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Critique de kielosa


Au fil des années, j'ai pratiquement tout lu d'Eric Ambler et bien qu'il soit mort depuis 1998, je veux lui rendre un hommage posthume pour les nombreuses heures de lecture passionnante qu'il m'a procuré avec ces romans, ainsi que les heures de plaisir à visionner des films basés sur ces romans. L'influence de cet écrivain britannique peut difficilement être sur-estimée. En effet, la liste d'auteurs et de régisseurs qui se sont réclamés de son oeuvre est longue, à commencer par l'unique John le Carré, mais également Frederick Forsyth, Len Deighton, Ken Follett etc.
J'ai failli aussi écrire un roman dans le style de ce grand maître de l'intrigue angoissante, mais comme je passais déjà un bon bout de mon temps libre à rédiger pour mon travail c'est malheureusement resté au stade de projet et, maintenant, j'ai passé l'âge. Peut-être qu'après tout il vaut mieux, car je risquais fort de me blâmer en voulant écrire une histoire dans le genre inimitable d'ailleurs d'Ambler. N'est pas Ambler qui veut !

Me baladant à Londres, il y a quelques années, je suis tombé sur une biographie de lui par Ronald J. Ambrosetti. J'étais à la caisse, en moins de 2, bien que je connusse la vie d'Eric Ambler en grandes lignes.

Aujourd'hui, je propose de dire un mot sur sa vie, mais surtout de m'arrêter sur certains de ses succès et de revivre, en pensées, des bons souvenirs.

Mais d'abord, une courte présentation de l'auteur. Ronald J. Ambrosetti est le doyen adjoint de la faculté des arts et sciences de l'université de New York, où il est professeur de littérature américaine. Il passe pour un des grands spécialistes de cette littérature, mais aussi du folklore et la culture populaire des États-Unis. Dans ce dernier domaine, il est l'auteur de 2 anthologies qui font autorité. Il a été également lecteur à la splendide université de Coimbra au Portugal.
L'ouvrage est relativement court : 184 pages avec préface et registre des noms en fin de volume, mais n'existe, malheureusement, qu'en anglais.

1) Sa vie

Eric Ambler (1909-1998), est de formation ingénieur, mais attiré par la philosophie (Carl Jung, Oswald Spengĺer...) et la littérature (Dostoïevski, John Buchan...), il écrit son premier roman à 27 ans et avant 1940, l'année où il devint soldat, il en aura écrit 4 autres. En tout, il est l'auteur de 24 romans et un nombre supérieur même de scénarios pour le cinéma, ce qui lui a valu un Oscar en 1953 pour "La mer cruelle". Aux États-Unis, il a reçu le Prix Edgar Allan Poe pour "Topkapi, en 1964, et le "Grand Master Award" ou le prix des auteurs policiers, un an avant son compatriote Graham Greene, en 1975 et en France, le Prix Mystère de la Critique, en 1979 pour "Docteur Frigo". En Angleterre, il a été anobli en 1981. Petit détail : en secondes noces, Il a épousé Joan Harrison, l'assistante préférée de Sir Alfred Hitchcock.

2) Son oeuvre

Le grand mérite de l'auteur est d'avoir valorisé le genre du thriller, ou comme il l'a dit lui-même dans une interview à la BBC : Lorsque j'ai commencé à écrire, en 1936, le détective ou polar classique commençait à montrer des signes de fatigue, tandis que "le thriller était encore considéré comme vulgaire, j'ai donc décidé de lui donner un peu de profondeur". En le faisant, il a, en fait, créé un nouveau genre, celui de l'intrigue internationale et le pauvre individu "paumé" par cette intrigue.
Eric Ambler a eu clairement un faible pour l'antihéros, souvent en conflit avec le monde nébuleux des professionnels des services secrets et celui des magnats puissants des affaires. Dans " le Masque de Dimitrios" il note à ce propos : "Le commerce mondial peut conduire ses opérations sur la base de bouts de papier, mais l'encre utilisée est du sang humain." le titre de son roman de 1938 "Je ne suis pas un héros" est à ce propos révélateur. L'évocation des pauvres individus, impuissants devant des ennemis autant redoutables, appartient, à mon avis, au plus réussi de son oeuvre.
Ses régions géographiques de prédilection sont les Balkans, Istanbul et le Moyen-Orient.

Le thriller qui est généralement reconnu comme son meilleur "Le Masque de Dimitrios" est situé à Istanbul juste avant la guerre, mais doit une part non négligeable de son succès au film que Jean Negulescu en a fait, en 1944, avec un inoubliable Peter Lorre comme vedette. le même phénomène s'est produit 20 ans plus tard avec le film "Topkapi" de Jules Dassin, basé sur le roman "La nuit d'Istanbul" de 1962, avec un si possible encore plus impressionnant Peter Ustinov, à côté de Melina Mercouri et Maximilian Schell. Quoi qu'il en soit 2 grands moments de frisson.

Les thrillers que j'ai préférés de lui et que je peux absolument recommander sont : "La croisière de l'angoisse" (1940), "Les trafiquants d'armes" (1959), "Le Levantin" (1972) et "Complot à Genève" (1974).

Je serais curieux d'apprendre comment les jeunes d'aujourd'hui évaluent ses romans, surtout ceux d'avant la 2ème guerre mondiale ? Quant à moi, je ne compte pas relire un de ses 17 ouvrages pour vérifier s'ils me plaisaient toujours autant. Je ne veux pas tenter le diable et m'exposer à une déception. Comme dit un proverbe slave : les bons souvenirs durent longtemps, les mauvais plus encore ! Ou pour reprendre une belle phrase d'Eric Ambler en personne dans son "Épitaphe pour un espion" : " La réalité est toujours si obstructive "!


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