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Critique de ivredelivres


Mon intérêt pour ce sujet est ancien, il remonte à un jour d'Août 1967, j'étais jeune et je séjournais chez des amis tchèques dans une petite ville proche de Prague, au retour d'une balade en voiture en approchant de leur domicile mon ami s'est figé et a dit « Arrêtez-vous ! » . Sur la place une voiture de police était stationnée, sa peur était palpable, quelques minutes passèrent, puis nous sommes repartis, ce n'était pas pour lui, ni pour sa famille, que la police était là.
Jamais je n'ai oublié la peur de cet homme, la quasi terreur qu'il avait ressenti, j'avais compris en quelques minutes ce que "régime policier" veut dire. Au mois d'août de l'année suivante les troupes russes entraient en Tchécoslovaquie pour mettre fin au Printemps de Prague.
Ensuite ce furent la lecture des écrits de Soljenitsyne, Eugenia Ginzburg et Varlam Chalamov.
Anne Applebaum elle a écrit une histoire du goulag, l'histoire des camps de concentration soviétiques : leur origine avec la révolution bolchevique, leur essor et leur apogée sous Staline, leur mutation avec ses successeurs, leur arrêt en 1986, sur décision de Gorbatchev, petit-fils d'un paysan emprisonné.

La Russie des Tsars avaient déjà envoyés en Sibérie ou à Sakhaline bons nombre d'être humains, mais le régime soviétique va l'ériger en système.
Goulag est un acronyme de Glavnoe Oupravlenie Laguereï, la direction générale des camps. le premier camp est crée sur les îles Solovki en 1920, aux confins de la Russie au bord de la mer Blanche. On utilise le monastère des moines véritable forteresse.
Les premiers prisonniers sont des officiers de l'armée blanche, des hauts dignitaires de l'église, réfractaires au pouvoir, grands criminels, des marins ayant pris part à des révoltes comme à Cronstadt.
A la création du camp le pouvoir soviétique n'a pas l'intention de détruire l'économie du monastère, il compte même lui donner une impulsion nouvelle. le pouvoir propose d'organiser les solovki en camp de travail , les conditions sont favorables : une vie dure, un régime strict : bonne école pour les détenus.
La vie quotidienne est terrible, le froid, la faim, les châtiments corporels et les actes sadiques des gardiens.
L'administration est loin et curieusement des espaces de liberté sont conservés, les détenus montent des spectacles et même comme le racontent deux charmantes vieilles dames à Hélène Chatelain, sortent pour se rendre aux obsèques de Kropotkine.
En 1921, on dénombrait déjà quatre-vingt-quatre camps.
1929 Staline entreprend la collectivisation et l'industrialisation du pays , le régime recours au travail forcé, l'exemple le plus frappant et l'ouverture du chantier de Belomorkanal. Désormais au froid, à la faim et aux mauvais traitements va s'ajouter l'épuisement par le travail.
Zek, c'est le nom que l'on donne aux détenus à partir de 1937 Les détenus vont travailler dans tous les secteurs : mines de charbon mais aussi mines d'or, construction de lignes ferroviaires, industrie et même aéronautique, exploitation forestière.
La Grande Terreur va augmenter considérablement le nombre de détenus, n'importe quel citoyen se retrouver au goulag : koulaks, vieux bolcheviks, trotskistes, poètes, écrivains, artistes... On ouvre les camps de la Kolyma pour extraire l'or ce qui avait toujours été impossible en raison des difficultés climatiques, des milliers de détenus y trouveront la mort.

La Seconde Guerre mondiale n'a pas freiné l'extension du Goulag et Anne Applebaum parle d'apogée pour les années 40 et 50.
On estime qu'à cette époque les camps produisaient un tiers de l'or du pays, une bonne partie de son charbon et de son bois d'oeuvre.
La mort de Staline en 1953 puis l'arrivée de Khrouchtchev voit diminuer le nombre de détenus, Mais Brejnev les remplit à nouveau, C'est l'époque des dissidents et la publication de « L'Archipel du Goulag », en 1973
Il faudra encore attendre vingt ans et Gorbatchev pour en finir avec le goulag.

L'histoire chronologique pour indispensable qu'elle soit ne rend pas justice à ces hommes et à ces femmes.Anne Appelbaum s'attachent aux témoignages, à la description de la vie quotidienne, les arrestations, les châtiments, les conditions de travail, tous les temps qui rythment la vie au Goulag sont évoqués.
18 millions d'individus en ont été victimes, plus de 4 millions n'en sont pas revenus En 1995 on estimait qu'un adulte soviétique sur 7 était passé dans un camp.
e travail extraordinaire d'historienne d'Anne Appelbaum lui valut le prix Pulitzer, son livre est passionnant, clair, les sources multiples et riches.
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