AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de John_P


Nina Allan indique sur son site internet que Spin a été composé vers 2010-2011, au retour d'un séjour en Grèce. Court roman, longue nouvelle, novella : réécriture du mythe de Minerve et Arachné que l'on peut cependant lire sans avoir immédiatement celui-ci à l'esprit (quelques vers sont donnés en exergue du texte et on pourra se reporter à la traduction des Métamorphoses d'Ovide par Danièle Robert, Chant VI, Actes Sud).
Écrit à la 3e personne, usant du point de vue interne, le récit suit au plus près le personnage de Léila Vargas, jeune prodige de la broderie et de la tapisserie, partie de Kardamyli pour tenter sa chance à Atollville.
Par le biais de la fiction, l'auteur développe ici - jusqu'à un final majestueux - ce qu'on pourrait appeler une esthétique de la toile d'araignée (le site internet de Nina Allan a pour titre « The Spider's House » - ce qui peut se lire également comme un hommage à Paul Bowles (voir l'article de Libé datant de 2013)). Toile qui, à mesure qu'elle va se tisser, retiendra les récits antérieurs et, de manière forcément troublante, semblera toujours avoir enveloppé les suivants avant même que ceux-ci ne soient écrits. En ce sens, chaque récit (roman, nouvelle) de Nina Allan a la particularité de pouvoir être lu en lui-même et pour lui-même tout en ne cessant de s'ouvrir à (ou de se replier sur) l'ensemble de l'oeuvre, ceci non seulement par les thèmes abordés, les échos narratifs, mais aussi par une étrange présence/absence d'un certain nombre de personnages qui, malgré un goût marqué pour la vie entendue comme expérience à mener (je ne sais pas comment formuler ça autrement aujourd'hui), paraissent souvent à deux doigts de disparaître, de se dissoudre en plein milieu de telle histoire - par manque (refus ?) de consistance, circulation brumeuse du désir, impasses... - pour se retrouver comme métamorphosés dans telle autre (mais ce n'est pas si « étrange » que ça si l'on considère l'importance de la thématique du « temps » dans l'oeuvre de Nina Allan, en lien avec l'organisation de l'espace (actuel, virtuel) et l'importance des objets, des artefacts (rapport à la mémoire et à l'avenir) - dans le roman La Course, par exemple, l'ambiance créée par la mise en place de l'histoire, des personnages autour de l'ancienne station balnéaire de Sapphire m'a fasciné).
J'ai découvert les livres de Nina Allan il y a quelques mois grâce à l'édition en poche de la Fracture, dont la photo de couverture a attiré mon attention dans une librairie. Roman lu quasi d'une traite. Je me suis ensuite procuré le recueil de nouvelles Complications puis La Course (et les autres publications en français, dont Spin...).
Commenter  J’apprécie          10







{* *}