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Citations sur Fleur de cerisier : Vol 459 (9)

« On finit toujours par ressembler aux gens qu’on aime, surtout quand on a librement choisi cet amour. »
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Mais, quand j'aurai tenu Hope Tien dans mes bras, que j'aurai veillé sur elle comme je veille aujourd'hui sur sa mère, qu'elle aura planté dans mon cœur un rosier de fleurs et d'épines qui grandira, m'enchantera et m'emprisonnera chaque jour un peu plus, pourrai-je continuer à me rendre à mon bureau, m'asseoir derrière mon écran...
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La voix de l’hôtesse me ramène à la réalité. Elle invite les passagers en classe affaires du vol AC774 à embarquer. Le départ de Los Angeles s’effectuera à 22 h 55, et nous atterrirons à Montréal à 7 h 09 après cinq heures quatorze d’un vol de nuit que tout annonce confortable.
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«C’est beaucoup que de se battre en méprisant la guerre, d’accepter de tout perdre en gardant le goût du bonheur, de courir à la destruction avec l’idée d’une civilisation supérieure.»

Albert Camus
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Mais, quand j'aurai tenu Hope Tien dans mes bras, que j'aurai veillé sur elle comme je veille aujourd'hui sur sa mère, qu'elle aura planté dans mon cœur un rosier de fleurs et d'épines qui grandira, m'enchantera et m'emprisonnera chaque jour un peu plus, pourrai-je continuer à me rendre à mon bureau, m'asseoir derrière mon écran...
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C’est le moment que je préfère. Chaque fois. Armer puis envoyer le missile. Le regarder atteindre sa cible. Se sentir submergé d’allégresse, comme lors d’un feu d’artifice.

Je m’apprête à tirer. Immobilisé à deux millimètres de la touche, mon index tremble. Bon signe. Une zone de chaleur, pareille à une brûlure de cigarette, s’étend progressivement et irradie bientôt jusque sous l’ongle. C’est l’appel de la mise à feu. Je garde les yeux rivés sur la cible dont le clignotement vert iridescent magnétise mon iris aussi sûrement que le regard de l’anaconda captive celui du lapin qu’il va engloutir. Un frisson parcourt alors mon échine, remonte le long de mes vertèbres et vient produire une explosion de chaleur dans mon occiput. Les hindous nomment cette sensation «montée de la Kundalini», mais moi, je la compare à la tension qui accapare le bas de mon dos au moment de l’éjaculation. Et comme à cet instant magique, je me retiens. Puis je laisse aller.
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Les essais sur le nouveau modèle de missile sont concluants. Je n’aurais pas attendu jusqu’à demain pour l’annoncer à mon assistant et lui demander de transmettre la fabuleuse nouvelle à toute l’équipe que je dirige. Le courriel s’en va lui aussi dans l’espace intersidéral. Je rabats alors mon ordinateur, saisis ma carte d’embarquement et mon passeport américain, et cours vers l’hôtesse.

Au-dessus du comptoir d’embarquement, l’écran indique qu’en ce 23 juin, à Montréal, la température au sol s’élève déjà à vingt-trois degrés. À l’arrivée demain matin, il fera au moins trente. Et voilà. Une p’tite canicule pour mon trente-huitième anniversaire. Heureusement, mon père a installé la clim chez lui comme dans son dépanneur.
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Base américaine de Subic Bay, Philippines.

22 octobre 1975

Tiên regarde son mari avancer vers elle, Kim fend la foule compacte des réfugiés, qui semblent prêts à piétiner leurs semblables pour parvenir à embarquer sur le bateau. Ils ont peur. Ce convoi est sans doute le dernier. Le Mayday a déjà convoyé plus de trois cent mille Vietnamiens vers la liberté depuis la démission du président Nguyên Van Thiêu le 21 avril et la chute de Saïgon. Cette nuit, il effectuera un ultime voyage depuis la base américaine de Subic Bay vers celle de Darwin, en Australie. Il s’agit de ne pas laisser passer sa chance de partir dans des conditions sécuritaires vers les pays occidentaux qui ont accepté d’accueillir les Sud-Vietnamiens. La rater signifierait se condamner à fuir comme des pestiférés dans ces embarcations de fortune qui chaque nuit quittent les côtes au péril de leurs occupants. Ou, pire encore, devoir retourner vivre dans la République socialiste du Viêt Nam, dont le gouvernement provisoire est installé à Saïgon depuis le 30 avril. Pour tous ceux qui se bousculent sur le quai dans l’espoir de quitter Subic Bay, cette dernière éventualité n’est pas envisageable. Retourner sous le joug des communistes qu’ils ont combattu vingt ans durant équivaudrait à accepter une survie dénuée d’honneur. Même la mort serait plus douce.
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Tiên hoche la tête. Voilà des mois qu’elle l’entend répéter la même phrase. En prenant le bol, elle sourit à son mari. Lui ne sourit pas plus qu’il ne mange. Pas plus qu’il ne dort. Pas plus qu’il ne parvient à accepter ce qui est arrivé, ce désastre qu’il rumine comme la plus inadmissible des injustices, lui qui, comme commandant de la marine nationale vietnamienne, a consacré onze ans à mener ses soldats à la guerre. Onze ans, quand on en a trente-cinq, autant dire toute sa jeunesse… Et dire que lui et ses hommes n’ont jamais perdu une bataille. Et qu’ils étaient prêts à continuer. Ils voulaient s’acharner. Et triompher. Jamais ils n’auraient abandonné le Viêt Nam du Sud aux mains des Viêt-cong communistes du Nord. Pourquoi diable les Américains, avec tous leurs moyens technologiques, l’ont-ils fait? Toutes les nuits, étalé sur la natte aux côtés de sa femme qui l’observe du coin de l’œil, dans la hutte qui leur est réservée, Kim ressasse les événements des derniers mois qui ont conduit à l’improbable et inexplicable abdication américaine. Il rumine sa révolte, son impuissance, sa rancœur. Son dégoût. Il ne retrouvera pas l’appétit ni le sommeil, encore moins le sourire, avant longtemps. Jamais peut-être. Tiên le sait mais, entortillée dans la toile acérée de sa propre inquiétude, elle ne voit pas encore comment l’aider. Ce ne sera pas possible de toute façon tant qu’ils n’auront pas quitté la région.
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