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Citations sur Voyage à La Havane (10)

(Dans voyage à La Havane)
J'y vais, j'y vais, j'y vais, disait l'avion. J'y vais avec des gens qui ont de la chance, vraiment de la chance, bien qu'ils n'emportent que les vêtements qu'ils ont sur le dos, bien que toute leur vie reste derrière eux, mais ils se sont envolés avec moi, ils partent, ils partent, ils n'ont pas succombé, ils n'ont pas succombé, ils n'ont pas succombé car ils recommencent tout.
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Nouvelle "Tant pis pour Eva" :
Mais quant au reste, ça allait de mal en pis. Rationnement total, faim absolue, isolement complet. Quand il y avait une panne d'électricité (le gouvernement la coupait, il continue d'ailleurs, avec ses plans d'économie exténuants), il me fallait tricoter à la lueur d'une bougie ; bougie achetée au marché noir et que tu tenais patiemment en l'air. Bientôt on ne trouva plus de fil bulgare ni même chinois. Alors nous avons fait main basse sur les cordes à linge de notre cour et sur celles des voisins, sur les ficelles pour paquets que tu marchandais dans les drogueries. Mais nous avons tenu bon. Quand les aiguilles disparurent, nous sommes sortis une nuit, plusieurs nuits, tous deux strictement vêtus de noir, avec nos jeans tricotés au point de finition, pour voler des rayons de bicyclette. Nous avons traversé en silence les rues sombres de la 5e Avenue et au péril de notre vie (ces gens-là sont capables de faire fusiller un malheureux voleur de jantes), on a piqué une énorme collection de rayons de vélo que tu as transformés, avec une patience infinie, en aiguilles à tricoter françaises…
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(Dans voyage à la havane)
Le ciel est toujours le même, l'eau est toujours la même, le soleil est le même, mais où suis-je, moi, où est cette époque d'illusions, lointaines et entamées, mais illusions encore, où est réellement ma jeunesse, qu'ai je fait de ma jeunesse, quels amis ai-je eus, de quels plaisirs ai-je joui, quelles douces folies inoubliables ai-je commises, où sont les fantasmes qui me poursuivent toujours car ils n'ont jamais pu se réaliser, qu'ai je fait, qu'ai je fait de ma vie. Car ma vraie tragédie, ce n'est pas d'avoir atteint cinquante ans (une vraie tragédie par ailleurs), mais de ne les avoir jamais vécus.
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Nouvelle "Voyage à La Havane"
Car si l'exil, c'est-à-dire la liberté, nous enseigne quelque chose, c'est que le bonheur ne consiste pas à être heureux, mais à pouvoir choisir nos malheurs...
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Nouvelle "Voyage à La Havane"
Dans cet état de désespoir où le désespoir lui-même sombre, où on l'oublie, sous la pression de toutes les tâches quotidiennes (enfant, travail, files d'attente, tour de garde), la solitude, le désir, la pulsion d'être caressé par quelqu'un de semblable à lui furent peu à peu presque oubliés à leur tour, ou bien ils ont expiré lentement devant le nouveau téléviseur que notre entreprise nous autorise à acheter, devant l'appartement que l'on nous a finalement autorisés à occuper, au bord de la mer, là où s'était déroulée toute ma jeunesse, devant l'anniversaire d'Ismaëlito ou la possibilité lointaine d'obtenir l'autorisation d'acheter une automobile plus tard...
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Nouvelle "Voyage à La Havane"
Ismaël, peut-être en guise de consolation, pensait qu'il en était de même pour tout le monde : se dominer, se refréner, ne jamais aller jusqu'à violer le règlement, une complicité jamais manifeste ; ne pas se précipiter, ne pas exister, en sachant toujours que sinon, nous n'aurions pas d'échappatoire ; un jeu, un jeu, un jeu atroce mais indispensable, car s'il est une chose que la vie ne pardonne pas, c'est bien que nous la vivions.
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(Dans voyage à La Havane)
Car une fois que nous avons quitté les lieux où nous avons été enfants, où nous avons été jeunes, où nous avons cru, stupidement, que l'amitié pouvait exister, et même l'amour; une fois que nous avons quitté ces lieux où nous avons existé, malheureux ou pleins d'illusion naïve, mais où nous avons existé, nous serons une ombre pour toujours, quelque chose qui précisément n'existe que par son inexistence, cette ombre, cette ombre, extirpée (sans recours) de son centre...
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C'était le système démocratique en soi, c'étaient les Etats-Unis mêmes en tant que pays libre, qui étaient de fait les meilleurs alliés du crime simplement parce que pour rester un système démocratique (ou y prétendre) il devait permettre d'une façon ou d'une autre (peu importe laqulle) que les criminels l'envahissent.
p. 126
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Nouvelle "Voyage à La Havane"
De là on le conduisit à la prison du Morro et on l'emmena dans une salle où se trouvaient deux cent cinquante prisonniers de droit commun, condamnés pour les délits les plus divers allant de la falsification d'une carte de rationnement jusqu'à la strangulation de leur épouse ou de leur mère.
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Nouvelle "Voyage à La Havane"
Ismaël éprouva de la peine, non pas pour lui - cela, c'était habituel - mais pour elle, pour Elvia ; toute sa vie, se dit-il, elle la consacre à quelqu'un qui n'existe pas, elle vit pour quelqu'un qui n'est pas, elle aime quelqu'un qui n'est pas, elle sert d'épouse, de femme, de mère à une ombre.
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