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Citations sur Le roman inachevé (121)

Chaque douleur humaine sens-
La pour toi comme une honte
Et ce n'est vivre au bout du compte
Qu'avoir le front couleur du sang

chaque douleur humaine veut
Que de tout ton sang tu l'étreignes
Et celle-là pour qui tu saignes
Ne sait que souffler sur le feu.
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Ici commence l'enchantement du verbe et la malédiction des poètes.
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je suis ce téméraire au soir dela bataille
qui respire peut-être encore sur le pré
mais l'air et les oiseaux voient déjà ses entrailles
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Tu vins au cœur du désarroi/Pour chasser les mauvaises fièvres/Et j’ai flambé comme un genièvre/À la Noël entre tes doigts./Je suis né vraiment de ta lèvre/Ma vie est à partir de toi.
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Cette cage des mots il faudra que j'en sorte
Et j'ai le cœur en sang d'en chercher la sortie
Ce monde blanc et noir où donc en est la porte
Je brûle à ses barreaux mes doigts comme aux orties
Je bats avec mes poings ces murs qui m'ont menti
Des mots des mots autour de ma jeunesse morte
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BIERSTUBE MAGIE ALLEMANDE





Bierstube Magie allemande
Et douces comme un lait d'amandes
Mina Linda lèvres gourmandes
Qui tant souhaitent d'être crues
Dont les voix encore enfantines
A fredonner tout bas s'obstinent
L'air Ach du lieber Augustin
Qu'un passant siffle dans la rue


Sofienstrasse Ma mémoire
Retrouve la chambre et l'armoire
L'eau qui chante dans la bouilloire
Les phrases des coussins brodés
L'abat-jour de fausse opaline
Le Toteninsel de Boecklin
Et le peignoir de mousseline
Qui s'ouvre en donnant des idées


Au plaisir prise et toujours prête
O Gaense-Liesel des défaites
Tout à coup tu tournais la tête
Et tu m'offrais comme cela
La tentation de ta nuque
Demoiselle de Sarrebrück
Qui descendait faire le truc
Pour un morceau de chocolat


Et moi pour la juger qui suis-je
Pauvres bonheurs pauvres vertiges
Il s'est tant perdu de prodiges
Que je ne m'y reconnais plus
Rencontres Partances hâtives
Est-ce ainsi que les hommes vivent
Et leurs baisers au loin les suivent
Comme des soleils révolus


Tout est affaire de décor
Changer de lit changer de corps
A quoi bon puisque c’est encor
Moi qui moi-même me trahis
Moi qui me traîne et m'éparpille
Et mon ombre se déshabille
Dans les bras semblables des filles
Où j'ai cru trouver un pays


Cœur léger cœur changeant cœur lourd
Le temps de rêver est bien court
Que faut-il faire de mes jours
Que faut-il faire de mes nuits
Je n'avais amour ni demeure
Nulle part où je vive et meure
Je passais comme la rumeur
Je m'endormais comme le bruit
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PROSE DU BONHEUR ET D'ELSA


Amoureux ond parolles peintes
Charles d’Orléans
Sa première pensée appelle son amour
Elsa L'aurore a brui du ressac des marées
Elsa Je tombe Où suis-je Et comme un galet lourd
L'homme roule après l'eau sur les sables du jour
Donc une fois de plus la mort s'est retirée
Abandonnant ici ce corps à réméré

Ce cœur qui me meurtrit est-ce encore moi-même
Quel archet sur ma tempe accorde un violon
Elsa Tout reprend souffle à dire que je t'aime
Chaque aube qui se lève est un nouveau baptême
Et te remet vivante à ma lèvre de plomb
Elsa Tout reprend souffle à murmurer ton nom

Le monde auprès de toi recommence une enfance
Déchirant les lambeaux d'un songe mal éteint
Et je sors du sommeil et je sors de l'absence
Sans avoir jamais su trouver accoutumance
A rouvrir près de toi mes yeux tous les matins
A revenir vers toi de mes déserts lointains

Tout ce qui fut sera pour peu qu'on s'en souvienne
En dormant mon passé que ne l'ai-je perdu
Mais voilà je gardais une main dans les miennes
Il suffit d'une main que l'univers vous tienne
Toi que j'ai dans mes bras dis où m'entraînes-tu
Douleur et douceur d'être ensemble confondus

Un jour de plus un jour Que la barge appareille
Sur la berge s'enfuit novembre exfolié
Ce que disent les gens me revient aux oreilles
Il va falloir subir à nouveau mes pareils
Depuis le soir d'hier les avais-je oubliés
Mais dans les joncs déjà j'entends le jars crier

Je ne sais vraiment pas ce que peut bien poursuivre
Cet animal en moi comme un seau dans un puits
Qu'est-ce que j'ai vraiment à m'obstiner de vivre
Quand je n'ai plus sur moi que la couleur du givre
L'âge dans mon visage et dans mon sang la nuit
N'achèvera-t-on pas l'écorché que je suis

J'écoute au fond de moi l'écho de mes artères
Je connais cette horreur soudain quand il m'emplit
Faut-il donc se borner à subir et se taire
Faut-il donc sans y croire accomplir les mystères
Comme le sanglier blessé les accomplit
Si le valet des chiens ne sonne l'hallali

Quoi je dormais toujours ou qu'est ce paysage
Quel songe m'habitait dans l'intime des draps
Ou tu vas je te suis La vie est ton sillage
Je te tiens contre moi Tout le reste est mirage
J'étais fou tout à l'heure Allons où tu voudras
Non je n'ai jamais mal quand je t'ai dans mes bras

Je vis pour ce soleil secret cette lumière
Depuis le premier jour à jouer sur ta joue
Cette lèvre rendue à sa pâleur première
On peut me déchirer de toutes les manières
M'écarteler briser percer de mille trous
Souffrir en vaut la peine et j'accepte ma roue

Ah ne me parlez pas des roses de l'automne
C'est toujours le front pur de l'enfant que j'aimais
Sa paupière a gardé le teint des anémones
Je vis pour ce printemps furtif que tu me donnes
Quand contre mon épaule indolemment tu mets
Ta tête et les parfums adorables de mai

L'amour que j'ai de toi garde son droit d'aînesse
Sur toute autre raison par quoi vivre est basé
C'est par toi que mes jours des ténèbres renaissent
C'est par toi que je vis Elsa de ma jeunesse
O saisons de mon cœur ô lueurs épousées
Elsa ma soif et ma rosée

Comme un battoir laissé dans le bleu des lessives
Un chant dans la poitrine à jamais enfoui
L'ombre oblique d'un arbre abattu sur la rive
Que serais-je sans toi qu'un homme à la dérive
Au fil de l'étang mort une étoupe rouie
Ou l'épave à vau-l'eau d'un temps évanoui

J'étais celui qui sait seulement être contre
Celui qui sur le noir parie à tout moment
Que serais-je sans toi qui vins à ma rencontre
Que cette heure arrêtée au cadran de la montre
Que serais-je sans toi qu'un cœur au bois dormant
Que serais-je sans toi que ce balbutiement

Un bonhomme hagard qui ferme sa fenêtre
Le vieux cabot parlant des anciennes tournées
L'escamoteur qu'on fait à son tour disparaître
Je vois parfois celui que je n'eus manqué d'être
Si tu n'étais venue changer ma destinée
Et n'avais relevé le cheval couronné

Je te dois tout je ne suis rien que ta poussière
Chaque mot de mon chant c'est de toi qu'il venait
Quand ton pied s'y posa je n'étais qu'une pierre
Ma gloire et ma grandeur seront d'être ton lierre
Le fidèle miroir où tu te reconnais
Je ne suis que ton ombre et ta menue monnaie

J'ai tout appris de toi sur les choses humaines
Et j'ai vu désormais le monde à ta façon
J'ai tout appris de toi comme on boit aux fontaines
Comme on lit dans le ciel les étoiles lointaines
Comme au passant qui chante on reprend sa chanson
J'ai tout appris de toi jusqu'au sens du frisson

J'ai tout appris de toi pour ce qui me concerne
Qu'il fait beau à midi qu'un ciel peut être bleu
Que le bonheur n'est pas un quinquet de taverne
Tu m'as pris par la main dans cet enfer moderne
Où l'homme ne sait plus ce que c'est qu'être deux
Tu m'as pris par la main comme un amant heureux

Il vient de m'échapper un aveu redoutable
Quel verset appelait ce répons imprudent
Comme un nageur la mer Comme un pied nu le sable
Comme un front de dormeur la nappe sur la table
L'alouette un miroir La porte l'ouragan
La forme de ta main la caresse du gant

Le ciel va-t-il vraiment me le tenir à crime
Je l'ai dit j'ai vendu mon ombre et mon secret
Ce que ressent mon cœur sur la sagesse prime
Je l'ai dit sans savoir emporté par la rime
Je l'ai dit sans calcul je l'ai dit d'un seul trait
De s'être dit heureux qui donc ne blêmirait

Le bonheur c'est un mot terriblement amer
Quel monstre emprunte ici le masque d'une idole
Sa coiffure de sphinx et ses bras de chimère
Debout dans les tombeaux des couples qui s'aimèrent
Le bonheur comme l'or est un mot clabaudé
Il roule sur la dalle avec un bruit de dés

Qui parle de bonheur a souvent les yeux tristes
N'est-ce pas un sanglot de la déconvenue
Une corde brisée aux doigts du guitariste
Et pourtant je vous dis que le bonheur existe
Ailleurs que dans le rêve ailleurs que dans les nues
Terre Terre voici ses rades inconnues

Croyez-moi ne me croyez pas quand j'en témoigne
Ce que je sais du malheur m'en donne le droit
Si quand on marche vers le soleil il s'éloigne
Si la nuque de l'homme est faite pour la poigne
Du bourreau si ses bras sont promis à la croix
Le bonheur existe et j'y crois




(Le roman inachevé - 1956)
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L’AMOUR QUI N’EST PAS UN MOT

Mon Dieu jusqu’au dernier moment
Avec ce cœur débile et blême
Quand on est l’ombre de soi-même
Comment se pourrait-il comment
Comment se pourrait-il qu’on aime
Ou comment nommer ce tourment

Suffit-il donc que tu paraisses
De l’air que te fait rattachant
Tes cheveux ce geste touchant
Que je renaisse et reconnaisse
Un monde habité par le chant
Elsa mon amour ma jeunesse

O forte et douce comme un vin
Pareille au soleil des fenêtres
Tu me rends la caresse d’être
Tu me rends la soif et la faim
De vivre encore et de connaître
Notre histoire jusqu’à la fin

C’est miracle que d’être ensemble
Que la lumière sur ta joue
Qu’autour de toi le vent se joue
Toujours si je te vois je tremble
Comme à son premier rendez vous
Un jeune homme qui me ressemble

M’habituer m’habituer
Si je ne le puis qu’on m’en blâme
Peut-on s’habituer aux flammes
Elles vous ont avant tué
Ah crevez moi les yeux de l’âme
S’ils s’habituaient aux nuées

Pour la première fois ta bouche
Pour la première fois ta voix
D’une aile à la cime des bois
L’arbre frémit jusqu’à la souche
C’est toujours la première fois
Quand ta robe en passant me touche

Prends ce bruit lourd et palpitant
Jette-z-en la moitié véreuse
Tu peux mordre la part heureuse
Trente ans perdus et puis trente ans
Au moins que ta morsure creuse
C’est ma vie et je te la tends

Ma vie en vérité commence
Le jour que je t’ai rencontrée
Toi dont les bras ont su barrer
Sa route atroce à ma démence
Et qui m’as montré la contrée
Que la bonté seule ensemence

Tu vins au cœur du désarroi
Pour chasser les mauvaises fièvres
Et j’ai flambée comme un genièvre
A la Noël entre tes doigts
Je suis né vraiment de ta lèvre
Ma vie est à partir de toi
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Un femme est une porte qui s'ouvre sur l'inconnu
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Jeunes gens le temps est devant vous comme un cheval échappé
Qui le saisit à la crinière entre ses genoux qui le dompte
N'entend désormais que le bruit des fers de la bête qu'il monte
Trop à ce combat nouveau pour songer au bout de l'équipée.
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