Dans l'ouest du Texas, vers 1875, Bartholomew "Bat" Alouysius Lash est amoureux de Dominique Wilder la fille d'un riche propriétaire terrien qui souhaite expulser ses parents pour agrandir son domaine. Et cette demoiselle est également convoitée par Brubaker le shérif de la ville, monsieur qui travaille main dans la main avec papa Wilder. Pour ne rien arranger, Papa Wilder a une dent contre Zeke Lash qui s'est mariée avec une dame sur laquelle il avait des vues. Et le meilleur ami de Bat Lash est un comanche. Alors que l'histoire commence, les événements se précipitent : Bat Lash conclut avec Dominique, Brubaker le fait pendre et Wilder senior commence à penser à la méthode forte pour expulser les Lash de leur terrain.
Bat Lash a eu droit à une minisérie après être apparu dans une autre série western (dans Jonah Hex: A Face Full of Violence pour être précis). En 2005, DC Comics a lancé une nouvelle série de Jonah Hex par
Justin Gray et
Jimmy Palmiotti, série qui a connu un vrai succès. Il était donc dans l'ordre des choses que cet éditeur tente de ramener à la publication d'autres de ces héros de western comme Bat Lash. Ce tome regroupe les 6 épisodes de la minisérie de 2008. Pour les premières aventures de ce personnage il suffit de se plonger dans Bat Lash.
Aux commandes de cette série se trouvent Peter Brandvold et
Sergio Aragonés pour le scénario, et
John Severin pour les illustrations. Brandvold est un auteur de roman, spécialisé dans le western (plus de 30 au compteur), totalement inconnu en France. Il a construit un récit sur une trame solide, assez conventionnelle, mais avec plusieurs fils narratifs et des enjeux divers et croisés.
Sergio Aragonés est un cartooniste accompli. Il avait participé à la première mouture de Bat Lash, mais il est plus connu pour avoir longtemps gribouillé dans les marges de la revue MAD Magazine, pour être un gagman hors pair (Sergio Aragone's Actions Speak) et pour avoir créé la série la plus intelligente mettant en scène le barbare à l'intellect le plus défaillant (par exemple
Groo the Hogs of Horder). À eux 2, ils tricotent une histoire bien bâtie, mais terriblement fade. Les péripéties se succèdent rapidement dans un ordre chronologique très facile à suivre, avec un niveau de violence relativement faible. Par ailleurs quelques éléments semblent mal illustrés ou mal conçus. Par exemple, Brubaker se fait planter un énorme clou dans l'omoplate droite. Bizarrement, la page d'après, il n'arrive pas à se servir de son bras gauche. La blessure a l'air profonde et grave et pour autant il n'a pas besoin de voir un médecin. Une prostituée réalise un bandage vite fait mal fait. Il n'a pas besoin non plus d'avoir un bras en écharpe et il ne semble pas avoir perdu beaucoup de sang.
Cette histoire est illustrée par
John Severin, un vétéran dans le monde des comics (il est né en 1921), et en particulier un vétéran des westerns (et aussi des comics de guerre). Il a longtemps travaillé avec sa soeur
Marie Severin. le lecteur ouvre donc ce comics en confiance : l'illustrateur connaît bien son affaire. Effectivement, les décors sont crédibles, qu'il s'agisse des plaines ou des collines, des intérieurs de maisons ou de saloon. Les visages et les personnages sont dessinés à l'ancienne sans exagération dans les proportions anatomiques. La mise en page est carrée et les séquences d'actions sont efficaces et énergiques. Ça fait plaisir de voir des chevaux qui ressemblent vraiment à leurs homologues réels et des paysages dans lesquels le lecteur a l'impression qu'il pourrait se promener. Évidemment si vous êtes allergique à une mise en page classique, il vaut mieux fuir cet ouvrage. Pour ma part je suis impressionné par la qualité de ces pages dessinées par un monsieur qui avait 87 ans en 2008. Marvel avait également fait appel à lui pour dessiner Rawhide Kid : Slap Leather en 2003. Pour être complet, il faut indiquer que les couvertures sont de Walt Simonson dans un style un peu cartoon qui ne m'a pas vraiment séduit.
J'ai quand même été déçu par cette histoire qui ne présente pas l'originalité et la maturité des histoires de Jonah Hex de Palmiotti et Gray, même si j'étais prêt à accepter que la violence jour un rôle moins important.