feinte, comme un vent noir dégondant la porte d'une haute citadelle durement frappée par l'hiver.
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En chacun de nous, une nuit souveraine flamboie, ne serait-ce qu'une seule fois dans nos yeux, avant de sombrer à nouveau sous la lumière ordinaire des jours. Il nous est alors accordé d'entrer dans les penetralia de notre vie secrète et de voir, et de goûter là, silencieusement, ce que la vue ni l'esprit ne peuvent appréhender du dehors.
Cette heure nocturne possède la force, calme et finale, d'une sentence. L'amour n'a rien d'aimable quand, sans prévenir, il pénètre en nous sans feinte, comme un vent noir dégondant la porte d'une haute citadelle durement frappée par l'hiver.
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J'étais son unique hériter et, comme me le fit remarquer à mots couverts, son notaire: un homme que la vie favorisait. Il me félicita presque d'être l'ultime rejeton d'une famille que le Moloch nationaliste avait décimée, puis médaillée avec le même métal dont on faisait les balles, lors de la Première Guerre Mondiale.
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Quand je repense, aujourd'hui, à cette période de ma vie, il me semble revivre l'une de ces ultimes journées de redoux qui, au milieu d'un automne froid et pluvieux, en achèvent le découronnement.
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C'est l'augure de funérailles et, déjà, le temps d'intimes commémorations. L'heure que je vivais épousait alors ce devers de ce qui meurt.
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Vidéo de Pierre Cendors
Extrait de l'intervention de Pierre Cendors au Café littéraire" de Bollène pour son roman "ENGELAND " (Editions Finitude) le 13 mai 2011.
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