J'ai d'abord été déçue par ce livre, avant d'être en colère contre l'auteure de ne pas assez développer la partie où l'on s'attendait à trouver des réponses sur la manière de s'accepter et de s'aimer et puis j'ai compris qu'en réalité c'était contre moi que j'étais en colère. Son livre n'était pas superficiel, il n'était pas fait pour être lu mais pour être vécu.
Et si je n'arrivais pas à écrire cette chronique c'était tout simplement parce que je voulais écrire un article parfait telle une dissertation en oubliant que seules mes blessures pouvaient l'écrire. Il fallait que j'embrasse mon passé, mes cicatrices et mes souffrances si je voulais être en capacité d'être honnête avec ce livre alors j'ai écouté cette chanson dont l'auteure m'avait parlée (Pretty Hurts, Beyoncé) et ce fut un véritable coup de poing, la crise de larmes et je me suis mise à écrire sans réfléchir.
Comme des milliers de femme j'ai été victime de moi-même, des attentes de la société et de l'industrie de beauté. J'ai été une adolescente intelligente, pas plus moche qu'une autre selon des critères qui me semblaient être miens, première de classe et pourtant … anorexique. J'ai passé des années à me battre contre cette maladie et j'ai conscience que je le ferai toute ma vie parce que le gouffre n'est jamais loin. le combat est sans fin et revient de manière cyclique et insupportable. On se trouve toujours trop grosse, trop flasque, jamais assez musclé ou assez belle, jamais assez intelligente pour être digne d'être en compagnie de telle ou telle personne… alors on se prive de manger parfois, on se planifie des séances de sport draconienne, on s'ouvre à tous les sujets et on étudie jusqu'à en perdre le sommeil. Et le jour où l'on atteint son but il n'est plus suffisant. On veut toujours plus. Un ventre toujours plus plat, un corps toujours plus fin et en même temps avec des formes, un esprit toujours plus aiguisé, une mémoire toujours plus importante, une ouverture d'esprit toujours plus poussé…. Chaque commentaire de son entourage sur soi ou sur un(e) inconnu(e) est une pique et une prise de tête quotidienne. Un mal être dont nous sommes seuls responsables et pourtant en permanence nous cherchons un coupable.
L'auteure a voulu faire de ce livre une lettre d'amour à toutes les femmes en nous rappelant tout ce que nous imposons à notre corps et à notre esprit au nom de cette dite beauté qui ne nous appartient pas et ne nous appartiendra jamais. Elle a voulu nous rappeler que nous sommes aliénés par cette conception qui a été inventé par la société, cette conception qui nous semble être nôtre mais qui en réalité ne nous appartient pas.
A partir de là, comment ne pas se mettre en colère ? Comment ne pas avoir envie de pleurer toutes les larmes de son corps ? Nous consacrons notre vie à un idéal qui n'est pas le nôtre, nous mettons notre vie en danger par tous les moyens possibles, anéantissant notre confiance en nous et notre unique chance d'être heureuses. Nous cherchons le physique parfait, le compagnon idéal pour notre famille, les amis les plus présentables en société et sans cesse nous nous emprisonnons dans ces cases que la société a créée pour nous. le pire ? Nous avons accepté tout cela comme étant la normalité, l'unique possibilité, ce qui ne nous empêche pas de lire des romans de développement personnel et de chercher des réponses toutes faites sur des sites d'estime de soi.
Notre malheur n'est pas normal et dans le fond nous le savons très bien. Et c'est en écrivant à l'auteure que j'ai réalisé tout ceci, que le fond de ce livre était justement de mettre en lumière tout cela et qu'il n'était pas superficiel parce qu'énormément centrée sur l'industrie de la beauté et ses effets néfastes. En me présentant son parcours, elle m'a rappelée que nous étions toutes enfermées dans ce même cercle vicieux de souffrance, à chercher des réponses à l'extérieur quand la seule réponse est en nous et l'a toujours été.
J'ai compris qu'elle ne pouvait pas développer plus que ce qu'elle l'avait fait l'importance de l'estime de soi, pour la simple et bonne raison que personne d'autre que vous-mêmes ne peut vous aider. La clé du bonheur est en chacune d'entre nous, dans notre individualité et il n'existe pas UNE solution mais autant de solutions qu'il y a d'individus. Nous sommes les seules à avoir les cartes en main et nous ne pouvons pas nous attendre à être heureuse et aimée si nous ne sommes pas capables de nous aimer nous-même pour ce que nous sommes. Nous sommes toutes belles, nous avons simplement oubliés que notre singularité était la vraie beauté.
Alors pour en revenir à ce livre, j'ai d'abord été déçue et en colère oui, mais après coup comment pourrais-je le déprécier ? Il a été une révélation et je ne peux vous en parler de manière objective parce qu'il fera l'objet d'autant de réactions qu'il existe d'individualité. Et s'il ne vous fait aucun effet aujourd'hui, peut-être qu'il aura une résonance toute particulière un jour et c'est tout le mal que je vous souhaite.
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