Dans cette réécriture du conte de Baba Yaga, fortement teinté de culture russe, on découvre tout un univers de maisons sur pattes de poulet, et de Yaga, des passeuses d'âmes qui élisent domicile temporairement pour aider les âmes égarées à trouver le repos.
Dans ce contexte, l'héroïne Marinka s'ennuie et aspire à un autre destin que celui de Yaga, comme sa grand-mère. Bravant les interdits, elle va essayer de se faire des amis chez les vivants et les morts, refuser d'aider Baba dans le passage des âmes ou renier ses origines.
Sophie Anderson nous propose un roman d'apprentissage classique autour du thème du deuil et de la recherche d'identité. Livrée à elle-même, l'héroïne va devoir apprendre à grandir et à trouver sa place dans le monde, tout en découvrant ses origines.
Avec Marinka, l'auteure abordera les thèmes de la transmission, de l'émancipation, de la maturité, des amours adolescentes mais aussi la discrimination, le racisme, l'acceptation de la différence.
Elle nous fera aussi voyager des steppes glacées de Russie, au désert du Sahara en passant par les îles tropicales ou ce qui semble être la Grande-Bretagne.
J'ai beaucoup apprécié la manière dont l'auteure aborde le thème du deuil, qui n'est pas très facile à traiter en littérature de jeunesse. le sujet est abordé toute en sensibilité et avec un peu de fantaisie, à travers la métaphore d'une porte qui s'ouvre pour aspirer les âmes décidées à trouver le repos. La description du repas de fête avec des plats typiques russes, l'écoute des âmes par la Yaga concernant leur vie passée pour les pousser à traverser le voile en toute quiétude, ... Dans cette histoire, la mort est vécue comme un moment doux et joyeux, accompagnée d'écoute et de compréhension.
J'ai aussi adoré la relation entre Marinka et sa maison qui se rapproche d'un lien filial. La maison est une entité qui ressent les choses comme les humains, avec son petit caractère mais aussi ses failles. le fait d'en prendre soin au sens propre comme au figuré aide Marinka a trouver sa voie mais aussi d'y dénicher un refuge en fin d'ouvrage, alors qu'elle la considère comme une prison au début de l'histoire. C'est un peu comme quitter sa mère pour aller découvrir le vaste monde, pour mieux y revenir.
Si le roman comporte quelques longueurs associées aux interrogations de l'héroïne sur son avenir, les rebondissements finaux ont su me surprendre de manière agréable.
A noter qu'un lexique sur les mots russes utilisés par l'auteur est présent en fin d'ouvrage pour mieux comprendre de quoi il est question.
Un roman qui aurait tout à fait sa place pour un public adolescent de 12-14 ans si sa couverture, bien que jolie, était plus sérieuse. Un coup de coeur à découvrir absolument.