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Ahmet Altan, écrivain turc de grande notoriété, opposant au tyran Erdogan croupit en prison pour ses idées. Cet homme courageux lutte pour les valeurs d'humanisme que nous portons. C'est un artiste, ne l'oublions pas. Entre deux coupures de journaux qui semblent rythmées aux injonctions arbitraires du procureur général d'Istambul, il serait bien de penser à lui, et penser à lui ici, c'est d'abord le lire.
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J'avais acheté ce livre dès sa parution : pour que ses mots puissent être connus, puissent vibrer dans ma poitrine .
J'avais déjà lu ses deux grands romans. Je disais autour de moi : il faut savoir. Savoir est le soutien que l'on peut lui apporter.
Grâce à des amis de facebook je lisais des comptes-rendus des procès.
Je viens seulement de lire son livre; j'admire ce qu'il a été capable d'écrire sans être écrasée par l'angoisse puisque je connais sa libération. Puisse-t-elle être définitive.
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Ce livre de Ahmet Altan est très intéressant et surtout poignant en sachant les conditions dans lesquelles il a été écrit.
L'auteur nous y fait part de diverses pensées, des idées, il nous partage son quotidien en prison, l'absurdité des procès en Turquie et des rafles suite au putsch raté de 2016. Certains dénoncent des personnes n'ayant rien fait afin simplement échapper à la prison, ils sont prêts à dénoncer des amis etc.
Ahmet Altan a une plume agréable et porte un regard très intéressant sur la littérature, notamment quand il aborde le fait que certains personnages dépassent leurs auteurs, comme par exemple Anna Karenine ou Emma Bovary.
L'auteur fait preuve de dérision mais garde néanmoins courage et reste positif. Il a des termes très forts, surtout quand il dit qu'il reste libre malgré les barreaux de la prison puisqu'il a son imagination pour lui. Être écrivain permet de voyager, puisqu'il accompagne en quelque sorte son livre et s'invite dans le salon ou la chambre des lecteurs des pays dans lequel il est traduit.
Je conseille cette lecture qui nous fait réfléchir sur divers sujets et sur notre chance d'être libres.
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L'écrivain turc Ahmet Altan a été accusé et très sévèrement condamné - sans aucune preuve - pour avoir participé au putsch contre M. Erdogan. C'est dans sa prison qu'il a écrit ce témoignage qui me parait être d'une grande valeur. Non seulement il décrit avec précision les méthodes de la police et de la justice turques, mais surtout il analyse au jour le jour sa propre expérience de prisonnier. Par exemple, il remarque qu'il ne savait « jamais tout à fait dans quelle direction s'écoulait le temps »; il observe que « le prisonnier compte tout. Sauf le temps ». Ahmet Altan montre une lucidité et une fierté très remarquables. En pensant à ses geôliers, il se dit: « Moi je vais vous oublier, et vous vous souviendrez de moi ». Mais il ajoute un peu plus loin: « J'ai honte, chaque fois que des gens me prennent pour quelqu'un de courageux, chaque fois j'ai l'impression de les tromper. Je ne suis pas quelqu'un de courageux. Plutôt quelqu'un qui aimerait l'être. Et, en même temps, quelqu'un qui méprise le courage. Un pur paradoxe ! » Qu'il l'accepte ou non, il se comporte bien d'une manière courageuse. Dans le "tout répressif" de la Turquie d'Erdogan, il est incarcéré et en même temps libre dans sa tête. Il domine l'adversité du mieux qu'il est possible… Ce livre est une petite merveille d'intelligence.
Précisons finalement qu'Ahmet Altan, dont le dossier judiciaire était vide, a été libéré le 14 Avril 2021.
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C'est sur Facebook que j'ai vu passer ce livre, (comme quoi il s'y passe parfois des choses intéressantes !). Pour une fois je vais être impérative et claire : lisez ce livre et faites le lire autour de vous. D'abord parce qu'il faut savoir ce qui se passe sous Erdogan en Turquie, mais aussi parce que c'est l'oeuvre d'un grand écrivain qui sait nous toucher au plus profond de nous. Ahmet Altan est, avant tout, écrivain et il sait qu'aucun mur aussi épais soit-il ne peut tarir sa source d'inspiration et que si ses geôliers, suppôts du régime d'Erdogan, emprisonnent et cherchent à l'humilier l'homme, ils ne pourront jamais éteindre l'écrivain qui est en lui. Il sait, aussi, l'importance pour lui d'être lu par un large public, c'est pour cela que j'ai commencé de cette façon ce billet. Les hasards faisaient que je lisais en même temps un numéro de la revue « Histoire » sur le goulag. Et je me suis fait la réflexion suivante : certes la Turquie va mal, certes cet homme est privé de sa liberté mais ils n'est pas torturé, il peut faire de multiples recours judiciaires, il a pu écrire et peut-être, finalement sortira-t-il de prison, mais c'est loin d'être fait. En attendant, lisez les extraits que j'ai notés pour vous et j'espère que cela vous donnera envie de lire son essai en entier
Lien : http://luocine.fr/?p=10907
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Ce livre est d'une beauté bouleversante.
Je n'ai cessé de penser au poème de Paul Eluard «liberté ».
liberté dont est privé Ahmet Altan, arrêté par la police d'Erdogan après le putsch raté de 2016, accusé par les autorités d'avoir adressé des messages subliminaux appelant les opposants à Erdogan à fomenter ce putsch.
Dans ces textes, Ahmet Altan oppose à la force brute des militaires et de la police la légèreté de son stylo.
Il nous raconte son quotidien entre absurdité et brimades, mais ce qui ne le quitte jamais c'est l'espoir.
Ses accusateurs et ses geôliers ne réussissent pas à le détruire, la force de son imagination l'emporte hors des murs, ses pensées sont plus fortes que les barreaux de sa cellule.
Ahmet Altan a été condamné à une peine de perpétuité aggravée, puis sera libéré, pour être au final arrêté de nouveau quelques jours plus tard et immédiatement réincarcéré.
Un livre fort et puissant, témoignage de ce qui se passe dans la Turquie d'aujourd'hui.
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Ce n'est pas facile d'écrire après la lecture d'un tel livre. Ahmet Altan fait partie de ces nombreux intellectuels enfermés arbitrairement par un pouvoir en plein durcissement après le coup d'état manqué de juillet 2016. Son dossier a suivi son cours et, malgré de nombreux rebondissements, ce journaliste de 69 ans est aujourd'hui encore en prison, condamné à la réclusion à perpétuité. Malgré deux romans déjà parus en France, je ne connaissais pas cet auteur et c'est grâce à une note de lecture d'une lectrice dont j'apprécie souvent les choix de lecture que je me suis laissée convaincre.
Et bien m'en a pris. C'est une lecture qui ne laisse pas indifférent. C'est toujours difficile de trouver les bons adjectifs dans ce genre de situation : le livre évoque des évènements sombres pour un pays, tragiques pour un homme, comment dire que l'on a aimé cette lecture malgré son côté éprouvant, malgré ce qu'il décrit.
Eprouvant, ce livre, parce qu'il décrit une situation véritable. Mais pourtant, pas du tout plombant, si je peux me permettre d'utiliser ce mot. Parce que tout cela est passé au filtre de la distanciation dont est capable l'auteur. Il vit son incarcération à la fois dans sa proche chair, et comme un spectateur qui intellectualise cette expérience. Il le dit à plusieurs reprises, aucune porte ni aucun mur ne résiste à un écrivain.
Mais ce n'est pas seulement cette force de l'imagination ni cette culture qui rendent la lecture de ce livre si bouleversante. C'est la façon tellement détachée avec laquelle il décrit son expérience. Sentant bien que le juge est plus embêté que lui de cette mascarade judiciaire : l'un y laisse sa liberté, l'autre loupe l'heure du café. Ce détachement et cet humour m'ont parus parfois de la fanfaronnade, mais une fanfaronnade nécessaire parce qu'elle permet de survivre à ces conditions d'enfermement, et une fanfaronnade d'un grand panache.
C'est un texte fort, publié dans différents pays mais bien sûr pas en Turquie. L'éditeur est étrangement silencieux quant à la façon dont ces textes ont été sortis de prison, et peut-être ce silence est-il nécessaire. C'est d'ailleurs un texte peu structuré qui est ici donné à la lecture. Si l'on suit globalement la chronologie des faits judiciaires, mais les textes sont toujours courts, et s'y intercalent des réflexions, des pensées, des rêveries.
En définitive, ce livre, avec ses petites imperfections, est, j'imagine, un reflet fidèle de son auteur. C'est une lecture poignante et paradoxalement pleine d'espoir. C'est aussi un livre qui m'emplit d'un grand respect pour Ahmet Altan, pour la façon dont il affronte sa détention. Je ne connaissais pas cet homme avant, ni son combat ni ses écrits. Je suis maintenant tout simplement admirative de ce qu'il réussit à transmettre dans ce court texte. Je n'ai pu m'empêcher de le comparer à Jean Zay dont j'ai lu il y a un peu plus d'un an des extraits de ses textes de captivité. le contexte est différent, leur attitude face à l'adversité est aussi différente, mais c'est la même dignité inaltérable, la même capacité infinie à trouver en soi les ressources de sa propre liberté.
Je referme ce livre avec un étrange mélange de serrement au coeur et de chaleur. Serrement au coeur car cette détention ne devrait pas même être et une chaleur pour l'espoir qui transpire de ce texte. L'espoir que l'esprit est malgré tout plus fort, que c'est l'intelligence qui triomphera parce qu'on ne peut l'étouffer.
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Quand on prend un livre, on souhaite que celui-ci nous transporte. Tel est le but atteint par Ahmet ALTAN.

Ce dernier, journaliste turque, est condamné à la prison suite aux manifestations de 2012. Il nous offre à l'accompagner à chaque étape : son interpellation, son procès (ou parodie de procès), son transfert, son entrée, la découverte de ses cellules, des codétenus, les premiers soins, ses nuits, les détails qui tentent à déshumaniser ces condamnés, les livres en prison. Il en profite pour raconter son histoire, sa famille avec un style à mi chemin entre le journalisme et la littérature. Il nous offre ses clefs qui l'ont mené à résister sans pour autant s'estimer courageux. « Vous pouvez me jeter en prison, vous ne m'enfermerez jamais. »

Le fond est très cru : nous ne sommes pas épargnés de la crasse des cellules, des conditions de vie misérables tandis que la forme est très pudique au contraire. L'intimité des propos avec la distance de l'écriture. Cet équilibre donne au livre une qualité incroyable qui donne envie de continuer à s'intéresser à cet auteur couronné, pour son livre suivant, du prix Femina du livre étranger.

Quand on prend on livre, on souhaite que celui-ci nous transporte. C'est l'exploit atteint grâce au talent de Ahmet ALTAN qui, avec seulement 6 mètres carrés, nous tient en haleine de la première à la dernière page. Rien de facile dans cet ouvrage, sauf sa lecture.
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Magnifique ! Un grand écrivain ! Dix-neuf textes écrits en prison par un dissident turc condamné à perpétuité en 2018. J'ai aimé tout de suite ! J'avais lu de lui Madame Hayat que j'ai beaucoup aimé aussi, mais cet essai est bouleversant, attendrissant et nous apprend qu'on peut être libre même confiné dans une cellule. L'écriture est belle, réflexive et génère l'émotion à chaque page. La noirceur n'a pas d'emprise sur lui. Il sait démêler les fils qui le relient à l'espoir et à la vie. Je ne sais quoi dire pour vous convaincre de lire Altan tant je suis encore tout imprégnée de cette oeuvre marquante et sensible. Merci à Hélène T. qui m'a fait découvrir cet auteur.
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Si un livre doit mener son auteur vers le prix Nobel de littérature (ou de la paix, ou les deux) ce serait bien celui-ci.
Ce recueil de textes de prison, écrits en prison, par un grand lettré, un très grand lettré est juste époustouflant (et son traducteur français a fait fort).
Quelle force de caractère, quelle résilience, quelle grandeur d'âme. Tout est d'autant plus admirable qu'il est condamné sans raison, si ce n'est celle d'un dictateur qui ne tolère pas les opinions divergentes. Mais c'est surtout l'éloge de la littérature, l'amour des plus grands écrivains, qui forcent l'admiration. La passion des livres et des librairies lui ont permis de tenir bon, de résister au néant d'un emprisonnement scandaleux et sans raison et regarder foi en l'humanité. Vraiment, une leçon de vie qui mérite un Nobel de littérature rien que pour ce seul essai.
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