D'où vient que ton orgueil lève si haut la crête,
oubliant que tu n'es qu'un avorton d'insecte,
un vers dont la nature a raté la façon?
Nous étions au sommet de l'escalier,
où pour la deuxième fois s'entaille
le mont qui ôte le mal par la montée.
Là de nouveau une corniche embrasse
le bord de la montagne, comme la première ;
sinon que sa courbe se clôt plus vite.
On ne voit là ni figure ni image :
la rive et la voie y sont lisses,
avec la couleur livide de la pierre.
" Si pour demander nous attendons quelqu'un
ici ", dit le poète, " je crains que notre choix
en soit retardé trop longtemps. "
(Noi eravamo al sommo de la scala,
dove secondamente si risega
lo monte che salendo altrui dismala.
Ivi cosí una cornice lega
dintorno il poggio, come la primaia ;
se non che l'arco suo piú tosto piega.
Ombra non lí è né segno che si paia :
parsi la ripa e parsi la via schietta
col livido color de la petraia.
" Se qui per dimandar gente s'aspetta ",
ragionava il poeta, " io temo forse
che troppo avrà d'indugio nostra eletta ".)
Chant XIII, (v. 1-12).
Courez vers la montagne et lavez cette croûte
qui cache à vos regards le visage de Dieu.
Il est un lieu là-bas qu'attristent les ténèbres,
mais non les peines, et où les plaintes
ne résonnent pas en cris, mais en soupirs.
Il ralentit enfin sa marche, car la hâte,
ternit la dignité de tous nos mouvements;
et l'esprit, jusqu'alors content de peu de choses,
ressentit l'aiguillon de la soif de connaitre
et me fit diriger le regard vers la cime
qui s'élance des eaux vers le ciel le plus haut.
Ombres, où l'on ne voit qu'une vaine apparence!
Cette montagne est telle qu’elle est toujours rude pour commencer ; mais plus on monte, et moindre est la fatigue. Aussi quand elle te paraîtra si douce que la montée te sera légère, comme aller en bateau en suivant le courant, alors tu seras au bout de ce chemin ; attends là-haut de reposer tes peines.
Celui qui siège le plus haut et qui laisse voir
qu'il a négligé de faire ce qu'il devait,
et qui n'ouvre pas la bouche au chant des autres,
fut l'empereur Rodolphe, qui aurait pu
guérir les plaies dont l'Italie se meurt,
alors qu'il est trop tard pour qu'un autre la sauve.
L'autre qui paraît le réconforter
fut roi du pays où naissent les eaux qui mènent
la Moldava dans l'Elbe, et l'Elbe dans la mer :
il eut nom Ottokar, et déjà dans les langes
il valait mieux que Wenceslas son fils,
barbu, qui se nourrit de paresse et de luxure.
Colui che più sede alto e fa sembianti
d'aver negletto cio che far dovea
e che non move bocca alli altrui canti,
Rodolfo imperador fu, che potea
sanar le piaghe c'hanno Italia morta
si che tardi per altro si ricrea.
L'altro, che nella vista lui conforta,
resse la terra dove l'acqua nasce
che Molta in Albia, e Albia in mar ne porta :
Ottacchero ebbe nome, e nelle fasce
fu meglio assai che Vincislao suo figlio
barbuto, cui lussuria e ozio pasce.
Purgatoire, VII, 100.
On monte à San Leo, on descend à Noli,
on grimpe à Bismantoue et à Cacume
avec les pieds ; ici, il faut voler ;
avec les ailes, dis-je, et les plumes rapides
du grand désir ...
Vassi in Sanleo e discendesi in Noli,
montasi su in Bismantova e'n Cacume
con esso i piè ; ma qui convien ch'om voli ;
dico con l'ale snelle e con le piume
del grand disio ...
IV-25
Je me tournais vers le côté, avec la peur d’être abandonné, lorsque je vis le sol obscur devant moi seul ; et mon consolateur : pourquoi crains-tu ? Ne vois-tu pas que je suis là, pour te guider ?