Je pense parfois que je suis contrôlé par quelqu'un. Quelque envahisseur de l'espace envahit mon espace intérieur, le farceur. Mais il ne vient pas du dehors. Il vient du dedans.
La vie perd sur tous les tableaux, nous perdons sur tous les tableaux, nous perdons mère, père, jeunesse, cheveux, beauté, dents, amis, amants, forme, raison, vie. Nous perdons, perdons, perdons. Qu'on nous débarrasse de la vie. Elle est trop dure, trop difficile.
Je ne suis pas allergique au XXe siècle. Je suis drogué au XXe siècle.
Il y a des moments où j'ai l'impression que la vie me dépasse, et pas lentement, mais dans des nuages de vapeur, avec des roues qui lancent des étincelles et un rugissement rauque de puissance ou de terreur. Elle passe, et pourtant il n'y a que moi qui bouge. Je ne suis pas la gare, je ne suis pas l'arrêt : je suis le train, je suis le train.