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Critique de Pat0212


Nous retrouvons notre ami Eraste Fandorine pour un troisième opus de nouvelles par lesquelles Boris Akounine rend hommage à de grands noms du polar ou de la littérature. le livre est composé comme les autres de deux ou trois (ici trois) nouvelles et un roman court qui donne son titre à l'ensemble, plutôt homogène sur le plan qualitatif. L'auteur varie son style, de façon à donner l'illusion que c'est la personnalité à laquelle il rend hommage qui a écrit le texte, ce style caméléon est très impressionnant.

La guivre des Baskakov est bien évidemment un hommage au chien des Baskerville. Fandorine envoie son adjoint enquêter à soixante kilomètres de Moscou où un serpent monstrueux hante un marais et terrifie les habitants du village. L'adjoint réussit presque à démasquer le coupable, mais Fandorine arrivera juste à temps pour sauver son subordonné et démasquer le coupable.

0,1 pour cent: Une excellente nouvelle dédiée à Patricia Highsmith. Un prince est tué lors d'une partie de chasse près de Moscou par un jeune homme ivre. La police considère qu'il s'agit d'un banal et tragique accident, toutefois un paysan est venu voir le commissaire pour témoigner du contraire. L'officier demande à Fandorine de tirer l'histoire au clair. Son instinct donne raison au témoin, mais tous les indices, mobiles etc penchent en faveur de l'accident. Comment faire éclater la vérité ?

Le five o'clock à Bristol: Une nouvelle tout aussi excellente que la précédente, ce sont mes deux préférées du livre. On y retrouve toute l'atmosphère délicate des livres d'Agatha Christie, à qui le texte est dédicacé. Fandorine est arrivé en catastrophe en Angleterre et il cherche un logement. Il trouve une chambre chez une charmante vieille dame qui lui semble tout d'abord tout à fait démente, mais qui se révèlera vite être une jumelle de Miss Marple. Elle réside dans les dépendances d'une grande maison de maître. Les propriétaires actuels ont oublié ce qu'ils lui doivent et la persécutent. Leur père, un lord gâteux disparaît avec le trésor familial, mais heureusement Fandorine et sa nouvelle amie veillent au grain. Cette nouvelle délicatement british nous permet d'en savoir plus sur la biographie de Fandorine et de comprendre pourquoi il a quitté sa chère Russie natale.

Avant la fin du monde : C'est un roman court dédié à Umberto Ecco. Fandorine est revenu en Russie après sept ou huit ans d'absence, il se sent tout à fait décalé de la société russe après son séjour à l'étranger. Il est mélancolique tandis qu'il se rend dans le grand nord pour aider un de ses amis scientifique à observer la population des vieux croyants (une dissidence de l'orthodoxie) qui panique à l'annonce d'un recensement. Lui même est recherché et utilise un faux nom. Arrivé à destination, il apprend que des gens ont préféré se suicider car ils considèrent que l'Etat central est l'agent de l'Antéchrist. Un groupe assez hétérogène comprenant un policier, un industriel, un pope et quelques autres personnes se met en route pour faire la tournée des villages afin de prévenir l'épidémie de suicides. Ils rencontrent les populations locales, mais leur ambassade produit l'effet contraire, des suicides sont commis après leur départ. Tout incrimine Laurent un prédicateur fou et il faudra toute la sagacité de Fandorine pour découvrir la clé de l'énigme et mettre fin à l'hémorragie.

Comme dans La prisonnière de la tour, le roman court est le moins bon texte du livre. Il souffre de nombreuses longueurs. Son principal intérêt est ethnologique, il nous permet de faire connaissance avec des dissidents de l'orthodoxie peu connus en Occident. Par ailleurs il a une note « Russie éternelle » (façon Disney) avec une ballade en traineau dans des villages enneigés, à la rencontre d'un monde qui semble sorti tout droit d'un conte de fées. Il soulève aussi des questions intéressantes sur la foi, le martyre et l'intolérance religieuse.

De ce recueil, Fandorine sort comme un caméléon capable de se fondre dans toutes sortes de décor. Il pratique la méditation orientale et ressemble beaucoup à Pendergast comme super héros (pas physiquement, l'Américain est plus jeune d'un siècle et la mode a changé). Pas un chef d'oeuvre du polar, mais une manière originale et plaisante de rendre hommage à d'autres auteurs. On ne peut qu'admirer la virtuosité du style de Boris Akounine.


Lien : https://patpolar48361071.wor..
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