Citations sur La femme du banquier (16)
[...] Au début, j'étais tenté par l'argent, mais maintenant, l'argent me dégoûte. Il fait faire des choses moches aux gens, il les rend moches eux-mêmes.
— Tu es tendue, lui dit Grant en posant la main sur son épaule pour masser son point de tension. Fatiguée. Désolé d'avoir réservé un vol si tardif, mais je n'ai pas trouvé mieux.
— Mmm, mon Dieu, ronronna Marina, ça fait du bien !
— J'avais pris un massage pour deux à l'hôtel demain. Mais vu qu'on va le rater, j'ai demandé à Rachel de nous en réserver un à New York. Je me suis dit que ça te ferait du bien après le vol.
Marina lui jeta un regard faussement méfiant.
— Qu'est-ce qui cloche chez toi ?
— Ce qui cloche chez moi ?
— Sérieusement. Il doit bien y avoir une entourloupe. Tu es beau, intelligent, drôle, en plus d'être sans doute l'homme le plus prévenant du monde. Il y a anguille sous roche, forcément.
— Des défauts, j'en ai plein.
— Cite m'en un.
— Je suis très poilu.
— Je trouve ça chou. Ça fait gros chat.
— Je mange un demi-litre de glace par soirée.
— Ça aussi c'est trop chou.
— Je travaille trop.
— Je suis mal placée pour te le reprocher.
— Je devrais aller à la salle de sport plus souvent.
— Tss... Les types qui sont tout le temps fourrés à la salle de sport sont ennuyeux. Toi, tu as la forme. Une forme d'enfer. Et des fesses du tonnerre.
— Et encore, tu ne les as pas vues quand j'étais dans la marine.
- Il m'a confié qu'il avait des doutes sur certains des clients de Jonas. OK, certains de nos clients ne sont pas vraiment... Comment dire ? Désolée, mon anglais me lâche quand je suis fatiguée... Disons qu'ils ont des petits problèmes. Ce que je veux dire, c'est qu'ils viennent chez nous pour mettre leurs sous à l'abri. Du gouvernement, de leur épouse, que sais-je. C'est notre spécialité. On cache de l'argent dans des comptes numérotés pour que personne ne puisse savoir à qui il appartient. Vous comprenez ?
- Oui, je crois. Vous sous-entendez que vos activités sont illégales ?
- Oh, pas au regard de la législation suisse. Mettons qu'un client américain vient nous voir et dépose dix millions de dollars sur l'un de nos comptes numérotés sans payer d'impôt sur cette somme, c'est lui le criminel, pas nous.
- Toi, tu es persuadé que c'est le scoop de l'année.
- Euh... en effet, je ne peux pas te le cacher. Mais je pense aussi que cette histoire dépasse les compétences de la police. Elle sera incapable de te protéger contre la plus grosse banque du monde. Contre tous les chefs d'État qui y ont leur compte, contre les chefs de cartel, les terroristes et les dictateurs. Ces gens qui ont intérêt à ce qu'aucune information ne fuite.
Elle avait sale mine, mais s'en fichait. Contrairement aux autres journalistes de Press, elle était là pour pleurer la mort d'un ami, pas pour qu'on la voie pleurer.
- Mathew m'a raconté que vous aviez quelqu'un.
- En effet. Il est avocat au Luxembourg. En fait, on s'est rencontré par la Swiss United. C'est l'amour de ma vie.
- D'après Matthew, il est marié.
Le visage de Zoé se décomposa.
Une fois dans la cuisine, Annabel mit l’eau à bouillir. Brusquement prise d’un vertige, elle se retint en s’agrippant au marbre frais du plan de travail. Elle ferma les yeux, s’efforça de contrôler sa respiration. Pendant quelques secondes, elle réfléchit à la situation. Si Zoé avait raison – si Matthew était impliqué dans des opérations bancaires dangereuses ou illégales -, tenait-elle tant que cela à le savoir ? Le fait d’être au courant la mettait-elle vraiment en danger ? Peut-être devrait-elle rendre ce portable à la Swiss United et sauter dans le premier avion à destination de New York. Et oublier ce cauchemar.
Mais serait-elle un jour capable de tout recommencer de zéro ? Ou bien passerait-elle sa vie à se demander ce qui était arrivé à Matthew ? Serait-elle à jamais hantée par l’idée de ne pas savoir ce pour quoi il avait été prêt à risquer sa vie ? Se repasserait-elle éternellement la liste du peu qu’elle savait en y cherchant des signes et des indices qu’elle aurait jusque-là négligés ?
Zoé détenait des informations. Elle pouvait au moins les écouter. Sinon, il lui serait à jamais impossible de se le pardonner.
- Vous sous-entendez que vos activités sont illégales?
- Oh, pas au regard de la législation suisse.
- Tu crois que c'est l'habitude chez les banquiers suisses d'assassiner leurs collègues de sang-froid ?
- Le offshore, c'est pas propre. Ces types, ce ne sont pas des banquiers, ce sont des cow-boys. Ils obéissent à des règles d'un tout autre genre.
N'est-ce pas ainsi que toutes les liaisons commençaient? Ce genre de choses devait certainement se produire souvent à la Swiss United. Ces hommes passaient tellement de temps au bureau. En général, le soir, ils dînaient là-bas. Quand ils ne passaient pas le week-end pendus au téléphone, ils avaient l'esprit ailleurs, se montraient incapables de soutenir une conversation suivie qui porterait sur autre chose que sur les taux de change, les déductions fiscales et le cours de l'or.