Nous sommes en 1381, la peste et la guerre contre les soldats français ont ravagé la campagne anglaise. le jeune Richard III est entouré de conseillers cupides et les impôts deviennent impossibles à payer pour les paysans qui se révoltent. Une marche vers Londres est organisée. Joanna, une des rares femmes du cortège, en profite pour faire valoir ses droits.
Le récit est prenant, on se prend d'enthousiasme pour les revendications, on comprend le cheminement de pensée depuis la baisse des taxes jusqu'à la remise en cause du servage au nom de l'égalité de tous face à Dieu, on discerne les divergences d'opinion, le manque d'organisation, les questionnements de ceux qui n'ont jamais appris à dire non. On vit une petite révolution de l'intérieur, depuis sa naissance joyeuse à son essoufflement et son oubli.
L'écriture est, elle, surprenante et m'a parfois fait buter, d'où mon temps de lecture. L'auteur fait des pauses humoristiques et anachroniques, relie ces faits à des événements plus actuels, fait des digressions, utilise parfois un langage familier. Certaines parties sont écrites avec distance et d'autres à la première personne. Ce savant mélange donne un résultat très surprenant, déroutant mais épatant, inconnu de moi au bataillon des romans historiques. C'est un nouveau genre, une mise en perspective d'événements passés avec l'oeil du présent, une façon de nous expliquer aussi que la lutte politique et sociale est un perpétuel recommencement car les combats d'aujourd'hui étaient aussi ceux d'hier. Ce n'est pas totalement un roman, pas vraiment un essai, et finalement, je suis contente d'avoir découvert cet entre-deux, même s'il m'a parfois perdue. Les éditions Aux forges de Vulcain affirment espérer changer la figure du monde, là c'est un pari plutôt réussi !
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